1-The Woods 3.04
2-Killerz 1.35
3-Man Trap 2.10
4-Hanging Game 2.18
5-Maggie's Summary Execution 2.14
6-Bear Traps 2.14
7-Summertimin' 3.13*
8-Cheese Dreams and
War Crimes 3.24
9-Stars and Stripes Forever 0.33**
10-Never Trust A Map 1.49
11-Can't See The Wood
For The Killers 2.32
12-Billy The Hero 2.05
13-Seige and Kidnap 1.14
14-The Discovery: Severenz 2.47
15-Anal Killing 2.48
16-Stoned 2.42
17-The Boat To Freedom 2.17

*Interprété par Caroline Lost
et Elio Pace
Ecrit par Caroline Lost et
Christian Henson
Guitare de Tony Ayiotou
**Composé par John Philip Sousa
Arrangé par Seanine Joyce
Produit par Christian Henson.

Musique  composée par:

Christian Henson

Editeur:

Colosseum CST 8113.2

Musique produite par:
Christian Henson
Supervision musique:
Matt Biffa
Assistant score:
Chris Barrett, Olga Fitzroy,
Nick Taylor

Programmation musicale
et sound designer:
Christian Henson
Orchestrations:
Christian Henson, Seanine Joyce
Préparation score:
Seanine Joyce
Montage musique:
Richard Todman
Supervision musique pour Air-Edel:
Alison Wright
Consultant musical Hongrie:
Gabor Knisch
Programmeur musique:
Joe Henson

(c) 2006 Qwerty Films/Dan Films/HanWay Films/Isle of Man Film/N1 European Film Produktions GmbH & Co.KG/UK Film Council. All rights reserved.

Note: ***
SEVERANCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christian Henson
Remarqué en 2004 pour son film d’horreur « Creep », le cinéaste britannique Christopher Smith rempila dans le registre de l’épouvante avec « Severance » en 2006, une sorte de comédie horrifique sanguinolente et décalée, dans laquelle sept commerciaux se rendent à un week-end de paintball en pleine forêt organisé par le directeur de leur entreprise – une multinationale d’armement baptisée « Palisade »- en vue de consolider l’esprit d’équipe de la team. Hélas, l’ambiance n’est guère au beau fixe et le bus qui devait les transporter jusqu’à leur gîte réservé pour le week-end s’arrête brusquement devant un arbre qui barre la route. Refusant de changer de route, le conducteur du bus vide tous les bagages et oblige l’équipe à terminer leur chemin à pied. Arrivés au gîte, les sept commerciaux découvrent que rien n’a été organisé pour leur accueil et se retrouvent alors livrés à eux-mêmes en pleine forêt. Très vite, ils comprennent que le gîte est la cible d’un groupe d’anciens criminels de guerre originaires des Balkans, dont les familles ont été massacrées par les armes de la société Palisade et qui cherchent aujourd’hui à se venger des employés de l’entreprise. Mélangeant humour décapant et gore extrême, « Severance » est une jolie réussite dans son genre, l’oeuvre de Christopher Smith, génial réalisateur anglais spécialisé dans l’horreur et devenu en quelques années un spécialiste incontesté du genre en Angleterre, au même titre que l’incontournable Neil Marshall. « Severance » vaut surtout pour son cynisme redoutable, son humour noir magistral – le gentil niais dont la jambe est déchiquetée dans un piège à ours, les deux jeunes blondes nues et sexy qui cherchent à sortir d’un trou en utilisant leurs sous-vêtements en guise de cordes – et sa violence exacerbée : décapitation, mutilations, éviscération, torture, tout y passe avec un fun constant, Smith en profitant au passage pour égratigner le monde de l’entreprise et du travail d’équipe avec un second degré constant et une galerie de personnages décalés – le jeune niais qui voit tout en rose, le chef lâche incapable de prendre la moindre décision, le jeune employé qui passe son temps à planer avec ses champignons hallucinogènes, la jolie blonde convoitée mais inaccessible, etc. – Certes, on pourra toujours reprocher le côté stéréotypé des personnages ou de certaines situations, mais le tout est fait avec une telle malice et une telle sauvagerie qu’on ne pourra qu’adhérer à ce survival trash façon « Deliverance », qui s’avère être un petit bijou d’humour noir british et de cynisme corrosif, y compris dans les répliques du film. Malgré l’échec commercial du film en salles, « Severance » deviendra par la suite l’un des films culte de Christopher Smith, lui permettant ainsi d’obtenir l’adhésion des critiques qui le considéreront comme l’égale de Neil Marshall dans le cinéma d’épouvante anglais.

Christian Henson collabore pour la première fois à un film de Christopher Smith sur « Severance », pour lequel le musicien britannique signe une partition lugubre, agressive et assez intense. Pour parvenir à ses fins, Christian Henson utilise l’orchestre symphonique habituel qu’il mélange avec une pléiade de synthétiseurs et de quelques instruments solistes incluant violon, alto, violoncelle, cymbalum hongrois, guitare/mandoline/banjo/ukulélé et vocalises féminines. A la première écoute, on remarque d’ailleurs à quel point ces différents éléments s’imbriquent parfaitement l’un dans l’autre, Henson n’hésitant pas non plus à suggérer la présence des tueurs en évoquant des sonorités musicales d’Europe de l’est (il faut rappeler que le film a été tourné en Hongrie), notamment dans le jeu des violons, du cymbalum hongrois ou des guitares (dans l’excellent et intense « The Woods » qui introduit le thème principal aux cordes), tout en parsemant sa partition de quelques touches humoristiques discrètes, notamment dans l’amusant « Man Trap », dans lequel Henson s’amuse à écrire une valse faussement insouciante et légère pour cordes à la manière d’une musique d’ambiance pour parking ou supermarché, une ambiance faussement insouciante que le compositeur ne tarde pas très vite à dénaturer par l’intrusion de percussions agressives ou de dissonances macabres. Les passages d’action font preuve d’une sauvagerie évidente, notamment dans l’emploi de traditionnelles percussions synthétiques dans « Killerz » ou de sonorités électro/orchestrales intenses et dissonantes. Henson confère une certaine intensité à ces scènes de chasse à l’homme grâce à un rythme soutenu des percussions, mais sans grande originalité particulière. En revanche, on appréciera davantage les sonorités plus expérimentales de « Hanging Game », pour lequel Christian Henson manipule ses différentes textures sonores électroniques et déforme ses sons pour obtenir un résultat plutôt abstrait et macabre, notamment dans la façon dont il fait s’empiler les couches sonores les unes sur les autres, sans oublier l’utilisation des vocalises et du violoncelle slave évoquant la présence des tueurs originaires des Balkans. Cohérent de bout en bout dans son approche sonore, Christian Henson prolonge ses expérimentations musicales dans le sinistre « Maggies Summary Execution » ou le macabre « Bear Traps » avec son lot de cordes dissonantes, de percussions barbares ou de sonorités métalliques grinçantes. A noter un élément sonore récurrent et particulièrement efficace dans le film, le glissando strident entendu entre 1:01 et 1:04 dans « Maggies Summary Execution » et qui, s’il s’avère être anodin lors d’une première écoute, apporte pourtant une vraie personnalité et une ambiance particulière à la musique de « Severance ».

Résolument atonale et expérimentale, la musique de Christian Henson n’oublie pas pour autant l’aspect mélodique, mais c’est surtout l’occasion pour le compositeur de prouver qu’il sait maîtriser les ambiances sonores et la manipulation des sons électroniques et instrumentaux avec un savoir-faire impressionnant et revigorifiant. « Cheese Dreams and War Crimes » mélange par exemple piano atmosphérique, nappes sonores étranges et effets de cordes dissonantes, stridentes et aléatoires avec une maîtrise rafraîchissante. A l’humour noir du film de Christopher Smith, Henson répond par un véritable patchwork musical, mélangeant airs traditionnels d’Europe de l’est (aux violons à 1:17 dans « Cheese Dreams and War Crimes »), ambiances sonores lugubres et passages mélodiques décalés (comme dans l’ironique « Man Trap »). On appréciera aussi la sonorité froide des cordes dans la dernière partie de « War Crimes », reprenant par la même occasion une phrase en harmoniques des cordes de l’intro de « The Woods ». Quand au thème slave/hongrois mélancolique du violoncelle, il revient à plusieurs reprises pour suggérer la présence des tueurs dans le film et la menace qu’ils représentent pour les commerciaux pris au piège. Tous ces éléments se retrouvent dans « Never Trust A Map », où le thème des cordes en harmonique de « The Woods » refait son apparition avec cette froideur et cette noirceur constante. On aura cependant un peu plus de mal à apprécier le côté plus cacophonique des passages d’action comme « Can’t See The Wood For The Killers », si ce n’est le retour des sonorités slaves/hongroises baignant dans une atmosphère toujours aussi lugubre et violente, peu propice à l’espoir. C’est aussi le cas pour « Billy The Hero », qui tente pourtant d’apporter un brin d’espoir avec quelques accords de cordes/cuivres plus dramatiques, « Anal Killing » et ses effets étranges de cordes, ou le sinistre « The Discovery/Severenz », marqué par le retour du thème slave. A noter qu’un troisième thème pour les survivants réapparaît à la fin de « Anal Killing » et sera repris à quelques reprises vers la fin du film pour suggérer la lutte des derniers survivants dans la forêt. « The Boat To Freedom » nous permet quand à lui de respirer un grand coup à l’aide d’accords de cordes triomphants et majestueux, alors que les survivants peuvent enfin regagner leur liberté et fuir l’enfer de ce terrible week-end.

« Severance » constitue donc un premier effort louable dans la collaboration Christopher Smith/Christian Henson, une partition horrifique au suspense intense, dans laquelle le compositeur anglais manipule les sons et les ambiances qu’il juxtapose avec une inventivité rafraîchissante, même si l’on pourra toujours reprocher le côté répétitif et uniforme du score dans le film comme sur l’album. Qu’à cela ne tienne, le score de « Severance » reste malgré tout une jolie réussite dans son genre, à l’instar du film, car même si Christian Henson ne signe pas là un chef-d’oeuvre impérissable, le score surprend par son mélange d’idées, sa noirceur extrême et son intensité impressionnante. La partition de « Severance » est aussi un excellent terrain de jeu pour Christian Henson, qui a non seulement le loisir d’expérimenter ici à sa guise mais qui en profite par la même occasion pour préparer déjà le terrain pour ses futures partitions pour Christopher Smith, et notamment « Triangle » (2009) et « Black Death » (2010), qui doivent beaucoup aux expériences musicales du compositeur sur « Severance ».




---Quentin Billard