1-Heaven and Earth 4.27
2-Fire Up The Shuttle 1.44
3-Unauthorized Entry 4.35
4-Deportation 1.54
5-Darkness 4.49
6-Things To Come 4.35
7-You Said You'd Do Anything 3.29
8-A Political Sickness 3.47
9-Arming Projectile 1.25
10-Zero Injuries Sustained 1.29
11-I'd Like Them Dead 1.20
12-You Have No Idea 2.11
13-The Raven 1.57
14-Let The Girls Out 2.07
15-I Don't Want to Die 1.35
16-Matilda 2.52
17-Step Aboard 2.53
18-Heading To Elysium 1.53
19-Keep Them Busy 0.52
20-When He Wakes Up 1.39
21-We Do The Hanging 1.06
22-Kruger Suits Up 2.25
23-The Armory 0.58
24-I'm Right Behind You 0.37
25-Fire and Water 2.01
26-The Gantry 1.08
27-Breaking A Promise 3.17
28-Elysium 3.44
29-New Heaven, New Earth 2.22

Musique  composée par:

Ryan Amon

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-7212

Produit par:
Ryan Amon
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique
pour Sony Pictures:
Lia Vollack
Supervision musique:
Liz Gallagher
Score enregistré et mixé par:
John Rodd
Monteurs musique:
Rich Walters, Dave Lawrence

Artwork and pictures (c) 2013 CTMG. All rights reserved.

Note: **
ELYSIUM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ryan Amon
Après le succès du prodigieux « District 9 » en 2009, véritable coup de maître technique et scénaristique, le réalisateur sud-africain Neill Blomkamp rempile dans le domaine de la science-fiction avec « Elysium ». Pour son premier grand blockbuster hollywoodien (« District 9 » était un film en partie indépendant tourné en Afrique du sud), Neill Blomkamp s’intéresse cette fois-ci au genre du film post-apocalyptique, un genre qui connu ses heures de gloire dans les années 80, notamment grâce à la saga « Mad Max » et à tous ses ersatz qui suivirent (incluant de nombreux nanars tournés en Philippines, et qui font régulièrement le bonheur de l’équipe du site Nanarland). Le film se déroule dans un futur lointain, en 2154. La terre n’est plus qu’une vaste planète ravagée par la pollution et surpeuplée, dans laquelle les pauvres sont parqués dans des abris de fortune et exploités par une multinationale militaire, Armadyne Corp, qui les utilise comme principale main d’oeuvre bon marché, tandis que les autres tentent de survivre par leurs propres moyens. Désormais, le monde est divisé en deux catégories sociales : les pauvres qui sont coincés sur terre, et les riches qui ont fui la terre et sont partis se réfugier sur Elysium, une gigantesque station spatiale circulaire dans laquelle ils ont recrée tout le confort adéquat de leurs villas et habitations de luxe, possédant par la même occasion une précieuse technologie, les Med-Boxs, des engins extraordinaires capables de les guérir de tous les maux et de les empêcher de vieillir. Afin d’empêcher l’immigration clandestine en provenance de la terre, Elysium est protégée d’une main de fer par Jessica Delacourt (Jodie Foster), l’antipathique et ambitieuse secrétaire à la défense qui ne recule devant rien pour empêcher quiconque de franchir les limites d’Elysium, quitte à recourir illégalement à la force lorsque l’occasion s’en présente. Max Da Costa (Matt Damon) est l’un des ouvriers qui travaille chez Armadyne Corp sur terre. Ancien criminel, il mène une existence ordinaire, alors que la population est constamment surveillée par des policiers robots rigides qui font régner l’ordre chez les ouvriers. Mais un jour, Max est victime d’un accident à son travail et se retrouve gravement irradié. Lorsqu’il apprend qu’il ne lui reste plus que cinq jours à vivre, il décide de passer un marché avec Spider (Wagner Moura), un trafiquant qui recherche des informations afin de permettre à tous de quitter la terre pour rejoindre Elysium, en échange de quoi Spider lui offrira un aller simple pour la station spatiale. Max n’a pas d’autre choix, car il sait qu’Elysium abrite un Med-Box qui lui permettra de guérir et de sauver sa vie. Il décide alors de kidnapper le gérant d’Armadyne Corp, John Carlyle (William Fichtner), afin de lui dérober de précieuses informations sur Elysium capables de tout changer, et enregistrées dans son cerveau. Pour réussir sa périlleuse mission, Max s’est fait implanter une armure de cyborg dans son crâne et sa moelle épinière afin de lui apporter la force d’un robot de combat, mais il aura fort à faire, car Kruger (Sharlto Copley), le redoutable homme de main de Jessica Delacourt, est à ses trousses et va tout faire pour le supprimer lui et ses compagnons. Quand à la secrétaire à la défense, elle est prête à tout pour récupérer les données volées dans le crâne de John Carlyle.

« Elysium » aborde donc, comme « District 9 », un contexte socio/géopolitique sur le mode de la science-fiction post-apocalyptique dans laquelle on découvre un futur bien peu optimiste, dans un monde ravagé et victime d’un grand schisme, celui des deux classes sociales antagonistes : les pauvres sur terre et les riches sur Elysium. Si le concept de départ avait tout pour faire de « Elysium » un grand film, le scénario s’avère être malheureusement le principal défaut du nouveau long-métrage de Neill Blomkamp : certes, le budget est imposant et les effets spéciaux sont techniquement irréprochables, mais le film verse trop souvent dans un manichéisme agaçant, surtout lorsqu’il surfe sur le cliché habituel très à la mode des gentils pauvres contre les méchants riches. On pourrait y voir, comme dans « District 9 », une énième évocation d’une forme d’apartheid voire de racisme dans le sens où il est question ici du contrôle forcené de l’immigration et du recours systématique à la force ainsi qu’à l’exclusion d’une catégorie de la population (entendez les personnes de couleur) bloquée sur terre, tandis que les riches blancs mènent une vie superficielle et luxueuse sur Elysium, concrétisant ainsi un vieux fantasme d’une certaine population aisée qui vivrait dans une sorte de bulle dorée à l’abri du crime et de la pauvreté. Certes, il y a de cela dans « Elysium » et bien plus encore, notamment lorsque Blomkamp évoque l’échec des politiques sur le contrôle de l’immigration et le fantasme – d’actualité - d’une politique de sécurité sociale universelle (chacun sur terre posséderait les mêmes droits, quelque soit ses origines). Sauf que, malgré toutes ses bonnes intentions, le réalisateur échoue à répondre à ces questions majeures et préfère opter pour la facilité, en expliquant qu’il suffit simplement d’appuyer sur un bouton pour que tout le monde soit libéré sur terre. On est donc très loin des grands classiques des films distopiens d’antan (« Planet of the Apes », « 1984 », « Gattaca », « THX 1138 » et surtout « Soylent Green », dont le scénario se rapproche pas mal de celui de « Elysium »). Le problème du film de Neill Blomkamp tient surtout dans le fait que le cinéaste est cette fois-ci tombé dans les travers d’Hollywood, obligé de perdre de son caractère subversif pour rentrer dans les rangs : le film accumule les scènes d’action à effets spéciaux et la violence extrême pour justifier son caractère post-apocalyptique (quitte à verser dans le gore, comme pour la scène où Kruger se fait exploser le visage par une grenade), mais échoue à traiter concrètement son sujet, la dernière demi heure sacrifiant tout à l’action et aux effets spéciaux. Reste un casting impeccable mené par un Matt Damon égal à lui-même (en mode « Jason Bourne ») et une Jodie Foster à contre-emploi, saisissante dans le rôle d’une dirigeante sans scrupule dont le personnage a été moulé selon les rumeurs sur celui de Christine Lagarde, actuelle directrice générale du FMI. On pourra toujours saluer le film comme étant une jolie métaphore des maux de la société contemporaine et des problèmes d’actualité, apportant une peinture très sombre du monde moderne, mais force est de constater que « Elysium » échoue malheureusement là où « District 9 » avait pourtant réussi à s’imposer, la faute peut être à un script trop inégal, à des dialogues médiocres et à des clichés hollywoodiens agaçants, le tout faisant de « Elysium » une banale série-B à gros budget qui rappelle les films post-apocalyptiques des années 80, sans réelle originalité particulière.

C’est le jeune compositeur bolivien Ryan Amon qui a été choisi pour mettre en musique « Elysium ». A l’origine, Amon était surtout connu pour ses travaux sur des trailers et sur quelques projets à la télévision, mais il n’avait encore jamais abordé la composition pour le cinéma. C’est par un pur hasard que Neill Blomkamp découvrit une musique de Ryan Amon pour un trailer sur une vidéo postée sur Youtube et s’intéressa très vite au travail du jeune musicien, à tel point qu’il décida rapidement de l’engager, convaincu qu’il était le compositeur approprié pour « Elysium », un choix plutôt audacieux, surtout sur un blockbuster hollywoodien d’une telle envergure, où il est quand même peu fréquent de confier les rennes d’une partition musicale à un jeune compositeur inconnu. Pour sa toute première expérience hollywoodienne, Ryan Amon se voit ainsi confier d’importants moyens pour parvenir à ses fins, avec à sa tête un grand effectif orchestral, celui du prestigieux London Philharmonia Orchestra enregistré aux célèbres studios d’Abbey Road. Afin de souligner le caractère futuriste et distopien du film, Amon a choisi d’avoir recours à une large palette électronique, incluant toute la panoplie habituelle de loops, percussions et samples issus des banques de sons habituelles (en l’occurrence, celles pratiquées par Hans Zimmer et ses compositeurs du studio Remote Control !). Eh oui, alors qu’on pouvait s’attendre à ce qu’un jeune compositeur inconnu vienne apporter un vent de fraîcheur sur ce film, il est regrettable de constater qu’un petit nouveau se voit contraint dès son premier projet de coller au plus près aux canons musicaux hollywoodiens actuels, reprenant encore une fois les mêmes schémas synthétiques/orchestraux de Zimmer et co., surfant sur la vague des musiques d’action à succès tels que « Inception », « Dark Knight », « Jason Bourne » ou bien encore « Transformers ». Aucune surprise lors d’une première écoute de la musique dans le film donc : le score aurait pu être écris par n’importe quel tâcheron de chez Remote Control ! Passé ce constat évident, on peut enfin s’intéresser au travail à proprement parler de Ryan Amon sur « Elysium ».

L’ouverture du film pose d’emblée le ton de la partition avec « Heaven and Earth », qui introduit le thème principal du score et les sonorités majeures du score : nappes synthétiques modernes, percussions synthétiques à la Remote Control, orchestrations limitées aux cordes et aux cuivres, violoncelle soliste et vocalises de la soliste Francesca Genco. Rien de bien neuf à l’horizon, d’autant que l’on sent clairement des influences évidentes dans la manière d’utiliser l’électronique. Néanmoins, sans révolutionner le genre, l’ouverture reste satisfaisante dans le sens où elle pose clairement l’atmosphère futuriste et spatiale du film, notamment grâce à un travail de sound design assez soutenu et recherché, sans être très original dans son genre. Le problème que l’on remarque très vite, c’est le manque d’expérience et de personnalité du jeune compositeur, issu du monde des musiques de trailers : un morceau d’action comme « Fire Up The Shuttle » est très manifestement inspiré des musiques de trailer de film d’action, notamment à cause de son grand crescendo orchestral de cuivres, à ses ostinati de cordes et ses percussions action de chez Hans Zimmer (sans oublier le recours à des banques de sons commerciales, et notamment les samples ‘agnus dei’ issus de « Symphony of Voices » de chez Spectrasonics). Ce problème, on le retrouve clairement tout au long du score. Néanmoins, on appréciera le travail de sound design sur un morceau comme « Unauthorized Entry », qui mélange électronique, percussions diverses (incluant un jeu sur des baguettes de batterie) et du chant khöömei de la musique mongole, brillamment interprété ici par le groupe russe Huun-Huur-Tu mais malheureusement sous-mixé dans le score et trop souvent relégué au second plan : dommage, car Ryan Amon tenait là une bonne idée qui, en dehors du cliché de la ‘world music’, aurait pu servir davantage l’aspect narratif de la musique à l’écran. Ces sonorités culminent dans le nerveux « Deportation » et ses rythmes scandés agressifs sur fond de sound design. On regrette ici la pauvreté des orchestrations, qui suit un schéma prédéfini hérité d’Hans Zimmer et des productions Remote Control : malgré la présence du prestigieux orchestre Londonien, tout semble se limiter ici aux pupitres des cordes et des cuivres (et plus particulièrement des cors et des trombones), Ryan Amon ne faisant preuve ni de finesse ni d’intérêt particulier dans la conception des orchestrations. Certains passages plus atmosphériques comme « Darkness » suscitent l’ennui dans la façon dont Amon aligne le sound design et les percussions synthétiques sans aucune idée particulière, hormis peut être dans les quelques sonorités ethniques plus intéressantes de « Things to Come », évoquant le monde de la terre dans le film, comme le chant diphonique du groupe Huun-Huur-Tu entendu dans « You Said You’d Do Anything ».

L’action débute avec les rythmes électro survoltés de « A Political Sickness » et surtout « Arming Projectile », ponctué de cordes staccatos et de basse synthétique menaçante. Idem pour la bataille dans le désert de « Zero Injuries Sustained » vers le milieu du film. Ryan Amon illustre cette scène d’action à l’aide de cuivres massifs et de percussions tonitruantes, jouant sur le mélange des rythmes et des sonorités acoustiques/électroniques pour parvenir à ses fins. On remarque quand même la façon dont Amon joue avec les sons et expérimente notamment autour des voix ethniques ou du sound design électronique : le compositeur semble très à l’aise dans la manipulation des sons, mais moins dans l’écriture de l’orchestre, qu’il noie trop souvent sous une tonne de percussions ou de samples électro – le défaut actuel de bon nombre de partitions hollywoodiennes modernes – « You Have No Idea » fait décoller la partition avec un morceau d’action plus épique grâce à l’ajout d’un choeur (synthétique) et d’un orchestre puissant apportant davantage d’espoir au film. Mais dommage qu’encore une fois, les passages émotionnels soient constamment gâchés par un recours totalement impersonnel à des clichés faciles et entendus 1000 fois auparavant, comme pour les vocalises féminines élégiaques de « I Don’t Want to Die », qui semble surgir tout droit du « Gladiator » d’Hans Zimmer. L’action reprend très vite le dessus lors du décollage vers Elysium (« Heading to Elysium »), la bataille finale débutant dans l’intense « Keep Them Busy », suivi d’une multitude de morceaux d’action interchangeables denses à l’écran mais sans réelle saveur sur l’album (« We Do The Hanging », « Kruger Suits Up », « The Armory », « Fire and Water », etc.), sans oublier les vocalises élégiaques et tragiques du mélancolique « Breaking A Promise », qui aurait pu apporter un éclairage émotionnel fort au final du film si Ryan Amon n’était pas tombé là aussi dans le piège facile des vocalises élégiaques entendues des centaines de fois auparavant. On appréciera aussi l’émotion de « Elysium » et « New Heaven, New Earth » qui apportent davantage d’espoir tout en maintenant un rythme constant.

On ressort donc peu convaincu par l’écoute de « Elysium », que ce soit sur le film comme dans l’album, où l’écoute s’avère être monotone, laborieuse, parfois même ennuyeuse. Ryan Amon vient de l’industrie des musiques de trailers et cela s’entend constamment : à cause de son manque d’expérience au cinéma, le jeune musicien se voit ainsi contraint d’aligner tous les clichés musicaux et recettes habituelles du genre sans proposer quelque chose de personnel – même le travail autour des voix et des solistes laisse parfois à désirer – C’est d’autant plus regrettable que l’on se serait pourtant attendu à un style un peu plus neuf de la part d’un jeune musicien non américain pas encore formaté par l’industrie hollywoodienne : ainsi donc, si le score remplit sa fonction à l’écran sans casser trois pattes à un canard, l’écoute sur l’album reste globalement terne et décevante. On espère que Ryan Amon progressera dans son métier et saura se dégoter des films qui l’inspirent davantage, car il lui reste encore à trouver sa voie et sa personnalité musicale !




---Quentin Billard