1-Hammer of the Gods:
Opening Titles 2.24
2-Mountain Fight 2.00
3-Hakkan 2.40
4-The Journey Begins 3.00
5-The King's Tent 2.50
6-Arm Wrestle 3.04
7-The Stoning 3.06
8-Stories 3.46
9-Forest Fight 3.48
10-The Search 4.06
11-Determined 2.50
12-Ambush 2.22
13-Valhalla 1.36
14-Steinar Kills Hagen 2.30
15-The Cave 5.46
16-The Return of Astrid 3.48
17-Defy Him 2.36
18-Fight to the Death 5.09
19-The Journey Ends 1.50
20-Warrior (End Credits) 3.51

Musique  composée par:

Benjamin Wallfisch

Editeur:

Movie Score Media MMS-13004

Album produit par:
Benjamin Wallfisch
Producteur exécutif:
Mikael Carlsson
Orchestrations:
Ben Foskett
Orchestre:
Macedonian Radio Symphony Orchestra
Chef d'orchestre:
Ana Kondratenko
Conducteur:
Oleg Kondratenko
Guitare:
Owen Gurry
Voix:
Mary Leavy, Tim Huston

Artwork and pictures (c) 2013 Vertigo Films. All rights reserved.

Note: **1/2
HAMMER OF THE GODS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Benjamin Wallfisch
Réalisateur britannique venu de la télévision, Farren Blackburn a réalisé des épisodes pour les séries TV « The Fades » en 2010 et « Doctor Who » en 2013 (les épisodes « The Doctor, The Widow and the Wardrobe » et « The Rings of Akhaten ») avant de s’atteler à son tout premier long-métrage, « Hammer of the Gods », destiné au marché lucratif du direct-to-video. Sorti directement en DVD en France en 2013, « Hammer of the Gods » n’a pas eu la chance d’être correctement exploité aux Etats-Unis puisqu’il n’a été diffusé que dans deux salles, et n’a rapporté qu’à peine 438 dollars en juillet 2013, sans aucun doute le record des plus basses recettes au box-office de toute l’histoire du cinéma. Concernant le scénario, le long-métrage de Farren Blackburn nous entraîne en l’an 871 après J.C. Steinar (Charlie Bewley), un jeune guerrier viking, se voit confier une importante mission par son père mourant, le roi Bagsecg (James Cosmo), une quête à travers le pays pour retrouver Hakken (Elliot Cowan), son frère aîné qui fut autrefois banni du royaume. Selon le roi, Hakken est le digne successeur au trône, et il représente aujourd’hui l’unique espoir de sauver le peuple face à la menace d’invasion des saxons, les ennemis jurés des vikings. Steinar et ses frères d’armes vont donc devoir traverser des territoires hostiles, rencontrer des personnes peu recommandables, créer de nouvelles alliances et affronter de redoutables ennemis avant de retrouver Hakken et découvrir la vérité au sujet de ce frère devenu fou. Construit sous la forme d’un long périple qui prend très vite des allures de quête initiatique et d’accomplissement personnel (Steinar est peu sûr de lui au début mais va s’endurcir et devenir petit à petit un guerrier impitoyable), le scénario de « Hammer of the Gods » reste extrêmement rachitique et n’est qu’un prétexte à une série de combats et de scènes de bataille sanguinaires et chorégraphiées de façon moderne sur une musique de type metal/électro résolument anachronique et bruyante. Certes, le film ne fait pas dans la dentelle et les vikings s’en donnent tous à coeur joie : coups de hache, de poings, de poignards, d’épées, gorges lacérées, corps transpercés, décapitation et même une scène particulièrement brutale où une jeune femme lapidée par un groupe de villageois est sauvée in extremis par un sbire de Steinar avant d’être carrément froidement exécutée par son sauveur. Niveau casting, place à la jeunesse avec quelques têtes connues vues notamment dans des séries TV diverses (dont la série « Vikings » avec notamment la présence de deux acteurs en commun, Clive Standen et Ivan Kaye). Niveau décors, le film est plutôt réussi, avec quelques paysages sauvages de toute beauté, y compris durant les scènes nocturnes ou faiblement éclairées comme la séquence finale dans la grotte. A ce sujet, le final n’est pas sans rappeler celui de « Apocalypse Now » avec le personnage du célèbre colonel Kurtz, mais le plus gros problème du film vient surtout des scènes de combats filmées caméra à l’épaule de façon peu lisible, et sans réel génie et avec peu de moyens. « Hammer of the Gods » essaie ainsi d’imiter des films de vikings tels que « 13th Warrior », « Beowulf », la série TV « Vikings » ou bien encore le « Pathfinder » de Marcus Nispel sans jamais vraiment y arriver : l’esthétique modernisante du film est un relifting de « 300 » ou de la série TV « Game of Thrones » sans réelle saveur, avec une bonne dose d’ultra violence façon « Valhalla Rising » de Nicolas Winding Refn et des dialogues ultra minimalistes : même le combat final dans la grotte, pourtant bien filmé, échoue à délivrer le caractère épique et barbare que l’on était en droit d’attendre d’un tel film. Une déception !

C’est le jeune compositeur et chef d’orchestre anglais Benjamin Wallfisch qui s’est vu confier la partition de « Hammer of the Gods ». Alors que l’on se serait attendu à une partition épique et guerrière dans la lignée des travaux de Jerry Goldsmith pour « The 13th Warrior » ou même de Tyler Bates sur « 300 », la musique de « Hammer of the Gods » prend le contre-pied total des conventions habituelles et se dirige tout droit vers un style metal/rock/électro moderne et extrêmement bourrin. Jouant la carte de l’anachronisme pur et dur, Wallfisch en profite aussi pour sortir hors des sentiers battus en abandonnant son style symphonique classique habituel en optant pour une approche barbare beaucoup plus rock et très orienté vers le style de certains groupes de metal contemporains. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Benjamin Wallfisch s’essaye aux mélanges puisqu’il avait déjà combiné orchestre symphonique et section rock dans le film turc « Conquest 1453 » (2012). Le compositeur anglais procède d’ailleurs d’une façon relativement similaire sur « Hammer of the Gods » puisqu’il mélange à nouveau un orchestre (principalement limité aux cordes et aux cuivres) avec un lot de loops électro/techno, de percussions synthétiques et de rythmes rock/metal totalement débridés. Si « Hammer of the Gods : Opening Title » introduit quelques vagues sonorités celtiques avec une flûte ethnique lointaine et quelques cordes sombres, l’arrivée des samples électro saturés vers la 50ème seconde posent d’emblée le ton moderne et nerveux du score. Le thème principal est introduit dès les premières secondes par les contrebasses et les violoncelles, un motif de 4 notes associé à Steinar dans le film, et qui grandira au fil de l’aventure, jusqu’à sa concrétisation dans « The Journey Ends » et sa reprise brutale et guerrière dans la chanson metal du générique de fin, « Warrior (End Credit) ». L’action est le principal mot d’ordre du compositeur, notamment lorsqu’il introduit quelques rythmes plus agressifs vers la fin du « Opening Title » avec quelques choeurs mystérieux samplés et des percussions synthétiques sans grande imagination. A ce sujet, la déception de la première scène de combat dans la montagne au début du film (« Mountain Fight ») est bien réelle, car l’approche metal/électro/indus de Wallfisch est incroyablement impersonnelle et parfois brouillonne et anarchique, renvoyant à tous les schémas habituels du genre, largement valorisés de nos jours à Hollywood par Hans Zimmer et ses collègues de chez Remote Control : samples électro, loops survoltés, sons filtrés, percus synthé, rien n’y manque, si ce n’est une vraie originalité et une réelle recherche d’idées, d’autant que « Mountain Fight » se limite quasiment au jeu des percussions et des rythmes, évacuant complètement tout aspect harmonique et mélodique en dehors de quelques rares passages plus thématiques, comme « The Journey Ends ». Dans une récente interview, Benjamin Wallfisch expliquait qu’il rechercha pour le film un son particulier, sans recours aux temp-tracks, avec une certaine place accordée à l’improvisation et des artistes ou groupes modernes de référence comme The Prodigy, Skrillex, Korn, Noisia, etc. Si la volonté d’expérimentation du compositeur est louable sur papier, à l’écran, le résultat est tout autre et semble surtout peu maîtrisé et pas franchement passionnant à écouter, et ce que ce soit aussi bien dans le film que sur l’album publié par MovieScore Media !

On appréciera davantage les dissonances grimpantes aux cordes du début de « Hakkan », dissonances qui cèdent hélas très vite le pas à une série de drones et de nappes synthétiques sombres et sans grande envergure, hormis quelques accords mineurs plus mystérieux et quasi mystiques, mais rien de bien passionnant. C’est avec « The Journey Begins » que la partie rock/metal/indus du score débute enfin en même temps que la quête de Steinar. Benjamin Wallfisch introduit ici son lot de guitares électriques, riffs de basse synthétique, samples électro et cordes dissonantes pour parvenir à ses fins. Ici aussi, le fait que tout aspect mélodique ait été totalement écarté freine considérablement l’écoute, empêchant la musique de réellement s’épanouir sur les images. Wallfisch préfère donc opter pour un style atmosphérique et purement rythmique que pour une quelconque construction thématique, un choix comme un autre mais qui déçoit quand on connaît le réel potentiel musical du compositeur anglais. Quelques bonnes idées sont à noter, comme les accords élégiaques et funèbres des cordes vers la première partie de « The King’s Tent », ou les rythmes rock nerveux et psychédéliques de la scène du bras de fer avec Ivar (Ivan Kaye) dans « Arm Wrestle », sans oublier le sound design plus expérimental de « The Stoning » avec ses cordes dissonantes et stridentes résolument avant-gardistes, qui rappellent certains passages du score de « The Escapist ». Le violoncelle électrique mélancolique de « Stories » tente de tempérer l’agressivité ambiante du score, mais on est très vite rattrapé par l’action dans le brutal « Forest Fight » et sa déferlante de sons électros/indus/techno (dans un style expérimental qui rappelle beaucoup des groupes comme Skrillex ou Korn), des percussions barbares et des guitares électriques trash survoltées. L’ensemble est encore une fois assez impersonnel et pas vraiment passionnant à écouter, notamment à cause du caractère brouillon de la musique, Wallfisch confondant violence et cacophonie, pensant qu’il suffit juste de balancer plein de bruits dans tous les sens pour faire ressortir le caractère brutal des scènes de combat du film (pour le coup, il s’agit de la bataille dans la forêt au milieu du film). Quelques cordes dissonantes tentent de se frayer un chemin entre le magma sonore envahissant des samples électro/indus déchaînés, mais rien de réellement consistant ni même d’épique au final – pour le coup, on ne ressent pas vraiment le côté guerrier du film, car le score aurait aussi bien pu être utilisé pour un thriller ou un film policier moderne –

Le caractère uniforme et répétitif du reste du score achève de lasser pour de bon l’auditeur, car de longues minutes s’enchaînent dans « The Search » ou « Determined » sans qu’il ne se passe rien de vraiment passionnant, d’autant que les morceaux d’action ultra percussifs comme «Ambush » ou « Steinar Kills Hagen » finissent par ennuyer et se répéter dangereusement dans le film. Le côté plus atonal, mystérieux et dissonant d’un morceau comme « Valhalla » apporte fort heureusement un peu de consistance à la musique de « Hammer of the Gods » (avec le retour du motif harmonique mystérieux de « Hakkan »), mais sans réussir à éclipser le côté plus inepte de certains passages-clé du score. On retrouve le côté mystique et mystérieux de « Valhalla » et « Hakken » dans « The Cave » pour l’arrivée de Steinar dans la grotte, au milieu de l’étrange culte d’Hakken et ses semblables. On nage ici en pleine expérimentation bruitiste/aléatoire pure et dure, Wallfisch travaillant les masses sonores dans toutes les directions possibles : filtrées, reséquencées, avec du chorus, en écho, avec un changement de phase, de delay, etc. Appliquant tous les plus possibles des habituels logiciels de traitements de sons, Wallfisch aboutit à un résultat sonore résolument abstrait et expérimental, parfois même dérangeant lorsqu’il manipule des sortes de cris étranges (à 2:37) ou des sonorités quasi organiques et horrifiantes (à 2:51). Dès la troisième minute, « The Cave » nous plonge dans un cauchemar sonore que n’aurait pas renié Christopher Young, avec un univers sonore insolite et surréaliste assez réussi, mais hélas peu développé sur le reste du score. Et c’est justement là que le bat blesse, car le score de « Hammer of the Gods » est un bric-à-brac d’idées musicales/sonores intéressantes et de passages ternes et insipides plutôt gonflants, car entre l’ineptie des passages d’action metal/électro/indus et les expériences sonores mystiques et avant-gardiste de « The Cave », « The Return of Astrid » ou « Defy Him », la partition de Benjamin Wallfisch a les fesses entre deux chaises et finit par frustrer sans réellement susciter un intérêt constant. A trop vouloir expérimenter ou partir dans d’autres directions (dont une approche musicale résolument anachronique), Wallfisch s’est perdu en route et a oublié le fait qu’on ne répond pas forcément à la violence barbare d’un film par une approche sonore cacophonique et indigeste, car tel est le dilemme musical de « Hammer of the Gods » : incroyablement agressive et insolite à certains moments (« The Cave » est un pur bonheur pour les fans de musique expérimentale/bruitiste), mais aussi particulièrement bruyante, impersonnelle ou abrutissante sur les images ou sur l’album (même les musiques d’action ne parviennent pas à apporter un vrai souffle épique aux images dans le film) : une semi déception en somme !




---Quentin Billard