1-Un Gibus peut en
cacher un autre 2.19
2-Premier ministre des enfants 2.13
3-Procession 2.01
4-Rock the Joint this Morning 2.46*
5-Tous les matins... 1.43
6-Commando spécial 3.18
7-La Guerre a repris! 1.59
8-Devenir quelqu'un 2.02
9-Destructeur ou Ratiboizeur? 1.03
10-Avorton de prune pourrie! 2.20
11-Au pays de l'indépendance 2.15
12-A mains nues 3.09
13-Jenny, Jenny 2.18**
14-Maman 1.47
15-Parents en pétard 1.14
16-Craies 2.33
17-Une lumière brille 2.15
18-Accords tacites 1.14
19-J'ai dix ans 3.05***

*Interprété par Hal Paige
& The Wailers
(Hy Weiss)
**Interprété par Little Richard
(Enotris Johnson/Richard Penniman)
***Interprété par Alain Souchon
(Alain Souchon/Laurent Voulzy)

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Sony Music 88697952472

Supervision musicale:
Marie Sabbah, Jean-Pierre Arquié
pour Film Music Services, Paris
Arrangements:
Christopher Carmichael
Orchestrations:
Brad Warnaar
Monteur musique:
Rémi Durel
Opérateur Logic:
David Menke
Musique mixée par:
Klaus Badelt
Montage CD:
Jean-Pierre Arquié,
Christopher Carmichael

Production exécutive USA:
Robyn Klein
Direction de production USA:
Simone De Leuw
Conseiller technique USA:
Daniel Rojas
Copie musicale:
Vic Fraser

(c) 2011 One World Films/TF1 Droits Audiovisuels/TF1 Films Production. (c) Jaquette 2011 Xilam Animation/Sony Music Entertainment. Tous droits réservés.

Note: ***1/2
LA GUERRE DES BOUTONS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
C’est en 2011 que le cinéma français a vu débarquer en peu de temps pas moins de deux adaptations ciné du célèbre livre de Louis Pergaud publié en 1912, avec d’un côté « La Guerre des boutons » de Yann Samuell et « La Nouvelle Guerre des boutons » sorti une semaine après, un choix plutôt curieux qui serait dû à en croire leurs producteurs respectifs à un pur hasard (mais qui s’est pourtant terminée en un véritable duel entre les deux films, un peu à l’instar de la guerre entre les deux clans d’enfants du film). Pour « La Guerre des boutons » de Yann Samuell, le projet est l’oeuvre du producteur Marc Du Pontavice, convaincu que cette adaptation permettrait de dépoussiérer le célèbre roman de Louis Pergaud, devenu entre temps un classique de la littérature à l’école. L’histoire se déroule dans un petit village du sud de la France durant les années 60. Une bande de garçons âgés de 7 à 14 ans du village de Longeverne mènent une guerre sans merci contre une bande d’enfants du village voisin de Velrans, leurs ennemis jurés. La bande du téméraire Lebrac se bat pour l’honneur de son village et des siens, un combat dans lequel tous les coups sont permis. Le groupe est très rapidement rejoint par Lanterne, une fille, qui cherche à devenir la nouvelle recrue de la troupe, et qui, pour se faire, va se faire passer pour un garçon afin de rejoindre la bande, redoublant d’efforts, d’ingéniosité et de malice. Quand aux adultes, ils entretiennent à leur tour cette rivalité, notamment entre les deux instituteurs des villages voisins, maître Merlin (Eric Elmosnino) et monsieur Labru (Alain Chabat). Le film de Yann Samuell reprend les thèmes chers à l’oeuvre de Pergaud : la quête de l’indépendance, le passage de l’enfance à l’âge adulte et des premières responsabilités, mais aussi la rivalité, l’amitié et la solidarité. A travers cette guerre d’enfants dans laquelle les combattants « exécutent » leurs victimes en leur arrachant les boutons de leurs vêtements (symbole de la victoire sur l’ennemi), on redécouvre par la même occasion une France nostalgique d’il y a bien longtemps, celle des écoliers en culottes courtes, des instituteurs sévères, des fermes, des maisons aux volets blancs, bref, une imagerie française très ‘patrimoniale’, revenue au goût du jour dans le cinéma français depuis le succès de films tels que « Les Choristes » ou « Le Petit Nicolas ». La réalisation de Yann Samuell est honnête sans casser trois pattes à un canard, le film reposant essentiellement sur un casting d’enfants très réussis. Mais attention, « La Guerre des boutons » n’est pas un remake du film d’Yves Robert mais bien une adaptation du livre : c’est pourquoi la fameuse réplique culte « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » est absente du film (puisqu’elle est l’oeuvre d’Yves Robert et non de Louis Pergaud). Niveau casting adulte, le réalisateur s’entoure de quelques valeurs sûres (Eric Elmosnino, Alain Chabat, Fred Testot, Mathilde Seigner) et nous livre une série de scènes pittoresques à grand coup de guet-apens, de blagues potaches, de coups de bâtons, de duels d’insultes et de batailles cocasses (la séquence durant laquelle les enfants livrent bataille en courant entièrement nus dans les champs). Malgré quelques libertés prises avec le livre d’origine, cette « Guerre des boutons » version 2011 s’avère être plutôt sympathique sans arriver à la cheville du film d’Yves Robert, qui reste à ce jour la meilleure adaptation du livre de Pergaud.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’était bel et bien Philippe Rombi qui devait composer la musique du film de Yann Samuell, retrouvant ainsi le réalisateur après « Jeux d’enfants » en 2003. Quand à Klaus Badelt, il devait écrire initialement la musique de la version de Christophe Barratier sortie une semaine après (« La Nouvelle Guerre des boutons »), mais au final, c’est exactement l’inverse qui s’est produit, suite à une confusion entre les deux projets. Du coup, Rombi s’est retrouvé à composer pour Barratier et Badelt pour Samuell. Pour « La Guerre des boutons », Klaus Badelt, qui continue d’oeuvrer toujours activement pour le cinéma français, signe un score plutôt minimaliste et entraînant à base de guitares et d’instrumentation restreinte. L’auteur des musiques du « Petit Nicolas » et de « A Bout Portant » fait appel au prestigieux London Metropolitan Orchestra & Choir avec quelques instruments solistes incluant guitares, piano, basse et percussions. La musique débute en évoquant l’atmosphère de guerre entre les deux clans rivaux dans « Un Gibus peut en cacher un autre », dominé par des percussions martiales, des vents, quelques guitares incluant une mandoline, des pizzicati et des cordes en suspend. L’atmosphère est à la fois dense et légère, un mélange d’émotion assez ambiguë idéale pour débuter le film de façon particulière. « Premier ministre des enfants » fait la part belle aux guitares, instruments-clé du score de « La Guerre des boutons » sur fond de percussions. Mélangeant guitares acoustiques et électroniques, Klaus Badelt apporte une ambiance folk/rock appréciable à sa musique, bien éloignée des clichés musicaux franchouillards que l’on entend trop souvent dans ce type de film se déroulant dans la France d’antan. C’est en ce sens l’une des réussites de la musique de Klaus Badelt, qui parvient à éviter le piège facile de la caricature et apporte une vraie couleur musicale particulière au film de Yann Samuell. On appréciera aussi la voix de l’enfant soliste dans « Procession » et du jeu délicat des solistes – guitare, piano, cor – alors que Badelt développe son thème entonné par l’enfant au début de « Procession ». On remarquera ici aussi le rôle des cordes qui restent en suspend sur de longues notes aigues et légères, un élément particulier du score de « La Guerre des boutons ».

Les guitares folks sont de retour dans « Tous les matins… » avec des accords plus intimes et touchants révélant la sensibilité évidente de Klaus Badelt lorsqu’il s’agit d’évoquer les sentiments intérieurs des personnages. Ici aussi, le mélange guitares acoustiques/électrique fonctionne parfaitement, apportant une vraie énergie à la musique et au film de Yann Samuell tout en évoquant le quotidien des enfants au village et à l’école. Il est question de la bataille dans « Commando spécial » qui reprend les percussions guerrières du début et les pizzicati sautillants et malicieux, incluant l’inévitable accordéon aux consonances plus françaises en plus des guitares/mandolines et des quelques solistes supplémentaires (piccolo, etc.). Il règne une vraie intensité dans ces scènes de bataille, mais pour lesquelles Badelt réussit à désamorcer la violence apparente en y apportant un humour à hauteur d’enfants. On retrouve ensuite le thème intime de guitare de « Tous les matins » dans « La Guerre a repris ! », avec son envolée orchestrale dominée par la guitare électrique rock et les guitares acoustiques, tandis que « Devenir quelqu’un évoque la destinée de Lebrac, qui souhaite réussir à l’école pour devenir quelqu’un et avoir un vrai avenir. C’est l’occasion pour Badelt de développer le thème principal de Lebrac, introduit dans « Procession », dominé ici par des accords touchants de piano/cordes et des guitares. L’idée de la bataille et de la rivalité reprend dans « Destructeur ou Ratiboizeur ? » avec ses percussions guerrières et ses rythmes un brin ironiques, alors que les guitares s’emballent dans le dynamique et survolté « Avorton de prune pourrie ! », pour une autre scène d’affrontement sans merci entre les enfants, dominé ici aussi par l’ensemble des guitares et des percussions plus inventives. On ressent un certain optimisme touchant dans « Au pays de l’indépendance », une chaleur tendre et nostalgique dans « Maman », tandis que « A mains nues » s’avère être plus sombre et plus mouvementé, tout comme « Parents en pétard » qui évoque la colère des adultes face à la situation qui dégénère dangereusement entre les deux villages. Le très beau thème intime de Lebrac est repris dans « Craies » avec un piano délicat et les vocalises d’un choeur d’enfants baignant dans un climat innocent, incroyablement poétique et touchant, le tout avec minimalisme et retenue (sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux de la partition de « La Guerre des boutons »). Cette émotion poétique, on la retrouve dans le non moins touchant « Une lumière brille » qui reprend le thème avec optimisme et conviction à l’orchestre. Klaus Badelt signe donc une partition rythmée, énergique et touchante pour « La Guerre des boutons », une partition minimaliste faisant la part belle aux guitares et aux rythmes sans jamais perdre de vue la fraîcheur des mélodies ou des harmonies. Le score est présent dans le film tout en étant assez discret, et s’apprécie tout particulièrement sur l’album, où l’on pourra apprécier les détails d’une partition fraîche, jolie et parfaitement exécutée, preuve incontestable que Klaus Badelt semble bel et bien avoir retrouvé un second souffle au contact du cinéma français, bien loin de ses derniers scores hollywoodiens qui étaient plus ternes et décevants !




---Quentin Billard