1-Main Title (I Had A Farm
In Africa) 3.12
2-I'm Better At Hello
(Karen's Theme I) 1.18
3-Have You Got A Story For Me? 1.15
4-Concerto for Clarinet and Orchestra
In A (K 622) - Excerpt 2.50*
5-Safari 2.44
6-Karen's Journey - Siyawe
(African traditional) 4.50
7-Flying Over Africa 3.25
8-I Had A Compass From Denys
(Karen's Theme II) 2.31
9-Alone On The Farm 1.57
10-Let The Rest Of
The World Go By 3.17**
11-If I Know A Song of Africa
(Karen's Theme III) 2.12
12-End Title (You Are Karen) 3.58

*Composé par W.A. Mozart
Interprété par Jack Brymer, Clarinet
The Academy of St. Martin
In-The-Fields
Dirigé par Neville Marriner
**Composé par Ernest R. Ball
et J. Keirn Brennan

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

MCA Records MCAD-6158

Album produit par:
John Barry
Mixage score:
Dan Wallin

Artwork and pictures (c) 1985/1986 Universal City Studios. All rights reserved.

Note: ****
OUT OF AFRICA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
Classique indétrônable du cinéma américain, « Out of Africa » fait partie de ces films majeurs de l’histoire du cinéma que l’on ne présente plus, traversant les époques sans jamais prendre une ride (ou presque). Inspiré du roman autobiographique « Out of Africa » d’Isak Dinesen (pseudonyme de Karen Blixen) publié en 1937 et du roman « Shadows on the Grass » du même auteur, « Out of Africa » est un drame bouleversant signé Sydney Pollack, racontant une histoire d’amour tragique en plein coeur du Kenya, dans une colonie britannique au temps de la Première Guerre Mondiale. On y suit l’histoire de Karen Dinesen (Meryl Streep), jeune aristocrate danoise qui rejoint le Kenya en 1913 pour y épouser le baron Bror Blixen (Klaus Maria Brandauer) dans un mariage de convenance. Devenue la baronne Blixen, Karen s’installe avec Bror dans sa nouvelle demeure construite sur une grande plantation. Très vite, la jeune femme ressent un grand amour pour l’Afrique et décide de faire pousser des caféiers sur les terres arides de sa plantation. Elle espère ainsi protéger et nourrir la tribu qui y vit, et avec laquelle elle s’entend plutôt bien. Karen fait ensuite la connaissance de Denys Finch Hatton (Robert Redford), un aventurier solitaire et chasseur de fauve, qu’elle croise au détour d’une soirée. La jeune femme découvre alors que Bror a des relations extra conjugales et attrape la syphilis à cause de son mari. Obligée de revenir au Danemark pour se soigner pendant une très longue période, Karen revient enfin au Kenya à la fin de la Première Guerre Mondiale et décide de se séparer de Bror, qui quitte alors définitivement la plantation. La jeune femme tombe alors amoureuse de Denys avec lequel elle va vivre une courte romance difficile et impossible, le chasseur préférant la liberté et les grands espaces sauvages au mariage et à la vie de famille. « Out of Africa » fait partie des films culte de la génération 80’s, un film que l’on a tous vu et revu au moins une fois, récompensé par 7 Oscars en 1986 (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleure photographie, meilleure direction artistique, meilleure musique, meilleur son) et de nombreux autres prix divers reçus à la même époque. Souvent considéré comme l’un des drames romantiques les plus influents de son temps, « Out of Africa » est un classique qui ne vieillit pas, même si l’on pourra toujours critiquer le caractère très académique et finalement très sage de la mise en scène de Sydney Pollack. Mais ce serait très vite oublier la beauté incroyable des décors africains, filmés avec une maestria rare dans un film américain et sans aucun stéréotype particulier, et un casting exemplaire mené par des stars habitées par leur rôle – Meryl Streep, Klaus Maria Brandauer, Robert Redford (acteur fétiche de Sydney Pollack) – « Out of Africa », c’est aussi avant tout une histoire d’amour tragique comme on en voit souvent au cinéma ou dans la littérature, une romance impossible dans un pays lointain inspirée de la vraie histoire de Karen Blixen, et aussi l’histoire d’une double passion dévorante, celle d’une terre et d’un homme, tous deux sauvages et tous deux imprenables. Avec une voix off qui reproduit l’aspect littéraire de l’ouvrage d’origine (« j’avais une ferme en Afrique, au pied de la montagne de Ngong »), « Out of Africa » s’impose comme une adaptation poignante du livre de Karen Blixen, et malgré la longueur conséquente du film (2h41 environ), le long-métrage de Sydney Pollack triomphe grâce à sa beauté extraordinaire, au jeu inspiré des acteurs, aux décors kenyans grandioses tout en passant par la musique de John Barry ou celle de Mozart : tout a été fait pour atteindre cette recherche du sublime, de l’émotion juste, la marque des grands classiques qui traversent le temps sans jamais prendre une ride.

« Out of Africa » doit aussi son succès à sa partition musicale aussi juste que la mise en scène ou la direction d’acteur de Sydney Pollack. John Barry composa en 1985 l’un de ses plus grands classiques pour ce drame romantique bouleversant, un classique qui reste pourtant trop souvent éclipsé dans l’esprit des gens par l’utilisation dans le film du célèbre « Concerto pour clarinette » de Mozart, à jamais associé au film dans la culture populaire en général. Si le public retient fréquemment la musique de Mozart dans « Out of Africa », se serait oublier de façon injuste la présence d’une superbe partition symphonique originale de John Barry, alors au sommet de son art au milieu des années 80, avec à son actif quelques grands classiques des musiques lyriques/romantiques hollywoodiennes (« Somewhere in Time », « Hanover Street », « High Road to China », etc.). La participation de John Barry à « Out of Africa » n’était pas vraiment une surprise, puisque le compositeur anglais s’était déjà fait remarquer sur un film se déroulant lui aussi au Kenya, « Born Free », et pour lequel Barry avait d’ailleurs reçu un Academy Award en 1966. John Barry a aussi eu l’occasion de composer la musique de film se déroulant sur le continent africain comme « Zulu » en 1964. Pour « Out of Africa », John Barry reste fidèle à son style symphonique élégant et classique, chose qu’il confirme d’emblée dès le magnifique générique de début (« Main Title (I Had A Farm in Africa) »), dominé par l’écriture éminemment romantique des cordes, de la flûte sur fond d’accords amples de cuivres et harpe. Après une introduction lente et dramatique, le thème principal fait son apparition à partir de 1:11, avec sa mélodie de cordes aisément reconnaissable, alors que l’on aperçoit des plans aériens d’un train en train d’arriver au Kenya. Le thème, majestueux et imposant, est associé à la passion de Karen Blixen pour l’Afrique et pour Denys l’aventurier solitaire, un thème magnifique et déchirant, typique du lyrisme habituel si cher à John Barry. Dans « I’m Better At Hello (Karen’s Theme I) », le compositeur dévoile le second thème du score de « Out of Africa », le joli thème de Karen, confié à une flûte nostalgique sur fond de cordes et harpe, et qui évoque la romance impossible entre Karen et Denys dans le film. Le troisième thème est entendu dans « Have You Got A Story For Me », le thème de Denys, mélancolique et romantique, écrit pour piano et cordes dans un style qui rappelle le bouleversant « Somewhere in Time » (1980).

Avec ses trois principaux thèmes, John Barry élabore une partition lyrique, dramatique et romantique d’une élégance classique savoureuse, enveloppé de son style mélodique simple et si caractéristique. Dans « Safari », Barry parvient à éviter les clichés habituels des musiques africaines en évoquant les paysages sauvages du Kenya à l’aide d’harmonies élégantes et simples, et de mélodies aériennes et majestueuses. « Safari » dévoile aussi un thème d’aventures aux cordes et aux cuivres à 0:15, associé ici aussi à Karen et Denys (on le retrouve ensuite aux cors à 0:54), avec ce même sentiment de noblesse et de grandeur suggérant la beauté des paysages africains sauvages. L’aventure occupe une place de choix dans « Karen’s Journey/Siyawe », pour lequel Barry met temporairement de côté le romantisme et lyrisme pour une approche plus sombre, avec l’utilisation de percussions et de bois suggérant le voyage de Karen au Kenya. A noter que l’utilisation des percussions au début de « Karen’s Journey » est un clin d’oeil évident aux rythmes africains, un élément étonnamment absent de la musique de « Out of Africa » (probablement pour renforcer l’idée que le pays est vu à travers le regard d’une occidentale). La musique devient par la suite plus sombre voire dissonante, notamment dans le jeu tendu des cordes, des bois et de l’ensemble des percussions ethniques/africaines tribales (le morceau se termine avec un chant traditionnel africain kenyan, « Siyawe », assez présent dans le film). Dans « Flying Over Africa », Barry prolonge son exploration musicale de l’Afrique mais en revenant à un style symphonique plus classique et occidental, notamment à travers ses grands accords mineurs de cordes/cuivres, et sa mélodie dramatique et majestueuse confiée aux cordes doublés par des chœurs à bouche fermée. C’est l’occasion pour le compositeur de reprendre son magnifique thème principal à 1:48 avec ses harmonies majeures majestueuses et solennelles qui viennent romprent avec le ton mineur de la première minute du morceau. Le thème de Karen est repris à plusieurs reprises dans le film, aux cordes (« I Had A Compass From Denys ») pour évoquer la passion impossible de Karen pour Denys et les regrets associés aux souvenirs de cette histoire passée, sans oublier « If I Know A Song of Africa », où le thème est repris avec délicatesse et nostalgique par une flûte alto solitaire et chaleureuse, bercée d’une douce mélancolie typique du compositeur. Enfin, « Alone On The Farm » évoque l’isolement de Karen lorsqu’elle se retrouve seule à la ferme, avec ici aussi cette écriture lyrique, simple et émouvante des cordes et des vents.

Le film se termine avec le superbe « End Title (You Are Karen) », qui développe pendant 4 minutes le superbe thème principal de l’Afrique, d’abord exposé à la flûte puis repris aux cordes et aux cuivres comme dans le « Main Title », la boucle étant bouclée. John Barry nous offre donc l’une des plus belles partitions romantiques de sa carrière pour « Out of Africa », peut être moins bouleversante que celle du film « Somewhere in Time », mais un pur régal pour n’importe quel fan du compositeur anglais et de ses musiques lyriques au style facilement reconnaissable. La musique de John Barry s’impose pas aussi par la simplicité de ses thèmes qui, sans jamais être simplistes, parviennent à toucher le coeur des auditeurs/spectateurs par leur poésie et leur émotion sincère et pleine de franchise – et ce même si le score reste très court, dépassant à peine les 38 minutes de musique au total - John Barry parvient aussi à éviter les envolées mélodramatiques et conserve au contraire une approche souvent retenue de l’émotion. Même le jeu souvent parfois plus nuancé des cordes parvient à éviter le piège du sirupeux, hormis quelques passages plus faciles où l’on pourra toujours critiquer l’emploi prévisible des cordes romantiques. Mais dans l’ensemble, cela reste une partition absolument magnifique qui devrait réussir à toucher les plus endurcis, sur l’album comme dans le film, où la musique apporte une émotion remarquable aux images inoubliables du long-métrage de Sydney Pollack. En choisissant John Barry à la musique, le réalisateur ne s’est donc pas trompé, et le musicien anglais nous livre au final un grand classique de la musique de film des années 80, une musique simple, passionnée et poignante, à ne rater sous aucun prétexte, et que l’on pourra aussi redécouvrir dans son intégralité à travers le très beau réenregistrement de Joel McNeely sorti chez Varèse Sarabande en 1997 !




---Quentin Billard