1-Main Title 4.35
2-God Be With You 3.23*
3-Ambush 2.30
4-The Irish Republican Navy 1.20
5-The New World 4.31
6-Launching The Boat 3.03
7-Secrets Untold 5.02
8-The Pool Hall 2.30
9-Rory's Arrest/
Diaz Is Killed 4.21
10-Quiet Goodbyes 1.02
11-Rooftop Escape 1.45
12-The Mortal Blow 5.10
13-Going Home 7.10

*Ecrit et interprété par
Dolores O'Riordan.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Beyond Music
TBCD-1204

Album produit par:
James Horner
Montage musique:
Jim Henrikson
Contient des extraits de
"There are Flowers
Growing upon the Hill"
écrit par James Horner,
Will Jennings,
interprété par Sara Clancy

Arwtork and pictures (c) 1997 Columbia Pictures Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE DEVIL'S OWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'The Devil's Own' de Alan J.Pakula ('Ennemis Rapprochés'), permet de montrer un face-à-face magistral entre deux grands acteurs hollywoodien: Harrison Ford et Brad Pitt. Le film évoque le sujet sensible des terroristes de l'IRA en Irlande, auquel appartient Rory, le personnage interprété dans le film par Brad Pitt. Hébergé par le flic Tom O'Meara (Harrison Ford), qui ne sait rien de ses activités secrètes, il va tenter d'acheter les fameux missiles Stinger pour pouvoir soutenir ses agissements de guérillas de l'IRA, jusqu'à ce que O'Meara finisse par découvrir ses activités et ne s'oppose finalement à celui qu'il protégeait pourtant depuis le début.

A l'image du film, la musique se divise en deux grandes parties: la première concerne celle où Rory et un de ses amis irlandais se retrouvent tout deux à New York pour l'achat des missiles, Rory se liant d'amitié petit à petit avec Tom alors que ce dernier l'héberge chez lui. La seconde partie concerne la section la plus sombre du film: celle où Tom découvre la vérité sur Rory et où les deux amis vont s'affronter malgré eux, Tom refusant de laisser partir Rory avec les missiles, une histoire finalement très dramatique qui convient parfaitement à James Horner, qui composa en 1993 la musique d'un autre film de Alan J.Pakula, 'The Pelican Brief' (L'Affaire Pelican).

Ecrite la même année que 'Titanic', 'The Devil's Own' reste un Horner " irlandais " de plus, une marque de fabrique décidément agaçante à force d'être sans cesse répétée à travers certaines partitions du compositeur. On pense évidemment à l'incontournable 'Braveheart' et 'Titanic' pour la cornemuse, à 'Legends of the Fall' et 'Patriot Games' pour les instruments celtiques, à 'The Man without a Face' pour le thème et l'ambiance dramatique, etc. Vous l'avez donc compris, 'The Devil's Own' ne vous surprendra pas le moins du monde! Quoiqu'il en soit, le compositeur ouvre le film avec un très beau 'Main Title' faisant intervenir les instruments habituels chez Horner: flûtes, whistle, violon irlandais, cornemuse sans oublier l'orchestre symphonique traditionnel. Horner expose son thème assez dramatique représentant le côté tragique de l'histoire: l'affrontement entre deux amis qui n'ont jamais voulu en arriver jusque là. Le thème rappelle étrangement celui de 'The Man without a Face' (1993) par sa ligne mélodique et ses harmonies très "Hornerienne". Ce thème enchaîne ensuite avec une très belle mélodie de cornemuse alors que l'on aperçoit à l'écran un plan d'un rivage où vit une famille de paysans irlandais. La mélodie suggère non seulement l'âme musicale du pays, très enclinte à la mélancolie et à la poésie, mais elle évoque aussi une certaine nostalgie du pays. Là encore, impossible de ne pas penser à des oeuvres précédentes d'Horner telles que 'Braveheart' ou 'Legends of The Fall', cette mélodie ayant d'ailleurs une ressemblance assez troublante avec une partie du thème de Tristan dans 'Legends of The Fall', Tristan étant aussi interprété par Brad Pitt dans le film de Edward Zwick, alors que le début de 'The Devil's Own' montre justement la famille du personnage de Brad Pitt, Rory, encore gamin à cette époque. Coïncidence? Quand on connaît les manies d'Horner à repiquer son propre matériau musical de ses films précédents, on est en droit d'en douter très sérieusement.

Toujours est il que cet excellent 'Main Title' constitue la pièce la plus intéressante de tout le score du film d'Alan J. Pakula. Le thème principal est repris tout au long du film, surtout pour la seconde partie du film, la plus sombre et la plus dramatique. Rory possède lui aussi son propre thème, une mélodie irlandaise apparaissant le plus souvent aux flûtes, lui conférant un aspect folklorique/populaire adéquat pour le personnage irlandais de Brad Pitt. Folklorique est bien le premier mot qui nous vient à l'esprit lorsqu'on entend la musique dans la première partie du film, celle où Rory se lie d'amitié avec Tom. La musique d'Horner est finalement peu utilisée dans cette première partie comparée à la deuxième, mais ses apparitions sont remarquées par ce côté celtique cher au compositeur, Horner utilisant des rythmes de danses du pays avec une instrumentation de solistes aux couleurs locales incluant les whistles, la guitare et quelques percussions légères qui marquent le rythme de ces formes de danse irlandaises, dans lesquelles chaque temps sont marqués à la manière d'une polka. Le thème de Rory apparaît clairement pour la scène où il retrouve un de ses amis à New York dans une ambiance enjouée et une certaine bonne humeur. On le retrouve aussi dans la scène où Rory prépare le bateau qui va lui servir à transporter les missiles jusqu'à son pays, toujours illustrée par une atmosphère plus légère et détendue.

Mais la seconde partie de la musique commence dès que Tom se retrouve en train de se battre avec des hommes en cagoule qui se sont infiltrés chez lui. Dans cette deuxième partie, la musique se veut plus sombre, plus agressive aussi. Certaines pièces telles que celle de la poursuite de Tom et Rory sur le toit d'un immeuble sont évoqués par des basses du synthétiseur renforçant l'ambiance d'action de la scène, avec les traditionnels rythmes de shakuhachi (flûte japonaise chère au compositeur) représentant les moments de suspense du film où suggérant que quelque chose va se passer. On entend par exemple ces sons lorsque Tom est sur le point de découvrir l'argent qu'a caché Rory dans le sous-sol de sa maison. La musique nous fait alors comprendre que Tom a découvert toute la vérité et se voit dans l'obligation de stopper Rory dans ses agissements et de le livrer à la justice, malgré l'amitié qu'il a pour lui. C'est dans ces moments là qu'Horner décide de réutiliser le thème principal du film généralement entendu aux cordes.

L'autre grand moment de la BO de 'The Devil's Own' reste évidemment celui des adieux entre Tom et Rory, alors que ce dernier meurt pendant l'affrontement final, l'un essayant d'arrêter l'autre. C'est dans des moments comme celui là qu'Horner nous dévoile toute sa sensibilité. Pour une scène aussi poignante, Horner réutilise la cornemuse, le whistle, le fiddle solo et rappelle le thème de Rory alors que ce dernier meurt doucement aux côtés de Tom. Comme le rappelle d'ailleurs le personnage de Brad Pitt à la fin de la scène, tout cela n'est pas une histoire américaine, c'est une ballade irlandaise (sous-entendu que cela finira mal). On pourrait finalement partir de cette phrase-clé pour justifier l'aspect folklorique/irlandais de la musique dans la première partie du film. Même si cette analogie paraît un peu facile, elle conclut à merveille le film sur une ultime touche d'émotion et résume l'état d'esprit de la musique de James Horner pour le film d'Alan J. Pakula. Au final, malgré ses quelques bons moments, le score de 'The Devil's Own' n'a vraiment rien de très marquant. La partition reste un effort mineur de la part de James Horner, car, même si elle colle très bien au film, elle n'en demeure pas moins un travail standard de la part d'un Horner qui, une fois de plus, repique certains passages de ses musiques préexistantes pour les réadapter à sa nouvelle partition. Voilà en tout cas un score à réserver en priorité aux inconditionnels du compositeur et à ceux qui apprécient ses ambiances celtiques habituelles. Quand aux autres, il y a fort à parier qu'il considéreront que 'The Devil's Own' est un énième score passable d'un compositeur en manque d'inspiration depuis son oscar pour 'Titanic'.


---Quentin Billard