1-Silver Lining Titles 3.11
2-Running Off 2.01
3-Simple 1.55
4-With A Beat 2.17
5-Tiny Guitars 1.01
6-Walking Home 1.04
7-Silver Lining Wild-Track 2.57
8-The Book 0.41
9-Happy Ending 3.52
10-Goof Track 1.28

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical no label number

Supervision musique:
Susan Jacobs
Score produit par:
Danny Elfman
Monteur musique:
Dick Bernstein

(c) 2012 The Weinstein Company. All rights reserved.

Note: ***
SILVER LININGS PLAYBOOK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Après le succès de « The Fighter » (2010), le réalisateur new-yorkais David O. Russell décide de tourner « Silver Linings Playbook » (Happiness Therapy), adaptation cinématographique du roman éponyme de Matthew Quick publié en 2008 et sortie en salles en 2012. Le film raconte l’histoire de Pat Solitano (Bradley Cooper), un ancien professeur qui a tout perdu le jour où il a fait une dépression et qu’on l’a diagnostiqué bipolaire suite à la découverte de sa femme Nikki en train de coucher avec un autre homme. Aujourd’hui, Pat sort tout juste de l’hôpital psychiatrique après y avoir séjourné pendant huit mois, et se retrouve obligé d’emménager chez ses parents, Pat Solitano Sr. (Robert De Niro) et Dolores Solitano (Jacki Weaver). Bien décidé à se reconstruire, Pat décide d’afficher un optimisme borné et va tenter de renouer des liens avec son ex-femme. Un soir, alors qu’il est invité à dîner chez son ami Ronnie (John Ortiz) et sa femme Veronica (Julia Stiles), Pat fait la connaissance de Tiffany Maxwell (Jennifer Lawrence), une séduisante jeune femme au parcours particulièrement chaotique. Alors qu’une relation difficile se crée timidement entre eux, Tiffany propose à Pat de l’aider à reconquérir son ex-femme Nikki en échange d’un service. Ensemble, Pat et Tiffany vont essayer de reconstruire leurs vies et de prendre les bonnes décisions afin de lutter contre les blessures de leurs passés et de redonner un nouveau sens à leurs existences. Mais ce qu’ils ignorent encore, c’est que le destin va les lier l’un à l’autre de façon inattendue, alors qu’ils n’ont apparemment rien en commun, si ce n’est leurs souffrances respectives. « Silver Linings Playbook » est au final une superbe comédie dramatique portée par deux acteurs particulièrement attachants en parfaite osmose tout au long du film : Bradley Cooper et Jennifer Lawrence. Le film a été un énorme succès critique et commercial de l’année 2012, à tel point que le long-métrage sera nominé 8 fois aux Oscars 2013 dont celui du meilleur film, remportant l’Oscar de la meilleure actrice pour Jennifer Lawrence, la révélation féminine de « X-Men : First Class » et « Hunger Games ». Malgré quelques longueurs, le film de David O. Russell dresse le portrait d’une poignée de personnages déglingués et névrosés, évoquant le mal moderne d’une société contemporaine où les relations familiales dysfonctionnelles et les difficultés amoureuses vont bon train. Pour Pat et Tiffany, le mal être est bien réel, tout comme leur envie de reconstruire leurs vies brisées par des drames et des erreurs. S’en suit une romance improbable entre les deux individus brisés, une histoire d’amour particulièrement drôle aux situations parfois décalées (les premiers échanges verbaux entre Pat et Tiffany à la soirée chez Ronnie) mais souvent touchante. Le réalisateur parvient à éviter la guimauve et le sirupeux en optant pour une approche à la fois décalée et dramatique de cette romance balbutiante, tout en jouant sur l’idée des maux modernes – les troubles bipolaires, les relations conflictuelles pères/fils, les difficultés à s’investir dans une relation amoureuse, etc. – Robert De Niro se distingue quand à lui dans le rôle d’un père très particulier lui même bardé de tics et de TOC, mais ce sont surtout Bradley Cooper et Jennifer Lawrence qui s’imposent ici dans un couple improbable et décalé particulièrement sympathique, les deux acteurs ayant enfin l’occasion d’exprimer toute l’étendue réelle de leurs talents de comédiens. Et tant pis si le film s’avère être un poil trop long (2h02) : on ne peut qu’adhérer à cette comédie dramatique charmante, rafraîchissante, touchante et décalée, ou la rencontre improbable entre le cinéma névrosé de Woody Allen et les films romantiques de Nora Ephron.

La partition de Danny Elfman pour « Silver Linings Playbook » n’est certainement pas ce que le compositeur a fait de mieux dans sa carrière. Optant pour une approche résolument minimaliste et intime, Danny Elfman range ici sa panoplie orchestrale habituelle et opte pour une approche pop/rock moderne à base de guitares, basse, batterie, piano et même un choeur, dans un style qui rappelle parfois son travail sur le film « Taking Woodstock » (2009). Il faut dire qu’Elfman n’avait pas une grande marge de manoeuvre sur la bande originale de « Silver Linings Playbook », étant donné qu’une bonne partie du film est accompagnée de chansons diverses et variées. Afin de combler les trous et de rendre le tout plus cohérent, Danny Elfman a donc du écrire une vingtaine de minutes de musique originale cohabitant avec les chansons dans le film. A la première écoute, on est frappé par le caractère résolument intime et minimaliste du score : le Elfman des films de Tim Burton ou de Sam Raimi cède ici la place à un Elfman plus réservé, et ce dès le début du film dans le mélange de piano et guitares acoustiques de « Silver Lining Titles ». A ce petit ensemble instrumental s’ajoute une chorale masculine dans laquelle les chanteurs interprètent leurs vocalises en onomatopées kitsch, dans un style résolument orienté vers la musique pop britannique des années 60 (on pense tout de suite ici aux harmonies et aux sonorités des Beatles). Avec un style ‘sixties’ clairement affirmé, Elfman surprend en allant là où on ne l’attendait pas forcément. Dans « Running Off », le compositeur dévoile le thème principal du score au piano sur fond de nappes synthétiques discrètes et de quelques guitares à partir de 1:17, un thème intime et touchant évoquant la relation entre Pat et Tiffany, réentendu notamment au tout début de « Simple » avec ses effets de guitare électrique et ses sonorités cristallines (sans oublier les choeurs 60’s très kitsch). Le thème principal, que l’on croirait parfois surgi d’une ballade pop d’il y a 50 ans, est aussi repris au piano, au célesta et aux guitares dans « With A Beat », évoquant l’idée d’une romance naissante et de deux individus qui tentent de se reconstruire ensemble.

Dans « Tiny Guitars », Elfman met l’accent sur les guitares acoustiques/électriques sans jamais perdre de vue le piano, instrument-clé du score, ainsi que le thème principal, à nouveau repris, tout comme la phrase mélodique descendante du début de « Running Off ». On pourra peut être reprocher au compositeur d’utiliser un peu trop systématiquement ce thème d’un morceau à un autre, puisqu’il est quasiment présent dans tous les morceaux du score (et pourtant, ils sont peu nombreux !). C’est ainsi qu’on le retrouve au piano sur fond de choeur dans le nostalgique « Walking Home », accompagné de sonorités cristallines et synthétiques discrètes. Il règne dans la musique d’Elfman une certaine tendresse poétique et pleine de charme assez typique de l’ambiance générale de « Silver Linings Playbook », car plutôt que d’évoquer les névroses des personnages principaux, Danny Elfman préfère suggérer leurs émotions, leurs sentiments et leur envie d’aller de l’avant et de se reconstruire. C’est ce que l’on comprend dans « Silver Lining Wild-Track » où le thème principal est repris au piano avec guitare, batterie et percussions métalliques/électroniques légères, sans oublier l’ajout d’effets de guitare électrique. Le motif descendant de « Running Off » associé aux troubles de Pat est réentendu au début de « The Book » à la guitare électrique, un morceau de 42 secondes fort sympathique mais malheureusement bien trop court pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Et c’est ainsi que l’entêtant thème principal revient au piano au début de « Happy Ending » dans une envolée pop/chorale assez rétro et particulièrement accrocheuse dans le film. Evidemment, le but d’Elfman est on ne peut plus clair : évoquer de façon innocente deux personnages qui veulent à nouveau sourire à la vie, et pour cela, quoi de mieux que d’évoquer le style pop insouciant des années 60.

Elfman s’amuse même dans le conclusif « Goof Track » où il fait chanter ses choeurs sur les noms de Robert De Niro, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence (si on tend bien l’oreille, on pourra reconnaître les paroles suivantes : « Robert De Niro, he was Raging Bull, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence was in Hunger Games ! »). Au final, difficile de ne pas être charmé par cette sympathique partition ultra minimaliste pour « Silver Linings Playbook », un score qui, de toute évidence, restera un effort mineur dans la filmographie de Danny Elfman, mais qui confirme le talent du musicien sur les comédies dramatiques et qui révèle une facette pop plus légère qu’on ne lui connaissait pas forcément auparavant (rappelons quand même qu’Elfman vient du rock à l’origine !). Probablement écrite en très peu de temps, la musique de « Silver Linings Playbook » est une jolie partition charmante et attachante, à l’instar des deux héros du film de David O. Russell, qui apporte aux images cette idée réconfortante d’une thérapie par le bonheur, une vraie bouffée d’oxygène dans un monde actuel de plus en plus sombre et inquiétant. L’idée même de renouer avec la pop des années 60 était déjà un point positif que Danny Elfman concrétise tout au long du film (aux côtés des chansons), et ce même si l’on regrettera finalement le côté très répétitif de ces 20 minutes de musique qui se contentent uniquement de répéter le même thème du début jusqu’à la fin, avec très peu de variations. Un score mineur certes, mais fort sympathique !



---Quentin Billard