Scènes coupées

1-Bonjourrrs (Les robins des bois) 1.00
2-La Guerrrrre (les robins
des bois) 3.00
3-Mercrrred (les robins des bois) 2.20
4-Les 2 Trrrop Grrrands
(les robins des bois) 1.15
5-Guitarrre-Couturrre
(les robins des bois) 2.10
6-La Morrrgue (les robins
des bois) 0.30
7-Tailleuse de Pierrrrre
(les robins des bois) 0.50
8-Questionnairrre de Berrrnard
(les robins des bois) 1.18
9-Aux Revoirrrs (les robins
des bois) 1.20

Musique Symphonique

10-Ouverture 2.06
11-Nos deux tribus 1.19
12-La femme du chef 2.18
13-Coup de foudre 1.25
14-Crimes 3.38
15-La vie au village 2.22
16-Cauchemar de poussin 1.23
17-Jalousie 1.07
18-Les aventures des
cheveux sales 3.55
19-Le guerissologue 1.21
20-Guy et la touffe se préparent 1.21
21-De grands hommes! 1.43
22-Scène du crime/L'oursmouth 2.26
23-Promenade d'amoureux 1.01
24-Enquête 2.20
25-Flash back du blond 1.25
26-Mystères préhistoriques 1.56
27-Poursuite de la
guitariste couturière 1.44
28-Révélations 6.01

Musique  composée par:

Frédéric Talgorn

Editeur:

Chez Wamusic 02498 16293 4

Score produit par:
Frédéric Talgorn
Consultant musical:
Edouard Dubois

(c) 2004 Chez Wam/StudioCanal/Les Robins des Bois Airlines/TF1 Films Production. All rights reserved.

Note: ***1/2
RRRRRRR!!!
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frédéric Talgorn
Sorti triomphant du succès populaire de son délirant « Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre » (2002), l’ex-Nul Alain Chabat réalise et produit une nouvelle comédie déjantée, « RRRrrrr !!! » (probablement le titre le plus absurde au monde pour un film !), sortie en 2004, et qui se déroule en plein coeur de la préhistoire, à l’âge de pierre (d’ailleurs, une bonne partie des personnages du film s’appellent Pierre !), il y a 35 000 ans. Deux tribus voisines vivaient jusqu’à présent en paix, avec d’un côté la tribu des Cheveux Propres, qui conservaient jalousement le secret de la formule du shampoing, et de l’autre les Cheveux Sales, qui en ont marre d’avoir toujours les cheveux sales et se mettent en tête de voler la formule du shampoing. C’est pourquoi, un jour, le chef des Cheveux Sales (Gérard Depardieu), décide d’envoyer Guy (Marina Foïs), qui est chargée d’espionner et d’infiltrer la tribu des Cheveux Propres afin de leur voler la formule du shampoing. Mais les choses prennent une tournure inquiétante lorsqu’un événement inattendu bouleverse la vie des Cheveux Propres : c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un crime vient d’être commis. Bien décidés à découvrir l’auteur du crime, les Cheveux Propres mènent la toute première enquête policière de l’Histoire, grâce au chef Pierre (Maurice Barthélemy) et à la conviction de ses amis, Pierre le frisé (Pierre-François Martin-Laval), Pierre le blond (Jean-Paul Rouve), Pierre le Guérissologue (Alain Chabat) et Pierre la femme du chef (Elise Larnicol). Avec un scénario pareil, on peut difficilement s’attendre à autre chose sur « RRRrrrr !!! » qu’à une bête comédie délirante à l’humour absurde ravageur. Alain Chabat reste donc fidèle à lui-même sur ce film et nous promet un grand moment de dérision et de n’importe quoi total, où les gags absurdes et loufoques s’enchaînent à un rythme effréné, dans un style qui n’est pas sans rappeler les Monty Python ou les films de Jim Abrahams et des frères Zucker. C’est aussi le premier film d’Alain Chabat écrit par et avec la joyeuse bande d’humoristes des Robin des Bois, qui se firent connaître à la télévision grâce à Dominique Farrugia sur les chaînes Comédie ! et Canal + à la fin des années 90, et qui avaient déjà participé au précédent film de Chabat, « Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre ». Le résultat est sans surprise caractéristique des sketchs habituels des Robin des Bois : humour lourdingue, plaisanteries et gags décalés, ambiance absurde et parodique, clins d’oeils divers et dérision permanente. Avec quelques personnalités fortes, les Robins des Bois réussissent le challenge du passage sur grand écran et restent fidèle, tout comme Alain Chabat, à leur sens décomplexé de la déconnade plein gaz. Avec un budget conséquent (incluant quelques effets spéciaux pas si mal pour une production française), des décors sauvages réussis et un casting quasi exclusivement composé de stars et de grands copains de la bande à Chabat, « RRRrrrr !!! » est une jolie réussite dans son genre, sans casser trois pattes à un canard, un gros sketch d’1h38 qui parodie les films policiers version préhistoire (on est dans une sorte de caricature délirante des « Pierrafeu »), essentiellement destiné aux fans de l’humour pataud absurde d’Alain Chabat et des Robins des Bois.

Le compositeur Frédéric Talgorn revient en force sur « RRRrrrr !!! » pour lequel il signe une grande partition symphonique plutôt classique d’esprit, apportant un sentiment d’aventure et de dérision au film d’Alain Chabat. A la tête du Philharmonia Orchestra de Londres, Talgorn débute le film sur le ton de l’aventure dans la majestueuse « Ouverture », avec une trompette solennelle sur fond de contrebasses qui rappelle clairement John Williams (on pense aussi au début du « Apollo13 » de James Horner), puis l’apparition du superbe thème principal, mélodique, majestueux et épique, évoquant le monde de l’aventure à la préhistoire, magnifiquement interprété par des cordes amples en octaves – le ton épique semble décalé par rapport au film, une ouverture que l’on croirait surgie d’un grand blockbuster hollywoodien - Les orchestrations sont très soignées, riches et soutenues, tout comme l’écriture de l’orchestre, au classicisme élégant typique du musicien toulousain. « Nos deux tribus » suggère les deux clans adversaires du film à base de petites percussions (temple block, marimba), bois, cordes légers et flûte de pan synthétique, dévoilant un thème tribal que l’on retrouvera à quelques reprises dans le film. La musique reflète clairement ici l’humour du film en flirtant avec le mickey-mousing, ou lors de l’envolée pseudo romantique sur fond de synthés new age et de cordes/bois féeriques dès 0:52 pour évoquer l’arrivée de Guy chez les Cheveux Propres. L’approche mickey-mousing domine aussi « La femme du chef », morceau clairement orienté vers l’ambiance de cartoon humoristique avec ses pizz sautillants, célesta, piccolo virevoltant et bois légers. Frédéric Talgorn connaît les recettes du genre et les applique à la perfection ici, sans surprise particulière. On notera le jeu rapide du marimba à 1:28 dans lequel le musicien semble s’en être donné à coeur joie. Le compositeur reste donc ici dans une approche plutôt illustrative de l’ambiance comédie du film d’Alain Chabat, mais se fait plaisir en variant les ambiances et les idées, comme l’envolée romantique du thème dans « Coup de foudre » ou le démoniaque « Crimes », qui pastiche les célèbres cordes stridentes et acérées du « Psycho » de Bernard Herrmann pour la scène du crime. Talgorn accentue ici l’agressivité du meurtrier avec des cordes aiguisées comme des lames et des sursauts de cuivres meurtriers, mais, désireux de rappeler que « RRRrrrr !!! » est avant tout une comédie loufoque dans laquelle on ne veut surtout pas se prendre au sérieux, le compositeur contrebalance la violence soudaine de l’orchestre par des bois sautillants (bassons, hautbois, etc.), développant ici un motif de 6 notes entêtant associé au mystérieux criminel.

On se surprend bien souvent à apprécier les détails d’écriture de la musique de Frédéric Talgorn, un score bien plus fin et subtil qu’il n’y paraît, pour un film qui n’a justement rien de subtil et ne témoigne d’aucune forme de finesse. La musique conserve ainsi ce ton énergique et exubérant avec un enthousiasme constant, que ce soit dans les moments romantiques de « Coup de foudre » ou « Promenade d’amoureux », les passages sautillants et illustratifs comme « La vie au village » (incluant marimba, harpe, guitare et banjo) ou des parties plus humoristiques comme « Cauchemar de poussin », qui se montre plus inventif dans ses orchestrations débridées et son final anarchique. Il règne une vraie bonne humeur assez enthousiasmante dans la musique de « RRRrrrr !!! » comme le rappelle le très classique « Jalousie » ou « Les aventures des cheveux sales » qui reprend le thème tribal de marimba/temple blocks issu de « Nos deux tribus ». Certains motifs et thèmes font ou refont ainsi leur apparition tout au long du film, comme pour le personnage d’Alain Chabat dans « Le guérissologue », morceau qui reprend le motif de 6 notes du crime (ne laissant aucun doute quand à l’identité du mystérieux tueur), ou « Guy et la touffe se séparent », qui développe une mélodie dramatique sombre et élégiaque aux cordes (avec une reprise mineure et tragique du thème principal), sans oublier le retour du thème de trompette solennelle de l’ouverture dans « De grands hommes ! ». Talgorn nous offre aussi quelques passages plus énergiques dans « Scène du crime/L’oursmouth », avec son tuba survolté qui s’en donne à coeur joie, ou dans « Enquête », dans lequel il parodie les musiques d’action hollywoodiennes avec l’utilisation inattendue d’une batterie, de percussions et d’une guitare électrique rock anachronique, entrecoupé de reprises sautillantes du thème principal ou du thème du crime (à la guitare à 1:37), thème aussi réentendu vers la fin de « Flash back du blond » (avec son utilisation délirante d’un banjo).

« Poursuite de la guitariste couturière » est quand à lui un superbe passage d’action pour la poursuite absurde vers la fin du film, mais ce sont les 6 minutes du somptueux « Révélations » qui permettent de conclure l’aventure sur la réconciliation tant attendue entre les Cheveux Propres et les Cheveux Sales, conclusion triomphante et majestueuse d’une grande beauté, baignant dans une atmosphère euphorisante et particulièrement enthousiasmante. C’est l’occasion pour Frédéric Talgorn de récapituler certaines idées majeures du score de « RRRrrrr !!! », à commencer par le thème optimiste de la réconciliation (dès le début du morceau, aux flûtes, avec pizz et marimba en accompagnement) et le thème principal. Et c’est ainsi que le compositeur referme sa partition en beauté, sur une conclusion prenant des allures de célébration de la victoire et du retour de la paix. Partition fantaisiste, vive et colorée fourmillant d’idées et de couleurs instrumentales diversifiées (le marimba exotique, les pizz de cordes, la guitare, etc.), « RRRrrrr !!! » marque par la même occasion le retour de Frédéric Talgorn dans le cinéma français après « Laisse tes mains sur mes hanches » en 2003, l’occasion de retrouver ainsi le compositeur toulousain plus inspiré que jamais, avec une maîtrise et une expérience impressionnante de la musique symphonique classique. Partition fine, élégante et pleine de justesse, « RRRrrrr !!! » est un pur régal pour les amateurs de musique d’aventure cartoonesque avec des thèmes soignés, des grands moments d’humour et d’action, car, à défaut de briller d’une quelconque originalité, le score de Frédéric Talgorn laisse l’impression d’un compositeur qui semble avoir pris du bon temps sur ce film, un score très plaisant et aussi plus riche qu’il n’y paraît, là où l’on n’attendait pas forcément une musique d’une telle qualité sur un film pareil : une bonne surprise en somme !




---Quentin Billard