1-Runway 31 R 2.59
2-I Will Let Go 3.52*
3-The Mystery of a Woman's Bag 2.10
4-The Gold Brush 2.41
5-A Kiss in the Spa 1.09
6-Rose in the Lift 1.39
7-Dangerous Sergio 0.29
8-Woozright 0.50
9-Munich Flight Boarding 2.45
10-By The Pool 2.08
11-Behind the Bathroom Door 0.48
12-Felix Culpa 0.52
13-Flying to Mexico 4.00
14-Bakom 2.01
15-The Blue Shutters 1.58
16-Yoratention Pliz 1.08
17-No More Make-Up 2.29
18-Vas Adelante 8.43**

*Interprété par Malia
**Interprété par Clémentine Celarié
Ecrit par Eric Serra.

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

East West France 0927-49394-2

Musique produite par:
Valérie Lindon
Supervision musique:
Valérie Lindon
Assistant musique:
Sébastien Cortella
Mixage score:
Didier Lozahic
Mixage musique:
Nicolas Meyer

(c) 2002 Canal+/Les Films Alain Sarde/Pathé (Jet Lag) Productions/TF1 Films Production. All rights reserved.

Note: ***1/2
DÉCALAGE HORAIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
« Décalage horaire » est une comédie romantique française de Danièle Thompson qui met en scène Jean Reno et Juliette Binoche dans la peau de deux inconnus qui se rencontrent par hasard à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris suite à un emprunt de téléphone portable et qui se retrouvent bloqués à l’aéroport suite à un mouvement de grève et des conditions climatiques difficiles. Rose (Juliette Binoche) est une esthéticienne obsédée par son maquillage et son apparence qui lui sert d’armure pour se protéger des autres. Elle est faible, sensible, franche et très bavarde. Félix (Jean Reno) est un ancien chef cuisiner français devenu un spécialiste de la nourriture surgelée aux Etats-Unis. Il est stressé, mène une vie parfaitement réglée et s’avère être quelqu’un de plutôt borné, plein de préjugés et incroyablement maladroit. Rose doit se rendre à un hôtel de luxe à Acapulco au Mexique où l’on attend son nouveau job d’esthéticienne, alors qu’elle tente de fuir son petit ami violent, Sergio (Sergi Lopez). Félix, lui, doit se rendre à Munich pour y retrouver son ex fiancée qui a refait sa vie avec un autre homme, à l’occasion des funérailles de sa grand-mère. Ces deux individus ont connus un parcours chaotique et des relations plutôt dysfonctionnelles avec leurs familles respectives : la mère de Rose était hypocondriaque et très possessive, tandis que le père de Félix était un chef cuisiner ultra conservateur qui ne supportait pas les idées culinaires de son fils, qu’il n’a jamais encouragé. Lorsque leurs chemins se croisent à l’aéroport, Félix et Rose apprennent à se connaître et à se découvrir, entre les salles d’attente de l’aéroport et l’unique chambre disponible de l’hôtel Hilton. Débutent alors une confrontation verbale intense entre les deux individus, entre propos cyniques et humiliants, franchise maladroite, compassion ou sentiments amicaux, une relation mouvementée entre ces deux personnes que tout semble opposer, mais qui va pourtant très vite se transformer en une sorte de romance improbable, alors que chacun est face à un avenir incertain et que l’heure des choix semble bel et bien arrivée. « Décalage horaire » est donc une comédie romantique atypique sur les choix de la vie et la confrontation de deux individus aux caractères et aux parcours opposés, deux blessés de la vie qui devront faire face à leurs propres névroses, à leurs propres vérités sur eux-mêmes. Le film doit beaucoup à l’excellent duo Jean Reno/Juliette Binoche, dans un environnement minimaliste proche d’un huis clos (une partie du film se déroule dans une chambre d’hôtel). Certes, le scénario est un peu léger et manque cruellement de consistance, mais l’interprétation est irréprochable, en particulier Jean Reno, dans un contre-emploi malicieux, face à une Juliette Binoche plus fragile et hyper sensible. Evidemment, c’est léger, divertissant et sans prétention, avec une romance un peu simplette et prévisible mais plutôt agréable et bien menée, à la manière des comédies romantiques américaines d’antan.

« Décalage horaire » offre l’occasion au compositeur Eric Serra d’aborder le registre de la comédie romantique, un genre dans lequel il ne s’était guère illustré auparavant, habituellement cantonné aux grosses productions de Luc Besson. Au début des années 2000, Eric Serra cherche à multiplier les projets les plus différents, qu’il s’agisse de comédies (« L’art (délicat) de la séduction », « Wasabi ») ou de films d’action (« Rollerball », « Bulletproof Monk »), n’hésitant pas à faire quelques ‘infidélités’ à Luc Besson en allant voir chez d’autres réalisateurs. Et c’est ainsi qu’Eric Serra se retrouve engagé sur le film de Danièle Thompson, s’essayant ainsi à la musique de comédie romantique avec son style électronique contemporain habituel et ses idées mélodiques qui lui sont chères. Dès le début du film, Serra accompagne le générique de début en expérimentant comme il le fait souvent autour de l’électronique, des samples et des loops en tout genre : rythmes électro modernes, synthés, samples de sons et de messages entendus dans un aéroport, cloches, guitare, basse funky, Serra crée pour « Runaway 31 R » un ton résolument urbain et contemporain qui lui permet de manipuler les sons et les instruments à sa guise avec une liberté de ton certaine. Cette liberté, on la retrouve dans « The Mystery of a Woman’s Bag » qui développe un thème intime de guitare sèche pour Rose dans le film, avec accordéon et loops électro. Dans « The Gold Brush », le compositeur nous livre son très joli thème romantique pour piano et cordes, évoquant la romance entre Félix et Rose dans le film, avec un ton plus nostalgique et extrêmement tendre, reflétant la sensibilité habituelle et délicate d’Eric Serra. Les scènes plus romantiques sont l’occasion pour Serra de nous offrir des musiques très tendres et réussies, comme l’agréable et sentimental « A Kiss in the Spa » et sa mélodie de piano/cordes sensuelle et sexy sur fond de loops électro discrets. Le thème de Rose revient à la guitare dans « Rose in the Lift », évoquant la fragilité du personnage de Juliette Binoche, un thème que le compositeur parvient à développer ici avec des nappes synthétiques new-age plus oniriques et tendres.

Décidément très proche des deux personnages du film, la musique évolue à échelle humaine tout au long du film, sans jamais en faire de trop, mais en révélant une sensibilité, une délicatesse que le compositeur n’a pas souvent l’occasion sur ses films habituels. Dans « Dangerous Sergio », Eric Serra évoque même le personnage du fiancé violent campé par Sergi Lopez en utilisant quelques loops électro rythmés mais minimalistes et concis. Le piano occupe une place majeure dans « Woozright » ou le très beau « Munich Flight Boarding », avec sa très belle reprise aux cordes du thème de Rose sur fond de riffs rapides de piano et de loops électro qui créent un sentiment d’urgence lors des scènes à l’aéroport. Le décalage entre l’accompagnement rapide et le ton plus tendre et posé des cordes est d’ailleurs ici particulièrement intéressant, créant un contrepoint émotionnel appréciable à l’écran et typique du compositeur. Serra utilise aussi des synthétiseurs à tendance new age plus planants dans l’intime et joli « By the Pool », qui suggère clairement le rapprochement entre Félix et Rose, avec toujours ce ton nostalgique et tendre très agréable et jamais niais, renforcé ici par l’utilisation de quelques vocalises féminines planantes et d’un piano vaguement jazzy. Le Love Theme de piano est entendu dans « Behind the Bathroom Door », alors que « Felix Culpa » évoque la vie plus stressée et mécanique du personnage de Jean Reno à l’aide de loops/percussions synthétiques plus rapides et agitées. « Flying to Mexico » reprend le thème de guitare de Rose de façon plus mélancolique et solitaire, alors que Rose quitte Félix et se rend à Mexico, chacun suivant son chemin de son côté. Ici aussi, aucun excès mélodramatique à l’horizon : la musique reste très juste à l’écran et minimaliste, sans jamais en faire de trop, mais avec une émotion palpable et vibrante. On appréciera aussi le charme de « No More Make Up » ou « Bakom » et son solo d’harmonica sur fond de rythmes plus enthousiasmants, un très beau passage plus optimiste de la partition de « Décalage horaire », avec un ton plus français et européen dans le jeu de l’instrument et des harmonies des cordes. Eric Serra signe donc une très belle partition particulièrement sympathique et attachante pour le film de Danièle Thompson, une musique riche en émotion mais pourtant simple, minimaliste et retenue, preuve incontestable que les plus grandes émotions sont parfois celles que l’on fait passer avec la plus grande douceur. Serra se fait plaisir sur « Décalage horaire » et cela s’entend, que ce soit dans l’utilisation de ses thèmes agréables, le jeu des instruments solistes (harmonica, guitare, piano) ou l’utilisation de rythmes électro modernes et savamment dosés. Pour une première incursion du compositeur dans le domaine de la comédie romantique, c’est une bien jolie réussite !



---Quentin Billard