1-John's Theme 2.43
2-Stalked 3.58
3-The Temple 2.28
4-He Means Business 3.16
5-Kill or Be Replaced 2.18
6-We Have Visitors...2.11
7-John Reflects 2.04
8-Surreal Shoot-Out 3.57
9-John Traps His Man 3.47
10-Race Against Time 3.04
11-The Heavies Arrive 2.53
12-Final Confrontation 3.38

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5915

Musique produite par:
Harry Gregson-Williams
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Monteur musique:
Richard Whitfield
Mixage score:
Alan Meyerson
Musique additionnelle:
Steve Jablonsky
Album compilé par:
Slamm Andrews, Kevin Globerman
Services de production musicale
par Media Ventures.

Artwork and pictures (c) 1998 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **
THE REPLACEMENT KILLERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Premier long-métrage du réalisateur Antoine Fuqua (devenu entre temps un spécialiste des films d’action), « The Replacement Killers » (Un tueur pour cible) est un pur produit du cinéma d’action U.S. des années 90, produit par John Woo, qui a conseillé le jeune Fuqua dans la réalisation des scènes d’action. A vrai dire, le film entier semble avoir été crée par John Woo lui-même, tant on y retrouve les tics habituels du cinéaste hongkongais, notamment durant les gunfights à grand renfort de surenchère de coups de feu, les chorégraphies des combats et l’esthétique visuelle. La présence de Chow Yun-fat au casting n’est pas non plus due au hasard, l’acteur restant l’un des comédiens fétiches de John Woo. « The Replacement Killers » raconte l’histoire de John Lee (Chow Yun-fat), un tueur à gages qui travaille pour le compte de la triade chinoise dirigée par Terence Wei (Kenneth Tsang). Mais le dernier contrat de John Lee se solde par un échec, le jour où il refuse d’abattre le fils de l’inspecteur de police Stan Zedkov (Michael Rooker), contrat commandité par Terence Wei afin de venger la mort de son fils Peter (Yau-Gene Chan), abattu durant une descente de police dirigée par Zedkov. Obligé de fuir, John retourne en Chine afin de protéger sa famille sujette aux représailles de Terence et sa bande, et obtient de l’aide auprès d’Alan Chan (Randall Duk Kim), son ami moine bouddhiste. John rencontre ensuite Meg Coburn (Mira Sorvino), une faussaire en passeport et pièces d’identité, mais les deux individus sont subitement attaqués par les hommes de main de Terence Wei, qui ravagent l’appartement et le matériel de Meg Coburn. John et Meg réchappent à l’attaque et réussissent finalement à s’enfuir, mais les tueurs de la triade chinoise sont sur leurs pas, tandis que Terence fait appel à deux tueurs à gages professionnels venus remplacer John : Ryker (Til Schweiger) et Collins (Danny Trejo). Une course contre la montre débute alors pour John, qui va tout faire pour tenter de sauver sa famille en Chine et protéger la vie de Meg, qu’il a entraînée bien malgré lui dans une redoutable chasse à l’homme. « The Replacement Killers » est au final un film d’action plutôt impersonnel car totalement calqué sur le style de John Woo. Antoine Fuqua renoue avec toutes les formules habituelles du cinéma hongkongais de l’époque, avec un casting international plutôt solide, et un duo Chow Yun-fat/Mira Sorvino plutôt efficace. Face à eux, quelques bad guys superbement campés par l’incontournable comédien allemand Jürgen Prochnow (un habitué des rôles de méchants dans les films des années 90), ou quelques bons seconds rôles pour Danny Trejo, Til Schweiger ou l’intense Michael Rooker. Hélas, le film ne convainc pas vraiment malgré des scènes de combat efficaces et des gunfights virtuoses : sorti en salles en 1998, « The Replacement Killers » est un flop sévère au box-office, car avec un budget de 30 millions de dollars, le premier long-métrage d’Antoine Fuqua n’en rapporte qu’à peine 19, une solide déception pour cette tentative d’américanisation du cinéma d’action hongkongais qui ne tient pas totalement ses promesses jusqu’au bout.

La partition d’Harry Gregson-Williams est un autre problème de taille de « The Replacement Killers ». Rappelons que le compositeur anglais était en 1998 l’un des compositeurs émergents du studio Media Ventures d’Hans Zimmer, avec lequel il collabora précédemment en tant que compositeur de musique additionnelle sur « The Rock » (1996), « Muppet Treasure Island » (1996), « Broken Arrow » (1996) ou « The Prince of Egypt » (1998), sans oublier ses scores co-écrit avec Trevor Rabin pour « Enemy of the State » (1998) ou bien encore « Armageddon » (1998). C’est d’ailleurs sans aucun doute grâce à sa participation au « Broken Arrow » de John Woo qu’Harry Gregson-Williams décrocha le rôle de compositeur sur « The Replacement Killers », pour lequel le musicien britannique surfe sur la vague des musiques d’action synthético-orchestrales inaugurées par Hans Zimmer à la fin des années 80 avec l’indispensable « Black Rain » (1989), qui dictera le style ‘action’ des productions Media Ventures tout au long des années 90. A la première écoute du score, on remarque très vite l’influence écrasante d’Hans Zimmer, y compris dans l’utilisation des samples issus des banques de sons de Media Ventures : Harry Gregson-Williams passe en revue tout au long du film la plupart des samples habituels de la bande à Zimmer : on y retrouve ainsi les sonorités synthétiques de « Deceiver » (1997) « The Rock », « Broken Arrow » ou « Crimson Tide », y compris dans les sons de percussions, de sonars, de basse synthétique ou de cuivres samplés. Le score de « The Replacement Killers » suggère aussi l’esthétique hongkongaise du film à l’aide de sonorités asiatiques principalement associées à John Lee dans le film. Ainsi donc, la partition d’HGW est dominée par le « John’s Theme », thème mélancolique et solitaire associé au personnage de Chow-Yun fat, et que l’on reconnaît grâce à son utilisation de synthétiseurs et instruments asiatiques, incluant percussions ethniques, violon erhu, flûte en bambou et même quelques solos de violoncelle électrique de Martin Tillman. Evidemment, on ne peut s’empêcher de penser ici à des sonorités similaires entendues dans « Beyond Rangoon » (1994) d’Hans Zimmer, Harry Gregson-Williams ayant de toute évidence encore bien du mal à se détacher de l’ombre envahissante de son mentor dans les années 90.

Si le « John’s Theme » s’avère être agréable et apporte un éclairage émotionnel satisfaisant au film d’Antoine Fuqua, on ne pourra pas en dire autant du reste du score, essentiellement dominé par une déferlante de musiques d’action à la « The Rock » sans grande envergure. Si le charme incontestable de ce type de musique d’action 90’s opérait parfaitement à l’époque, il commençait déjà à tourner dangereusement en rond vers la fin des années 90, « The Replacement Killers » étant symptomatique de ce problème particulier qui poussera par ailleurs Hans Zimmer à délaisser progressivement les films d’action sur la fin des ‘nineties’ pour travailler sur des projets plus personnels et diversifiés. Ainsi, un morceau d’action comme « Stalked » se distingue par son emploi de toute la gamme des percussions Media Ventures de l’époque, des lignes de basse entêtantes et des cordes/cuivres samplés en guise de parties orchestrales. HGW reproduit le style et l’esthétique musicale de « Crimson Tide » ou « The Rock » sans apporter quoique ce soit de nouveau dans le film. Les rebondissements rythmiques accompagnent ici les scènes de combat du film et les nombreux gunfights testostéronés, tandis qu’il développe les sonorités asiatiques à la « Beyond Rangoon » dans « The Temple » sur fond d’allusions au thème de John Lee et de sonorités sombres maintenant une tension permanente – afin de suggérer que la menace pèse toujours sur John et sa famille – « He Means Business » introduit quand à lui un motif d’action de 4 notes que l’on retrouvera régulièrement durant la plupart des scènes de combat du film, sur fond de rythmes déchaînés et de percussions synthétiques déchaînées. Le problème vient surtout ici de l’absence d’un vrai orchestre, Harry Gregson-Williams se contentant bien souvent d’utiliser des banques de son orchestrales qui semblent plutôt datées et résolument cheap, trahissant le côté ‘musique de série-B d’action à bas budget’ du score de « The Replacement Killers ». Même le sound design de « Kill or Be Replaced » ne parvient pas à convaincre véritablement, notamment à cause d’une succession de samples usés jusqu’à la moelle, déjà entendus des centaines de fois auparavant, et qui n’apportent plus rien de neuf au genre et au film.

Les morceaux d’action se succèdent ensuite pour suggérer la violence des affrontements dans « We Have Visitors », qui reprend le motif d’action de 4 notes, tandis que le tragique « Surreal Shoot-Out » se distingue par ses vocalises féminines dramatiques alors que le mélancolique « John’s Theme » revient dans « John Traps His Man » avant de céder le pas dans le film à une déferlante d’action virile dans « Race Against Time », « The Heavies Arrive » (confrontation contre les deux tueurs à gages) et l’affrontement final dans « Final Confrontation ». Rien de bien neuf à l’horizon donc dans la partition de « The Replacement Killers », qui reste un effort tout à fait mineur dans la filmographie d’Harry Gregson-Williams. Le score semble avoir été entièrement écrit en pilotage automatique, HGW surfant sur la vague des musiques synthético-orchestrales de Media Ventures, sans apporter quoique ce soit de personnel ou d’original au genre. Le musicien est obligé de respecter ici un cahier des charges particulièrement contraignant, bridant sa créativité derrière un flot de clichés et de samples rabâchés jusqu’à plus soif tout au long des années 90. De ses premiers scores solo du milieu des 90’s, « The Replacement Killers » est de loin l’une des partitions les plus décevantes d’Harry Gregson-Williams, car, si elle reste appropriée pour le film et suffisamment rythmée et énergique sur les images, la musique ne parvient pas à convaincre réellement, imitant passablement et paresseusement le style musical de « The Rock » ou « Crimson Tide » sans jamais réussir à dépasser l’influence écrasante d’Hans Zimmer à cette époque. Décevant !




---Quentin Billard