Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Andy Tennant
Genre:
Comédie romantique
Avec:
Matthew Perry,
Salma Hayek,
Siobhan Fallon Hogan,
Jill Clayburgh, Tomas Milian

(c) 1997 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***
FOOLS RUSH IN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
« Fools Rush In » (Coup de foudre et conséquences) est une énième comédie romantique hollywoodienne réalisée par Andy Tennant et sortie en 1997, avec comme toile de fond la romance improvisée entre un jeune architecte new-yorkais et une jolie photographe mexicaine tombée enceinte après sa rencontre avec le jeune homme. Alex Whitman (Matthew Perry) doit se rendre à Las Vegas pour y superviser la construction d’une boîte de nuit construite par son entreprise. Un soir, il fait la rencontre par hasard d’Isabel Fuentes (Salma Hayek), une ravissante mexicaine américaine. Après une nuit ensemble, Alex et Isabel se quittent et ne se revoient plus pendant des mois, jusqu’au jour où Isabel réapparaît et annonce à Alex une nouvelle inattendue : elle est enceinte et attend un enfant d’Alex. Désarçonné, Alex décide alors d’assumer sa paternité improvisée et comprend qu’il faut faire les choses dans l’ordre : il décide donc d’épouser rapidement Isabel à Las Vegas et chacun part rencontrer sa famille respective. Isabel fait la connaissance de la mère d’Alex (Jill Clayburgh), tandis que ce dernier rencontre Tomas, le père d’Isabel (Tomas Milian), avec lequel les choses ne se passent pas vraiment comme prévu. Dès lors, le couple s’interroge sur leur avenir commun et se demandent s’ils ont vraiment fait les bons choix, et s’ils sont réellement fait pour vivre ensemble, surtout qu’Alex ne veut pas quitter New York et qu’Isabel veut s’installer dans le Nevada. « Fools Rush In » est au final une comédie romantique plutôt sympathique et sans prétention, abordant un sujet peu fréquemment au cinéma, celui des mariages mixtes, sur fond de choc des cultures. Le couple formé à l’écran par Matthew Perry (sorti tout juste du succès de la série TV culte « Friends ») et la ‘muy caliente’ Salma Hayek est assez attachant, et l’on se plaît à suivre leur histoire laborieuse d’une vie de couple improbable, en raison de leurs origines et leurs façons de penser diamétralement opposées : l’un ne jure que par son travail et sa vie à New York, l’autre n’attache d’importance qu’aux sentiments, à ses origines mexicaines et à son envie de s’installer dans le Nevada. Evidemment, on n’évite pas les stéréotypes habituels et le film ne surprend guère, d’autant que Matthew Perry peine à convaincre totalement ici, alors que son image de Kyle Chandler dans la série « Friends » continuait de lui coller à la peau, même à la sortie de « Fools Rush In » en 1997. Quand à Salma Hayek, elle semble bien plus à l’aise et reste très belle et séduisante, même s’il n’est pas rare de déceler une pointe d’ennui chez les acteurs dans le film. Hormis un personnage masculin fade et une histoire d’amour simpliste au dénouement ultra prévisible, « Fools Rush In » reste une comédie romantique assez divertissante sur le thème habituel du couple qui n’a rien en commun mais pour lequel l’amour finir par triompher, avec une romance en sens inverse : ils ont un enfant, puis ils se marient et apprennent enfin à se connaître pour s’aimer à la fin. C’est l’unique originalité du film d’Andy Tennant, car pour le reste, cela sent le déjà-vu à plein nez !

Alan Silvestri est un habitué des musiques de comédie, puisqu’il avait déjà écrit entre les années 80 et 90 des partitions pour des films tels que « Overboard » (1987), « Father of the Bride » (1991) ou « Grumpy Old Men » (1993). Sa participation à la musique de « Fools Rush In » n’était donc pas vraiment surprenante mais plutôt prévisible de la part d’un compositeur alors très actif à la fin des années 90 (il a écrit la musique de quatre films en 1997 : « Fools Rush In », « Contact », « Mouse Hunt » et « Volcano »). Silvestri reste fidèle à son style mélodique et intime pour « Fools Rush In » et nous offre une musique romantique, tendre et légère à la fois, avec son lot de cordes, bois, piano, saxophone et guitare. Alan Silvestri nous propose deux thèmes de qualité pour le score de « Fools Rush In », à commencer par le thème principal, romantique et nostalgique, souvent confié aux cordes et à la guitare, entendu dès le début du film lorsque l’on aperçoit Isabel chez elle, au Mexique, en train se baigner. La guitare est ici l’un de l’instruments-clé du score, associé à Isabel dans le film, avec des sonorités latinos évoquant les origines du personnage de Salma Hayek dans le film. Silvestri nous offre aussi un magnifique Love Theme, romantique et tendre, souvent confié aux cordes ou à la guitare, évoquant la romance improvisée entre Alex et Isabel. Le Love Theme se divise d’ailleurs en deux phrases mélodiques, une première aux cordes (dont les harmonies annoncent clairement le futur thème que Silvestri écrira pour « Cast Away » en 2000), une deuxième, plus mélancolique et douce, à la guitare. On retrouve dans la musique d’Alan Silvestri ce côté tendre et rêveur qui nous renvoie clairement aux plus belles mesures de « Father of the Bride », avec toujours cette sensibilité et cette délicatesse sincère si chère au compositeur dans ses musiques de comédie romantique. La première rencontre entre Alex et Isabel dans le film permet à Silvestri d’écrire un morceau délicat, partagé entre la chaleur des cordes et la douceur d’un célesta. Le thème principal revient avec le célesta et les cordes durant la scène de la conversation du jeune couple au bord du barrage, lorsqu’Isabel propose à Alex de l’emmener à la rencontre de sa famille au Mexique.

La musique conserve ce ton tendre et intime tout au long du film, avec une retenue minimaliste particulièrement touchante et très réussie à l’écran, que ce soit dans le jeu souvent apaisé des cordes, la chaleur des bois, de la guitare, du célesta ou même du piano (scène du premier baiser chez les parents d’Isabel avant que le couple décide de se séparer). Il règne aussi une vraie nostalgie dans la musique de Silvestri qui reflète les sentiments, les doutes et les hésitations d’Alex et Isabel tout au long de leur histoire d’amour compliquée. Le compositeur en profite aussi pour nous offrir quelques passages de type comédie plus humoristique, notamment pour la scène du serpent dans le désert, durant lequel Silvestri s’auto caricature et pastiche son style thriller/action habituel à grand renfort de cuivres ou de timbales façon « Eraser » ou « Ricochet », et de trompettes mariachi/latinos lorsque les frères d’Isabel abattent le serpent à coup de fusil. La scène se finit par la même occasion avec un bref passage mickey-mousing plutôt amusant durant lequel Silvestri semble se faire plaisir et s’amuser comme il le fait souvent sur ses musiques de comédie plus légères façon « Mouse Hunt » ou « Grumpy Old Men » (même chose pour la scène de l’arrivée d’Alex au Mexique sur le dos d’un âne). Mais ce sont surtout les passages romantiques et tendres qui dominent une bonne partie de la partition orchestrale d’Alan Silvestri dans le film, avec plusieurs développements du thème principal et du sympathique Love Theme (conservation du couple au bord de la falaise dans le désert), avec toujours cette élégance et cette délicatesse remarquable, évitant ainsi le sirupeux ou les envolées mélodramatiques trop souvent d’usage dans ce type de film, hormis peut être lors de l’envolée orchestrale du thème romantique lorsqu’Alex décide de partir retrouver Isabel à la fin du film, reprise plus dense et déterminée, alors qu’Alex est finalement convaincu de sa destinée et de ses choix, sans oublier une très belle reprise du Love Theme vers la fin du film et du thème principal en guise de conclusion. Sans être d’une folle originalité ou même extrêmement mémorable, la musique d’Alan Silvestri pour « Fools Rush In » reste un travail de qualité de la part du musicien, toujours aussi à l’aise dans les musiques romantiques et intimes fraîches et délicates. Son travail sur « Fools Rush In » s’inscrit ainsi dans la continuité de « Father of the Bride » et reste agréable de bout en bout, tout en restant un effort mineur dans la filmographie du compositeur : un score romantique sympathique et attachant donc, sans prétention !




---Quentin Billard