1-Pacific Rim 4.55*
2-Gispy Danger 3.19
3-Canceling the Apocalypse 3.39
4-Just a Memory 2.08
5-2500 Tons of Awesome 1.05
6-The Shatterdome 2.31
7-Mako 4.24**
8-Call Me Newt 1.43
9-Jaeger Tech 1.59*
10-To Fight Monsters,
We Created Monsters 2.04
11-Better Than New 1.41
12-We Are the Resistance 1.49
13-Double Event 2.28
14-Striker Eureka 1.55
15-Physical Compatibility 2.32
16-Category 5 2.17
17-Pentecost 2.12
18-Go Big or Go Extinct 2.25*
19-Hannibal Chau 1.34
20-For My Family 1.58
21-No Pulse 0.58*
22-Kaiju Groupie 1.15
23-Deep Beneath the Pacific 1.55
24-The Breach 3.15
25-We Need A New Weapon 1.41

*Feat. Tom Morello
**Feat. Priscilla Ahn.

Musique  composée par:

Ramin Djawadi

Editeur:

WaterTower Music no label number

Musique produite par:
Ramin Djawadi
Arrangements électroniques additionnels:
Mel Wesson
Monteur musique:
Peter Myles
Mixage musique:
Alan Meyerson
Orchestrateur:
Stephen Coleman
Orchestrations additionnelles:
Tony Blondal, Andrew Kinney
Préparation musique:
Booker White
Coordinateur score:
Brandon Campbell, William Marriott
Assistant score coordinateur:
Carlo Kretzschmar, John Kowalsky
Opérateur ProTools:
Adam Olmstead
Monteur scoring:
David Channing
Monteur score click track:
Alice Wood
Producteur exécutif album:
Guillermo Del Toro
Direction de la musique pour
Warner Bros Pictures:
Paul Broucek
Direction de la musique pour
Watertower Music:
Justin Linn
Music Business Affairs:
Lisa Margolis

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc/Legendary Pictures Productions L.L.C. All rights reserved.

Note: ****
PACIFIC RIM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ramin Djawadi
« Pacific Rim » reste à ce jour le film le plus ambitieux du versatile Guillermo Del Toro, sorti en plein coeur de l’été 2013 au cinéma. Après son départ du projet « At the Mountains of Madness », Del Toro réalise « Pacific Rim », dans lequel il rend un brillant hommage au genre du kaiju eiga, film japonais mettant en scène d’immenses créatures extra-terrestres attaquant la terre, le plus célèbre du genre restant encore aujourd’hui « Godzilla » (1954), et tous les dérivés qui suivirent comme « Rodan » (1956), « Gamera » (1965), « Mothra » (1961), etc. Ces films étaient surtout conçus pour mettre en scène d’immenses créatures interprétées par des acteurs en costume de latex évoluant dans des maquettes de ville en carton, avec des monstres plus souvent considérés comme des forces implacables de la nature que comme de véritables forces du mal. « Pacific Rim » raconte donc l’histoire d’une invasion de créatures surnommées les Kaijus, issues d’une brèche inter dimensionnelle près de la faille géologique au fin fond de l’océan pacifique en août 2013, une invasion qui obligea les humains à construire d’immenses robots de combats géants, les Jaegers, pour combattre les créatures et sauver la terre de la destruction. Les Jaegers sont contrôlés simultanément par deux pilotes dont les esprits sont reliés par une sorte de pont neurologique puissant. Alors que les premiers modèles de Jaegers réussissent enfin à repousser les Kaijus, ces derniers reviennent en force et dévastent tout sur leur passage : c’est ainsi que les humains subissent de très lourdes pertes en 2020, et que le défaite s’annonce imminente avec le déclin du programme Jaeger. En 2025, le commandant Stacker Pentecost (Idris Elba) organise la résistance et développe de nouveaux modèles de Jaegers, persuadés qu’ils constituent l’unique chance de survie de l’humanité, mais pour commander ces nouveaux modèles, Pentecost a besoin de pilotes chevronnés et improbables : c’est ainsi qu’il décide d’engager Raleigh Becket (Charlie Hunnam) et la jeune pilote japonaise Mako Mori (Rinko Kikuchi) pour piloter le gigantesque Gipsy Danger aux côtés des autres pilotes de Striker Eureka et Crimson Typhoon. Le premier est encore traumatisé par la mort de son frère quelques années auparavant en plein combat contre un Kaiju, la seconde est une jeune novice qui n’a jamais piloté de Jaeger. Cette équipe improbable constitue pourtant l’unique espoir de survie de la race humaine. « Pacific Rim » reste donc un solide divertissement estival et peut être l’un des meilleurs films de l’été 2013. En dehors de son hommage à toute une culture cinématographique japonaise du kaiju eiga, « Pacific Rim » est aussi un brillant hommage à la culture manga et plus particulièrement aux films de mecha de type « Gundam », « Escaflowne », « Patlabor », « Evangelion », « RahXephon » ou « Macross », qui mettent tous en scène des robots géants dirigés par de jeunes pilotes. Le concept du film était donc de croiser ces genres et de les revisiter à la sauce hollywoodienne dans un joli cocktail d’action, d’aventure, de monstres démesurés, de robots géants et d’effets spéciaux 3D ahurissants. On retrouve ici l’humour habituel de Guillermo Del Toro, et notamment à travers le personnage de son acteur fétiche, Ron Perlman (déjà présent dans « Cronos », « Blade II » et « Hellboy »), entouré d’un casting solide et d’une mise en scène de qualité, le tout tourné en caméra Red EPIC. Le résultat est incroyablement enthousiasmant : le film regorge de scènes de bataille incroyablement spectaculaires, de monstres complètement démesurées (qui rappellent l’abondance de monstres de « Hellboy ») et d’effets spéciaux dantesques d’une qualité extraordinaire, à la limite du jamais vu. Totalement démesuré, « Pacific Rim » n’oublie pas pour autant l’aspect humain du récit avec des personnages attachants dans leurs contradictions ou leurs faiblesses, et les quelques touches d’humour avec les personnages de Ron Perlman ou de Charlie Day. Essentiellement destiné à un public de geek, « Pacific Rim » est surtout un pur fantasme de fans et un é
norme plaisir coupable pour tous les amateurs de culture manga et de science-fiction, visuellement stupéfiant et incroyablement spectaculaire : aucun doute possible, vous ne verrez aucun autre film similaire cet été au cinéma !

Alors qu’il était question à l’origine de Marco Beltrami pour écrire la musique du film, c’est finalement contre toute attente le compositeur Ramin Djawadi qui a été engagé par la production pour réaliser la musique de « Pacific Rim », une surprise qui en a déçu plus d’un, alors que Guillermo Del Toro avait entamé jusqu’à présent une fructueuse collaboration avec Beltrami, de « Mimic » à « Hellboy » en passant par « Blade II ». Souvent contesté pour ses faiblesses techniques et ses lacunes en terme d’écrire orchestrale, Ramin Djawadi signe pourtant une partition remarquable pour « Pacific Rim », créant la surprise alors qu’on en attendait pas autant de sa part. Le compositeur issu du studio Remote Control d’Hans Zimmer compose un score d’une richesse thématique étonnante, à la manière des grandes musiques hollywoodiennes d’antan, à ceci près que le compositeur reste fidèle à son style rock/électro/orchestral moderne proche de ses travaux habituels chez Remote Control. Ainsi donc, Djawadi met toutes les chances de son côté en faisant appel à une formation symphonique ample (le Hollywood Studio Symphony), surtout dominé par le pupitre des cordes, des percussions et des cuivres, avec des choeurs d’hommes grandioses, des vocalises féminines de la chanteuse américaine Priscilla Ahn, des synthétiseurs, une guitare électrique interprétée par Tom Morello (guitariste pour les groupes Rage Against the Machine, Audioslave ou Street Sweeper Social Club), des percussions en tout genre et quelques instruments ethniques, incluant l’erhu chinois, les guitares additionnelles de George Doering et Ramin Djawadi, la flûte ethnique de Pedro Eustache et la Earth Warp cristalline de William Close. A la première écoute, aucune surprise particulière si on survole le score dans son ensemble : certains diront encore une fois qu’il s’agit d’un énième score d’action de chez Remote Control écrit sans grande originalité, et pourtant, lorsqu’on rentre davantage dans les détails, on découvre une vraie richesse d’idées et une variété de thèmes assez ahurissante et plutôt rare de nos jours sur ce type de blockbuster hollywoodien. Le thème principal associé aux Jaegers dans le film est introduit dès le début du film dans « Pacific Rim » : la première piste de l’album nous présente d’ailleurs une version arrangée de ce morceau entendu durant le prologue du film, entièrement dominé par la guitare rock de Tom Morello qui apporte un vrai fun au thème : le motif fédérateur du score est introduit à 0:23 et se reconnaît immédiatement grâce à sa cellule de 6 notes entêtante que l’auditeur retiendra aisément en peu de temps, à la manière d’un jingle ou d’un thème de série TV. Très présent tout au long du film, le thème principal sera omniprésent pour accompagner les exploits héroïques des Jaegers durant leur croisade effrénée contre les monstrueux Kaijus. On appréciera le fun incroyable et le caractère cool et rock de « Pacific Rim », l’orchestre et la section rock/électro se mélangeant avec une exubérance remarquable, tout en apportant un sentiment d’héroïsme cool aux pilotes des Jaegers. Motif aisément malléable, le thème de « Pacific Rim » sera non seulement omniprésent tout au long de l’aventure (parfois martelé de façon un peu répétitive) mais aussi subtilement varié d’une scène à l’autre, parfois en notes longues, parfois de façon plus dramatique ou intime suivant les différentes situations du film.

Loin de vouloir s’arrêter en si bon chemin, Ramin Djawadi poursuit sa construction thématique, avec l’introduction du deuxième thème du score dans « Gipsy Danger », thème héroïque pour les Jaegers, un motif de 7 notes dérivé du thème principal, évoquant avec héroïsme l’espoir et le combat pour la survie de l’humanité. On retrouve ici le mélange orchestre/section rock-électro sur fond d’harmonies plutôt bien troussées (certains enchaînements harmoniques sont non seulement réjouissants mais plutôt rares de la part d’un compositeur dont les lacunes d’écriture sont constamment critiquées, c’est le cas à 1:39 ou 1:56, passage durant lesquels Djawadi alterne habilement entre accords mineurs et majeurs là où la plupart des artisans de chez Remote Control, Zimmer y compris, se seraient certainement contenté d’une simple pédale). On sent clairement le plaisir et les efforts fournis par le compositeur pour parvenir à un résultat musical qui allie astucieusement les conventions des scores d’action hollywoodiens modernes, les exigences des studios et les impératifs musicaux et artistiques liés au film, qui exigeaient une musique ample et généreuse. Le thème héroïque de 7 notes des Jaegers revient notamment dans « Jaeger Tech » à 0:29 aux cors, ou au début de « Go Big or Go Extinct » entre 0:13 et 0:23, développé en notes longues aux cuivres sur fond de guitare rock, sans oublier « Category 5 », où le motif reste omniprésent tout au long du morceau évoquant l’une des scènes de bataille titanesque entre un Jaeger et un Kaiju. On remarquera d’ailleurs la façon dont Djawadi développe parfois ce thème en jouant sur les variations rythmiques, mélodiques ou même contrapuntiques en le superposant parfois sur le motif principal fédérateur. Le compositeur utilise aussi parfois un motif rythmique de guitare issu du thème héroïque mais qu’il développe parfois de façon isolée sans la mélodie, comme c’est le cas dans « Physical Compatibility » sur sa métrique à 7 temps caractéristique et déjà introduite dans « Gipsy Danger ». Le troisième thème du score est entendu dans « Just A Memory » : il s’agit d’un motif de 4 notes associé aux Kaijus dans le film : on peut notamment l’entendre aux cuivres à 0:47, où il souligne parfaitement chaque apparition des monstres dans le film et s’impose par son caractère massif et robuste (en partie du au jeu imposant des cuivres), un vrai thème de monstre à l’ancienne, très présent lui aussi tout au long du score. Le thème des Kaijus revient ainsi dès les premières secondes de « 2500 Tons of Awesome », évoquant le gigantisme disproportionnée des créatures dans le film. A noter que les monstres ont droit à un motif secondaire plus harmonique que réellement mélodique, constitué d’une série de 4 accords introduits dès « Pacific Rim » à 1:12 puis à 2:13, repris notamment à 0 :23 dans « To Fight Monsters, We Created Monsters ». Quand au motif mélodique des Kaijus, on peut l’entendre durant la plupart des scènes de bataille du film : dans « Striker Eureka », « Category 5 », « For My Family », « Deep Beneath the Pacific », « The Breach », etc.

Et ce n’est pas terminé, car on peut aussi entendre d’autres thèmes comme le magnifique thème mélancolique introduit par les vocalises poignantes de Priscilla Ahn dans « Mako », thème mélancolique qui prend une tournure plus dramatique dans le film lorsqu’il évoque le sacrifice de certains héros ou la détermination de l’humanité face à son extinction programmée. Ce thème magnifique de l’humanité est largement développé dans « We Need A New Weapon » à partir de 0:37. Ici aussi, on appréciera les quelques subtilités discrètes mais bien présentes, notamment dans la façon dont Djawadi alterne brièvement majeur/mineur au début de la mélodie avec un demi ton particulier, entre 0:37 et 0:39, ou comme dans « Mako » entre 2:27 et 2:29. Cette particularité propre au thème de l’humanité apporte un éclairage émotionnel supplémentaire à la mélodie dans le film, et confirme le plaisir d’écoute et l’inspiration épatante de Djawadi sur le film de Del Toro. En dehors des thèmes, le score de « Pacific Rim » regorge d’éléments appréciables, qu’il s’agisse des choeurs masculins épiques apportant un souffle titanesque incroyable aux scènes de bataille dans « Category 5 », dans l’héroïque « We Are the Resistance » avec sa superbe reprise du thème des Jaegers, ou dans « Double Event » dans lequel les choeurs sont scandés en cris guerriers impressionnants. On appréciera aussi les moments plus humoristiques typiques des films de Del Toro comme dans le cool « Call Me Newt » avec ses guitares funky et ses effets sonores de la flûte ethnique, ou dans « Hannibal Chau » avec l’emploi réussi de l’erhu pour les scènes avec Ron Perlman, sans oublier le non moins sympathique « Kaiju Groupie » pour le personnage de Newton. On appréciera aussi le choeur russe de « The Shatterdome » pour la scène avec les pilotes russes du Jaeger Cherno Alpha, autre grand moment de la partition de « Pacific Rim ».

En définitive, le score de Ramin Djawadi défie toutes les attentes et crée la surprise en s’imposant par sa richesse d’idées incroyable, par la qualité et la variété de ses ambiances, de ses thèmes et des quelques subtilités qui parsèment le score, entre deux passages épiques et démesurés. Certes, à l’instar du film de Guillermo Del Toro, Ramin Djawadi ne fait pas dans la demi mesure et repousse ses limites techniques de compositeur en écrivant ce qui reste à ce jour sa meilleure musique de film. Certes, le score contient les qualités mais aussi les défauts de certaines productions Remote Control (goût pour des rythmes carrés parfois trop mécaniques ou simplistes, usage répétitif de l’électronique, orchestrations pauvres évitant les bois, etc.), mais nul ne peut renier le fait que la musique est aussi incroyablement efficace dans le film comme sur l’album, où l’on redécouvre les différents détails de cette solide partition qui reste à ce jour l’une des meilleures musiques de film de l’été 2013 : si vous aviez jusqu’à présent une dent contre le très critiqué Ramin Djawadi, attendez d’écouter « Pacific Rim » : le compositeur s’y montre enfin sous son meilleur jour et délaisse sa paresse habituelle pour une approche musicale incroyablement généreuse, plaisante, ambitieuse, épique et démesurée dans le film, bref, une vraie réécriture hollywoodienne de l’imagerie musicale habituelle des films de mecha et de kaijus eigas japonais : que du bon !




---Quentin Billard