1-You're Number One 1.49
2-Let's Growl 2.05
3-Timmy 0.52
4-Charlie's Secret Room 1.02
5-Lockdown 1.04
6-Family 0.27
7-I Came To See Your Father 1.18
8-Emergency Services Will
Be Suspended 1.16
9-This Night Saved Our Country 0.53
10-The Purge Is Working 3.04
11-Who Needs A Car
On A Boat? 3.02
12-Zoey's Gone 2.07
13-Be Careful, OK? 0.23
14-You Need To See This 1.59
15-Toodaloo, Sandins 3.18
16-Charlie Watches 1.01
17-James and the Stranger 0.30
18-That Will Be Thee 4.27
19-There Are People Outside 2.21
20-I Am Not Dying Tonight 1.57
21-Nothing is Ever Going
To Be OK Again 5.50
22-I Bid Thee Farewell 5.10
23-Are You Hurt? 1.30
24-Release the Beast 1.57
25-Your Soul Has Been Cleansed 2.10
26-Neighbors 1.29
27-Thank You 1.14
28-Ours, Not Theirs 2.46
29-Blessed Be The New
Founding Fathers 1.34
30-No More Killing Tonight 2.05

Musique  composée par:

Nathan Whitehead

Editeur:

Back Lot Music

Album produit par:
Nathan Whitehead
Monteur musique:
Greg Vines
Music Clearance:
Julie Sessing
Mixage musique:
Jeff Biggers

(c) 2013 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
THE PURGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Whitehead
Avec un concept initial insolite et quasi unique dans son genre, « The Purge » (American Nightmare) aurait pu s’avérer être une bonne surprise. En tout cas, sur le papier, tout partait d’une bonne intention : le film se déroule dans l’Amérique de 2022. Pour mettre fin au chômage, à la précarité et à la violence qui sévit dans la société américaine, le gouvernement américain, dirigé par les nouveaux pères fondateurs, décrète une période annuelle de douze heures durant laquelle toute activité criminelle est légale et permise (incluant les meurtres). Cette période qui a lieu chaque année est baptisée « la purge » : elle doit servir à expurger toute la haine et les frustrations accumulées pendant l’année écoulée par la population, qui peut alors évacuer tous ces sentiments négatifs au cours d’une nuit. Cette période de douze heures fait donc office de ‘catharsis’ à grande échelle, et va même encore plus loin puisqu’il s’agit cette fois de commettre des horreurs dans la réalité pour purifier son âme. James Sandin (Ethan Hawke) profite de ses derniers instants de tranquillité, alors qu’il passe une journée assez agitée : c’est un développeur de système de sécurité à domicile qui gagne très bien sa vie, et a équipé toute sa maison de sécurités dernier cri après avoir passé la journée entière à en vendre à des particuliers, en prévision de la nuit à venir, celle de la « Purge » annuelle qui a lieu d’ici quelques heures. De retour chez lui, James et sa femme Mary (Lena Headey) ont fort à faire avec leurs deux enfants agités, Zoey (Adelaide Kane), adolescente rebelle qui sort avec Henry (Tony Oller), un garçon bien plus âgé qu’elle, et Charlie (Max Burkholder), qui vit dans son monde et s’interroge sur la nécessité de la « Purge » dans la société. Cloîtrés et enfermés chez eux derrière leurs portes et fenêtres verrouillées, les Sandin attendent patiemment que la nuit passe, assis devant leurs écrans de télévision reliés à des caméras de sécurité qui filment l’extérieur. Une sonnerie retentit alors, annonçant le début de la « Purge », tandis que les médias annoncent à la télévision que tous les services de sécurité, de police et d’ambulance sont suspendus pendant 12 heures. Peu de temps après, Zoey se retrouve dans sa chambre avec son petit ami Henry, qui s’était glissé dans la maison juste avant le verrouillage. Henry est bien décidé à convaincre son père de sa relation avec Zoey, mais ce que cette dernière ignore, c’est qu’il a en réalité l’intention d’abattre son père. James riposte alors à la soudaine attaque et abat Henry d’un geste de légitime défense. Peu de temps après, Charlie aperçoit sur l’un des écrans un individu ensanglanté et harassé qui réclame de l’aide dans la rue (Edwin Hodge). Charlie décide alors de désactiver temporairement les systèmes de sécurité pour permettre à l’intrus de se réfugier dans la maison. James arrive alors et tente d’arrêter l’intrus, mais il est trop tard. Peu de temps après, de mystérieux individus masqués viennent sonner à la porte, et réclament l’intrus : le chef de la bande (Rhys Wakefield) lance alors un ultimatum aux Sandin : ils ont une heure pour leur remettre l’étranger qu’ils étaient en train de pourchasser, sous peine de quoi ils défonceront les portes et pénètreront dans la maison pour tuer tout le monde.

Avec un scénario plutôt intéressant et un concept de base carrément insolite, « The Purge » avait tout pour être une belle surprise. Hélas, la réalisation fadasse de James DeMonaco et le manque de développement des personnages empêchent le film de décoller réellement et d’atteindre son réel potentiel. Rendre le crime légal chaque année pendant une période de 12 heures afin de contenir la violence et le chômage dans la société américaine était une intrigue fascinante pour un film de ce genre, mais il est regrettable que le réalisateur n’ait pas pensé à l’exploiter davantage plutôt que de se limiter à un simple huis clos/survival sanguinolent comme on en voit régulièrement de nos jours à Hollywood. Evidemment, on pense à John Carpenter et à son « Assaut on Precinct 13 » pour les scènes des agresseurs qui tentent de pénétrer dans la maison, mais James DeMonaco n’est pas Carpenter et son film se transforme en un simple survival mou qui se limite à quelques gunfights violents durant les 30 dernières minutes, alors qu’un concept pareil aurait mérité à être mieux exploité (que se passe-t-il dans les rues au même moment ? Chez les voisins ? Dans le reste de la ville ? Que font les autres personnes pour libérer leurs frustrations et leurs colères ? Comment le pays a-t-il pu en arriver à fonder une période de « Purge » pour ramener le calme dans les Etats-Unis ?). Quelques rebondissements viennent ponctuer le récit, mais rien qui nous permettent vraiment de décoller de notre siège, et malgré un bon suspense et quelques scènes violentes, « The Purge » échoue à concrétiser pleinement ses idées prometteuses, plongeant dans les abîmes des séries-B à suspense sans grande envergure : une déception !

Hélas, ce n’est pas non plus avec la musique atmosphérique et lugubre du compositeur américain Nathan Whitehead que le film réussit à marquer des points, bien au contraire. Rappelons que Whitehead est un musicien issu du studio Remote Control d’Hans Zimmer et collaborateur régulier de Steve Jablonsky, pour lequel il assure le sound design et la programmation électronique sur des scores tels que « Desperate Housewives », « Your Highness », « Transformers : Dark of the Moon », « Battleship » ou bien encore « Gears of War : Judgement ». « The Purge » représente l’un des premiers projets en solo de Nathan Whitehead, pour lequel le compositeur reste fidèle à son style électronique atmosphérique habituel, délaissant l’approche orchestrale habituelle pour un style résolument synthétique, à base de nappes sonores, de drones, de loops et de samples expérimentaux/industriels créés à partir de sons enregistrés et manipulés. Au concept horrifique de la « Purge » annuelle dans l’Amérique de 2022, Nathan Whitehead répond par une musique froide et résolument lugubre, menaçante et sans compromis. Pour parvenir à ses fins, le compositeur a donc enregistré quelques sons et plus particulièrement le bruit d’une porte métallique d’un vieux micro-onde ouvert puis fermé, son que le musicien a ensuite retravaillé et filtré sur ordinateur pour créer un sample caractéristique du score de « The Purge » : Whitehead va même jusqu’à préciser dans une récente interview que le son produit à partir du micro-onde est un Ré bémol, ceci expliquant la tonalité récurrente de Ré bémol dans une partie du score, élément que le compositeur qualifie d’idée thématique principale. Mais si vous vous attendez ici à des thèmes, vous risquez fort d’être déçu, car le score de « The Purge » évacue quasiment toute notion de thème mélodique au profit d’ambiances et de sound design lugubre et oppressant, hormis un motif de piano pour la famille Sandin. Le score débute ainsi sur l’introduction du motif familial de piano dans « You’re Number One » sur fond de pédale de Ré bémol mineur. A noter que le compositeur utilise parfois seulement 1 ou 2 notes du motif au piano pour suggérer les liens familiaux entre James, Mary et leurs enfants, comme c’est le cas à la fin de « Charlie’s Secret Room » ou « This Night Saved Our Country », où il n’utilise que les deux premières notes du motif de piano.

« Let’s Growl » fait la part belle aux nappes sonores atmosphériques et lentes avec quelques loops électros discrets et sons électroniques entourant le motif de piano de la famille (à 0:35). Whitehead introduit sur la fin de « Let’s Growl » quelques sonorités dissonantes et oppressantes de cordes, un élément que l’on retrouvera régulièrement durant la plupart des passages à suspense horrifique du score. L’essentiel des morceaux de « The Purge » sont donc construits sous la forme de longue pédale tournant autour d’une même note, comme c’est le cas dans « Charlie’s Secret Room » ou le menaçant « Lockdown » et ses sonorités métalliques grinçantes et étranges. La tension monte d’un cran dans les oppressants « Emergency Services Will Be Suspended », dans lequel Whitehead combine les différents éléments sonores caractéristiques du score : pédale autour d’une note, nappes sonores synthétiques stridentes, drones lugubres, des éléments que l’on retrouve dans « The Purge Is Working », faisant la part belle aux sonorités grinçantes (qui profitent de la stéréo en faisant des allers-retours gauche/droite, d’autant plus flagrant lorsqu’on écoute la musique au casque), aux cordes synthétiques un brin cheap et aux drones lugubres. Nathan Whitehead n’offre rien de bien neuf dans ces passages et va directement là où on l’attendait, mélangeant nappes sonores et samples macabres afin de faire ressortir la tension claustrophobique de ce survival horrifique. On plonge dans un climat résolument horrifique et cauchemardesque dans « Toodaloo, Sandins » et « Charlie Watches », avec un jeu de cordes plus anarchique/avant-gardiste et des nappes sonores synthétiques glauques, qui rappellent parfois le style de certaines musiques de films d’horreur des années 80 (on pense parfois aussi à certains travaux de Tyler Bates). « There Are People Outside » repose entièrement sur une pédale lugubre de Ré bémol et de cordes dissonantes, alors que les sons s’accumulent de façon plus anarchique dans « I Am Not Dying Tonight », pour lequel Whitehead expérimente autour des drones et des sons manipulés. Les auditeurs plus attentifs pourront remarquer un motif discret de 3 notes intervenant durant certains passages à suspense, entendu notamment entre 0:07 et 0:19 dans « Zoey’s Gone », au piano à 2:35 dans « That Will Be Three » ou à 1:28 dans « I Am Not Dying Tonight ».

Assumant pleinement son statut de musique claustrophobique et oppressante, le score de « The Purge » va jusqu’au bout de son concept quitte à devenir atrocement répétitive et froidement mécanique au bout de quelques morceaux. Ainsi, difficile de faire la différence entre des morceaux comme « There Are People Outside » ou « Nothing Is Ever Going To Be Ok Again », Nathan Whitehead usant et abusant continuellement des mêmes samples et effets sonores disposés bien souvent de la même façon pour un résultat quasi identique de bout en bout. Même les passages de fusillades violentes dans « I Bid Three Farewell » n’apportent pas grand chose de neuf au score, hormis une accumulation chaotique de sonorités industrielles/synthétiques dans le massif « Are You Hurt ? », « Ours, Not Theirs » ou l’anarchique « Your Soul Has Been Cleansed ». Le thème familial est finalement repris de façon plus prononcée dans « No More Killing Tonight » alors que la période de la « Purge » est désormais terminée et que le matin est enfin arrivé : le motif de 3 notes de la « Purge » est repris dès le début du morceau, tout comme le thème de la famille. Au final, la musique remplit donc parfaitement son rôle dans le film, apportant un suspense claustrophobique assez intense au film, mais aussi incroyablement prévisible et peu inspiré, et aussi extrêmement répétitif, à tel point que l’on a parfois l’impression d’entendre la même chose qui tourne en boucle au bout d’un moment. Malgré quelques bonnes idées, le score de « The Purge » n’a rien de follement enthousiasmant et satisfera tout juste les amateurs de musique à suspense atmosphérique et ceux qui apprécient le sound design industriel/atonal/dissonant des musiques horrifiques contemporaines à la Remote Control. Hélas, on a déjà entendu des choses bien plus convaincantes dans cette catégorie, « The Purge » étant, à l’image du film, un produit décidément bien décevant de bout en bout, qui ennuie plus qu’autre chose. On attend mieux de la part de Nathan Whitehead, qui, on l’espère, suivra une voie différente de celle du décevant Tyler Bates !




---Quentin Billard