1-Main Title (Chucky Theme) 2.23
2-Special Delivery 1.19
3-Screams in the Night/
Quite Enough Pity 2.50
4-Kitchen Prep/Round Table 2.17
5-Too Much Oregano 3.30
6-Suddenly Seeking Chucky 4.23
7-Up Elevator/Coming/
Can't Feel A Thing 2.41
8-Only A Storm/You
Fucking Should Be 2.02
9-Unsolved 4.52
10-No Time For Games 2.25
11-Sunflowers in the Attic 4.46
12-The Curse 1.28
13-Slo-Mo Escape 1.22
14-Silenced 4.48
15-Some Assembly Required/
The Haunted 5.35
16-Fiend of the Family/
Last One Standing 5.32
17-Framed 1.49
18-Under His Spell 2.05
19-Curse of Chucky End Titles 12.18

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

Back Lot Music
download only

Score produit par:
Joseph LoDuca
Monteur musique:
Scott Francisco
Mixage musique:
Scott Davidson

Artwork and pictures (c) 2013 Universal 1440 Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
CURSE OF CHUCKY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
Très critiquée par les fans depuis les épisodes 4 et 5, la franchise « Chucky » a pris une mauvaise tournure depuis que les concepteurs de cette série de films d’épouvante ont décidé d’apporter un humour noir parodique aux longs-métrages mettant en scène la célèbre poupée tueuse. Effectivement, ni « Bride of Chucky » ni le délirant « Seed of Chucky » n’ont réussi à rehausser le niveau d’une franchise inégale et frustrante, parsemé de hauts et de bas. C’est pourquoi les producteurs de la saga décidèrent de relancer la franchise avec un reboot, puis un remake, avant qu’il soit finalement décidé de tourner pour le sixième opus un film censé être un retour aux sources de la saga, réalisé par Don Mancini, scénariste de tous les films de la franchise et auteur du cinquième opus, « Seed of Chucky ». Et c’est ainsi que « Curse of Chucky » (La Malédiction de Chucky) se propose de revenir sur les origines de la poupée tueuse et de son alter-ego, Charles Lee Ray (Brad Dourif), abandonnant pour l’occasion l’humour parodique des précédents films pour renouer avec le style sombre et angoissant des premiers films (enfin, s’exclameront les fans !). Le film raconte l’histoire de Nica (Fiona Dourif), une jeune femme qui vit en fauteuil roulant depuis sa naissance, et qui vit seule avec sa mère dans un grand manoir. Un jour, la mère de Nica reçoit dans un colis l’étrange poupée Chucky, sans connaître l’origine du destinataire. Peu de temps après, la mère de Nica est retrouvée morte dans une grande mare de sang. C’est alors que la famille de Nica arrive pour passer le week-end avec elle afin d’assister à l’enterrement. La petite Alice (Summer H. Howell) découvre alors la poupée et passe son temps à jouer avec elle, tandis que ses parents Barb (Danielle Bisutti), la soeur de Nica, et son mari Ian (Brennan Elliott), sont au bord de la séparation alors que Ian découvre que sa femme le trompe avec Jill (Maitland McConnell), la baby-sitter, après avoir caché une caméra miniature dans la poupée Chucky. La nuit qui commence sera la plus terrifiante et la plus éprouvante de toute leur vie, alors que Chucky commence à dévoiler son vrai visage et multiplie les meurtres et les actes malveillants, avec un objectif secret : se venger une bonne fois pour toute de la famille de Nica, suite à une vieille rancoeur qui date d’il y a 25 ans. « Curse of Chucky » a beau être un direct-to-video sorti discrètement en 2013, le film a rencontré un certain succès en DVD notamment grâce à son ton horrifique résolument sombre et à son atmosphère macabre digne des meilleurs films de maison hantée, et sans réel humour noir. Le long-métrage de Don Mancini offre donc son lot de gore, de suspense et de scare jumps avec quelques rebondissements sympathiques et quelques pirouettes scénaristiques bien pensés, qui permettent de mieux comprendre les circonstances qui ont entraîné la mort de Charles Lee Ray et son transfert dans la poupée Chucky il y a plus de 25 ans, vu au début du premier film de Tom Holland en 1988. Le réalisateur s’attarde ainsi à reconnecter « Curse of Chucky » avec les scénarios des premiers films de la saga, notamment lorsqu’il est question à plusieurs reprises d’Andy Barclay, le jeune enfant que Chucky traqua et terrorisa dans les trois premiers films (une petite surprise attend d’ailleurs les spectateurs dans la traditionnelle séquence post-générique !). Certes, sans être le meilleur film de la saga, « Curse of Chucky » s’avère être malgré tout une bonne surprise, notamment grâce à un scénario qui tient la route et à une atmosphère sinistre et radicale, assumée de bout en bout.

Si la saga a vu les compositeurs défiler d’un film à un autre hormis Graeme Revell qui composa les musiques de « Child’s Play 2 » et de « Bride of Chucky », ce sixième opus est mis cette fois-ci en musique par Joseph LoDuca, un spécialiste des musiques de séries-B d’épouvante, lui qui se fit d’ailleurs connaître au début des années 80 grâce à ses partitions terrifiantes pour la trilogie « Evil Dead » de Sam Raimi. Le travail de LoDuca sur « Curse of Chucky » est de loin l’un des meilleurs atouts du film de Don Mancini, le compositeur ayant ainsi la bonne idée de reprendre des sonorités familières qui rappellent les travaux de Joe Renzetti ou Graeme Revell sur les deux premiers films. LoDuca compose ainsi un thème mélodique facilement reconnaissable pour Chucky, une mélodie de boîte à musique faussement innocente et sournoise, illustrant clairement le caractère maléfique de la poupée tueuse. Ce « Chucky Theme » est entendu dès les premières minutes du générique de début du film (« Main Title »), faisant la part belle aux notes de boîte à musique synthétique, avec un accompagnement électronique plutôt sombre et rythmé. L’excellent thème de Chucky sera au coeur même de la partition, LoDuca en profitant pour dévoiler dès son « Main Title » une certaine inventivité rafraîchissante dans le choix des sons : vibraphone, boîte à musique, harpe, claviers, cymbalum, etc. Si le recours aux samples semblait inévitable pour des questions de budget, le tout est effectué avec un savoir-faire évident, LoDuca évitant l’aspect cheap en ayant recours à des samples orchestraux de qualité (notamment pour les cordes et la harpe). Dans « Special Delivery », le compositeur nous plonge dans une atmosphère mystérieuse avec ses nappes de cordes synthétiques, ses arpèges de harpe et ses notes vaporeuses de piano et même de guitare électrique, suggérant l’arrivée de la poupée chez Nica et sa mère.

Dans « Screams in the Night/Quite Enough Pity », LoDuca élabore un canevas sonore plus lugubre et macabre à base de cordes dissonantes et chaotiques, respectant la tradition des effets instrumentaux avant-gardistes des cordes hérités des techniques de la musique contemporaine du XXe siècle. La musique hésite ici entre mystère et angoisse de façon remarquable, le choix des sonorités synthétiques conservant une inventivité typique de Joseph LoDuca, avec quelques brefs rappels du « Chucky Theme ». Dans « Kitchen Prep/Round Table », la tension monte d’un cran avec des loops électro, du sound design et des samples synthétiques plus grinçants et mystérieux. On retrouve ici le deuxième thème du score, un thème constitué de deux accords mystérieux déjà introduits dès les premières secondes de « Special Delivery », et très présent durant la première partie du film. Il est repris à partir de 0:41 dans « Kitchen Prep/Round Table », tandis que LoDuca introduit ici quelques pizzicati faussement bondissants et un mélange de sonorités cristallines diverses traduisant l’aspect faussement innocent de la poupée. On découvre aussi un thème de piano plus mélancolique et solitaire pour Nica, entendu dès 0:12 au piano dans « Special Delivery ». Seule ombre au tableau : le mélange des sons est parfois un peu trop dense et assez fourre-tout, un problème récurrent tout au long du score : inventivité des sons, certes, mais une juxtaposition parfois un peu brouillonne, là où une quantité plus limitée de sons aurait été sans doute plus judicieuse et tout aussi efficace. Qu’à cela ne tienne, les cordes prennent un aspect plus ‘tranchant’ dans « Too Much Oregano » pour la séquence du repas qui tourne mal, la musique restant dominée par un travail de sound design assez dense, quelques samples orchestraux (notamment aux cordes et aux cuivres), et des rappels du thème de Chucky au glockenspiel, sans oublier le final terrifiant et strident de « Too Much Oregano » pour la mort du prêtre dans l’accident de voiture. « Suddenly Seeking Chucky » dévoile alors l’aspect plus angoissant du score avec un mélange judicieux de chuchotements féminins et d’effets étranges de cordes. La musique verse clairement ici dans l’expérimental pur, notamment lors d’un scare jump efficace dans lequel LoDuca n’hésite pas à torturer ses masses sonores pour les rendre quasi non identifiables à l’écran.

Le recours aux synthétiseurs renforce d’ailleurs l’aspect années 80 de la partition, que l’on croirait tout droit sortie d’un film d’horreur des eighties, où il était fréquent d’avoir recours à des musiques électroniques pour suggérer l’angoisse et la terreur à l’écran. LoDuca reprend ensuite le thème de boîte à musique de Chucky dans « Up Elevator/Coming/Can’t Feel a Thing » qui mélange mystère, tension et suspense de façon plus atmosphérique et dense. On appréciera le recours aux loops électro plus rythmés dans « Unsolved » et l’utilisation étrange de samples de percussions diverses, de guitare électrique, de cymbalum, boîte à musique, cordes stridentes et même d’un piano légèrement désaccordé. Ici aussi, l’inventivité du compositeur dans le traitement des sons est assez rafraîchissante, se rapprochant par moment des expérimentations de John Ottman ou Christian Henson. La terreur instaurée par les premières attaques sanguinaires de Chucky dans le film permettent à LoDuca de mettre les bouchées doubles dans « Unsolved » en concluant le morceau sur un premier assaut musical incroyablement brutal et complexe. Dès lors, la partition rentre sans équivoque dans les méandres des déchaînements surexcités et violents, comme c’est le cas pour « Sunflowers in the Attic » ou « Slo-Mo Escape », sans oublier les nombreux rappels du thème principal et même un recours réussi à des rythmes électro réussis dans « The Curse ». Les musiques sont en plus suffisamment longues pour pouvoir permettre à Joseph LoDuca d’expérimenter pleinement autour du sound design et du traitement des samples instrumentaux en tout genre, comme c’est le cas durant les 5 minutes chaotiques et terrifiantes de « Some Assembly Required/The Haunted », qui plonge l’auditeur/spectateur dans une atmosphère de cauchemar assez violente, comme dans « Framed » et « Under His Spell ».

A noter pour finir que LoDuca résume l’essentiel de sa partition électronique dans « Curse of Chuck End Titles », 12 minutes synthétisant les principaux éléments thématiques du score – le thème de Nica au piano, le thème de Chucky de boîte à musique, le thème mystérieux gothique à l’orgue et aux choeurs dès 9:27 – et les idées majeures de la partition. Si vous appréciez donc les scores horrifiques habituels de Joseph LoDuca pour le cinéma ou la télévision, vous serez probablement convaincu par son travail sur « Curse of Chucky », qui, à défaut d’offrir quoique ce soit de nouveau au genre, rappelle à quel point Joseph LoDuca est quand même un compositeur à part dans le cinéma hollywoodien, inventif et toujours enclin aux expérimentations musicales les plus singulières, en dépit d’un aspect fourre-tout bordélique et assez maladroit. Un bon score horrifique, à découvrir dans cette sixième aventure de la célèbre poupée tueuse en série.




---Quentin Billard