1-Hellraiser III: Hell on Earth 2.12
2-Back To Hell 4.39
3-Cenobites' Death Dance 2.31
4-Pinhead's Proteges/
The Devil's Mass 12.50*
5-Come to Daddy 2.43
6-Gothic Rebirth 1.03
7-Emergency Room 6.32
8-Mind Invasion 2.42
9-The Pillar 4.10
10-Elliot's Story 5.14
11-Shall We Begin 2.04

*Contient 30 secondes de
thèmes ré-orchestrés de "Hellbound :
Hellraiser II" composé par
Christopher Young.

Musique  composée par:

Randy Miller

Editeur:

GNP Crescendo GNPD 8033

Producteur exécutif de l'album:
Mark Banning
Album produit par:
Randy Miller
Préparation de l'édition CD:
Neil Norman
Supervision musique:
Carol Sue Baker
Préparation musique:
Gregg Nestor
Monteurs musique:
Doug Lackey, Carl Schwartz
Orchestre conduit par:
Sergei Scripke
Interprété par:
The Mosfilm State Orchestra and Choir

Artwork and pictures (c) 1992 Fifth Avenue Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
HELLRAISER III :
HELL ON EARTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Miller
Avec le succès des deux premiers opus tournés respectivement en 1987 et 1988, la saga horrifique « Hellraiser » continua de plus belle avec « Hellraiser III : Hell on Earth » réalisé par l’anglais Anthony Hickox et sorti en 1992, spécialiste des séries-B d’épouvante qu’il enchaîna tout au long des années 80/90. Dans ce troisième volet, on y suit le récit de Joey Summerskill (Terry Farrell), une jeune journaliste témoin de la mort épouvantable d’un homme dans un hôpital, et qui décide de mener sa propre enquête et d’en savoir un peu plus sur le sujet. C’est alors qu’elle retrouve la trace de Terri (Paula Marshall), la jeune fille qui se trouvait avec l’homme en question peu de temps avant sa mort. Cette dernière révèle à Joey l’existence d’une mystérieuse boîte qui pourrait avoir un lien avec la mort de l’homme à l’hôpital. Pinhead, le célèbre cénobite du monde des enfers, a été scindé en deux entités distinctes depuis la révélation de son ancienne humanité sous les traits du capitaine Eliott Spencer (Doug Bradley). Pinhead est prisonnier du pilier des âmes, et doit trouver une manière de revenir dans notre monde. C’est alors que J.P. Monroe (Kevin Bernhardt), le richissime et pourri patron d’une boîte de nuit populaire, le Boiler Room, achète le pilier des âmes et le fait installer chez lui. Un soir, le démon Pinhead réussit à tuer l’une des fêtardes de la boîte, Sandy (Aimée Leigh), en la déchirant grâce à ses chaînes sorties tout droit du pilier des âmes. Consumant sa chair, Pinhead voit son visage prendre forme et se régénérer, alors qu’il est sur le point de sortir du pilier. Il demande alors à Monroe de lui amener d’autres victimes, la suivante étant la jolie Terri. Mais cette dernière ne se laisse pas faire, et c’est finalement Monroe qui est tué. Enfin libéré du pilier, Pinhead, défait de l’humanité de Spencer qui lui servait d’équilibre, a tout le loisir d’ouvrir les portes de l’enfer sur terre sans se soucier des règles du monde des cénobites, bien décidé à récupérer la précieuse boîte que Joey a toujours en sa possession. Pour cela, il massacre des innocents sur son passage, détruit des rues entières et lève une nouvelle armée de cénobites qu’il confectionne lui-même à partir du corps mutilé de ses anciennes victimes. Traqué par le monstrueux cénobite, Joey n’a qu’une seule chance de vaincre Pinhead : réunir le démon avec Spencer, qui a réussi à contacter la jeune femme dans ses rêves pour l’aider à réunir ses deux entités et à ramener le démon dans son propre monde.

« Hellraiser III » est donc un troisième opus assez similaire aux précédents, à ceci près que le film d’Anthony Hickox, mieux maîtrisé d’un point de vue visuel, lorgne trop souvent vers la série-B insipide, le problème étant ici que le personnage culte de Pinhead est complètement dénaturé par un script brouillon, qui enchaîne les scènes de massacre sans grande logique – le démon tue ici gratuitement pour son propre plaisir sans se soucier des règles du monde cénobite – Quand à l’introduction de nouveaux cénobites, elle reste illogique dans le sens où Pinhead n’a pas le pouvoir de créer lui-même des cénobites (ceci est l’oeuvre du Leviathan, leur chef, aperçu dans « Hellraiser II »). Incohérent, le film d’Anthony Hickox reste un échec cuisant dans la saga « Hellraiser », mal reçu par les critiques à sa sortie en 1992, qui reprochèrent essentiellement le look raté des nouveaux cénobites, souvent comparés à une mauvaise version des Borgs dans la saga « Star Trek : The Next Generation », un élément particulièrement décrié par les fans de la saga « Hellraiser » et considéré comme ‘blasphématoire’ par les dans la franchise. L’univers de l’oeuvre originale de Clive Barker n’est donc plus du tout respecté ici, « Hellraiser III » prenant des libertés absurdes avec la mythologie de « Hellraiser » (il s’agit aussi du premier américain de la franchise, après deux productions purement britanniques !). Quand au personnage culte de Pinhead, il se transforme ici en gros méchant caricatural de dessin animé (gros plans sur son visage, en train de rire comme un hystérique, un sommet de ringardise !) et subit un peu le même traitement de père fouettard attardé que connaîtra un autre personnage culte des films d’horreur, un certain Freddy Krueger, un bien triste sort pour un personnage aussi célèbre et réputé dans le domaine de l’épouvante !

Après deux partitions monumentales écrites par Christopher Young, la production de « Hellraiser III » décida d’engager le compositeur Randy Miller sur le film d’Anthony Hickox, pour lequel le compositeur n’eut qu’à peine 3 semaines et demi pour écrire une bonne heure de musique. Avec les 82 musiciens et 30 choristes du talentueux Mosfilm State Orchestra and Choir enregistré à Moscou en Russie (fait plutôt rare à l’époque pour un compositeur hollywoodien !), Randy Miller reprend les thèmes bien connus de Christopher Young pour les premiers épisodes et les réadapte dans un nouveau score beaucoup plus épique et largement plus orienté vers l’action. En ce sens, comme pour le film lui-même, le travail de Randy Miller est un volte-face complet par rapport aux premiers scores de Chris Young, car même si les thèmes bien connus de la saga reviennent ici, l’atmosphère et l’ambiance générale de la musique sont radicalement éloignés des anciens scores au profit d’une débauche d’action et de déchaînements symphoniques/choraux musclés. Cette esthétique action, on la découvre dès « Hellraiser III Hell on Earth » (les morceaux ne sont pas dans l’ordre chronologique et ont été arrangés pour les besoins de l’album publié par GNP Crescendo) : cuivres musclés, trompettes déchaînées, motif rythmique syncopé façon Jerry Goldsmith – influence majeure de Randy Miller sur « Hellraiser III » - percussions agressives, et explosion chorale finale débouchant sur le thème du troisième opus, dans la continuité de ceux de Chris Young, ainsi que d’une brève apparition morcelée du thème de « Hellraiser II » aux cuivres à 1:53. Tels sont les ingrédients de cette ouverture solide et brutale richement orchestrée et brillamment interprétée par un orchestre russe solide et vigoureux. « Back to Hell » (confrontation finale du film) renforce le climat apocalyptique et infernal de la musique dans le film avec un renfort des cordes, des percussions, des cuivres et du motif rythmique d’action repris de l’ouverture (dans le film, on débute en fait avec une reprise du thème de « Hellraiser » de Chris Young, non présenté ici sur l’album !). Randy Miller suggère l’atmosphère apocalyptique du film en mettant l’accent sur l’action pure et dure : attendez vous ici à une horde de cuivres massifs et déchaînés, de rythmes complexes/syncopés qu’on croirait sortis tout droit d’un score d’action de Jerry Goldsmith, et d’une avalanche de percussions tonitruantes (à noter ici l’agressivité du jeu des toms, avec gong, timbales, piano, cymbales). C’est d’ailleurs cette sensation de puissance assez ahurissante qui domine ici l’intégralité du score de « Hellraiser III », une puissance que l’on doit beaucoup à l’énergie incroyable de l’orchestre et au savoir-faire plus qu’évident de Randy Miller.

Si ces deux premiers morceaux ne vous ont pas encore convaincu, vous serez probablement emporté par la puissance redoutable de « Cenobites’ Death Dance » et ses choeurs épiques/maléfiques à la Chris Young (on retrouve ici des allusions évidentes à « Hellraiser II »), tandis que les orchestrations s’avèrent être plus diversifiées, incluant des bois au sein de la masse orchestrale et des petites percussions. L’action domine l’enragé « Pinhead’s Proteges/The Devil’s Mass », pour la scène où Pinhead confectionne ses nouveaux cénobites et poursuit Joey jusque dans l’église, où il sème le chaos absolu. Le thème du démon est à nouveau très présent, tandis que Randy Miller accentue la tension de la poursuite effrénée et de la dévastation anarchique de Pinhead pendant près de 13 minutes d’une intensité incroyable (attention aux maux de tête à la fin du morceau !). C’est aussi avec un certain plaisir que l’on retrouve le fameux thème de cors de « Hellraiser II » à 9:22, durant la scène où Pinhead sème le chaos dans l’église. L’action continue de plus belle dans le massif et survolté « Come to Daddy » et l’apocalyptique « Gothic Rebirth », pour le retour de Pinhead dans le monde terrestre, un retour marqué par des choeurs apocalyptiques/gothiques grandioses et une envolée surpuissante du thème principal gothique. Ici comme pour le reste du score, Randy Miller ne fait pas dans la subtilité ni la demi mesure et nous assène de grands déchaînements symphoniques/choraux débridés, démesurés et totalement décomplexés, tandis que le suspense est à son comble dans « Emergency Room », peut être l’un des passages les plus dissonants du score, pour la scène de la mort de l’homme à l’hôpital au début du film. Ici aussi, les cuivres et les rythmes d’action syncopés dominent la musique de Randy Miller, avec une influence toujours incontestable de Jerry Goldsmith, pour ce qui reste un autre morceau d’action majeur du score de « Hellraiser III ». On notera un « Mind Invasion » plus mélancolique et dramatique dans le jeu plus nuancé des cordes, alors qu’Elliot Spencer parvient à rentrer en contact avec Joey dans ses rêves, le tout accompagné de choeurs suggérant l’univers infernal des cénobites. Enfin, « Shall We Begin ? » conclut l’album sur une ultime touche d’action démesurée, à grand renfort de cuivres musclés et de rythmes survoltés.

Si vous avez aimé les travaux de Christopher Young sur « Hellraiser » et « Hellraiser II », il ne fait nul doute que vous apprécierez de retrouver ses thèmes sur « Hellraiser III ». En revanche, attention à la déception, car le score de Randy Miller s’éloigne radicalement de l’esthétique horrifique et angoissante des musiques de Chris Young au profit d’une avalanche de morceaux d’action déchaînés, incroyablement puissants et dévastateurs, à l’image des pouvoirs de destruction de Pinhead dans le film. Entre cuivres débridés, percussions meurtrières et choeurs apocalyptiques, « Hellraiser III » a tout pour convaincre les fans des musiques d’action épiques, puissantes et ultra bourrines. Amateurs de subtilité, vous pouvez passer votre tour, car « Hellraiser III » n’est manifestement pas fait pour vous ! A noter que certains passages d’action ne sont pas toujours bien valorisés dans le mixage à l’écran, et qu’il faudra écouter d’urgence l’album de GNP Crescendo pour pouvoir apprécier pleinement certains détails d’écriture et d’orchestration. Mais dans le film, la musique de Randy Miller parvient à apporter un vrai souffle épique/apocalyptique saisissant, bien que l’on regrettera le manque d’originalité du score (on est très proche de Jerry Goldsmith ici !) et l’absence de passages angoissants/expérimentaux comme dans les premiers scores de Christopher Young. A écouter donc, et à réserver surtout aux amateurs de musiques d’action surpuissantes : impact garanti !




---Quentin Billard