1-Homecoming 1.49
2-Bad News 1.01
3-Uncle Tommy 2.40
4-Afghanistan 1.23
5-In The Hole 0.41
6-Sold 1.27
7-Ice Skating 1.02
8-Not Another Word 0.53
9-Brothers (Main Title) 1.59
10-No Value 1.49
11-The Pipe 2.42
12-Snowman 0.48
13-Night Graves 1.05
14-War Hero 0.49
15-What Happened? 4.43

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Relativity Music Group
RMG 1 005-1

Producteur exécutif musique:
Season Kent, Happy Walters
Montage musique:
Bill Bernstein
Assistant montage musique:
Michael Zainer
Supervision musique:
Gina Amador
Préparation musique:
Julian Bratolyubov
Coordination audio:
George DoeringCoordination digitale:
Ernest Lee

Artwork and pictures (c) 2009 Relativity Media LLC. All rights reserved.

Note: ***
BROTHERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Réalisé par l’irlandais Jim Sheridan et sorti en 2009, « Brothers » est le remake U.S. du film éponyme danois de Susanne Bier sorti en 2004. Le film raconte l’histoire d’un couple parfait, Sam Cahill (Tobey Maguire) et Grace (Natalie Portman), parents de deux petites filles, Isabelle (Bailee Madison) et Maggie (Taylor Geare). Sam est capitaine dans l’armée américaine et se retrouve envoyé en Afghanistan en octobre 2007. Peu de temps avant son départ, Sam et Grace reçoivent alors la visite de Tommy (Jake Gyllenhaal), le frère de Sam qui vient tout juste de sortir de prison. Sam décide alors de confier à son frère Tommy le soin de s’occuper de sa famille en son absence. Mais les opérations militaires en Afghanistan tournent mal et l’hélicoptère de Sam s’écrase dans les montagnes afghanes. Sam est alors porté disparu et présumé mort. Croyant au décès de Sam, Tommy et Grace, effondrés et submergés par le chagrin, finissent alors par se rapprocher l’un de l’autre contre toute attente. La famille Cahill semble même revivre avec l’énergie et l’enthousiasme de Tommy. Pendant ce temps, Sam, qui a survécu, est retenu prisonniers par des talibans et soumis à la torture, en compagnie de son ami Joe Willis (Patrick Flueger). Les ravisseurs obligent alors Sam à abattre lui-même Joe à coup de barre de fer. Traumatisé par cet acte, Sam finit par être secouru et revient chez lui peu de temps après. Mais il a complètement changé et semble ne plus être le même homme que Tommy et sa famille connaissaient avant. Tous se demandent ce qui a bien pu se passer là-bas pour que Sam revienne dans un état pareil. Pire encore, Sam soupçonne son frère d’avoir couché avec sa femme pendant son absence et finit par sombrer dans la paranoïa et la violence, incapable d’exprimer ses sentiments et complètement submergé par le poids de la culpabilité. « Brothers » est donc un drame psychologique sombre et intense évoquant les traumatismes des militaires de retour du front afghan, sur fond de triangle amoureux et de tensions familiales. Le film est entièrement porté par son trio d’acteurs saisissant : l’excellent Jake Gyllenhaal, Natalie Portman et Tobey Maguire, dans l’un de ses rôles les plus impressionnants et les plus bouleversants qui lui ait été donné de jouer au cinéma. La séquence où Sam explose de rage et de désespoir dans sa cuisine à la fin du film est une véritable leçon d’acteur absolument saisissante : « Brothers » s’avère être d’ailleurs profondément humain en explorant les facettes de l’âme humaine, entre ses contradictions, ses émotions (Natalie Portman), sa violence (Tobey Maguire) et son innocence (Jake Gyllenhaal). Jim Sheridan a toujours privilégié l’exploration des thèmes humains et psychologiques dans ses films, avec un sens constant du drame intime et de la tragédie, et même si « Brothers » n’est pas son meilleur film, il n’en demeure pas moins très réussi et nous amène à réfléchir sur les conséquences morales et humaines de la guerre et la spirale infernale qui en découle lorsque le soldat revient chez lui, transformé à jamais, meurtri dans son corps et son âme. Une jolie réussite en somme !

La musique minimaliste et épurée de Thomas Newman n’est certes pas l’élément le plus mémorable de « Brothers », mais c’est néanmoins l’occasion pour le compositeur de rester fidèle à son style minimaliste habituel, mélangeant ici rythmes pop, synthés et guitares pour les besoins du film. Le film débute d’ailleurs au son des guitares dans « Homecoming », introduisant le thème principal du score, mélodie intime, nostalgique et doucement mélancolique des guitares sur fond de synthétiseurs, basse et guitares rythmiques. A noter ici l’utilisation judicieuse des synthétiseurs qui apportent une tonalité moderne et contemporaine au film de Jim Sheridan, et qui complètent parfaitement la délicatesse nostalgique de l’ensemble des guitares. Conservant une approche résolument minimaliste et retenue, Thomas Newman poursuit sur sa lancée avec « Bad News », où le rythme des guitares devient ici plus pressant, alors que « Uncle Tommy » prend une orientation plus pop/électro moderne à base de loops rythmiques pop, orgue électrique, basse et guitares acoustiques/électroniques. On appréciera le caractère plus fun et rock de « Uncle Tommy », plus typique de l’état d’esprit du personnage de Jake Gyllenhaal dans le film, qui apportent un souffle nouveau au foyer de son frère Sam, disparu au front. A ce sujet, « Afghanistan » est une plongée intense et immersive dans le conflit afghan et la tragédie qui hantera Sam Cahill à tout jamais. Thomas Newman fait ici appel aux traditionnelles percussions ethniques/orientales évoquant la guerre en Afghanistan, accentué par quelques instruments aux sonorités arabisantes et des nappes atmosphériques de synthétiseurs personnifiant le danger et la tension. Dès lors, la musique de « Brothers » prend une tournure radicalement plus sombre, comme le suggère sans équivoque « In The Hole », alors que Sam et son collègue G.I. sont enfermés pendant des jours et soumis à la torture quelque part dans une montagne afghane. Même chose pour l’inquiétant « Sold », dominé par des nappes synthétiques obscures, les percussions ethniques et les instruments orientaux (on retrouve le cliché habituel du duduk arménien évoquant la musique du moyen orient). Les scènes en Afghanistan permettent d’ailleurs à Thomas Newman d’expérimenter davantage autour de ses sons, comme c’est le cas dans l’agité « No Value » ou le lugubre « The Pipe », pour la terrible scène où Sam est contraint et forcé de tuer son propre ami à coup de tuyau de fer, peut être le morceau le plus sombre et le plus intense du score de « Brothers ».

Jouant sur les contrastes et les ambiances, Thomas Newman revient à un style pop/rock moderne et plus fun dans « Ice Skating », alors que Tommy passe du bon temps avec les petites filles de Sam. Newman suggère clairement le bonheur apparent de Tommy et la famille de Sam avec un rythme plus fun et une approche pop/rock agréable. Inversement, « Not Another Word » bascule radicalement dans le drame avec ses tenues mélancoliques de cordes/synthés atmosphériques. Le thème principal de guitares est repris dans « Brothers (Main Title) », dans lequel on reconnaît cette très jolie mélodie intime avec son duo de guitares (évoquant probablement les deux frères du film, Sam et Tommy) en tierces parallèles. Hormis l’aspect suffocant des morceaux en Afghanistan comme « The Pipe » ou « In The Hole », Newman parvient à opposer la noirceur à la lumière, avec en particulier le sympathique « Snowman » et ses rythmes pop agréables, ou le délicat « Night Graves » et ses guitares intimes et douces. Si l’atmosphérique et sombre « War Hero » suggère la folie de Sam à son retour chez lui, devenu comme métamorphosé et ayant sombré dans la violence et la colère, « What Happened ? » tente de réconforter l’auditeur/spectateur avec le retour des cordes mélancoliques de « Not Another Word », alors que Sam réussit enfin à se confier à Grace à la fin du film. On retrouve ici une dernière fois le thème principal des deux guitares, avec un sentiment d’amertume, de regret et de tristesse associé aux sentiments de Sam, dévasté par le traumatisme de l’Afghanistan, et son épouse qui ne sait plus quoi faire pour un mari qu’elle ne reconnaît plus, renfermé sur lui-même. La musique de Thomas Newman s’impose donc ici par sa délicatesse, son émotion à fleur de peau, son climat intime et réservé touchant, avec une instrumentation très restreinte, une abondance de guitares, synthés et rythmes pop, et des passages atmosphériques plus sombres et lugubres pour les scènes en Afghanistan. Le score de « Brothers » remplit donc parfaitement le cahier des charges dans le film sans jamais verser dans le mélodrame, et apporte une émotion sincère et véritable au film de Jim Sheridan, tout en permettant à Thomas Newman de conserver sa personnalité musicale habituelle, à la manière de certains de ses travaux pour Sam Mendes. La partition de « Brothers » n’apporte donc pas grand chose de nouveau à la filmo du compositeur, mais confirme l’intérêt du musicien pour les atmosphères intimes minimalistes et délicates, un score à réserver essentiellement aux inconditionnels de Thomas Newman.



---Quentin Billard