1-Starbucks & Hospital 5.04
2-It's Ok Daddy 1.06
3-Sam's Friends 1.49
4-Reading Together 1.36
5-At The Park 1.08
6-The Birthday Party 2.37
7-Rita 3.16
8-Sam Visits Lucy 2.55
9-Buying Shoes 0.40
10-Lucy Runs and Sam Loses 2.11
11-Annie's Father 1.21
12-Making Coffee 1.34
13-Kramer vs. Kramer 2.52
14-Torn Away 1.44
15-Lucy Paints, Sam
Makes Origami 4.27
16-Lucy, Calm Down 1.04
17-Nighttime Visits 1.19
18-I'm Getting More from This 1.38
19-On The Stairs 2.25

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 317 2

Musique produite par:
John Powell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Orchestre à cordes:
The Hollywood Studio Symphony
Monteur musique:
Terry Delsing
Musique conduite par:
Gavin Greenaway
Contrats musicaux:
Sandy de Crescent
Mixage musique:
Malcolm Luker
Enregistrements additionnels et mixage:
Alan Meyerson
Orchestrations:
Bruce Fowler, Suzanne Moriarty
Copiste musique:
Julian Bratolyubov
Assistants du compositeur:
James McKee Smith,
Joel Richard

Enregistreur pour Paramount:
Paul Wertheimer
Ingénieur ProTools:
Kevin Globerman
Services production musicale:
Tom Broderick,
Media Ventures, Santa Monica, CA
Direction de la musique
pour la Paramount:
Toby Emmerich
Direction musicale:
Paul Broucek
Supervision musique:
Erin Scully
Music business affairs:
Lori Silfen
Music clearance:
Mark Kaufman
Direction du soundtrack:
Mitch Rotter

Artwork and pictures (c) 2001 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ****
I AM SAM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
« I Am Sam » (Sam, je suis Sam) est le second long-métrage de la réalisatrice Jessie Nelson, connue pour « Corrina, Corrina » (1994) avec Whoopi Goldberg et scénariste sur une poignée de films tels que « Stepmom » (1998) ou « The Story of Us » (1999). « I Am Sam » évoque l’histoire poignante de Sam Dawson (Sean Penn), un adulte qui a l’âge mental d’un enfant de sept ans, et qui se retrouve à élever seul sa petite fille Lucy (Dakota Fanning), après que sa mère les ait tous les deux abandonné. Malgré un intellect très limité, Sam fait de son mieux et reçoit le soutien de ses amis qui souffrent d’handicaps mentaux similaires. Sam sait qu’il peut aussi compter sur l’aide de sa voisine Annie (Dianne Wiest), qui s’occupe de Lucy lorsque Sam ne peut pas le faire. Mais alors qu’elle vient d’avoir sept ans, Lucy réalise qu’elle dépasse son père en terme de capacités intellectuelles et comprend que son papa est bien différent des autres. Elle devient alors la cible de moqueries de ses camarades d’école, qui voient son père comme un ‘attardé mental’. Après que Lucy ait confié ses préoccupations à des amis, les services sociaux interviennent alors et retirent la petite fille à Sam. Bien décidé à tout faire pour récupérer la garde de Lucy, Sam contacte Rita (Michelle Pfeiffer), une brillante et ambitieuse avocate qui semble peu intéressée par l’affaire, mais qui décide finalement d’accepter d’aider gratuitement Sam afin d’impressionner ses relations. Pour Rita, la garde de Lucy est désormais une affaire personnelle, convaincue que Sam, malgré ses capacités mentales très limitées, est un papa responsable en mesure d’apporter tout l’amour et le confort dont sa petite fille a besoin. « I Am Sam » est donc un drame intimiste hollywoodien réalisé de façon sobre et sans artifice. Le film vaut surtout par la performance remarquable de Sean Penn, qui aurait pu sombrer dans la caricature dégradante d’un attardé mental si l’acteur n’avait pas su trouver le ton juste pour camper un Sam Dawson plus vrai que nature. La performance remarquable de Sean Penn lui vaudra d’ailleurs d’être nominé aux Oscars dans la catégorie meilleur acteur en 2002. A ses côtés, Michelle Pfeiffer campe une avocate déterminée et réellement touchante, qui s’avère être elle-même une maman bien débordée. Quand à la petite Dakota Fanning, elle est la véritable révélation du film, la jeune comédienne s’étant d’ailleurs fait connaître grâce à ce long-métrage. L’histoire s’avère être à la fois drôle et touchante, et le personnage de Sean Penn irrémédiablement attachant. Bien évidemment, on n’évite pas les bons sentiments et le côté larmoyant, mais l’histoire sonne juste, tout comme le jeu des comédiens – la scène où Michelle Pfeiffer se dispute avec Sean Penn et craque devant lui est un grand moment d’émotion – « I Am Sam » aborde aussi un sujet délicat, celui des pères de famille qui se battent dans des tribunaux pour obtenir la garde de leurs enfants, le film suggérant au passage la rigidité des rouages administratifs et des services sociaux américains. Bien sûr, on pourra toujours reprocher l’aspect moral assez manichéen et peu réaliste du récit (Sam obtiendrait-il réellement la garde de sa petite fille en vrai ?), mais le plaisir est là et malgré quelques longueurs inutiles (2h07 !), « I Am Sam » reste une jolie fable sur le droit à la différence et l’acceptation de l’autre.

Alors qu’une partie de la bande originale du film est majoritairement constituée de chansons des Beatles – recréées pour l’occasion par différents artistes pour des questions de droits, dont Rufus Wainwright, The Black Crowes, Sarah McLachlan, Nick Cave, Sheryl Crow, etc. – « I Am Sam » contient aussi une très belle partition originale de John Powell, le compositeur en profitant pour aborder sur le film de Jessie Nelson un registre plus intime et minimaliste qui correspond parfaitement à sa personnalité musicale. Ecrite avec une fraîcheur et une légèreté particulièrement agréable, la musique de « I Am Sam » permet à John Powell de réunir un petit ensemble instrumental incluant un orchestre à cordes interprété par les musiciens du Hollywood Studio Symphony (avec le violoncelliste Steve Erdody), des synthétiseurs, un ensemble de guitares avec ukulélé interprétées par George Doering et Heitor Pereira, une basse interprétée par Dave Carpenter et les percussions de Michael Fisher. Bien différent de ce que Powell avait écrit jusqu’à présent, « I Am Sam » surprend par son inventivité, sa fraîcheur instrumentale et ses sonorités à la fois touchantes, drôles et poétiques, à l’image du personnage de Sean Penn dans le film. « Starbucks & Hospital » dévoile ainsi un premier thème de guitare et synthétiseur atmosphérique doux et intime, avant de céder la place à une série de percussions légères (de type shakers, bongos ou machine à écrire) accompagnant un motif de notes rapides de flûtes à bec sur fond de guitares, qui représentent ici les instruments-clé de la partition de « I Am Sam », notamment dans la façon dont Powell les utilise de différentes façons : harmoniques, pincées avec les doigts, avec le médiator, mélodique, rythmique, en solo, en duo, en tapant sur la caisse, etc. La richesse du jeu des guitares/ukulélés apporte une sonorité particulière à la musique de John Powell, indissociable du personnage de Sean Penn dans le film. C’est l’occasion pour le compositeur de dévoiler le thème principal des guitares aux notes ascendantes (certains remarqueront que les premières notes du thème rappellent étrangement celles de la célèbre mélodie « Jésus que ma joie demeure » de J.S. Bach), entendu pour la première fois au début du film dans « Starbucks and Hospital » à partir de 1:44, puis repris de façon plus rythmée à 2:32 sur fond de bongos aux rythmes latinos savoureux. La légèreté de la musique évoque l’insouciance de Sam et sa simplicité humaine, avec une délicatesse généreuse dans le jeu des guitares. « It’s Ok Daddy » suggère de façon similaire sa relation avec sa petite fille Lucy, les guitares restant ici aussi les instruments principaux représentant symboliquement le père et sa fille dans le film.

Dans « Sam’s Friends », Powell évoque les amis de Sam en combinant guitares, contrebasse en pizz et ukulélé avec quelques rythmes de flamenco en claquements de mains particulièrement rafraîchissants. Les musiciens se font plaisir et l’énergie qu’ils communiquent dans la musique fait véritablement plaisir à entendre, aussi bien dans le film que sur l’album. C’est aussi l’occasion pour John Powell de montrer une facette plus légère et minimaliste de sa personnalité musicale. Dans « Reading Together », le compositeur se montre plus inventif lors d’une jolie scène où Sam lit un livre à Lucy. L’intimité de la séquence est reflétée ici par le jeu délicat des flûtes avec les guitares jouant quelques notes en harmoniques, et une très belle partie mélancolique de violoncelle. La beauté minimaliste et rafraîchissante de « Reading Together » ne laissera nullement l’auditeur insensible, bien au contraire, tandis que les rythmes reprennent le dessus avec le retour du thème principal de Sam dans « At The Park ». La musique sait aussi se révéler plus sensible et délicate comme dans le poignant « Birthday Party », durant la scène où l’assistance sociale vient chercher Lucy. On retrouve ici aussi le violoncelle mélancolique de « Reading Together » accompagné ici par le piano et les guitares. Avec le ton juste et une économie de moyens véritable, John Powell parvient à apporter une émotion subtile et toute en finesse sur les images, évacuant toute forme de mélodrame ou de sentimentalisme dans sa musique. Et c’est ainsi que le score évolue tout au long du film, entre passages mélancoliques poignants et moments plus énergiques et rythmés, comme dans « Rita », pour lequel Powell combine plusieurs éléments percussifs de façon particulièrement inventive (réalisés pour la plupart avec des tapotements sur différents endroits), incluant même un rythme entièrement réalisé à partir du bruit des touches d’un téléphone. Un morceau comme « Sam Visits Lucy » évoque la détermination de Sam à récupérer la garde de sa fille. Ici aussi, l’émotion est véhiculée par la délicatesse chaleureuse des instruments, dont le violoncelle et un petit groupe de cordes et guitares. On retrouve le thème mélancolique de violoncelle dans « Lucy Runs and Sam Looses » avec cette émotion à fleur de peau et un lyrisme minimaliste remarquable qui doit beaucoup au talent des solistes.

La musique devient même plus dramatique dans « Annie’s Father », avec ses accords de piano sur fond de nappes synthétiques planantes et de notes rapides de guitares. Dans « Making Coffee », Powell reprend l’ambiance de l’ouverture (« Starbucks and Hospital ») en suggérant la jovialité de Sam au travail à l’aide d’un ensemble de percussions toujours aussi inventives (notamment dans le mélange des petites cloches agogos, tambourin, shakers, claquements de mains, derboukas ou jeu sur la caisse de la guitare). A noter l’emploi des cordes dans « Kramer vs. Kramer » qui parviennent là aussi à éviter toute forme de sentimentalisme en reprenant le thème de violoncelle de « Reading Together » pour Sam et Lucy, l’émotion étant encore plus perceptible dans le très beau « Torn Away », « Lucy, Calm Down » et « Lucy Paints, Sam Makes Origami ». Enfin, on appréciera l’énergie de « Nighttime Visits » et ses rythmes trépidants et syncopés des guitares, un autre passage excellent de la partition de « I Am Sam », sans oublier l’émotion poignante qui se dégage du final de « On The Stairs ». John Powell surprend donc en créant pour le film de Jessie Nelson une partition étonnamment simple, minimaliste et rafraîchissante, que ce soit dans son inventivité, ses trouvailles musicales, ses mélodies touchantes et son émotion raffinée. Le compositeur délaisse ici l’approche symphonique hollywoodienne et adopte un point de vue musical plus modeste et sincère, à la hauteur du personnage de Sean Penn dans le film. Mieux encore, il parvient à éviter tout accès de sentimentalisme sirupeux en évacuant le cliché habituel des violons mélodramatiques au profit d’une poignée d’instruments solistes – dont les guitares – qui apportent une vraie personnalité à la musique de « I Am Sam ». Le résultat est irrémédiablement sympathique dans le film, agréable à écouter de bout en bout et jamais lassant, aussi bien sur les images que sur l’album publié par Varèse Sarabande : une très belle partition particulièrement attachante, que les fans de John Powell se doivent de connaître absolument et de ne surtout pas rater !




---Quentin Billard