1-Opening 1.57
2-Café Cora 5.57
3-The Secret of the Ship 1.19
4-Bombs 2.35
5-Victor's Theme 3.28
6-Would You Go Out
With Me 1.37
7-Aftermath 2.05
8-The Beatrice Proposal 1.47
9-Night Time 2.45
10-Destiny 4.28
11-The Decision 2.25
12-The Plan 5.07
13-Coming For Her 2.55
14-The Battle 6.04
15-Lonely 1.23

Musique  composée par:

Jacob Groth

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 192 2

Supervision musique:
Maggie Rodford
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif musique:
James Gibb
Services production musicale:
Cutting Edge
Assistants chefs de Jacob Groth:
Ole Bo, Soren Moller
Guitares, percussions et claviers:
Jacob Groth, Ole Bo,
Soren Moller

Monteur musique:
Derek Somaru
Musique interprétée par:
The Danish Filmharmonics
Conduit et orchestré par:
Alastair King
Vocalises de:
Misen
Musique mixée par:
Jorgen Knub
Manager studio:
Martin Koch-Sofelt
IT Support:
Kristoffer Cobley
Orchestrations additionnelles:
Lasse Elkjaer

Artwork and pictures (c) 2013 FilmDistrict Distribution, LLC. All rights reserved.

Note: ***
DEAD MAN DOWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jacob Groth
Le réalisateur danois Niels Arden Oplev s’est fait connaître en 2009 grâce à son thriller « Millenium », adaptation cinématographique du premier volet de la trilogie littéraire de Stieg Larsson. Avec le succès du film, le cinéaste ne tarda pas à se voir offrir quelques opportunités, car après l’adaptation hollywoodienne de « Millenium » en 2011 par David Fincher (« The Girl with the Dragon Tattoo »), Niels Arden Oplev décida finalement de se lancer dans sa première réalisation U.S. avec « Dead Man Down », et ce après avoir reçu et lu plus de 250 scénarios. Le cinéaste danois a choisi « Dead Man Down » grâce à son thème de prédilection présent dans le script de J.H. Wyman (écrit pendant près de six ans !) : la rédemption, l’idée d’une seconde chance. Le film raconte l’histoire de Victor (Colin Farrell), un malfrat qui travaille pour le compte du caïd new-yorkais Alphonse Hoyt (Terrence Howard). Le gang d’Alphonse doit alors faire face à la menace d’un mystérieux individu qui s’en prend systématiquement à ses hommes, qui se retrouvent abattus les uns à la suite des autres, et ce alors que l’assassin multiplie les messages de menace codés. Darcy (Dominic Cooper), l’un des amis de Victor et proche d’Alphonse, décide de mener sa propre enquêter sur ces assassinats afin de mettre la main sur le responsable avant qu’il ne soit trop tard. Pendant ce temps, Victor fait la connaissance d’une de ses voisines, Béatrice (Noomi Rapace), une française qui vit seule avec sa mère Valentine (Isabelle Hupert). Très attiré par Béatrice, Victor découvre très vite que la jeune femme aux mystérieuses cicatrices cherche à orchestrer une implacable vengeance contre celui qui l’a défigurée suite à un terrible accident de voiture. Pour cela, Béatrice a besoin de Victor. Elle décide alors de lui demander de l’aide afin d’accomplir sa vengeance, alors que Victor lui-même cherche à venger la mort de sa famille. Béatrice réussit alors à faire chanter Victor, car si ce dernier refuse de lui venir en aide, elle révèlera à la police ce qu’elle a vu par la fenêtre un soir chez lui. « Dead Man Down » tire essentiellement son originalité du fait que cette histoire de vengeance s’organise autour du tandem Colin Farrell/Noomi Rapace particulièrement réussi, une vengeance en binôme, où chacun va chercher à régler ses comptes avec les individus responsables de leurs souffrances. L’union fait la force, certes, mais le néo-polar de Niels Arden Oplev aborde aussi les thèmes de la rédemption, en mettant en scène deux héros brisés par la vie, et qui vont finir par se rapprocher l’un de l’autre dans cette quête de vengeance implacable. L’intrigue dévoile rapidement ses mécanismes hitchcockiens (la vengeresse manipule le vengeur pour accomplir ses basses besognes, et inversement), tout en suggérant les doutes, les errances et une bonne dose de paranoïa et de suspense durant les 30 dernières minutes du film (en particulier grâce au personnage clé de Dominic Cooper, qui n’a de cesse tout le long du film de se rapprocher dangereusement de la vérité au sujet de Victor), et ce jusqu’au climax final explosif et violent, plus hollywoodien d’esprit. Certes, « Dead Man Down » n’atteint pas le brio ni la virtuosité radicale de « Millenium » : Niels Arden Oplev est contraint de respecter ici le cahier des charges et de faire des compromis avec les studios hollywoodiens. Le résultat est ce qu’il est, et le long-métrage s’avère être plutôt divertissant et efficace sans pour autant briller d’une quelconque originalité.

Niels Arden Oplev retrouve sur « Dead Man Down » son compositeur de prédilection, le musicien danois Jacob Groth, déjà responsable des musiques de la trilogie « Millenium » et aussi de la musique des anciens films d’Oplev : « Chop Chop » (2001), « We Shall Overcome » (2006), « Worlds Apart » (2008). Jacob Groth est aussi le compositeur attitré des réalisateurs Søren Kragh-Jacobsen, Rumle Hammerich et Åsa Faringer. Pour sa cinquième collaboration à un film d’Oplev, Groth signe pour « Dead Man Down » une partition d’action/suspense sombre, nerveuse et immersive, matinée d’une étrange mélancolie reflétant les errances des deux protagonistes principaux brisés par la vie. Jacob Groth utilise pour « Dead Man Down » les talentueux musiciens du Danish Filmharmonics et réussit à s’entourer de ses collaborateurs danois habituels, la partition orchestrale ayant d’ailleurs été enregistrée à Copenhague. En plus de la formation symphonique habituelle, Groth a aussi recours à un ensemble de solistes incluant guitares, percussions et claviers, sans oublier les traditionnelles touches électroniques d’usage imposant le ton moderne et contemporain du récit. Musicalement parlant, le score de « Dead Man Down » ne surprend guère puisqu’il reste dans la continuité des travaux du compositeur sur la trilogie « Millenium », avec un caractère plus hollywoodien dans le traitement de l’orchestre, des solistes et des synthétiseurs. A la première écoute, peu de surprise dès le traditionnel « Opening » : quelques cordes lentes et élégiaques sur fond de sonorités synthétiques sombres suffisent à poser le ton sombre et dramatique du film, tout comme « Cafe Cora » et ses cordes dissonantes et menaçantes sur fond d’éléments électroniques tout aussi menaçants. L’idée du suspense culmine ici, avec une tension palpable, que ce soit dans les notes lentes et sombres des cordes ou la partie synthétique atmosphérique et immersive. Jacob Groth manipule ici les sons à loisir, que ce soit dans l’aspect plus dissonant et avant-gardiste du jeu des cordes, ou dans les ambiances sonores synthétiques qu’il mélange à l’orchestre. A noter que Groth introduit des cuivres plus massifs vers le milieu de « Cafe Cora », alors que la tension monte à l’écran durant la scène de l’entretien dans le café, le morceau se concluant sur un premier passage d’action intense à base de percussions synthétiques, de cordes déchaînées, de sforzando massifs de cuivres et de loops électro tout à fait impersonnels, qui semblent surgir tout droit d’une production Remote Control/Hans Zimmer.

Visiblement contraint de respecter un cahier des charges très stricts qui ne laissent aucune place à l’originalité ou à l’imagination, Jacob Groth doit concilier son style (peu reconnaissable) avec les exigences des productions hollywoodiennes actuelles en mélangeant orchestre et rythmes électroniques modernes sans grande passion. Fort heureusement, un élément-clé se dégage de la masse dans « Bombs », introduisant un motif de 4 notes ascendantes répétées au célesta, motif intime et doucement mélancolique associé dans le film à Béatrice. Victor possède quand à lui son propre thème introduit dans « Victor’s Theme », mélodie descendante et entêtante basée sur des accords mineurs de cordes avec quelques tenues, des vocalises féminines éthérées (reflétant le souvenir de sa famille décédée) et un motif de synthé mélancolique et mystérieux. On devine les souffrances du passé de Victor dans son thème. On ressent aussi la colère et la soif de vengeance du personnage de Colin Farrell à travers le caractère torturé des cordes et du synthé dans « Victor’s Theme », un thème dramatique là aussi très peu mémorable, mais qui prend une tournure élégiaque plus poignante au fur et à mesure que l’histoire avance, et notamment vers la fin du film. Le thème de célesta de Béatrice revient alors dans « Would You Go Out With Me », prenant ici une tournure plus lyrique et émouvante avec les cordes, les nappes synthétiques et les vocalises féminines. On appréciera ici le mélange d’espoir, de tristesse et d’intimité que tente d’apporter Jacob Groth au motif de Béatrice, frôlant par moment avec le romantisme alors que des sentiments naissent timidement entre elle et Victor. Très vite, le suspense revient dans l’obscur « Aftermath », que l’on croirait surgi tout droit de la bande son de « Millenium ». Ces passages de tension atmosphériques sont d’ailleurs assez intenses dans le film, mais plutôt ternes et ennuyeux dans le film. Néanmoins, force est de constater que Jacob Groth sait y faire dans les déchaînements orchestraux et les musiques à suspense atonales et dissonantes, comme c’est le cas au début de « The Beatrice Proposal », avec ses effets aléatoires de pizzicati de cordes à la Penderecki et ses entêtants loops électro sur fond de cordes agressives. Dommage que le compositeur flirte à quelques reprises avec un style cacophonique un peu facile, alors qu’on se serait attendu à une approche musicale un peu plus sophistiquée de la part du compositeur de « Millenium ».

Le très beau thème de célesta de Béatrice revient dans « Night Time », apportant cette mélancolie étrange au film, tandis que « Destiny » renforce à nouveau la tension et suggère la destinée de Victor et Béatrice dans la dernière partie du film, d’autant que le jeune homme a déjà pris sa décision dans le sombre « The Decision », reprenant à nouveau le « Victor’s Theme » de façon amère, froide et déterminée, et ce avant de céder à nouveau la place à l’action et au suspense, sans oublier le final élégiaque et poignant de « The Decision », avec ses accords dramatiques de cordes et piano particulièrement réussis. Tension, suspense et drame culminent ensemble dans les 5 minutes intenses de « The Plan », introduisant l’acte final du film avec son lot de piano, de synthés et de cordes, tandis que l’affrontement final débute avec le massif « Coming for Her » et aboutit aux 6 minutes totalement déchaînées de « The Battle », superbe morceau d’action conclusif dont l’approche résolument synthético-orchestrale semble surgir tout droit d’un score d’Hans Zimmer. Quoiqu’il en soit, et malgré le caractère totalement impersonnel de « The Battle » - qui pourrait effectivement provenir de n’importe quelle musique de série-B d’action actuelle – le morceau s’avère être un redoutable tour de force musclé et totalement débridé d’un point de vue rythmique et sonore, entre les cordes staccatos, les rythmes scandés des percussions électroniques ou les passages plus dramatiques et élégiaques aux cordes (très beau passage à partir de 4:24). La vengeance ayant été accomplie, Victor et Béatrice peuvent enfin profiter de jours tranquilles dans « Lonely », pour lequel Jacob Groth utilise un violoncelle soliste avec un clavier et quelques cordes, un final intime et délicat particulièrement touchant et réussi. La partition de « Dead Man Down » apporte donc son lot d’action, de suspense intense et d’émotion au film de Niels Arden Oplev, un score très réussi sur les images mais qui déçoit par son manque de personnalité, d’originalité. Jacob Groth est obligé de suivre des exigences bien précises, que ce soit dans l’utilisation des rythmiques électroniques, de l’écriture synthético-orchestrale des morceaux d’action ou du sound design lors des passages à suspense. Que reste-t-il de la personnalité du compositeur danois dans cette composition ? Pas grand chose, hormis deux thèmes de qualité, pour Béatrice et Victor, qui apportent une émotion plus sincère aux images, le score de « Dead Man Down » remportant finalement des points grâce à ses passages dramatiques plus appréciables et surtout bien plus réussis d’un point de vue musical. On espère maintenant que le prochain film hollywoodien de Jacob Groth lui permettra de s’exprimer de façon plus franche et radicale, avec plus d’originalité et de personnalité !





---Quentin Billard