1-Dead Divers 5.06
2-The Oceanographers 1.16
3-Panic At the Hospital 1.49
4-Stephanie Phone Call 1.35
5-The Last Dive 2.43
6-Mayor On Radio 1.01
7-Kids Swimming 0.37
8-Dead Fish 1.35
9-Blogger 3.42
10-Isopod 1.20
11-911 Call 3.55
12-At The EPA 1.43
13-Digitally Enhanced 3.59
14-Jennifer 1.27
15-Dead Man 1.20
16-Alex In The Mirror 3.23
17-Boroscopiano 1.20
18-C.D.C Montage 2.35
19-You're Not Going
Anywhere Tonight 1.33
20-Boroscope 3.36
21-Stephanie Leaving 1.37

Musique  composée par:

Marcelo Zarvos

Editeur:

Lakeshore Records LKS 343112

Album produit par:
Marcelo Zarvos
Monteur musique:
Tim Starnes
Music Clearance:
Julie Sessing
Mixage additionnel score:
Justin Moshkevich

(c) 2012 Automatik Entertainment/Hydraulx. All rights reserved.

Note: ***
THE BAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marcelo Zarvos
Avec « The Bay », le réalisateur touche-à-tout Barry Levinson s’essaie pour la première fois au genre du found footage dans la lignée de « The Blair Witch Project », « Cloverfield », « REC », « Chronicle » ou bien encore « Paranormal Activity ». Les événements terribles décrits dans le film se déroulent en juillet 2009 dans la petite ville côtière de Chesapeake Bay dans l’est du Maryland aux Etats-Unis. La ville prospère depuis plusieurs années grâce au tourisme et à l’exploitation des ressources aquatiques, jusqu’au jour où deux biologistes français découvrent que l’eau autour de la baie contient un niveau de toxicité anormalement élevé. Mais alors qu’ils tentent d’alerter le maire de Chesapeake Bay en vain, ce dernier décide de ne rien faire afin d’éviter de créer un mouvement de panique qui serait nuisible à l’image de la ville, alors en plein préparatif des festivités du 4 juillet. Peu de temps après, une infection se répand un peu partout dans la ville, contaminant une bonne partie de la population : un parasite isopode de la famille Cymothoa exigua, qui s’est développé dans l’eau polluée de la côte et a dangereusement muté, s’attaque désormais à tous les habitants de la ville, qui deviennent des hôtes victimes de cette terrible mutation d’isopodes. Alors que le CDC enquête sur les origines de cette terrifiante contamination qui décime toute la population de Chesapeake Bay, une jeune journaliste inexpérimentée, Donna Thompson (Kether Donohue), qui se trouvait en ville pour tourner un reportage sur les festivités du 4 juillet, a décidé de réaliser un documentaire vidéo sur cette contamination, en espérant que les images réussissent un jour à expliquer ce qui est arrivé à cette petite ville côtière des Etats-Unis. « The Bay » est donc un énième film de found footage tourné à la manière d’un documentaire live, caméra à l’épaule, accentuant le réalisme du récit à l’aide de rushes, d’archives vidéos, d’interviews, de films amateurs tournés sur des téléphones portables, etc. Barry Levinson connaît bien ces techniques, puisqu’il fut l’un des premiers à tourner une série TV caméra à l’épaule pour « Homicide » dès 1993. Le cinéaste bricole ici des images aux relents de documentaire vidéo amateur et raconte une terrible histoire d’une contamination biologique qui décime une ville entière, mais si le sujet n’est pas neuf (on pense aux films de contamination virale des années 90 tendance « Outbreak » de Wolfgang Petersen ou le récent « Contagion » de Steven Soderbergh), le traitement de l’histoire et la mise en scène apportent un vrai coup de neuf à une histoire prévisible dont l’issue paraît jouée d’avance, mais qui parvient malgré tout à nous plonger dans une vraie atmosphère d’angoisse, d’horreur, avec son lot de sursauts, de rebondissements gores, de scènes choc, et même de suspense brillamment suggérée (la séquence où la journaliste entend des cris au loin sans pouvoir les identifier). La tension monte crescendo tandis que le scénario joue habilement sur différents aspects de la peur pour mieux faire ressortir son message sur l’importance de protéger l’environnement.

Alors que le film s’évertue à accentuer le réalisme du récit à travers une mise en scène de type documentaire vidéo amateur, Barry Levinson décida finalement d’illustrer ses images par des compositions musicales originales, un choix qu’avaient tenus à éviter les réalisateurs de « Blair Witch Project », « Cloverfield » ou « REC ». Mais lorsqu’on sait que la musique a toujours occupé une place de choix dans les films de Barry Levinson (on se souvient de la partition inoubliable d’Hans Zimmer pour « Rain Man », des scores de Randy Newman pour « Avalon » ou « The Natural », d’Ennio Morricone pour « Disclosure », d’Elliot Goldenthal pour « Sphere », etc.), il paraissait évident que « The Bay » se verrait à son tour accompagné d’un score original, écrit cette fois-ci par le musicien brésilien Marcelo Zarvos, auteur de partitions pour des films tels que « Kissing Jessica Stein », « The Door in the Floor », « The Beaver », « The Words » ou bien encore « Hollywoodland ». Utilisée avec parcimonie dans le film, la musique de « The Bay » fait la part belle aux ambiances glauques, aux atmosphères sonores lugubres et aux montées de tension crépitantes et angoissantes. Pour parvenir à ses fins, Marcelo Zarvos utilise essentiellement l’électronique et les synthétiseurs pour créer une atmosphère sonore capable de s’immerger dans les bruitages et les sons du film, parfois même de manière quasi imperceptible, quitte à bousculer la frontière entre la musique et les bruitages (probablement dans le but de ne pas freiner le réalisme du récit). L’histoire débute d’ailleurs sur le sombre « Dead Divers », dominé par un riff de basse synthétique entêtant évoquant la menace de la contamination bactérienne, tandis que Zarvos expérimente autour des samples électro et des textures sonores synthétiques pour créer une atmosphère sonore et un sound design dense et lugubre (notamment à base de drones saturés, d’effets sonores jouant sur l’alternance stéréo gauche/droite, etc.), sur fond de tenues de cordes. Cette atmosphère de menace, on la retrouve dans « The Oceanographers », pour lequel Marcelo Zarvos expérimente à nouveau autour du sound design électro, créant ses sons lui-même (notamment avec un son inversé de piano), qui semblent se propager à la manière des terribles isopodes décrits dans le film.

La menace cède le pas à la panique dans « Panic at the Hospital » dans lequel Zarvos fait intervenir un ensemble de percussions ethniques, de cymbalum et de sound design dense pour créer la tension nécessaire à l’écran. Exit ici l’approche orchestrale habituelle, Marcelo Zarvos opte pour un style parfois minimaliste, bruitiste et expérimental, comme le rappelle « Stephanie Phone Call » et ses notes vaporeuses de piano sur fond de pads saturés et de samples métalliques. Les montées de tension horrifiques surgissent alors dans « The Last Dive », scène où des nageurs disparaissent dans l’eau, probablement attaqués par les parasites qui traînent autour des côtes. Le piano reste très présent dans « Mayor on Radio », tandis que l’horreur domine « Kids Swimming », avec une utilisation plus anarchique et aléatoire du sound design et des fameuses textures sonores saturées. Les amateurs d’atmosphères électroniques expérimentales apprécieront sans aucun doute « Dead Fish », qui souligne efficacement les ravages des isopodes dans l’eau, alors que le riff de basse synthé revient dans l’entêtant « Blogger » qui semble créer un sentiment d’urgence qui va crescendo dans le film. Zarvos va même jusqu’à imiter la présence des parasites en jouant sur les cordes d’un piano préparé dans « Isopod » (rappelons que le compositeur est un pianiste de formation et qu’il maîtrise parfaitement cet instrument). Le rythme pressant de « 911 Call » ne laisse aucun doute sur l’avenir des victimes qui tentent en vain d’alerter les secours, tandis que les sons de piano et les samples industriels/métalliques s’accentuant et se propagent dans « Jennifer » et « Dead Man », à l’instar de l’épidémie bactérienne décrite dans le film. Les percussions synthétiques/métalliques sont de la partie dans le brutal « Alex in the Mirror », qui bascule clairement dans le registre horrifique, tout comme « You’re Not Going Anywhere Tonight ».

Bilan final plutôt mitigé donc pour le score de « The Bay », car si le compositeur se montre réellement inventif dans le maniement de ses sonorités industrielles organiques, métalliques et déformées, on se lasse malheureusement très vite de cette succession de sound design uniforme et un peu trop répétitif, qui bascule bien souvent dans la facilité, et ce même si Marcelo Zarvos parvient à créer des sonorités véritablement intéressantes sur les images du film. A mi-chemin entre le bruitage et la musique, le score de « The Bay » accentue donc l’angoisse et la tension claustro du film avec une certaine dextérité, quitte à basculer dans la cacophonie et l’anarchie quand l’occasion s’en présente ou à faire quelques concessions avec un style musical plus proche des productions Remote Control de maintenant (les percussions samplées de « Alex in the Mirror » qui semblent surgir tout droit d’un score horrifique de Steve Jablonsky en mode « Texas Chainsaw Massacre » ou « The Hitcher »). Marcelo Zarvos parvient malgré tout à contourner certains clichés des musiques d’épouvante habituelles (pas de cordes stridentes ni de dissonances orchestrales ici !) mais tombe aussi dans certains travers propres à ce genre d’exercice en accentuant les sonorités cacophoniques de façon pas toujours très passionnante. Le résultat, plutôt terne et lassant en écoute isolée, s’avère être bien plus convaincant sur les images, un score fonctionnel assez bruyant et répétitif, qui devrait plutôt satisfaire les amateurs de sound design glauque et expérimental.




---Quentin Billard