Disc 1

1-The Quest for Erebor 3.23
2-Wilderland 4.56
3-A Necromancer (bonus track) 2.54
4-The House of Beorn
(extended version) 4.52
5-Mirkwood (extended version) 5.31
6-Flies and Spiders
(extended version) 9.35
7-The Woodland Realm
(extended version) 5.15
8-Feast of Starlight 2.48
9-Barrels Out of Bond 1.50
10-The Forest River
(extended version) 5.10
11-Bard, a Man of Lake-Town
(extended version) 3.18
12-The High Fells
(extended version) 3.38
13-The Nature of Evil 3.20
14-Protector of the Common Folk 3.37

Disc 2

1-Thrice Welcome 3.34
2-Girion, Lord of Dale
(extended version) 4.15
3-Durin's Folk (extended version) 3.04
4-In the Shadow of the Mountain 2.15
5-A Spell of Concealment
(extended version) 3.22
6-On the Doorstep 7.46
7-The Courage of Hobbits 3.00
8-Inside Information 3.48
9-Kingsfoil 2.25
10-A Liar and a Thief 3.41
11-The Hunters
(extended version) 9.55
12-Smaug (extended version) 6.29
13-My Armor Is Iron 5.16
14-I See Fire 5.00*
15-Beyond the Forest 5.27

*Interprété par Ed Sheeran
Ecrit, produit et interprété
par Ed Sheeran.

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

WaterTower Music WTM39489

Album produit par:
Howard Shore
Producteurs exécutifs de l'album:
Peter Jackson, Fran Walsh,
Philippa Boyens

Musique conduite par:
Conrad Pope
Orchestrations de:
Conrad Pope, James Sizemore
Supervision montage musique:
Mark Willsher
Monteurs musique:
Stephen Gallagher, Nigel Scott
Musique interprétée par:
New Zealand Symphony Orchestra
Mixage musique:
Peter Cobbin, Kirsty Whalley
Ingénieur technique scoring:
Graham Kennedy
Assistants ingénieurs:
Simon Gooding, Brian Mahoney,
Brett Stanton

Monteurs score:
Kirsty Whalley, Jonathan Schultz
Supervision musique:
Karen Elliott
Coordinateur superviseur score:
Amy Baer
NZSO directeur en chef:
Christopher Blake
NZSO directeur financier:
James Henry
Coordinateur scoring Nouvelle-Zélande:
Kate Mulligan
Direction management NZSO:
Craig Thorne
Production et manager transport:
Michael Pattison
Coordinateur management orchestre:
Michelle Lewis
Préparation musique:
Mark Graham,Joann Kane Music Service
Copiste:
Victor Pesavento
Choeur:
London Voices, Tiffini Boys' Choir
Album séquencé par:
James Sizemore
Coordinateur album:
Alan Frey
Direction de la musique pour
New Line Cinema:
Paul Broucek, Erin Scully
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Lisa Margolis
Direction artistique:
Sandeep Sriram
Texte chorale:
Philippa Boyens
Traductions textes chorale:
David Salo

Artwork and pictures (c) 2013 Warner Bros. Entertainment Inc & Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
THE HOBBIT:
THE DESOLATION OF SMAUG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Deuxième opus de la trilogie « The Hobbit » initiée par Peter Jackson en 2012 avec « An Unexpected Journey », « The Desolation of Smaug » reprend les grandes lignes du roman éponyme de J.R.R. Tolkien et nous propose une relecture de l’ouvrage d’origine avec beaucoup de rajouts et de différences (des personnages sont inventés comme l’elfe Tauriel par exemple, et des scènes ont été rajoutées), afin de justifier une nouvelle trilogie, censée établir un pont avec celle de « Lord of the Rings ». Avec ce deuxième opus, on retrouve ainsi les connexions évidentes avec la trilogie du Seigneur des Anneaux, « The Hobbit » assumant de plus en plus son caractère de préquel, à la manière de la nouvelle trilogie « Star Wars ». Dans « The Desolation of Smaug », on retrouve ainsi Bilbon (Martin Freeman) et la compagnie des nains de Thorin Ecu-de-Chêne (Richard Armitage), poursuivis par les troupes d’Azog au-delà des Monts Brumeux. Les héros trouvent alors refuge dans la cabane de Beorn, ultime représentant d’une race nommée les « changeurs de peaux », à cause de leur capacité à se transformer en animaux divers. Au même moment, Azog est convoqué à la forteresse de Dol Guldur, où le mystérieux Nécromancien lui confie un nouveau capitaine orque, Bolg, qui aura la charge de traquer Thorin et ses nains. Pendant ce temps, les héros doivent traverser la forêt noire de Mirkwood et éviter des pièges et des créatures épouvantables. Leur objectif : rejoindre par tous les moyens la Montagne Solitaire et retrouver le trésor perdu des nains dans la cité d’Erebor, trésor gardé par le maléfique Smaug, un immense dragon cracheur de feu. La tâche sera rude, car entre les elfes de Legolas (Orlando Bloom) et Tauriel (Evangeline Lilly), les orques d’Azog et Bolg, la traversée de la ville de Lacville et les épreuves qui les attendent à la Montagne Solitaire et à la mythique cité d’Erebor, nos héros devront braver des épreuves quasi insurmontables et unir leurs forces plus que jamais s’ils espèrent atteindre vivants le trésor fabuleux des nains et trouver un moyen de récupérer le précieux Arkenstone et de défaire Smaug pour de bon. Pendant ce temps, Gandalf (Ian McKellen), qui accompagnait jusqu’ici les nains, prend un tout autre chemin et cherche à en savoir plus sur le maléfique Nécromancien et ses plans diaboliques. Pour se faire, il retrouve le mage Radagast et décide de se rendre à Dol Guldur, où il découvre la terrifiante vérité au sujet du Nécromancien, qui se révèle être Sauron. « The Hobbit : The Desolation of Smaug » s’avère être un deuxième épisode de qualité, toujours aussi riche, puissant et épique, dont le principal défaut réside dans sa longueur éprouvante (2h41 !).

Comme pour le premier film, « The Desolation of Smaug » est une réussite visuelle incontestable, utilisant brillamment la 3D de façon immersive avec des décors grandioses et plus variés que dans le premier opus – on découvre ici la forêt noire, la forteresse de Dol Guldur, le royaume des Elfes, le village de Lacville, la Montagne Solitaire, la cité d’Erebor, etc. – Cette sensation de voyage et de dépaysement est donc poussée ici à son paroxysme, comme dans certaines scènes de la trilogie « Lord of the Rings », où l’on découvrait déjà de façon similaire une multitude de contrées, de peuples et de cultures diverses. Les scènes d’action s’enchaînent sur un rythme assez soutenu, avec quelques séquences d’anthologie comme la traversée du lac dans les tonneaux et la bataille contre les orques, ou la confrontation finale contre Smaug, dont l’issue annonce déjà le troisième et dernier épisode prévu dans un an. Les fans d’heroic-fantasy médiévale vont donc y trouver leur compte, tout comme les fans du roman de Tolkien, à condition d’accepter les libertés prises avec le roman et les nombreux rajouts qui ne sont là que pour justifier la création d’une nouvelle trilogie (à la base, il n’y a pourtant qu’un seul roman !). Ainsi donc, Peter Jackson reste fidèle à un univers grandiose qu’il maîtrise mieux que quiconque, et ce même si l’on regrettera les faiblesses d’un scénario trop linéaire (celui de « Lord of the Rings » paraissait plus travaillé, avec davantage d’intrigues secondaires et de rebondissements) qui se résume à un simple périple d’un point A vers un point B, tandis que le film semble s’éterniser inutilement par moment, avec des longueurs fastidieuses et éprouvantes – la séquence avec Smaug est beaucoup trop longue et aurait pu être largement raccourcie d’au moins 10 voire 15 bonnes minutes – Néanmoins, le tout est réalisé avec une passion évidente par un Peter Jackson qui semble prendre toujours autant de plaisir à explorer l’univers incroyablement riche de la terre du milieu, tandis que le casting est impeccable, introduisant par la même occasion l’elfe Legolas (l’un des héros de « Lord of the Rings »), sans aucun doute pour satisfaire les fans geeks de la trilogie du Seigneur des Anneaux, étant donné que le personnage n’apparaît pas dans le roman du « Hobbit ». Le film s’avère être aussi beaucoup plus sombre, violent et ténébreux, notamment lorsqu’il révèle les puissantes forces du mal à l’oeuvre, qu’il s’agisse des araignées géantes, du Nécromancien, des orques ou de l’énorme dragon Smaug – dont le look spectaculaire reste l’une des grandes réussites du film – Du coup, malgré son côté inégal et ses longueurs qui rallongent parfois inutilement la durée du film, « The Desolation of Smaug » est à coup sûr l’un des meilleurs blockbusters U.S. de cette fin d’année 2013, un divertissement de haute qualité dont on attend désormais la suite (et la fin) avec impatience.

Howard Shore continue son exploration musicale de l’univers de la terre du milieu avec sa nouvelle grande partition symphonique/chorale enregistrée avec l’orchestre du New Zeland Symphony Orchestra, avec lequel le compositeur avait déjà travaillé sur « The Fellowship of the Ring » en 2001, et notamment pour les premières scènes dans les mines de la Moria qui avaient tournées très tôt au début du projet. Prolongeant son approche musicale opératique et son écriture en leitmotiv suivant la tradition wagnérienne pure, Howard Shore livre pour « The Desolation of Smaug » une partition sombre, épique et rythmée, dont les multiples thèmes et motifs (certains, déjà connus, d’autres, totalement nouveaux), et comme pour le précédent film, la musique apporte ici l’émotion nécessaire aux images tout en accentuant les sentiments de danger, d’aventure, d’action ou de menace tout au long du périple des nains, et ce à la manière d’un carnet de voyage – pour reprendre une expression de Peter Jackson lui-même – Pour aborder la nouvelle composition d’Howard Shore, il est donc nécessaire d’appréhender sa thématique parfois dense et complexe, constituée d’une multitude de thèmes et de motifs, dont certains n’apparaissent qu’à 2 ou 3 reprises dans le film, mais qui sont pourtant bel et bien présents. Si le grand absent de « The Desolation of Smaug » et le thème de la compagnie des nains, « Misty Mountains », très présent dans le premier score, on découvre rapidement le fameux thème des hobbits (associé ici à Bilbon mais repris de la trilogie « Lord of the Rings ») joué par la clarinette à 0:50 dans l’introductif « The Quest for Erebor ». La présentation du thème est simple et nette, tandis que d’autres thèmes sont parfois plus difficiles à percevoir à la première écoute. Le second thème qui fait son entrée est celui de la quête de Thorin, joué brièvement par les cordes à 1:43, qui entament les premières notes de la mélodie de façon hésitante, avant de reprendre la mélodie plus complète dans « Protector of the Common Folk » à 1:08, puis dans « In the Shadow of the Mountain » et dans l’intense « On The Doorstep » (à 4:56, 5:42 ou 6:29), où le thème prend une plus grande ampleur dans le film. Autre thème majeur de ce second épisode : le motif de Smaug, entendu aux cordes dans « Wilderland » à 1:11. Le thème de Smaug – déjà présent dans le premier film, où on pouvait l’entendre très brièvement - se reconnaît grâce à ses 6 notes descendantes et sera très présent durant la dernière partie du film, où il tournera quasiment en boucle durant la longue séquence de confrontation avec le dragon géant. A noter que les auditeurs les plus attentifs remarqueront à coup sûr que le thème de Smaug est constitué en réalité de 2 phrases mélodiques, la première étant souvent confiée aux cordes, alternant de façon ascendante les notes entre majeur et mineur (entendue par exemple vers 0:34 puis 0:55 dans « Smaug »), tandis que la seconde, plus présente vers la fin du film, est plutôt descendante (1:22 dans « Smaug »), d'où l'impression de mouvements contraires habilement exécutés par Shore lorsqu'il illustre avec une certaine complexité le puissant Smaug à l'écran.

La mythique cité d’Erebor a droit aussi à son propre thème, motif noble et majestueux que l’on reconnaît grâce à ses intervalles ascendants forts (une tierce mineure, puis une quarte, puis une quinte), entendu brièvement à 0:19 aux cuivres dans « Durin’s Folk » ou à 0:45 dans « On The Doorstep ». Le thème d’Erebor apporte un sentiment de noblesse à la quête du trésor des nains, motif assez présent durant la seconde moitié du film, et pour toute la scène où les nains arrivent à la Montagne Solitaire (cf. « On The Doorstep »). C’est aussi durant ces scènes que le thème de Thoriel reste lui aussi assez présent, Shore n’hésitant pas à juxtaposer son thème avec celui d’Erebor lorsque l’occasion s’en présente, rappelant ainsi le but de la quête de Thorin Ecu-de-Chêne. Le motif d’Erebor prend même une tournure quasi épique dans « On The Doorstep » et apparaît parfois de façon plus furtive, comme c’est le cas dans « Flies and Spiders » à 1:25, où le motif est quasiment camouflé dans une écriture particulièrement contrapuntique des cordes. Du côté des forces du mal, le Nécromancien n’a pas de motif à proprement parler mais se voit attribuer une atmosphère musicale plus sombre et menaçante dans « A Necromancer ». D’ailleurs, on retrouve ici un motif très présent dans le premier film de 2012, le thème des 4 notes descendantes d’Azog et ses orques, motif menaçant repris ici à plusieurs reprises pour incarner la menace des monstrueux orques. Les fans de la trilogie « Lord of the Rings » retrouveront par ailleurs un thème bien connu à 1:28, celui du Mordor, symbolisant dans la première trilogie le grand méchant de la saga, Sauron. A ce sujet, le film ne laisse planer aucun doute sur l’identité du Nécromancien, tout comme la musique de Shore, qui confirme, avec cette apparition du thème du Mordor, la véritable identité de l’entité maléfique que traque Gandalf à Dol Guldur (on retrouve brièvement ce motif à 1:13 dans « Mirkwood »). Les orchestrations sont comme toujours très riches et soutenues, Shore privilégiant pour le Nécromancien et les orques le registre grave (trombones, tuba, contrebasson, etc.). On retrouve aussi le thème bien connu de l’anneau issu de « Lord of the Rings », que Shore utilisait déjà dans le premier film de 2012 et qu’il développe ici parfois de façon plus subtile en n’utilisant que les premières notes ou en le déformant, comme à 0:51 dans le sombre « Mirkwood » ou de façon plus claire et en intégralité au violon à 6:43 dans l’énorme et enragé « Flies and Spiders », sans oublier son apparition à 2:20 dans « Feast of Starlight ».

La sinistre forêt noire a droit à son propre motif de 6 notes entendu à 2:53 aux cordes dans « Mirkwood », et évoquant clairement la menace de cette dangereuse forêt maléfique et hallucinogène. Ce thème sera d’ailleurs très présent tout au long de la traversée de la forêt de Mirkwood, hantant les images de façon remarquable, le tout renforcé ici par une abondance de dissonances et de sonorités macabres et fantomatiques ahurissantes (cf. les chuchotements terrifiants des voix sur fond de clusters aléatoires des cordes à la fin de « Mirkwood »). Le thème de Mirkwood reste aussi très présent dans « Flies and Spiders », avec une série d’ambiances atonales et agressives pour la séquence de l’attaque des araignées géantes, à base de rythmes rapides et de percussions meurtrières qui renforcent le caractère sombre de ce second film. « Flies and Spiders » s’avère d’ailleurs être l’un des passages majeurs de « The Desolation of Smaug » (dépassant les 9 minutes !), notamment grâce à son écriture rythmique et scandées en doubles croches intenses à l’écran, ou des nombreuses syncopes des cordes et des vents, sans oublier quelques effets instrumentaux plus avant-gardistes qui semblent surgir tout droit d’une musique de film d’épouvante. Le final de « Flies and Spiders » nous permet par la même occasion de découvrir un nouveau thème majeur de « The Desolation of Smaug » : les thèmes des elfes Legolas et Tauriel, Legolas voyant d’ailleurs son propre thème de 5 notes rapides apparaître de façon héroïque et guerrière à 7:32 avec des intervalles aux accents vaguement hispanisants proche du flamenco. Le thème héroïque de Tauriel est constitué d’une alternance de doubles croches et de notes plus longues : on l’entend clairement ici à partir de 7:51. Le royaume des elfes sylvestres possède lui aussi son propre thème entendu dans « The Woodland Realm » à 0 :36, interprété par des choeurs majestueux et des cordes sur fond de petites percussions et cymbalum. Le thème des elfes sera d’ailleurs très présent durant la longue séquence où les nains sont retenus prisonniers chez les elfes vers le milieu du film. La mélodie prendra ensuite une tournure plus romantique et apaisée dans « Feast of Starlight », soulignant habilement la romance naissante entre Tauriel et le nain Kili. L’action est aussi an rendez-vous avec un tour de force orchestral ahurissant de plus de 5 minutes, l’épique « The Forest River », l’un des meilleurs morceaux de la partition de « The Desolation of Smaug », pur moment d’anthologie pour la séquence de la traque dans les tonneaux sur la rivière. C’est l’occasion pour Shore de développer ici ses différents thèmes pour les elfes – Legolas, Tauriel et le royaume elfe – on notera d’ailleurs la façon dont le compositeur parvient à développer ces trois thèmes en les juxtaposant habilement à travers un contrepoint très dense, sans oublier des allusions brèves au thème de Thorin repris ici de façon héroïque (flagrant entre 3:29 et 3:45) ou des reprises du motif sinistre de 4 notes des orques (à 4:32).

Dans « Bard, A Man of Lake Town », on découvre le thème plus mystérieux de Bard, qui se distingue par son alternance entre mineur et majeur, un thème plus ambigu qui cherche à brouiller les pistes dans le film (est il un ami des nains ou un adversaire ?), élément entretenu aussi par l’alternance de croches rapides et de notes tenues plus longues. « Bard, A Man of Lake Town » fait d’ailleurs brillamment planer une atmosphère de doute et de mystère lors de la rencontre avec Bard dans le film. L’arrivée à Lacville est suggérée dans le film par un thème aux accents médiévaux/rustiques appréciable : on le découvre ainsi à 1:50 dans « Protector of the Common Folk » et se distingue grâce à son accompagnement en quinte à vide typiquement médiévale et sa mélodie reconnaissable à base de croches/2 doubles croches staccatos, thème repris aussi dans « Thrice Welcome ». A noter que le dirigeant de Lacville se voit accompagner d’un thème sournois de clavecin entendu ici à 0:58, suivi d’une reprise du thème de Bard à 1:30. La dernière partie du film laisse enfin l’occasion à Howard Shore de développer plusieurs thèmes et ambiances majeures du score, dont le thème de Smaug, le Love Theme entre Tauriel et Kili dans le très beau « Kingsfoil », et le thème des hobbits/Bilbon dans « The Courage of Hobbits », morceau particulier qui introduit ici une ambiance sonore originale à base de gamelans et de bols métalliques pour la première apparition de Smaug. En plus de son propre thème aisément reconnaissable vers la fin du film, Smaug se voit ainsi accompagner durant « The Courage of Hobbits » et « Inside Information » d’une série de sonorités insolites produites par un mélange de gamelans (incluant les cymbales ceng ceng, les gongs, etc.) imitant les sons traditionnels de la musique de Java ou de Bali, un élément tout à fait inattendu dans la musique de « The Desolation of Smaug ». Les sonorités métalliques/exotiques de gamelans pour Smaug sont alors reprises dans « A Liar And A Thief », « The Hunters » et « Smaug », morceau qui introduit d’ailleurs un bref motif pour le mythique Arkenstone que convoitent Thorin et les nains, entendu aux choeurs à 3:23 sur des paroles en langue Khuzdul signifiant « tu le reconnaîtras lorsque tu le verras/c’est l’Arkenstone »). A noter que le motif de l'Arkenstone apparaît déjà vers la fin de « On the Doorstep ». Le thème de Smaug domine enfin la bataille contre le dragon dans l’intense « My Armor Is Iron », autre morceau d’action majeur de la partition d’Howard Shore, épique à souhait sur les images, alternant entre le thème de Smaug et les envolées héroïques du thème de Thorin et d’Erebor (Shore va même jusqu’à utiliser une flûte dizi chinoise et la shakuhachi japonaise pour compléter les sonorités ethniques/exotiques de Smaug). La partie finale de « My Armor Is Iron » dévoile quelques mesures chorales particulièrement grandioses pour la conclusion du film, annonçant une troisième et dernière partie épique à souhait.

Le film se termine sur l’inévitable chanson du générique de fin, « I See Fire », interprétée par Ed Sheeran, mais malheureusement tout à fait dispensable et sans grand relief particulier, un fait regrettable lorsqu’on sait que les chansons finales de la trilogie « Lord of the Rings » ou même du premier film « The Hobbit » ont toujours été particulièrement soignées. Le générique de fin se conclut ensuite avec « Beyond the Forest », qui reprend les thèmes de Legolas, Tauriel et le Love Theme de Tauriel/Kili. Au final, la partition de « The Hobbit : The Desolation of Smaug » est un accomplissement musical puissant et incroyable de la part d’Howard Shore, une partition brillante qui frôle ici le génie dans sa manière de souligner l’intrigue et les personnages à travers une multitude ahurissante de thèmes et de motifs secondaires, certains n’intervenant que pour quelques scènes précises (le thème de Mirkwood, le thème de Lacville, le motif de clavecin du dirigeant de Lacville, etc.). Tour à tour épique, sombre, menaçante (la démesure de « Flies and Spiders »), inventive (les sonorités de gamelans exotiques de Smaug), poignante (le thème romantique de Tauriel et Kili), incroyablement brutale et aussi formidablement héroïque lorsqu’il le faut (l’énorme « The Forest River »), la partition de « The Desolation of Smaug » est une réussite incontestable, aussi bien dans le film que sur l’album, qui révèle tous les détails d’une partition incroyablement riche en thème, peut être même un peu trop, tant les thèmes sont nombreux et variés, le tout respectant une certaine conception opératique de la musique du film, telle qu’on pouvait alors la concevoir au début du XXe siècle avec les premières oeuvres de Saint-Saëns, Prokofiev ou Korngold. Suivant une longue tradition héritée d’un siècle de musique de film, Howard Shore élabore donc pour « The Hobbit : The Desolation of Smaug » une partition absolument remarquable de bout en bout, qui peut aisément prétendre rivaliser avec ses partitions monumentales pour la saga « Lord of the Rings », et qui rappelle encore une fois à quel point le compositeur canadien est plus que jamais le grand maître de la musique pour la terre du milieu : un must de l’année 2013, à ne rater sous aucun prétexte !




---Quentin Billard