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1-Prologue 1.22
2-Black Night 3.26* 3-Les Lyonnais 5.15 4-Un voyou en sommeil 1.32 5-Baptême 1.31 6-Suttel 1.26 7-Les genoux qui craquent 2.00** 8-Détention 1.19 9-Mil besos 4.27*** 10-Janou 2.12 11-Arrachage 6.49 12-Flashback 1.15 13-It's My Life 3.07+ 14-Le SAC 3.53 15-Je reviens te chercher 2.44++ 16-Trahison 1.34 17-Avertissement 2.16 18-Exécutions 2.37 19-Arrestation au campement 3.24 20-Mariage 2.18 21-Lilou 1.48 22-Bouger la tête 4.43+++ 23-Le procès 2.39 24-Comme le voyou que tu as été 5.13 *Interprété par Deep Purple **Interprété par Les Chats Sauvages, Dick Rivers ***Interprété par The Animals +Interprété par Antonico Reyes, Gypsy Legend ++Interprété par Gilbert Bécaud +++Interprété par IAM Musique composée par: Erwann Kermorvant Editeur: Gaumont No label number Musique produite par: Erwann Kermorvant Producteur de la musique: Hugues Darmois Préparation musique: Anne-Sophie Versnaeyen Ingénieur Pro Tools: Jeremy Murphy Orchestrateurs: Jean-Pascal Beintus, Nicolas Charron, Sylvain Morizet (c) 2011 Gaumont/LGM Productions/France 2 Cinéma/Hatalom/Rhône-Alpes Cinéma/Nexus Factory/uFilm. All rights reserved. Note: ***1/2 |
LES LYONNAIS
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Erwann Kermorvant
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« Les Lyonnais » marque le retour derrière la caméra d’Olivier Marchal pour un nouveau polar urbain violent, inspiré de l’histoire vraie du gang des Lyonnais qui sévit en France dans les années 70 dans la région lyonnaise. Après « Gangsters » (2002), « 36 quai des Orfèvres » (2004) et « MR 73 » (2008), Marchal renoue dans « Les Lyonnais » avec son registre de prédilection, le polar, pour lequel le cinéaste n’hésite pas à s’inspirer régulièrement de sa propre expérience de policier dans les années 80 pour créer des films durs, violents et réalistes, « Les Lyonnais » s’inscrivant ainsi dans la continuité de ses précédents long-métrages. On y suit ici l’histoire d’Edmond Vidal (Gérard Lanvin), surnommé « Momon », qui a grandi dans un camp de réfugiés arméniens dans sa jeunesse. Animé par un sens aigu de la loyauté et de la famille, Momon est resté très proche de son ami d’enfance Serge Suttel (Tchéky Karyo), avec lequel il a été en prison étant plus jeune pour un vol de cerises. Par la suite, Momon et Serge ont plongé dans le grand banditisme en formant dans les années 70 le gang des Lyonnais, célèbre bande de braqueurs qui fut finalement arrêtée en 1974. Aujourd’hui âgé de 67 ans, Momon essaie d’oublier son passé houleux dans le grand banditisme et s’est retiré des affaires pour vivre avec son épouse Janou (Valeria Cavalli). Mais Serge, de son côté, continue ses mauvaises actions et ses combines malhonnêtes. Alors que la vie de Serge est menacée par des créanciers véreux prêts à tout pour récupérer leur argent, Momon n’a d’autre choix que de se retirer de sa retraite bien méritée pour reprendre à nouveau le chemin du banditisme et aider ainsi son ami à sortir de cette bien mauvaise passe. « Les Lyonnais » reste au final un bon polar dans la lignée des films précédents d’Olivier Marchal. Le scénario, suffisamment abouti, alterne entre passé et présent pour évoquer la destinée de ces anciens bandits vieillissants, le tout sur un rythme soutenu et sans réel temps mort. Niveau casting, Gérard Lanvin s’impose dans la peau d’un Edmond Vidal sobre et posé, au regard vide mais pourtant plein de lucidité. A ses côtés, Tchéky Karyo campe son ami d’enfance avec ce même sentiment désabusé, rappelant l’idée du temps qui passe, lorsqu’il est enfin l’heure de rendre des comptes sur ses mauvaises actions passées. Abordant le thème de la rédemption et des valeurs comme la famille ou l’amitié, « Les Lyonnais » est une solide relecture de l’histoire du gang des Lyonnais avec une mise en scène plus chaleureuse que dans les précédents films de Marchal et une galerie de personnages torturés et désabusés, mais sans la moindre effusion mélodramatique, un film de gangster sobre et sans artifice, sombre et violent, sec mais non dénué d’humanité.
Le compositeur français Erwann Kermorvant retrouve Olivier Marchal après avoir signé en 2004 la musique de « 36 quai des Orfèvres » puis composé pour la série TV « Braquo ». Pour ce nouveau long-métrage policier, le compositeur a disposé d’un délai rarissime pour composer sa musique, près de 9 mois environ, alors que le montage du film a duré assez longtemps, le tout interprété par les brillants musiciens du London Philharmonia Orchestra enregistrés à Abbey Road (orchestre avec lequel le compositeur avait déjà collaboré précédemment sur « La Première Etoile » et « Ma Première Fois »). Ceci a permis à Kermorvant de composer une partie de la musique en amont du montage, puis de la redisposer ensuite sur les images, en fonction des changements de montage durant la post-production. Pour « Les Lyonnais », le compositeur reste fidèle à son style symphonique soutenu et son classicisme d’écriture élégant, qu’il parvient à imposer dès le début du film dans le dramatique « Prologue » dominé par un violon soliste poignant et des tenues de cordes sombres. Soucieux d’illustrer le ton urbain et contemporain du film (malgré le fait qu’une partie de l’histoire se déroule dans les années 70), Erwann Kermorvant utilise les habituels éléments électroniques d’usage dans « Les Lyonnais », où il crée une atmosphère inquiétante et latente à l’aide de cordes froides, de piano intime et de nappes synthétiques en suspend. On retrouve d’ailleurs ici le ton mélodramatique de « 36 quai des Orfèvres », à ceci près que la musique de Kermorvant paraît moins emphatique et mieux dosée dans son émotion. « Les Lyonnais » nous permet de découvrir le thème principal, dramatique et imposant, avec le violoncelle soliste élégiaque, un thème orchestral et tragique soutenu par quelques percussions issus de banques de sons connus (l’indispensable Stormdrum de chez East-West). Le thème est accompagné d’une série de percussions/rythmes synthétiques et d’une guitare électrique dans un style très influencé des musiques synthético-orchestrales d’Hans Zimmer et Remote Control, un choix pas si étonnant de la part d’un compositeur qui avoue apprécier des compositeurs comme John Powell et ses musiques d’action façon « Jason Bourne ». Le thème dramatique des « Lyonnais » se construit sur un long crescendo dramatique et intense de 5 minutes, à l’image de l’ascension puis de la chute du gang des lyonnais dans le film, le milieu du morceau rappelant inévitablement les harmonies du « Journey to the Line » du score de « Thin Red Line » d’Hans Zimmer. Cette idée dramatique d’existences chaotiques qui basculent progressivement dans la tragédie sont au coeur même de la musique d’Erwann Kermorvant, comme le rappelle le sombre « Un voyou en sommeil », qui introduit quelques rythmes électroniques ‘action’ nerveux et modernes façon Remote Control (flagrant dans le jeu des percussions synthétiques en fin de morceau). Le style n’est d’ailleurs pas sans rappeler les récents travaux de Klaus Badelt sur des polars français tels que « A bout portant » ou « L’immortel ». Fort heureusement, la musique d’Erwann Kermorvant sait se faire plus intime et poignante dans le film comme dans « Baptême », avec ses harmonies mineures tragiques et son écriture plus lyrique de cordes sur fond de choeurs élégiaques et dramatiques mixés de façon lointaine. Niveau action, le compositeur nous prouve qu’il en a décidément sous le pied avec l’excitant « Suttel », qui, après un début atmosphérique, se transforme rapidement en passage d’action orchestral survolté que n’aurait certainement pas renié Trevor Jones (on pense ici à des scores comme « Dark City » ou « Desperate Measures »). Cette atmosphère dramatique et tragique trouve un écho favorable dans « Détention », avec ses accords ambigus oscillant entre solennité, espoir et résignation, du très beau travail qui permet d’oublier les excès mélodramatiques de « 36 quai des Orfèvres ». On appréciera aussi la mélancolie douce du minimaliste « Janou », dont le mélange des instruments solistes, du piano et des synthétiseurs rappelle beaucoup Thomas Newman. A vrai dire, on remarque tout au long du film de nombreuses références musicales, parfois évidentes, parfois moins, qui nous renvoient encore une fois aux sempiternels temp-tracks, très critiqués par de nombreux compositeurs actuels mais pourtant toujours autant utilisés au cinéma. « Arrachage » s’impose par ses passages d’action de qualité, à grand renfort de percussions très hollywoodiennes, de cuivres musclés et de moments de suspense très soignés dans le film. On retrouve le thème de violon du « Prologue » dans « Flashback » rappelant les origines d’Edmond Vidal dans le film. Mais ce sont surtout les passages d’action qui s’imposent ici, notamment grâce à la puissance de l’orchestre londonien et aux qualités d’écriture évidentes du compositeur, malheureusement trop souvent obligés d’imiter le style d’Hans Zimmer (à la demande de la production !). Un passage comme « Exécutions » suggère clairement la violence sèche du film à travers un travail de sound design moderne et de parties orchestrales plus massives et cuivrées, surtout dominées par le jeu incisif des cordes (notamment dans les effets de martèlements de col legno). La scène de l’arrestation policière du campement arménien (« Arrestation au campement ») permet à Erwann Kermorvant de délivrer un autre passage dramatique et lyrique saisissant, notamment dans le jeu élégant des cordes, avant de déboucher sur un nouveau passage d’action survolté, à grand renfort de percussions synthétiques et de guitare électrique, sans oublier la coda plus mélancolique pour cordes et piano. Un morceau comme la scène du mariage d’Edmond Vidal en prison (« Mariage ») est l’exemple parfait de l’émotion pleine de justesse que Kermorvant a cherché à apporter au film d’Olivier Marchal, retranscrivant l’aspect humain et dramatique du récit derrière l’intrigue policière et criminelle. Le procès final (« Le Procès ») permet ensuite au compositeur de nous offrir un morceau de suspense plus glauque et dissonant, dans lequel le compositeur a eu l’occasion d’expérimenter avec l’orchestre, notamment dans l’utilisation répétée et pesante d’un cluster de cordes/piano et le retour des martèlements de col legno des cordes pour renforcer la tension sourde de cette scène. Enfin, « Comme le voyou que tu as été » conclut le récit sur une ultime touche d’émotion pour la vengeance finale de Vidal et le regard amer qu’il jette sur son passé et son existence en général. Kermorvant évoque d’ailleurs habilement l’idée du passé en utilisant ici des effets d’écho des bois (flûte, clarinette), un peu à la manière des échoplex qu’utilisait Jerry Goldsmith dans « Alien » ou « Patton », un effet discret ici mais non dénué de sens. Et c’est sur une ultime touche de mélancolie que le film se termine enfin, Erwann Kermorvant signant donc une partition d’action dramatique et nerveuse, qui contient ses bons moments tout en révélant des influences trop souvent évidentes (et notamment à Hans Zimmer et Remote Control). Les fans d’Erwann Kermorvant peuvent enfin découvrir son nouvel opus pour Olivier Marchal, une très belle partition dramatique et tendue plus aboutie et maîtrisée que « 36 quai des Orfèvres », et surtout plus juste dans son émotion et sa description des personnages à l’écran. « Les Lyonnais » reste donc un bien bel effort de la part d’un des meilleurs compositeurs du cinéma français actuel ! ---Quentin Billard |