Disc 1

1-Look to the Stars 2.54
2-Oil Rig 1.31
3-Sent Here For A Reason 3.46
4-DNA 3.18
5-Goodbye My Son 1.57
6-If You Love These People 3.02
7-Krypton's Last 1.58
8-Terraforming 9.46
9-Tornado 2.46
10-You Die Or I Do 3.04
11-Launch 2.29
12-Ignition 1.12
13-I Will Find Him 2.47
14-This Is Clark Kent 3.36
15-I Have So Many Questions 3.21
16-Flight 4.09
17-What Are You Going
To Do When You Are
Not Saving The World? 5.26

Disc 2

1-Man of Steel (Hans's
Original Sketchbook) 28.11
2-Are You Listening, Clark? 2.39
3-General Zod 7.07*
4-You Led Us Here 2.51
5-This Is Madness! 3.38*
6-Earth 6.13
7-Arcade 7.25*

*Ecrit par Hans Zimmer et Junkie XL.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

WaterTower Music WTM39426

Musique arrangée par:
Hans Zimmer
Musique additionnelle
et Design rythmique:
Junkie XL
Musique additionnelle de:
Andrew Kawczynski, Steve Mazzaro,
Atli Örvarsson

Ambient music design:
Mel Wesson
Album produit par:
Stephen Lipson
Album co-produit par:
Hans Zimmer, Peter Asher
Score wranglers:
Bob Badami, Melissa Muik
Services de production musicale:
Steven Kofsky
Assistant montage musique:
Nevin Seus
Consultants techniques:
Chuck Choi, Brian Wherry
Design instrument digital:
Mark Wherry
Sample Development:
Claudius Brüse, Ben Robinson,
Raul Vega, Tauress Habib

The Drum Doctor:
Ross Garfield
World Engine Sound Design:
Eric Norris
Coordinateur score et
manager de studio pour
Remote Control Productions:
Czarina Russell
Préparation musique:
Booker White
Producteurs exécutifs:
Zack Snyder, Deborah Snyder,
Christopher Nolan, Emma Thomas,
Charles Roven

Direction de la musique
pour Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Darren Highman
Direction de la musique
pour WaterTower:
Jason Linn
Coordinateur direction
artistique et album:
Sandeep Sriram
Music business affairs:
Lisa Margolis

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc. and Legendary Pictures Funding, LLC. All rights reserved.

Note: ***
MAN OF STEEL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Les super héros ont le vent en poupe ces derniers temps. Avec le succès des sagas Marvel (« Avengers », « Captain America », etc.), il était fort à parier que ce soit au tour du personnage culte de chez DC Comics, Superman, de voir à nouveau ses aventures portées à l’écran dans un reboot retraçant les origines du célèbre homme d’acier. Réalisé par Zack Snyder et produit par Christopher Nolan, « Man of Steel » est de loin l’un des blockbusters les plus impressionnants de l’été 2013. Renouant avec un style épique et démesuré allié à la 3D et au format IMAX, « Man of Steel » évoque les origines de Kal-El alias Clark Kent (Henry Cavill), un jeune homme aux pouvoirs surhumains, originaire de la défunte planète Krypton. Son monde abritait autrefois une civilisation très avancée depuis des millénaires, jusqu’à ce que Krypton agonise après que son noyau soit devenu instable et que toutes les ressources de la planète aient été épuisées. Mais alors que la planète est sur le point d’exploser, Jor-El (Russell Crowe) et sa femme Lara Lor-Van (Ayelet Zurer) donnent naissance au petit Kal-El : c’est la première fois depuis des siècles qu’un humain naît de façon naturelle, alors que la plupart des Kryptoniens sont nés via des manipulations génétiques artificielles. Apprenant la nouvelle, le général Zod (Michael Shannon), qui a décidé de renverser le conseil dirigeant avec ses sbires, se met en tête d’éliminer l’enfant né illégalement. Mais Jor-El réussit à voler le précieux codex génétique des Kryptoniens et l’implante dans les cellules du bébé, puis il l’envoie sur terre peu de temps avant que la planète Krypton n’explose. L’enfant est alors recueilli sur terre par Jonathan Kent (Kevin Costner) et sa femme Martha (Diane Lane), un couple de fermiers qui l’élèvent comme leur propre fils. Des années plus tard, Kal-El, rebaptisé Clark Kent (Henry Cavill) découvre qu’il possède des pouvoirs surhumains et décide de ne jamais les divulguer en public, afin de garder les secrets sur ses origines qu’il ignore encore. Bien décidé à connaître son passé, Clark débute un long voyage à travers le monde sous différentes identités, et ce jusqu’au jour où il retrouve la trace d’un vaisseau éclaireur Kryptonien prisonnier de la glace au Canada, où il y fait la connaissance de son père biologique Jor-El par le biais d’un hologramme qui lui révèle enfin ses véritables origines. Mais Clark ne se doute pas qu’il est alors suivi au même moment par Lois Lane (Amy Adams), une jeune journaliste travaillant pour le Daily Planet à Métropolis, qui connaît maintenant elle aussi son secret. Peu de temps après, le général Zod et ses sbires, qui ont réussi à se libérer de leur prison située dans la Zone Fantôme, arrivent sur terre au bout de plusieurs années grâce au signal émis par l’ouverture du vaisseau découvert par Clark dans la glace. Zod délivre alors un message aux terriens exigeant que Kal-El leur soit remis vivant, sous peine de quoi l’humanité en subira les conséquences. Clark décide alors de se rendre à l’armée américaine accompagné de Lois Lane, qui a retrouvé sa trace. Mais ce que Clark ignore encore, c’est que Zod s’est massivement équipé et qu’il a l’intention de terraformer la terre afin de transformer notre monde en une nouvelle Krypton. Celui que les autorités militaires ont rebaptisé « Superman » décide finalement de se lancer dans la bataille pour sauver la terre et stopper les forces armées du général Zod avant qu’il ne soit trop tard.

« Man of Steel » est l’un des grands blockbusters U.S. de l’été 2013, un film visuellement extraordinaire et extrêmement puissant, doté d’un budget colossal (225 millions de dollars) et d’un casting ahurissant (Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Russell Crowe, Kevin Costner, Diane Lane, Laurence Fishburne, etc.). Confié à Zack Snyder, que l’on connaît pour ses superproductions virtuoses aux visuels bien souvent stupéfiants (« Sucker Punch »), « Man of Steel » dépoussière le mythe du personnage de Superman et nous en propose une vision moderne et plus sombre, davantage adaptée aux années 2000 : exit ici la naïveté et l’insouciance du « Superman » de Richard Donner, exit aussi l’aspect pro-américain du film de 1978 (hormis une réplique bidon de Superman à la fin du film : « je suis né au Kansas, plus ricain que moi, tu meurs ! »), car ici, tout est fait pour faire du héros un être torturé en quête de ses origines, et qui a bien du mal à trouver sa place sur terre. Mais le film s’impose surtout par son ton épique extraordinaire, versant totalement dans la démesure et la surenchère d’effets spéciaux, quitte à saturer les images d’explosions, de visuels numériques ou des scènes d’action totalement disproportionnées (mention spéciale au talentueux Michael Shannon, qui campe un général Zod incroyablement sournois et fanatique, sans aucun doute la meilleure interprétation du personnage de Zod au cinéma !). Soyons clair : tout est fait en grand dans « Man of Steel » ! Niveau scénario, le film reste malheureusement très inégal, car si le premier acte s’avère être réellement passionnant, avec un semblant de psychologie et un ton dramatique saisissant (toute l’introduction sur Krypton est absolument saisissante !), le dernier acte est davantage décevant, car tout est alors sacrifié à l’action, aux scènes de destruction massives à répétition et aux bagarres épiques et apocalyptiques entre Superman et les sbires de Zod (avec d’énormes scènes de science-fiction guerrière dignes de « Independence Day » ou « War of the Worlds »). Comme beaucoup de cinéastes de blockbusters hollywoodiens actuels, Zack Snyder, réalisateur surdoué, n’évite malheureusement pas le piège de la surenchère pyrotechnique et tombe dans le travers agaçant des scènes de bataille interminables façon Michael Bay (on croirait voir un émule du dernier acte de « Transformers 3 » ou de celui du « Avengers » de Joss Whedon), d’autant que certaines scènes s’avèrent être plutôt décevantes et peu crédibles (séquence où Superman affronte les tentacules extra-terrestres). A force de trop vouloir en faire, Snyder plombe ce qui faisait l’intérêt de départ de son film : une exploration moderne et passionnante du personnage de Superman et sa quête de réponses sur ses origines et son identité. A noter que le film a aussi été très critiqué pour sa description du héros campé par l’anglais Henry Cavill (acteur révélé par le film « The Immortals »), certains ayant accusé Zack Snyder de dénaturer le personnage en parsemant l’histoire d’incohérences par rapport aux comics d’origine. Le réalisateur prend effectivement certaines libertés avec le récit d’origine, sans trahir pour autant l’univers d’origine de DC Comics, même si certains éléments-clé ont été sacrifiés au profit de l’action et des effets spéciaux (par exemple, où est l’histoire d’amour impossible entre Clark Kent et Lois Lane ? La fin du film nous annonce subtilement tout cela dans une suite, mais pourquoi ne pas l’avoir déjà évoquée dans le premier film alors que c’est un trait caractéristique de tous les opus de « Superman » ?). Boursouflé de longueurs (le film dépasse les 2h23) et inégal de bout en bout, « Man of Steel » reste donc un divertissement de haute qualité qui offre une vision moderne et plus sombre de Superman, mais qui risque fort d’en décevoir plus d’un, y compris les fans de l’homme d’acier et de sa mythologie.

Contre toute attente, c’est finalement Hans Zimmer qui a été choisi pour faire la musique de « Man of Steel », un choix pas forcément surprenant quand on sait que son complice Christopher Nolan est producteur du film (les deux hommes ont travaillé ensemble sur la saga « Dark Knight » et sur « Inception »). A l’instar de la réalisation de Zack Snyder, Zimmer a opté pour une approche totalement moderne et neuve de la musique de ce Superman version 2013 : exit donc toute référence musicale à John Williams, y compris à la célèbre fanfare de l’homme d’acier – qui, de toute évidence, n’aurait pas pu coller au ton sombre et moderne du film de Snyder – et place à une musique extrêmement percussive, épique et synthétique, aux rythmes modernes. Prenant le contre-pied total de ce qu’avait John Ottman sur « Superman Returns » en 2005, Hans Zimmer livre pour « Man of Steel » une composition plus personnelle en mélangeant parties orchestrales, synthétiseurs et un ensemble de batteries, percussions et instruments divers qu’il manipule à sa guise pour les besoins du film. Ainsi donc, le score réunit un ensemble instrumental plutôt particulier, avec un groupe de 10 batteries (rien que cela !) enregistrées et disposées en carré autour du chef d’orchestre (comme dans un orchestre symphonique), un choix musical plutôt curieux qui permet à Zimmer d’apporter une certaine puissance sonore aux images tout en évoquant l’idée des pouvoirs surhumains et colossaux de Superman. C’est l’occasion pour le compositeur allemand de travailler au passage avec quelques uns des plus grands batteurs du moment, incluant ainsi le rappeur/batteur Pharrell Williams, Jason Bonham, Bernie Dresel, Trevor Lawrence Jr., Curt Bisquera, Vinnie Colaiuta, Toss Panos, Josh Freeze, Satnam Ramgotra, Jim Keltner, John JR Robinson, Matt Chamberlain, Ryeland Allison, Danny Carey ou bien encore la percussionniste américaine Sheila E. ou l’indispensable Junkie XL, qui a écrit une partie de la musique additionnelle et du design rythmique. Aux batteries s’ajoutent de nombreuses percussions supplémentaires incluant timbales, gongs, tambours taïkos, etc. En plus de l’ensemble de percussions, le compositeur réunit aussi son « pedal steel orchestra », un groupe constitué d’instruments à cordes métalliques (de la famille des cithares) incluant des instruments en acier et en titanium conçu par le soliste Chas Smith et quelques parties de guitares de l’incontournable George Doering, la basse de Lee Sklaer, le violoncelle soliste de Martin Tillman, le violon ‘Artot-Alard Stradivarius’ de la talentueuse soliste classique Ann Marie Calhoun, sans oublier les vocalises éthérées et poignantes d’Hilda Örvarsdottir, l’orchestre symphonique habituel et les synthétiseurs d’Hans Zimmer et Howard Scarr. Vous l’aurez donc compris, le compositeur s’est donné les moyens sur « Man of Steel » et promet un résultat à la hauteur de son sujet !

Pour aborder le plus objectivement possible la musique de « Man of Steel » et avec un minimum de bonne foi, il faut avant tout accepter l’idée que l’approche musicale d’Hans Zimmer est radicalement opposée à celle de John Williams sur « Superman », à tel point que les deux scores ne sont finalement même pas comparables. Dès lors, une fois ce postulat posé et respecté, on peut enfin apprécier les efforts de Zimmer sur le film de Zack Snyder, car si le style moderne et hyper rythmique du compositeur l’éloigne complètement du travail de son prédécesseur, il respecte malgré tout quelques conventions inévitables et plus particulièrement dans la construction thématique du score, qui repose sur une série de thèmes et de leitmotive assez reconnaissables dans le film. Ainsi, Kal-El possède son propre thème dévoilé dans « Look to the Stars » à partir de 1:05 aux cordes sur fond de nappe synthétique new-age. Le thème, noble et solennel, basé sur une cellule de 2 notes, grandira tout au long du film pour s’affirmer durant certaines scènes-clé du film, et ce bien que l’on regrettera le caractère quelconque et le manque de personnalité de ce thème pas vraiment mémorable (on se serait attendu à un thème 100 fois puissant et impactant sur les images !), d’autant que la pauvreté des orchestrations (limitées aux cordes et aux cuivres) empêche comme souvent chez le compositeur sa mélodie de décoller pleinement et de se concrétiser réellement. Un autre motif important apparaît dans DNA, motif de 4 notes mystérieuses lié aux origines Kryptoniennes de Kal-El, confié à une guitare électrique mixée et assez reconnaissable dans le film. Le troisième thème important, celui de la famille Kent, apparaît dans « Sent Here for a Reason », confié à un piano intime sur fond de nappe sonore synthétique. Ce thème, plus touchant, évoque l’amour familial de Jonathan et Martha Kent, ainsi que la quête de Clark sur ses origines. A noter que le thème familial est basé lui aussi sur une cellule de 2 notes, comme pour le thème de Superman, un choix évident qui permet à Zimmer de conserver une filiation subtile entre les deux mélodies, alors que le thème familial apporte une émotion remarquable à certaines scènes du film, notamment dans la façon dont le piano interprète les notes de façon lente, posée et hésitante, prenant le contre-pied du reste du score, plus basé sur les envolées rythmiques et les sursauts épiques. Un quatrième thème est entendu dans « Goodbye My Son », introduit par les vocalises touchantes d’Hilda Örvarsdottir, dans un style qui rappelle parfois les vocalises élégiaques de Lisa Gerrard dans « Gladiator ». Ce thème dramatique et noble évoque les adieux entre Jor-El et son fils au début du film, tout en évoquant la fin de Krypton. Aux vocalises féminines s’ajoutent d’ailleurs un choeur féminin (en partie samplé) qui ajoute une dimension lyrique remarquable au morceau, mais trop rapidement coupé et bien trop court pour pouvoir se concrétiser pleinement (1min.57).

Curieusement, une première écoute du score nous permet très vite de remarquer à quel point Zimmer revient bien souvent tout au long du score dans un style ou une esthétique qui rappelle indiscutablement ses anciens travaux des années 90 de l’époque Media Ventures. Ceci est d’autant plus flagrant dans « If You Love These People » dans lequel Zimmer élabore une progression harmonique dramatique calquée sur « The Lion King » (très évident à partir de 1:36), tandis que l’utilisation de la guitare électrique rappelle ses scores d’action 90’s comme « Drop Zone » ou « Bird on A Wire ». L’utilisation des cuivres (certains étant samplés) renvoient clairement aux sons de « Crimson Tide » (flagrant lors de l’apparition des choeurs d’hommes samplés à 7:04 dans « Terraforming ») ou de « Peacemaker », des choix plutôt curieux de la part d’un compositeur qui a pourtant entièrement renouvelé sa palette sonore à l’aube des années 2000. Hormis ce côté nostalgique qui séduira à coup sûr les fans d’Hans Zimmer (et ceux qui regrettent l’époque des productions Media Ventures), le score propose aussi quelques idées intéressantes, dont l’utilisation très réussie du violon au milieu de « Krypton’s Last », dans un style qui rappelle parfois « Angels & Demons ». Cet élément constitue d’ailleurs l’une des réussites du score de « Man of Steel », et notamment dans la façon dont Zimmer parvient à créer de l’émotion par une utilisation souvent très simple des instruments solistes, qu’il s’agisse du piano, du violoncelle ou du violon, et ce même si le score est essentiellement dominé par l’action et les déchaînements belliqueux et musclés. De l’action, on en trouve ainsi tout au long du score, dans « Look to the Stars », « Oil Rig », « DNA », « Tornado », « You Die or I Do » ou les 9 minutes énergiques de « Terraforming ». Hélas, les passages d’action s’avèrent être plus décevants (et malheureusement, ils sont nombreux), car Zimmer se contente bien souvent d’y recycler ses formules musicales habituelles avec un emploi de métriques simples et peu originales, tandis que l’ensemble des percussions et batterie, essentiellement utilisées pour les scènes d’action du film, n’apportent finalement pas grand chose de plus au score. C’est d’autant plus regrettable que l’on se serait attendu à un résultat bien plus personnel et ambitieux, alors que Zimmer s’est malheureusement contenté d’empiler les sons de batterie les unes sur les autres (quel intérêt de faire jouer 10 batteries en même temps pour finalement obtenir au mixage le son approximatif d’une seule batterie ?). Quoiqu’il en soit, les fans des scores d’action 90’s de Zimmer apprécieront sans aucun doute les déchaînements épiques de « Terraforming », évoquant le début de la confrontation entre Superman et les troupes du général Zod. A noter d’ailleurs que le grand perdant du film niveau musique reste tout de même Zod, qui ne possède pas de thème à proprement parler mais se voit adjoindre dans le film une identité sonore plate à base d’accords sombres de cuivres graves menaçants et de sound design paresseux (dans « You Die or I Do »).

Evidemment, il y a les envolées épiques puissantes comme pour le final de « Terraforming » ou la reprise du thème alien de Kal-El dans « Launch », brillamment repris par les cordes staccatos de façon plus mécanique jusqu’à un final débouchant sur une reprise émouvante et tragique du thème de Krypton aux vocalises féminines. Les batteurs martèlent un rythme survolté dans « Ignition », le morceau étant essentiellement dominé ici par les percussions, tout comme dans « I Will Find Him », où l’on regrettera l’utilisation souvent pauvre et facile du sound design (quitte à saturer les basses dans « Terraforming » : l’écoute au casque à plein volume est d’ailleurs fortement déconseillée !). Il y a bien évidemment de beaux et grands moments d’émotion, comme la reprise du thème de piano mélancolique dans « This is Clark Kent », ou du thème alien de 4 notes ainsi que celui de Krypton dans « I Have So Many Questions », sans oublier le remarquable « Flight », probablement l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Man of Steel », reprenant le thème noble de Superman dans toute sa splendeur avec sa progression harmonique apportant un sentiment d’espoir grandissant, sans oublier une grande reprise du thème Kryptonien évoquant la concrétisation de Superman dans son rôle de super héros défenseur de la terre. Idem pour « What Are You Going to Do When You Are Not Saving the World ? » qui conclut le film sur un aspect épique et triomphant assez remarquable. A noter que le double album Deluxe Edition nous permet de découvrir une démo de 28 minutes conçues par Zimmer lui-même et qui présente aux synthétiseurs ses différentes idées thématiques et sonores sans grande surprise (le résultat étant déjà très proche du score final), tandis que Zimmer nous offre quelques suites dont une de 7 minutes pour le général Zod essentiellement dominée par le sound design menaçant associé au bad guy dans le film. Au rayon des curiosités, on pourra aussi découvrir un extrait des sessions d’enregistrement de l’orchestre des batteries dans « This Is Madness ! », où l’on se rend compte davantage de la puissance sonore des percussions, une fois séparées de l’orchestre et des synthétiseurs (un fait révélateur d’un problème lié au mixage des batteries dans le score, qui s’avèrent finalement carrément moins puissantes une fois associées au reste des instruments).

Bilan final plutôt mitigé donc pour « Man of Steel », car malgré tous les efforts et toutes les déclarations faites par Hans Zimmer aux médias peu de temps avant la sortie du film, le résultat final s’avère être en demi teintes. Le score possède toutes les qualités mais aussi tous les défauts habituels d’Hans Zimmer, faisant de son travail un bric-à-brac laborieux d’idées musicales et de sonorités diverses qui forment un univers musical parfaitement cohérent (y compris dans la thématique), mais qui révèle aussi très vite ses limites techniques. Evidemment, on retrouve les lacunes techniques habituelles de Zimmer et son incapacité à créer un véritable contrepoint ou à fournir des orchestrations de qualité, tout comme on regrettera le côté souvent très pauvre des harmonies, voire très scolaires (dans « If You Love These People »). D’un autre côté, Zimmer a fait des efforts et cela s’entend, apportant de vrais moments d’émotion à travers ses thèmes ou son utilisation des solistes, sans oublier de grands moments d’action et d’envolées épiques tout aussi appréciables dans le film que sur l’album. Mais le résultat n’a rien du chef-d’oeuvre annoncé, et reste finalement un peu décevant de la part d’un compositeur qui travaille beaucoup mais qui finit malgré tout par accoucher d’un score mal reçu par les critiques, bien que parfaitement intégré aux images du film de Zack Snyder. Toute considération mise à part, il est impossible de ne pas reconnaître l’impact de la musique sur les images, le score apportant une puissance et un souffle épique évident au film. Mais il est clair que sur l’album, on remarque très vite les limites techniques de l’approche musicale d’Hans Zimmer, qui risque fort de s’essouffler dans les années à venir s’il continue sur cette lancée (et qui sonnera très vite démodée dans les années à venir). Zimmer profite du « son » hollywoodien du moment pour livrer une composition musclée et épique très appréciable et parsemée de touches d’émotion, mais qui ne marquera certainement pas les annales, à moins que la musique de « Man of Steel » devienne à contrario une référence pour les films de super héros à venir, au même titre que ses partitions pour la saga « The Dark Knight ». Seul l’avenir nous le dira, mais il importe de rappeler que le travail de Zimmer sur « Man of Steel » est surtout destiné aux fans hardcore du compositeur teuton et à ceux qui ne jurent que par lui depuis 2 ou 3 décennies !




---Quentin Billard