1-Sexy Killer 1.56
2-The Locker Room 2.06
3-Barbie in Love 1.42
4-Bad Girls 2.32
5-Neural Decoder 2.39
6-Who Am I? 1.38
7-No More Death! 3.51
8-The Police Arrives 1.18
9-Butcher Campus 1.49
10-Speddie_ 1.46
11-Barbara and Alex 4.45
12-That Dress...2.06
13-Barbara and Tomas 2.10
14-I Don't Want to Wake Up 1.31
15-The Face of the Murderer 4.31
16-The Attack 1.40
17-Medicine Feast 2.20
18-Zombies! 1.52
19-The Scorpion and the Frog 6.37
20-Finale 3.12

Musique  composée par:

Fernando Velázquez

Editeur:

Screamworks Records SWR12005

Musique produite par:
Fernando Velázquez
Album produit par:
Mikael Carlsson

(c) 2008 Antena 3 Films/Ensueno Films/Mediapro/Warner Bros. Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
SEXYKILLER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Fernando Velázquez
Après avoir tourné quelques comédies potaches et sexy, le réalisateur espagnol Miguel Martí renoue avec son genre de prédilection dans « Sexykiller, morirás por ella », comédie horrifique déjantée dans laquelle il parodie bon nombre de classiques de l’épouvante et multiplie les gags macabres et les clins d’oeil cinématographiques sans jamais trop se prendre au sérieux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénario de Paco Cabezas (auteur d’un « Aparecidos » tourné en 2007 et beaucoup plus passionnant...) ne fait pas vraiment dans la dentelle, et s’avère être un redoutable fourre-tout bordélique dans lequel les gags trash et l’humour noir macabre cohabitent dans un joyau concentré de parodie, de dérision et de scènes gore. Tourné à la façon du « Shaun of the Dead » (2004) d’Edgar Wright, « Sexykiller » raconte l’histoire de Barbara (Macarena Gomez), une jeune étudiante fashion victime espagnole qui rêve de ressembler à Cindy Superstar, sa poupée préférée qu’elle a depuis toute petite. A l’âge adulte, Barbara a enfin réussi à ressembler à sa poupée en s’habillant comme elle, mais elle a aussi développé un sérieux penchant pour les crimes et les meurtres, puisqu’elle est aussi une redoutable serial killeuse qui sévit plus particulièrement sur le campus universitaire de la fac de médecine où elle étudie. Et pendant qu’elle commet ses crimes, Barbara/Cindy rêve de trouver son prince charmant, l’équivalent de Glen, le compagnon de sa poupée. C’est ainsi qu’elle s’amourache alors de Tomas (César Camino), qui travaille dans une morgue. Mais alors que les meurtres se multiplient, un inspecteur de police (Angel de Andres Lopez) commence à mener l’enquête et à se rapprocher dangereusement de la vérité, alors que lui-même cache un lourd secret. « Sexykiller » est au final une longue succession de sketchs décalés réalisés de façon atypique (l’actrice principale, Macarena Gomez, en fait non seulement des tonnes mais s’adresse aussi parfois directement au spectateur), avec un humour noir constant et de nombreuses allusions cinématographiques : le prologue du film est ainsi directement calqué sur « Scream » de Wes Craven, tandis que l’apparition des zombies réanimés dans une morgue vers le milieu du film est un hommage évident au « Re-Animator » de Stuart Gordon, alors que l’attaque finale dans la maison pourrait aussi faire penser à la fin de « Brain Dead » de Peter Jackson ou au classique « Night of the Living Dead » de Romero, sans oublier d’autres clins d’oeil divers à « Evil Dead », « The Texas Chainsaw Massacre », « Friday the 13th », etc. Les allusions sont nombreuses, car on pense aussi à « REC » pour les scènes de zombie tandis que le côté campus movie/teenage movie du scénario est calqué sur la série des « American Pie » (notamment avec certaines répliques). Enfin, il règne une vraie folie dans le film qui risque soit d’amuser le public, soit de le soûler très vite au bout de 10 ou 15 minutes : parmi les nombreux gags du film, on notera une scène délirante où Barbara se prend pour la poupée Cindy et trucide ses victimes sur fond de clip de la chanson « Barbie Girl » du groupe Aqua. Et que dire de la scène où Barbara s’imagine jouer dans une publicité où elle vante les mérites de nombreux ustensiles pour tuer tranquillement ses victimes chez soi, où lorsqu’elle plonge dans des articles de mode d’un journal pour fashion victime en plein cours dans un amphithéâtre. Le fait qu’une partie de l’histoire soit racontée sous forme de flash-backs par Barbara à l’une de ses futures victimes qui a tué accidentellement son caniche Jason avec sa voiture renforce aussi le côté atypique et décalé du récit. En bref, si vous aimez les comédies horrifiques trash, sexy et totalement déjantée, « Sexykiller » pourrait être fait pour vous, mais attention à l’indigestion !

La musique orchestrale a été confiée à Fernando Velazquez, compositeur espagnol bien connu pour ses musiques horrifiques sur des productions telles que « El Orfanato », « Mama », « Shiver » ou « Devil ». A l’image du film de Miguel Martí, Fernando Velazquez saisit ici l’occasion de mélanger les styles et les ambiances en ayant recours à l’orchestre symphonique traditionnel agrémenté de quelques touches pop/rock savoureuses et de quelques parties électroniques plus discrètes. A la première écoute, on remarque très vite que le compositeur s’est clairement orienté vers le style des musiques horrifiques orchestrales hollywoodiennes, à grand renfort de cordes dissonantes, de cuivres agressifs et de percussions meurtrières, avec l’emploi d’un choeur gothique sombre et de quelques touches de mickey-mousing suggérant le côté comédie du film. Dès le générique de début (« Sexy Killer »), Velazquez pose les bases de la partition de « Sexykiller » avec l’emploi réussi d’une batterie rock avec cordes, cuivres, bois, percussions, guitare électrique et choeur mystérieux, sans oublier l’introduction du thème principal associé à Barbara dans le film. Le mélange de ces différents éléments apporte une vraie fantaisie à la musique du film, jouant sur l’idée du décalage et de l’humour noir. On appréciera aussi la richesse des orchestrations, un trait constant dans les partitions de Fernando Velazquez qui possède un savoir-faire orchestral évident et nous le prouve ici à plus d’une reprise. Velazquez plonge directement dans un climat de suspense et de terreur avec le prologue du film (« The Locker Room ») pour lequel il mélange percussions, vents et cordes agressives sur fond de choeurs gothiques à la Danny Elfman, lors du premier meurtre introductif au début du film (et qui fait référence à « Scream »). Velazquez évite d’ailleurs de citer les musiques des films parodiés dans « Sexykiller » et préfère opter pour une approche plus personnelle, indépendamment des allusions cinématographiques du long-métrage de Miguel Martí.

En revanche, l’humour reste très présent, avec en particulier un Love Theme ultra kitsch pour choeur et orchestre introduit dans « Barbie in Love », alors que Barbara a jeté son dévolu sur Tomas. Plus fun, « Bad Girls » évoque le personnage de serial killeuse de Barbara à l’aide de rythmes scandés aux cordes et aux cuivres, et des choeurs en onomatopées plus agressifs. Ici aussi, on appréciera la complexité de l’écriture et des orchestrations qui reflètent les scènes gore du film avec une intensité constante, à base de dissonances, d’atmosphères atonales, d’effets instrumentaux avant-gardistes et violents, mais jamais dénués de touches d’humour (les trombones staccatos bluesy à partir de 1:28 !). « Who Am I ? » prolonge cette ambiance atonale et dissonante, avec ses choeurs gothiques semblant surgir de l’au-delà. Fernando Velazquez use ici de moyens conséquents et s’en donne à coeur joie tout au long du film, sans jamais perdre de vue l’humour noir du film, qu’il suggère à l’aide de passages plus décalés, notamment dans l’utilisation d’onomatopées aux voix ou dans certains passages instrumentaux plus sautillants façon musique de cartoon/mickey-mousing. La juxtaposition des passages comédie et des moments horrifiques apporte un charme certain à la musique dans le film, encore plus appréciable sur l’album publié par Screamworks Records, qui nous permet d’apprécier pleinement tous les détails de cette redoutable partition fun et rafraîchissante (à défaut d’être follement originale). « Butcher Campus » est ainsi révélateur de l’approche musicale voulue par Velazquez sur ce film, entre des assauts orchestraux agressifs/dissonants et des choeurs utilisés parfois de façon plus décalée et fantaisiste. Le compositeur va même jusqu’à inclure quelques samples électro bizarres dans « Speddie_ » pour accompagner l’orchestre qui baigne ici dans un climat plus ambigu, entre rythmes sautillants, partie chorale grandiose et orchestrations riches et menaçantes. Les dissonances s’accentuent ensuite dans le macabre « Barbara and Alex », scène durant laquelle Barbara révèle sa vraie personnalité de tueuse avec le retour des onomatopées des choeurs et des clusters de cordes/cuivres agressifs. Et si « Barbara and Tomas » veut nous faire croire au romantisme et aux élans passionnés, « The Face of the Murderer » nous ramène très vite dans la noirceur et le suspense horrifique à l’aide de cordes dissonantes et de ponctuations orchestrales brutales.

On ne résistera d’ailleurs pas à la puissance orchestrale de l’attaque des zombies dans « The Attack » (avec une écriture orchestrale particulièrement complexe et avant-gardiste), suivi des tonitruants « Medicine Feast » et « The Scorpion and the Frog », 6 minutes particulièrement brutales et intenses accompagnant l’attaque finale du film, avec des allusions au Love Theme kitsch de « Barbie in Love ». Enfin, « Finale » reprend une dernière fois le thème romantique lors d’une envolée orchestrale/chorale mélodramatique assez impressionnante. Sans être d’une folle originalité, la musique de « Sexykiller » témoigne donc de l’intérêt constant de Fernando Velazquez pour les musiques horrifiques de qualité, écrites avec un savoir-faire remarquable et sans concession : résolument symphonique, la musique de Velazquez apporte une intensité spectaculaire aux images, tandis que les parties chorales constituent le véritable atout d’un score référentiel, fantaisiste, lugubre et bourré d’humour noir, à mi-chemin entre Chris Young, Bernard Herrmann ou Marco Beltrami. Certes, le score ne laisse pas un souvenir impérissable après écoute mais reste suffisamment intéressant pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout : on regrettera simplement que les touches rock/pop du générique de début n’aient pas été reprises par la suite, ce qui aurait permis au score d’éviter de se répéter et d’apporter un peu de relief à l’écoute de la musique dans le film comme sur l’album. Autre élément un peu décevant : malgré la présence de thèmes, on ne ressort pas vraiment de l’écoute du score avec une idée thématique forte ou même particulièrement mémorable. Malgré tout, le score de Fernando Velazquez pour « Sexykiller » constitue une belle surprise et un travail de bonne facture de la part d’un jeune musicien espagnol talentueux, désormais prêt à jouer dans la cour des grands !




---Quentin Billard