Suite 1 - Valjean's Journey
1-Theme from Les Misérables/
The Bishop/Javert/The Quarry 6.09
Suite 2 - Vigau
2-Javer Suspects/Carring for Fantine/
Valjean's Confession/
The Death of Fantine/
Flight from Vigau 19.02
Suite 3 - Paris
3-Valjean and Cosette/The Wall/
Outside/Marius and Cosette/
Valjean Remembers 12.48
Suite 4 - The Barricades
4-Funeral Attack/Valjean Saves Marius/
Farewell/Javert's Suicide 11.15

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Hollywood Records
HR-62147-2

Album produit par:
Basil Poledouris, Tim Boyle,
Eric Colvin, Curtis Roush

Producteur exécutif de l'album:
Budd Carr
Producteur exécutif chez
Hollywood Records:
Mitchell Leib
Monteur superviseur de la musique:
Curtis Roush
Manager des produits pour
Hollywood Records:
Charlie D'Atri
Coordinateur de la production pour
Hollywood Records
Judy Kemper

Artwork and pictures (c) 1998 Columbia Pictures Industries, Inc./Hollywood Records. All rights reserved.

Note: ****
LES MISÉRABLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
On ne présente plus « Les Misérables », chef-d’oeuvre de la littéraire française du 19ème siècle écrit par Victor Hugo et sans aucun doute l’un des romans les plus adaptés au cinéma. Après de nombreuses versions dont les deux plus connues restent sans aucun doute celle de 1958 avec Jean Gabin et celle de Robert Hossein en 1982 avec Lino Ventura, c’est au tour du cinéaste danois Bille August, plus connu pour « Pelle Le Conquérant » (1987) ou le plus récent « Smilla's Sense of Snow » (1997), de nous offrir sa propre version du chef-d’oeuvre d’Hugo. Sortie en 1998, cette version hollywoodienne des « Misérables » n’a malheureusement pas été le succès attendu et s’est même fait massacrer par les critiques qui considérèrent que le cinéaste n'apportait rien de bien nouveau à l’ouvrage d’origine et se permettait carrément de faire de nombreuses impasses sur quelques parties du roman. L’histoire nous ramène donc dans le Paris de 1812. Jean Valjean (Liam Neeson) vient de purger une peine de 20 ans de prison pour avoir volé du pain. Libéré sur parole, il croise alors la route d’un évêque qui l’héberge chez lui. Sa rencontre avec l’évêque va changer la vie de Valjean et son point de vue sur l’humanité. Dix ans plus tard, Valjean dirige, sous une fausse identité, une petite fabrique dans la ville de Vigau qu’il dirige en tant que maire. Il mène alors une existence pacifique, apprécié de tous pour sa bonté et son sens de la justice. Hélas, son passé ressurgit soudainement avec l’apparition de l’inspecteur Javert (Geoffrey Rush), qui fut autrefois son geôlier. Bille August nous livre donc une version hollywoodienne plutôt ordinaire et sans grande saveur, avec un Liam Neeson plutôt convaincant dans le rôle de Valjean, entouré d’un casting de qualité (Geoffrey Rush, Claire Danes, Uma Thurman, Hans Matheson). Une adaptation plutôt quelconque en somme.

Un an après le succès de sa partition très acclamée pour le « Starship Troopers » de Paul Verhoeven, Basil Poledouris compose pour « Les Misérables » une très belle partition symphonique au classicisme éprouvé : lyrique, épique, romantique, sombre et enlevante, rien n'y manque. « Les Misérables » de Poledouris est la retranscription musicale quasi-parfaite de l'oeuvre originale de Victor Hugo. Annoncé dès le « Main Title », le thème principal du score, qui sera repris à l’orchestre tout au long du film, est d'une grande beauté. On y retrouve toute l’émotion unique de cette histoire : la pauvreté d'un homme qui se battra toute sa vie pour devenir quelqu'un de respectable et qui luttera pour rechercher la paix dans sa vie, un amour détruit par la maladie, etc. Le thème principal des « Misérables » est bien souvent confié à la chaleur incomparable des cordes, Poledouris n'hésitant pas à le faire intervenir dans les moments les plus dramatiques du film, le passage le plus émouvant restant sans conteste celui de la mort de Fantine (Uma Thurman), accompagnée d’une reprise particulièrement poignante du thème.

Avec « Les Misérables », on retrouve le Poledouris lyrique de « Conan The Barbarian ». Sa musique convient parfaitement au sujet raconté par Bille August. Point de synthétiseurs percutants ici ou de rythmes modernes. Le compositeur fait preuve d’une certaine finesse et relève le défi d’écrire une grande partition symphonique au lyrisme très classique d’esprit, un exercice de style très réussi à travers lequel sa musique épouse les contours du romantisme 19èmiste, avec des orchestrations extrêmement soignées et une écriture orchestrale très sophistiquée. Ainsi donc, la partition utilise toutes les ressources de l’orchestre avec une certaine maestria, faisant intervenir chaque partie de l'orchestre dans les bons moments : les cordes pour la romance avec Cosette (Claire Danes), la clarinette ou la harpe pour les moments intimes avec Valjean et Fantine, les cuivres pour les moments plus sombres avec l’inspecteur Javert, etc. Poledouris n'oublie pas non plus Javert, qu'il représente à travers un motif sombre de trois notes, suggérant la menace toujours présente autour de Valjean et de ses amis. Chaque instrument possède un rôle narratif dans le film, rattaché à une idée ou à un personnage précis. Considéré bien souvent comme l’un des grands maîtres de la musique de film américaine (malgré une filmographie assez pitoyable dans les années 90), Basil Poledouris apporte un véritable savoir-faire artistique à la musique du film de Bille August, réfléchissant ainsi sur la portée de sa musique à l’image et sur le rôle de chaque composante de sa partition - ici, les instruments et leur pouvoir évocateur à l’écran.

La musique de Poledouris oscille très vite dans le film entre du romantisme au lyrisme poignant et des passages plus sombres et inquiétants, alors que Valjean doit faire face à Javert ou lorsque Fantine est en train de mourir. Finalement, c’est un Poledouris d’inspiration plus épique qui conclura la dernière partie du film, celle du combat sur les barricades, musique évoquant la lutte désespérée pour la liberté. La musique prend alors une tournure véritablement grandiose durant la scène des barricades parisiennes, et plus particulièrement lors de la séquence du tribunal, lorsque Jean Valjean révèle à tout le monde sa véritable identité. Un second thème principal, un peu plus présent dans le film, illustre à son tour les aspects les plus dramatiques du film de Bille August. Il prend une tournure réellement poignante lorsque Valjean se décide à monter sur les barricades pour venir récupérer Marius et le ramener à Cosette, qui est amoureuse de lui. Le compositeur conclut alors le film en beauté avec la séquence très sombre du suicide de Javert et la fin de l’histoire. On ressent alors toute l'amertume et le désespoir d'un homme résigné, qui s'est juré de ne jamais enfreindre une seule loi de toute sa vie. Alors que Valjean comprend qu'il est libre et qu'il a enfin réussi à retrouver la paix dans sa vie, le compositeur rappelle brièvement le thème dramatique et conclut le film de façon plus grandiose, lorsque l’on voit Valjean marcher le long de la Seine, heureux, le visage illuminé par la joie d’une liberté salvatrice fraîchement acquise. Seul reproche que l’on pourrait formuler à l’égard de l’album : le séquençage fort douteux des pièces, empilées sur 4 longues suites symphoniques dépassant parfois les 15 minutes, ce qui rend l'écoute assez fastidieuse, un choix plutôt absurde qui nuit gravement au confort d’écoute de la musique sur CD - d’autant qu’il manque ici énormément de musique pour pouvoir restituer pleinement toute l’ampleur du travail de Poledouris sur le film de Bille August.

En écoutant la partition magnifique de Basil Poledouris pour « Les Misérables », impossible de ne pas ressentir toute la grandeur et l’émotion du roman de Victor Hugo, sa beauté à la fois lyrique, dramatique et narrative. Pour conclure, précisons que ceux qui ne connaissent que le Poledouris des scores d’action/aventure des années 80/90 devraient se jeter sur cette somptueuse partition musicale d’une rare qualité : prenez le temps de découvrir l'une des plus belles musiques qu'ait composé Basil Poledouris sur la fin de sa carrière. En un mot : magnifique !



---Quentin Billard