1-The Call - Main Title 4.43
2-Intruder 3.41
3-Leah is Killed 1.04
4-Leah's Body Uncovered 2.01
5-Tour of the Hive 2.10
6-Freeway Chase 9.26
7-Casey Calls Jordan 2.21
8-Michael Drives 1.47
9-Shovel Kill 2.35
10-He Switched Cars 1.17
11-The Gas Station 4.22
12-Message to Mom 3.41
13-Don't Hurt That Little Girl 1.56
14-Finding the Hiding Hole 2.55
15-Assault On The Cabin 1.08
16-Casey Sees Too Much 0.57
17-Jordan Drives 1.02
18-The Cabin 1.48
19-Jordan Finds The Room 5.05
20-A Gentle Scalping 2.34
21-Drowning Jordan 1.51
22-It's Already Done 3.35

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Lakeshore Records LKS 343252

Score produit par:
John Debney
Programmation MIDI:
Jon Aschalew
Monteur musique:
Jeff Carson
Musique additionnelle:
Clay Duncan
Mixage musique:
Chris Fogel
Superviseur musique:
David A. Helfant

(c) 2013 TriStar Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE CALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« The Call » est le nouveau thriller de Brad Anderson, à qui l’on doit « The Machinist » et « Transsiberian ». Dans « The Call », le réalisateur américain s’intéresse cette fois-ci aux opératrices qui travaillent dans le service d’urgence du 911 aux Etats-Unis – sujet rarement abordé au cinéma – Un soir, Jordan Turner (Halle Berry), l’une des téléopératrices du LAPD 911, reçoit un appel désespéré d’une jeune adolescente, Leah Templeton, qui explique qu’un malfrat s’est introduit chez elle en pleine nuit et essaie de l’agresser. Jordan essaie d’expliquer calmement à la jeune ado ce qu’elle doit faire pour échapper au tueur pendant que la police arrive rapidement sur les lieux, mais il est trop tard : Leah est kidnappée et retrouvée morte peu de temps après, enterrée dans un désert. Bouleversée par son échec, Jordan ne parvient pas à oublier cette adolescente qu’elle n’a pas pu sauver. Six mois plus tard, Jordan est devenue formatrice pour les futurs opérateurs du 911. Mais un soir, un nouvel appel d’une jeune fille en détresse l’interpelle à nouveau : une jeune ado nommée Casey Welson (Abigail Breslin) explique qu’elle a été enlevée par un individu mal intentionné qui la séquestre dans le coffre arrière de sa voiture. Bien décidée à sauver cette fois-ci la jeune fille, Jordan prend l’appel et décide de tout mettre en oeuvre pour tenter de sauver Casey en restant constamment au téléphone avec elle. « The Call » est au final un thriller plutôt routinier mais qui s’avère être redoutablement efficace et assez prenant. Le film présente un suspense de qualité, largement entretenu par un montage soigné, un rythme soutenu et un casting impeccable (on retrouve la jeune Abigal Breslin, révélation du film « Little Miss Sunshine » en 2007). Quand à Halle Berry, elle est parfaite dans le rôle d’une téléopératrice bouleversée, prête à tout pour sauver la jeune Casey. Michael Eklund campe un serial killer plutôt intense et incroyablement dérangé (cf. scènes finales dans le lit ensanglanté de son repère souterrain), un rôle de composition pour l’acteur canadien habitué aux personnages intenses (on se souvient notamment de sa performance hallucinante dans « The Divide » de Xavier Gens en 2011). Si le suspense est extrêmement bien soutenu et plutôt intense, on regrettera le troisième acte du film, plus bancal et décevant, et une fin expéditive bâclée et indigne du reste du film. Mais au final, « The Call » remplit parfaitement le cahier des charges et constitue un divertissement de qualité pour n’importe quel amateur de suspense glauque et de thriller oppressant !

John Debney signe pour « The Call » une partition essentiellement électronique, un fait plutôt rare pour un compositeur généralement habitué aux musiques orchestrales/symphoniques (il s’était déjà fait remarquer pour son score synthétique pour « Alex Cross »). Arborant un style résolument expérimental et abstrait, le score de « The Call » permet à Debney d’expérimenter autour de différentes textures électroniques fabriquées sur mesure pour les besoins du film (notamment avec un son de piano enregistré et manipulé de différentes manières dans le film). L’objectif du compositeur était avant tout d’apporter un ton contemporain et urbain au film de Brad Anderson, tout en suggérant la folie du serial killer interprété par Michael Eklund à l’écran. Dès le générique de début, Debney pose les bases de son score avec « The Call Main Title », qui mélange différentes nappes sonores et pads industriels en tout genre, un vrai travail de sound design obscur et angoissant, avec quelques rythmes électro/techno plus modernes et une poignée de cordes agitées et dissonantes. Le « Main Title » se conclut sur un passage plus intime/mélancolique pour cordes et piano, associé à Jordan dans le film. Le serial killer entre en scène dans « Intruder », morceau de suspense anarchique pour la scène où le tueur s’introduit en pleine nuit chez Leah. Debney suggère ici la tension avec un sound design dense tout en jouant habilement sur les silences, lourds de sens. Le morceau reste abstrait et expérimental dans son approche sonore, plus proche de certains travaux d’Akira Yamaoka sur la saga « Silent Hill », ou de Trent Reznor et Atticus Ross pour le cinéma. Debney a donc tout le loisir d’expérimenter ses différents sonorités de façon parfois anarchique, comme dans les sinistres « Leah is Killed », tandis que le drame de « Leah’s Body Uncovered » (découverte du cadavre de Leah) permet à Debney d’accentuer la dimension plus humaine et tragique du récit à l’aide d’un mélange de cordes mélancoliques et de piano délicat pour Jordan, bouleversée par son échec.

Dans « Tour of the Hive », on visite les locaux des opérateurs du 911 avec un rythme électro soutenu, des nappes sonores tendance new-age et quelques cordes : rien de bien neuf en soi ! L’action n’est pas en reste avec « Freeway Chase », alors que Jordan essaie d’aider Casey à localiser l’endroit où elle se trouve, tandis que Michael parcourt l’autoroute à bord de son véhicule. Le morceau dépasse les 9 minutes et s’avère être relativement long, monotone et très répétitif, un défaut majeur du score de « The Call », qui risque fort d’en rebuter plus d’un. Véritable morceau d’action/suspense pur et dur, « Freeway Chase » fait la part belle aux synthés cafardeux, aux cordes dissonantes et aux textures sonores sinistres et étranges, reflétant l’esprit dérangé du serial killer. Debney maintient ici un rythme constant à l’aide de loops électro/techno divers et de samples indus oppressants et abstraits, une approche bruitiste expérimentale et non conventionnelle. Le compositeur n’hésite pas à verser dans la techno pure et dure à partir de 5:58, alors que le tempo semble s’accélérer brusquement, renforçant par la même occasion le ton urbain/moderne du score : les fans de musique techno devraient d’ailleurs certainement apprécier les dernières minutes de « Freeway Chase », même si dans le film, le score est parfois mixé de façon plus distante avec les bruitages du film. La tension reste palpable dans « Casey Calls Jordan », où l’on retrouve des accords de cordes plus dramatiques pour le lien entre Jordan et Casey, tandis que la folie du serial killer domine les nerveux « Michael Drives », « Shovel Kill » ou l’expérimental et atonal « The Gas Station ». Point de lumière à l’horizon ici : John Debney opte pour une approche sonore 100% sound design d’une noirceur absolue !

On apprécie les moments plus dramatiques comme le poignant « Message to Mom » qui mélange cordes/piano, alors que Casey est persuadée qu’elle va mourir et décide de laisser à Jordan un dernier message pour sa mère. Certains passages de suspense atmosphériques comme « Finding the Hiding Hole », « The Cabin », « Casey Sees Too Much » ou le macabre « Jordan Finds the Room » n’apportent pas grand chose de plus au film, en dehors d’une tension constante et d’un sentiment omniprésent de menace. John Debney remplit donc le cahier des charges en livrant une composition essentiellement dominée par un sound design électro/industriel plutôt abstrait et surréaliste, qui apporte une vraie tension au film de Brad Anderson, là où une vraie approche orchestrale n’aurait peut être pas eu le même impact sur les images. Malgré cela, le score reste désespérément monotone et répétitif : Debney aligne les mêmes idées de A à Z sans jamais se renouveler vraiment, si bien qu’au bout de 5 ou 10 minutes, on décroche rapidement, faute d’entendre quelque chose de neuf ou de réellement consistant. Pourtant, le travail autour des sonorités électro/techno/indus est assez réussi, entrecoupé de rares passages plus intimes et mélancoliques pour Jordan et Casey. Mais rien qui mérite vraiment de s’enthousiasmer pour ce score. Malgré cela, le score n’a rien de honteux pour autant et dévoile une facette plus méconnue de John Debney, qui semble ici bien plus radical et intéressant que dans l’ennuyeux et soporifique « Alex Cross », qui lorgnait beaucoup trop du côté de Remote Control. Ici, Debney a tout le loisir d’expérimenter autour de sa palette sonore électronique et nous propose quelques trouvailles sonores intéressantes sans être pour autant originales ou révolutionnaires en soi, mais qui correspondent parfaitement à la tension permanente du film et à l’univers dérangé du serial killer. Voilà donc un score assez particulier et assez indigeste sur sa longueur, à réserver aux auditeurs les plus chevronnés et aux amateurs de sound design et autres bidouillages sonores !




---Quentin Billard