1-Ghost Photographs 1.02
2-Inside Your Dream 1.18
3-The Flickering Entity 1.46
4-Insidious Chapter 2 3.22
5-You Think I Did This 0.45
6-New Home 0.44
7-Empty Crib 0.31
8-Empty Home 0.50
9-Had A Bad Dream 1.23
10-Who Behind Eyes 2.01
11-Don't You Dare 2.09
12-Are You Here 2.41
13-Only Ghosts Left 1.36
14-This Is My Room 1.33
15-To Live Again 1.23
16-Mater Mortis 1.07
17-Putrid Chamber 3.24
18-Further Striking 1.14
19-Feel Real Pain 2.01
20-One of the Dead 2.24
21-The Mother 1.26
22-Good Little Girl 1.06
23-Closing Further 2.17
24-Time to Forget 1.15
25-New Haunting 1.14
26-Void Figure 7 (ch2) 2.28

Musique  composée par:

Joseph Bishara

Editeur:

Void Recordings VR04

Musique produite par:
Joseph Bishara
Assistante musique et voix:
Alisa Burket
Violons:
Daphne Chen, Eric Gorfain
Altos:
Lauren Chipman
Violoncelle:
Richard Dodd
Piano:
Saar Hendelman
Mixage score et ingé son:
Chris Spilfogel
Assistant ingé son:
Fernando Morales Franchini

(c) 2013 FilmDistrict/Stage 6 Films/Entertainment One/Blumhouse Productions/Automatik Entertainment/IM Global/Room 101. All rights reserved.

Note: ***
INSIDIOUS CHAPTER 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph Bishara
Grand succès du cinéma d’épouvante de l’année 2011, « Insidious » se voit maintenant offrir un second opus tourné par James Wan et sorti au cinéma en 2013. Le réalisateur n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’on lui doit entre autre « Saw » (2004), « Dead Silence » (2007) mais aussi le premier « Insidious » et « The Conjuring » (2013). « Insidious Chapter 2 » reprend donc là où le premier film s’arrêtait : parce qu’il s’est aventuré dans le monde des ténèbres pour y sauver son fils prisonnier d’un démon, Josh Lambet (Patrick Wilson) a ramené avec lui une présence maléfique qui recommence de nouveau à tourmenter sa famille. Tandis que la police enquête sur la mort de la médium Elise Rainier qui est venu en aide aux Lambert à plusieurs reprises, Renai (Rose Byrne) découvre que des événements étranges surviennent de nouveau dans la maison, et harcèlent encore une fois ses proches, les obligeant à s’installer chez Lorraine (Barbara Hershey), la mère de Josh. Incapables de reprendre une vie normale, les Lambert vont tâcher d’en savoir plus sur le terrible secret qui les relie au monde des esprits, soutenus par des proches d’Elise qui veulent faire toute la lumière sur cette terrible affaire : ils vont découvrir que Josh est en réalité hanté par un esprit malveillant, celui d’un tueur en série, Patrick Crane, et de sa mère qui ont multiplié les victimes il y a une trentaine d’années et qui cherchent depuis longtemps à s’emparer du corps de Josh depuis son enfance, car il possède – comme son fils Dalton – un don spécial, celui du voyage astral, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux attaques d’esprits maléfiques. « Insidious Chapter 2 » reprend donc le schéma classique du premier film et ne tente pas grand chose de nouveau. Pour James Wan, peu de prise de risque donc : le film reprend les mêmes acteurs (Patrick Wilson, toujours englué dans le même registre !), les mêmes clichés, les mêmes genres de scare jumps, d’apparitions fantomatiques éculées et de suspense prévisible, pour un climat d’angoisse plutôt intense mais fort convenu et sans réelle surprise. On regrettera même une série baisse de régime vers le milieu du film, tandis que le scénario propose quelques bons rebondissements et tente d’expliquer les secrets liés au passé de Josh. En bref, tout ce qui a déjà été fait auparavant dans le genre se retrouve ingurgité et recraché ici, James Wan utilisant tous les poncifs habituels du genre pour proposer un suspense surnaturel et paranormal avec une influence d’Hitchcock (pour la relation torturée et étrange entre le serial killer et sa mère, manifestement empruntée à « Psycho »), avec une fin malheureusement bâclée et sans queue ni tête. Au final, la franchise s’essouffle déjà dès ce second épisode et s’enlise dans les stéréotypes agaçants des séries-B horrifiques sans grande envergure.

Joseph Bishara reprend du service en livrant pour « Insidious Chapter 2 » une nouvelle composition orchestrale/électronique torturée, macabre et brumeuse. Fidèle à son goût pour l’expérimentation et les rencontres sonores insolites – mûrement réfléchies et inspirées de l’esthétique de la musique avant-gardiste du milieu du XXe siècle – Bishara reprend ainsi le matériau sonore de son premier « Insidious » et concocte pour ce chapitre 2 une partition sinistre et suffocante, à l’image de l’ambiance particulière du film. Parmi les éléments musicaux déjà familiers, on retrouve les fameux glissandi étranges et aléatoires des cordes entendus au début du premier « Insidious » et repris ici dans « Ghost Photographs », comme pour rappeler la présence d’esprits malveillants chez les Lambert. Bishara utilise plus particulièrement les cordes de l’orchestre, qu’il n’hésite pas à mixer de façon particulièrement en y ajoutant une réverbération lointaine et profonde, comme c’est notamment le cas dans le sombre « Inside Your Dream ». Dans « The Flickering Entity », Bishara évoque la présence de l’entité maléfique en mélangeant effets bruitistes des cordes (glissandi, trémolos, clusters, stridences, etc.), basse synthétique et jeu sur les cordes du piano préparé, le tout reprenant l’esthétique et les sonorités du premier score. Moins électronique que « The Conjuring » ou « Dark Skies », le score de « Insidious Chapter 2 » fait donc la part belle aux techniques avant-gardistes et expérimentales de l’orchestre symphonique, avec un penchant particulier pour le pupitre des cordes et quelques touches électroniques supplémentaires (et notamment pour le final de « The Flickering Entity », avec l’apparition choc du titre du film à grand renfort de clusters agressifs des cordes). Dans « Insidious Chapter 2 », Bishara illustre le générique de début du film avec soliste et cordes sur fond de techniques sonores sombres et étranges et de quelques éléments électroniques toujours discrets mais néanmoins présents. Evidemment, la musique plonge rapidement dans un style atonal et dissonant sans omettre pour autant l’aspect mélodique avec la présence d’une mélodie au violoncelle soliste fragmentée et timide, évoquant les tourments de la famille Lambert.

Dans « You Think I Did This », Joseph Bishara joue sur l’ambiguïté du personnage de Josh, en questionnant l’auditeur sur les réelles intentions du père de famille : est-il toujours lui-même ou bien un être possédé par l’esprit de Patrick Crane ? Encore une fois, les cordes proposent une réponse à cette question avec une série de dissonances glauques et étranges. Dans « New Home », Bishara tente d’introduire un semblant d’émotion et de mélancolie alors que les Lambert s’installent chez Lorraine afin de fuir le cauchemar qui les pourchasse depuis un moment. Le compositeur utilise ici un piano intimiste et quelques cordes pour parvenir à ses fins, le tout de façon minimaliste. Les passages d’angoisse et de terreur comme « Empty Crib » permettent à Bishara d’expérimenter encore une fois autour de l’orchestre et de l’électronique, sans jamais oublier l’aspect plus intime et émotionnel comme dans « Empty Home ». Evidemment, « I Had A Bad Dream » ramène ensuite la tension et l’horreur sur le devant de la scène avec une nouvelle série de notes brumeuses, de dissonances macabres et suffocantes. Les morceaux de terreur/suspense se suivent ainsi en se ressemblant dangereusement : « Who Behind Eyes », « Don’t You Dare », « Are You Here », « This Is My Room », « To Live Again », « Mater Mortis », etc. Bishara en profite pour déformer certaines sonorités instrumentales retravaillées et samplées par ordinateur, un travail de sound design somme toute plus discret que dans « The Conjuring » ou « Dark Skies », mais qui rejoint les expérimentations du premier « Insidious ». On notera par exemple la façon dont le compositeur joue sur les cordes du piano préparé dans « Putrid Chamber » pour renforcer l’ambiance sinistre à l’écran et la menace de l’entité maléfique qui traque les Lambert. Dans « Further Striking », le travail autour des cordes métalliques du piano et des cordes de la famille des violons s’intensifie de façon plus singulière et radicale, quitte à frôler la cacophonie pour parvenir à ses fins. Le résultat est somme toute impeccable et impressionnant à l’écran, le problème étant que l’album est assez indigeste et répétitif, un défaut récurrent dans la plupart des scores horrifiques de Joseph Bishara.

Enfin, la terreur et l’angoisse atteignent leur paroxysme dans « Feel Real Pain », l’étrange « One of the Dead » et ses grincements/glissements/trémolos suraigus des cordes, ou les violents « The Mother », « Good Little Girl » (qui utilise des voix féminines impressionnantes, comme dans « The Conjuring » ou « 11-11-11 »), tandis que « Closing Further » ramène le calme avec le retour du piano mélancolique et intime pour les retrouvailles des Lambert à la fin du film et le sauvetage de Josh. « Time to Forget » semble même résolument optimiste et apaisé avec une tonalité plus posée et des notes hésitantes et douces de piano et cordes. Seul « New Haunting » vient annoncer un troisième opus en préparation avec une ultime touche de noirceur pour les derniers instants du film, qui semble en dire long sur la suite des événements. Si vous avez aimé le travail expérimental et macabre de Joseph Bishara sur le premier « Insidious », il y a fort à parier que vous apprécierez donc la musique de « Insidious Chapter 2 », qui n’apporte absolument rien de nouveau et se contente bien souvent de recycler les formules musicales du premier film sans grande originalité, mais qui confirme malgré tout le talent de Joseph Bishara pour les atmosphères musicales horrifiques, usant de toutes les techniques instrumentales avant-gardistes et modernes pour obtenir des sons étranges et déroutants des instruments à cordes. Hélas, le score de « Insidious Chapter 2 » s’avère être un brin monotone et répétitif, moins surprenant que celui du premier film et par conséquent un peu redondant avec le précédent opus, mais parfaitement adapté aux images sombres du film de James Wan. Reste que ce score s’adresse avant tout aux inconditionnels des partitions horrifiques expérimentales proches de la musique contemporaine du XXe siècle, et que les néophytes auront certainement du mal à rentrer dans un score somme toute assez hermétique et trop particulier pour être apprécié du grand public. Pour amateurs de frissons musicaux seulement, et pour ceux qui ont adoré le film !




---Quentin Billard