1-Burning Car 4.26
2-Hospital 1.07
3-Escape 1.44
4-Fran and Abby 1.45
5-Family 1.16
6-Funeral 2.22
7-Santiago 4.04
8-Execution 6.09
9-Abby 1.05
10-Protest 2.25
11-Suicide 2.37
12-Jimmy Rats 4.19
13-Confession 3.12
14-Fran 1.43
15-Riot 5.56
16-El Train/Waterline 8.51

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 931 2

Produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Erin Scully
Supervision musique:
Nic Harcourt
Album business affairs:
John Walsh
Supervision orchestration:
Conrad Pope
Orchestrations:
Clifford J. Tasner,
Nan Schwartz, Bill Newlin

Assistant Mark Isham:
Cindy O'Connor
Monteur musique:
Curtis Roush
Enregistreur ProTools:
Adam Olmsted
Préenregistrements électroniques de:
Tyler Parkinson
Préparation musique:
JoAnn Kane Music Services

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2008 KUMAR Mobiliengesellschaft mbH & Co. Projekt Nr. 1 KG. All rights reserved.

Note: **1/2
PRIDE AND GLORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« Pride and Glory » (Le prix de la loyauté) est un long-métrage de Gavin O’Connor sorti en salles en 2008, réalisateur américain remarqué en 2011 pour son film « Warrior ». « Pride and Glory » aborde le sujet sensible de la corruption policière à New York. A ce sujet, il faut signaler que le film devait initialement sortir en 2001, mais suite aux attentats du 11 septembre, il paraissait inconcevable de sortir au cinéma un film évoquant la corruption policière new-yorkaise. On suit dans « Pride and Glory » l’histoire de la famille Tierney, dans laquelle on est policier de père en fils. Pour le clan Tierney, l’honneur, la loyauté et la protection des autres est un devoir nécessaire et indispensable. Mais les choses se gâtent lorsque l’on découvre les corps de quatre policiers abattus dans un appartement suite à une affaire de drogue. L’événement est largement médiatisé, tandis que l’enquête policière révèle très vite que les dealers avaient été avertis de l’arrivée des policiers. C’est alors que le vieux père de famille, le chef Francis Sr. Tierney (Jon Voight), charge l’un de ses fils, le jeune lieutenant de police Ray (Edward Norton), de s’occuper de l’affaire, convaincu qu’il saura résoudre cette enquête difficile. Mais au cours de son enquête, Ray découvre que l’appartement dans lequel les policiers ont été assassinés appartient à un redoutable baron de la drogue, Angel Tezo (Ramon Rodriguez). Pire encore, des témoignages révèlent qu’un policier new-yorkais surnommé ‘Sandy’ aurait averti Tezo et ses dealers de l’arrivée imminente des quatre policiers qui ont été abattus. Ray Tierney découvre alors une sinistre affaire de corruption qui règne dans le milieu de la police new-yorkaise, impliquant plusieurs agents dont son ami et beau-frère Jimmy Egan (Colin Farrell), et son frère Francis Tierney (Noah Emmerich). « Pride and Glory » aborde donc les thèmes de la famille, de la loyauté et de la corruption, dans une sombre affaire de vengeance, de manipulation et de trahison, un polar sombre et violent qui permet à Colin Farrell de briser son image habituelle de héros en campant un flic corrompu et particulièrement violent (il est prêt à faire chanter une de ses victimes en passant un fer à repasser sur le visage de son bébé !), qui a franchi la délicate frontière entre la lutte contre le crime et la pratique du crime, entre frustration, détermination aveugle et obsession de la vengeance. Bien évidemment, le film repose sur une intrigue morale évidente autour du personnage d’Edward Norton : doit-il dire la vérité à tout prix au sujet des agissements de son beau-frère Jimmy en sachant ce que cela coûterait à sa famille et sauver ainsi son propre honneur, ou doit-il cacher ce qu’il sait et risquer de voir sa famille sombrer dans la déchéance tout en bafouant ses propres valeurs morales ? Conçu de façon immersive et sombre à l’aide d’une photographie grisâtre/bleue plutôt froide, « Pride and Glory » est donc un polar moral plutôt réussi bien que sans originalité particulière, servi par un casting impeccable et une intrigue de qualité, un film qui doit aussi beaucoup à l’excellent tandem Edward Norton/Colin Farrell.

Mark Isham retrouve le réalisateur Gavin O’ Connor sur « Pride and Glory », avec lequel il avait déjà collaboré sur son précédent film « Miracle » en 2004, et qu’il retrouvera aussi sur « Warrior » en 2011. Pour « Pride and Glory », Mark Isham reste fidèle à son style atmosphérique habituel qu’il compose régulièrement pour des polars et des thrillers hollywoodiens. Avec l’orchestre du Hollywood Studio Symphony, une pléiade de synthétiseurs, 2 guitares solistes et les vocalises de Kerry Walsh, Mark Isham élabore une musique sombre, lente et immersive qui renforce le climat froid et sombre du film. « Burning Car » impose ainsi le ton du score à l’aide de nappes synthétiques moroses, de percussions électroniques et de quelques cordes tendues pour le début du film. Niveau orchestrations, Isham a décidé de limiter l’utilisation des bois : seules 2 clarinettes sont ici conservées (dont une clarinette basse), tandis qu’au niveau des cuivres, les trompettes sont absentes, Isham se limitant à un petit groupe de 4 cors, 3 trombones et 1 tuba. Avec des orchestrations relativement modestes, Isham renforce la tension du film en valorisant bien souvent les parties synthétiques, que ce soit au niveau des percussions agressives ou dans l’utilisation des nappes synthétiques si chères au compositeur. « Hospital » emploie ainsi ces nappes sonores sombres sur fond de notes intimes de guitare acoustique pour évoquer le drame policier réunissant la famille Tierney au début du film. On devine ici une mélancolie sombre dans le caractère lent et amer des nappes synthétiques, tandis que « Escape » dévoile quelques rythmes électro plus incisifs et froids, pour accentuer le côté urbain et moderne du New York de 2008. A l’instar de scores d’action/suspense tels que « Twisted », « Don’t Say A Word » ou « Running Scared », Isham développe plus particulièrement ici le recours systématique aux percussions synthétiques et à ses banques de son habituelles pour les passages plus nerveux et violents. Fort heureusement, le compositeur n’oublie pas pour autant l’aspect plus humain du film avec le très beau « Fran and Abby », dans lequel il valorise les cordes et la guitare de façon plus intime et chaleureuse.

Dans « Family », Isham dévoile un très beau thème aux résonances celtiques interprété par un quatuor à cordes, thème associé dans le film à la famille Tierney. Le thème apporte une émotion intime et délicate au film tout en rappelant la sensibilité habituelle de Mark Isham, toujours très à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer des atmosphères intimes et planantes (on n’est guère loin ici des partitions de « Nell » ou de « A River Runs Through It »). La mélancolie de « Funeral permet à Isham de développer à nouveau son mélange cordes/guitare, avec quelques éléments synthétiques atmosphériques et une utilisation remarquable d’arpèges rapides de la guitare, instrument-clé du score de « Pride and Glory ». Dans « Santiago », on retrouve l’aspect polar/thriller du score à l’aide de cordes tendues et dissonantes, de loops électro et de nappes synthétiques glauques. L’idée de la corruption policière résonne de façon ample dans le sombre « Execution », avec son flot de percussions électroniques agressives reprises en partie des banques de son déjà utilisées par Isham dans « Running Scared » ou d’autres scores similaires. Dommage que les percussions s’avèrent être envahissantes dans ces passages d’action, tandis que la partie orchestrale se limite trop souvent à quelques nappes de cordes/synthé minimalistes et un peu ternes. Un morceau de suspense/action comme « Execution » s’avère être un peu morne et répétitif pour susciter l’intérêt pendant plus de 6 minutes, mais à l’écran, il apporte une intensité dramatique et une noirceur impressionnante aux images (notamment pour la scène violente où Jimmy et ses collègues torturent et assassinent Angel Tezo). Dès lors, le score alterne entre mélancolie intimiste (« Abby »), suspense atmosphérique (« Protest ») et même passages tragiques (« Suicide ») pour refléter la noirceur intense du film de Gavin O’ Connor, une noirceur qui se concrétise dans « Jimmy Rats », le mélancolique « Confession » ou le climax tragique et brutal de « Riot » pour la fin dramatique du film, morceau marqué par une pléiade de loops électro déchaînés et agressifs évoquant la mort brutale de Jimmy.

« El Train/Waterline » accompagne alors la fin du film avec le retour du duo cordes/guitare, tandis que le soliste Kerry Walsh interprète un texte en slam/rap décliné de façon révoltée sur la partie instrumentale de Mark Isham, une bonne idée qui aurait gagné à être davantage valorisée dans le film comme sur l’album. Mark Isham signe donc un score sombre, mélancolique et atmosphérique pour « Pride and Glory » en symbiose parfaite avec les images, mais qui manque d’originalité, de singularité. Isham reste ici dans sa zone de confort et crée une énième partition atmosphérique à base de parties orchestrales/électroniques efficaces mais entendues des centaine de fois auparavant. On appréciera néanmoins ici la modestie de l’orchestre et le jeu élégant de la guitare, tandis que l’utilisation de l’électronique, ultra convenue et pas vraiment passionnante, apporte une certaine intensité immersive au film, tout en reflétant la froideur des images et la noirceur du récit. Les fans des musiques thriller de Mark Isham apprécieront donc à coup sûr son nouveau travail sur « Pride and Glory », mais pour les autres, difficile de s’enthousiasmer pleinement pour un score un peu banal et pas follement mémorable, un opus mineur dans la filmographie du compositeur, à réserver surtout aux inconditionnels de musiques atmosphériques pour polar moderne.




---Quentin Billard