1-Eight Below Overture 3.48
2-The Journey Begins/
The Crevasse 5.37
3-Storm Coming 1.10
4-The Search 2.50
5-The Rescue 4.53
6-Pulling Through 3.02
7-Fifteen Days 2.27
8-Bird Doggin' 3.45
9-Southern Lights 6.37
10-The Dogs Who
Saved My Daddy 3.12
11-Leopard Seal 4.12
12-Ice Bound 1.59
13-The Lamborghini Of Snow Cats 1.28
14-Black Ice 2.25
15-Almost Perfect 4.54
16-My Best Girl 4.37
17-Eight Below End Credits 3.21

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Walt Disney Records/iTunes

Produit par:
Mark Isham
Monteurs musique:
Tom Carlson, Curt Sobel
Orchestrations:
Mark McKenzie, Peter Russ,
Bruce Babcock

Orchestre conduit par:
Michael Nowak

Artwork and pictures (c) 2006 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ****
EIGHT BELOW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
« Eight Below » (Antartica, prisonniers du froid) est le remake hollywoodien du film japonais « Antarctica » de Koreyoshi Kurahara sorti en 1983, drame bouleversant alors inspiré d’une histoire vraie survenue en Antarctique en 1958. Produit par Disney et destiné cette fois-ci à un public plus familial, « Eight Below » transpose l’intrigue du film d’origine dans une version un peu plus édulcorée, mais qui ne perd pas de son caractère tragique. Réalisé par Frank Marshall, qui s’était fait connaître grâce à son survival tragique « Alive » en 1992 (lui aussi inspiré d’une histoire vraie), « Eight Below » nous amène à suivre l’épopée d’une expédition scientifique financée par la National Science Foundation en Antarctique en 1993, expédition dirigée par Jerry Shepard (Paul Walker), son ami Charlie Cooper (Jason Biggs) et un géologue américain de l’UCLA, le professeur Davis McClaren (Bruce Greenwood). Ce dernier est déterminé à retrouver les traces d’une précieuse météorite provenant de Mercure qui se serait vraisemblablement écrasée quelque part près du Mont Melbourne en Antarctique. Mais les conditions météorologiques sont calamiteuses, et malgré les avertissements de Shepard, McClaren décide de s’y rendre avec les chiens de traîneaux. Mais le périple tourne à la catastrophe alors que McClaren glisse le long d’une pente et tombe dans une mare d’eau glacée. Sauvé de justesse par Shepard et les chiens, McClaren doit désormais lutter contre l’hypothermie, les gelures et les conditions météorologiques extrêmes. C’est grâce au courage et à la force des chiens que les deux hommes retrouveront finalement le camp de base, obligé d’évacuer le blessé en avion. Hélas, l’équipe se voit contrainte de laisser derrière eux les huit chiens de traîneaux, l’avion étant déjà quasiment surchargé. Livrés à eux-mêmes, les chiens vont devoir lutter pour leur survie pendant tout l’hiver, perdus dans de vastes étendues de glace, un périple qui durera plus de 6 mois. « Eight Below » reprend donc les grandes lignes du film de 1983 mais propose un style plus familial dans le sens où les personnages paraissent moins sérieux et plus sympathiques que dans le film japonais, avec un style plus orienté vers l’aventure, et aussi plus typique des productions Disney. Mais que l’on ne s’y trompe, « Eight Below » s’avère être malgré tout assez sombre et intense pour un jeune public : certaines scènes avec les animaux sont particulièrement rudes (la séquence avec l’orque, la mort de l’un des chiens dans la neige, etc.) et d’autres scènes risquent fort de faire couler quelques larmes. Heureusement, le vétéran Frank Marshall connaît son métier sur le bout des doigts et parvient à éviter tout accès larmoyant comme il avait aussi su l’éviter dans le drame glaciaire « Alive » : le tout est filmé avec un certain doigté, même si l’on regrette parfois le côté aventure familial de la première moitié du film qui jure avec la seconde moitié : on sent clairement à quel point le projet de transposition du film de 1983 dans une production Disney plus accessible de 2006 était particulièrement périlleux voire hasardeux, le résultat étant au final pas déplaisant mais extrêmement inégal et frustrant par moment. Des longueurs (le film dure 120 minutes !), des interprètes pas toujours crédibles (Jason Biggs n’est là que pour apporter un soupçon de comédie au film), mais aussi de superbes décors filmés avec maestria, des scènes poignantes et difficiles, du suspense et de l’espoir. « Eight Below », c’est tout cela à la fois, et si le film de Frank Marshall n’atteint pas les sommets de « Antarctica », il n’en demeure pas suffisamment divertissant et touchant pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout.

La partition de Mark Isham est à coup sûr l’un des atouts de « Eight Below », le compositeur/jazzman s’orientant vers un style symphonique totalement opposé au travail synthétique et new age de Vangelis sur « Antarctica ». A la première écoute de la musique dans le film, on remarque très vite qu’Isham se fond totalement dans le moule des musiques Disney, en adoptant un style orchestral généreux en thème, en harmonies et en orchestrations riches. On retrouve ainsi le Mark Isham de scores tels que « Fly Away Home » ou « Racing Stripes », qui restent généralement considérés comme deux des plus belles réussites musicales du compositeur. Dès les premières minutes de « Eight Below Overture », on est immédiatement happé par le souffle d’aventure et d’exubérance de l’orchestre, avec des orchestrations généreuses privilégiant tous les pupitres de l’orchestre – cordes avec harpe, bois, cuivres, percussions incluant vibraphone, piano, cymbalum, marimba, etc. – L’ouverture du film débute ainsi au son du thème principal à partir de 0:28, grandiose et majestueux, évoquant la beauté sauvage de l’Antarctique. Le reste de l’ouverture reste plus apaisée avec quelques bois sautillants à la limite du mickey-mousing, des cordes amples et une série de percussions bondissantes assez agréables, notamment dans l’emploi du cymbalum. Le thème principal est ensuite repris aux cors au début de « The Journey Begins/The Crevasse », prenant ainsi tout son sens : il s’agit d’un grand thème d’aventure associé à l’expédition, tandis que le second thème – celui des chiens - est entendu à partir de 0:29, toujours confié aux cuivres sur un rythme plus héroïque et trépidant. Ici, comme pour l’ouverture, la musique est placée sous le signe de l’aventure façon Disney : on y retrouve des influences et des schémas musicaux évidents hérités des musiciens Disney (Bruce Broughton, Joel McNeely, etc.), mais avec le style orchestral reconnaissable de Mark Isham, qui rappelle ici des scores comme « Racing Stripes » ou « Fly Away Home ». Le compositeur évoque l’Antarctique en ayant recours à un ensemble de percussions incluant cymbalum/bongos/vibraphone/piano/timbales et quelques solos de flûte ethnique, tandis que la scène de l’accident dans la crevasse permet à Isham de nous offrir son premier grand passage d’action à base de cuivres trépidants aux rythmes syncopés complexes.

De l’aventure, de l’action, des envolées orchestrales exubérantes, de l’émotion, voilà ce que va nous offrir Mark Isham tout au long de sa partition. Si l’enthousiasme du début est immédiatement tempéré dans le sombre « Storm Coming » qui annonce de biens sombres heures pour Shepard et McClaren face à la menace d’une tempête imminente, « The Search » permet à Isham de renforcer le poids des percussions avec le retour du cymbalum, des percussions diverses avec piano, guitares et quelques rythmes synthétiques discrets. Dans « The Rescue », l’action reprend le dessus avec un déchaînement orchestral débridé évoluant rapidement vers l’espoir lors d’une coda assez triomphante et cuivrée. « Pulling Through » introduit quelques sonorités mélancoliques, notamment à travers le jeu cristallin d’un harmonica de verre alors que les chiens sont abandonnés à leur sort. Le thème des chiens est alors repris ici de façon plus lente et dramatique aux cordes, tandis que quelques ponctuations syncopées de cuivres et percussions annoncent de futurs ennuis à l’horizon. « Fifteen Days » évoque à son tour le destin des chiens, obligés de survivre par leurs propres moyens en plein hiver. La vitalité du morceau est tout bonnement remarquable, Isham accompagnant ainsi la scène durant laquelle les chiens chassent les oiseaux pour se nourrir (cf. « Bird Doggin’ »). On ressent ici une malice et une exubérance à la fois légère et pleine d’entrain, notamment dans le jeu des bois et des cordes, et la richesse des orchestrations. Quelques notes intimes de piano suffisent ici à suggérer qu’un des chiens n’ira pas plus loin dans l’aventure, un très beau passage durant lequel Isham fait preuve d’une sensibilité que l’on aurait presque oubliée. Dans « Southern Lights », Isham prolonge son évocation musicale de l’Antarctique durant la scène où les chiens aperçoivent une aurore boréale dans le ciel. La poésie de cette séquence est suggérée par le jeu délicat de la guitare et de l’orchestre, avant de céder à nouveau la place à un passage d’aventure exubérant aux rythmes énergiques et bondissants. Le meilleur morceau d’action est entendu dans le solide « Leopard Seal », durant la scène de l’attaque du léopard de mer. La complexité rythmique et le choix des orchestrations rappellent ici Jerry Goldsmith ou James Newton Howard, flagrant durant le passage percussif agité à partir de 1:34, avec des rythmes complexes et quelques changements de mesures assez virtuoses – peut être l’un des morceaux d’action les plus impressionnants de toute la filmographie de Mark Isham !

L’action continue dans « Ice Bound » où l’on retrouve ici aussi l’influence de James Newton Howard, notamment dans le jeu des cordes et des percussions – incluant timbales, piano, percussions synthétiques, cymbalum, tambourin et martèlement de col legno des cordes – Même chose pour l’énergique « The Lamborghini of Snow Cats » avec ses nombreux rythmes syncopés et ses élans instrumentaux quasi héroïques et déterminés, empreints d’une certaine noblesse associée au courage des chiens dans le film, un autre grand morceau de la partition de « Eight Below ». La musique devient plus sombre et dramatique dans « Black Ice » alors qu’il est question de la perte d’un autre chien et de la rudesse extrême de la nature. On retrouve ici la flûte ethnique associée à l’Antarctique sur fond de cordes/vents plus mélancoliques et résignés, un autre très beau passage dramatique rapidement rejoint par le duo piano/marimba, alors que la flûte domine l’ensemble du morceau de façon éthérée, évoquant les immenses étendues de glace. L’espoir renaît dans « Almost Perfect », où l’on retrouve le thème principal de l’expédition (aux cuivres à 2:54) dans une envolée orchestrale très prenante et résolument optimiste voire triomphante. La flûte ethnique revient au début de « My Best Girl » pour la scène où Shepard retrouve les chiens à la fin du film, permettant au compositeur de développer son thème principal et son thème pour les chiens (à partir de 2:15 aux cordes) dans une coda triomphante et majestueuse, débouchant sur la suite du « Eight Below End Credits » concluant l’aventure sur une reprise des deux thèmes particulièrement énergique et exubérante. Vous l’aurez donc compris, c’est un Mark Isham inspiré par son sujet que l’on retrouve dans « Eight Below », à la tête d’une grande partition symphonique généreuse, majestueuse et passionnée placée sous le signe de l’aventure et de l’action, avec de très beaux moments d’émotion. Certains morceaux comme le spectaculaire « Leopard Seal » ou « Almost Perfect » méritent à eux seuls le détour, offrant une facette orchestrale plutôt rare du compositeur, généralement associé aux scores synthético-orchestraux plus atmosphériques et réservés. Ici, Mark Isham se lâche et nous emporte dans un festival d’aventure et d’action typique des musiques Disney des années 80/90. Le résultat est tout simplement impeccable dans le film, et aussi très agréable en écoute isolée, faisant de « Eight Below » l’un des meilleurs scores de Mark Isham, décidément très à l’aise dans le registre des films d’aventure familiaux façon « Fly Away Home » !




---Quentin Billard