1-The Ecstasy 1.39
2-Morning 1.04
3-The Bust 1.51
4-Minimum Sentence 2.05
5-Jail Talk 3.28
6-Looking for a Con 1.14
7-Dan's Breakfast 2.42
8-House Fight 2.06
9-Cartel Move 9.51
10-Driving Back 0.48
11-Baseball Move 9.19
12-John to Jail 2.47
13-Malik 3.39
14-For the Money 2.55
15-The Farm 5.05
16-Truck Fight 4.33
17-Poetic 2.34
18-Snitch 4.21
19-Guitarra 1.05

Musique  composée par:

Antonio Pinto

Editeur:

Lakeshore Records LKS 343202

Score produit par:
Antonio Pinto
Producteur exécutif musique:
Marilia Franco
Assistant d'Antonio Pinto:
Samuel Ferrari
Orchestrations:
Antonio Pinto, Ed Cortes,
Samuel Ferrari

Mix stéréo:
Fabio Menna
Monteur musique:
Robin Whittaker
Superviseurs musique:
Laura Katz, Andy Ross
Producteurs exécutifs musique:
Nigel Sinclair, Philip Moross
Producteurs exécutifs pour
Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig

(c)(p) 2013 Lakeshore Records LLC. All rights reserved.

Note: **1/2
SNITCH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Antonio Pinto
Inspiré de faits réels, « Snitch » (Infiltré) est un drame hollywoodien dont l’intérêt se situe essentiellement dans son récit réaliste et sans aucun artifice. Troisième long-métrage de Ric Roman Waugh (ancien cascadeur sur des grands blockbusters tels que « Lethal Weapon 2 », « The Crow » ou « Total Recall ») sorti au cinéma en 2013, « Snitch » s’inspire donc d’une histoire vraie et offre à Dwayne ‘The Rock’ Johnson un rôle sérieux et solide, bien loin de ses divertissements pop-corn musclés qu’il nous balance à longueur de journée (« G.I. Joe 2 », « Fast & Furious 5 », « Faster », etc.). Dans « Snitch », on suit le récit de John Matthews (Dwayne Johnson), un riche homme d’affaires qui gère une entreprise de transport routier et qui mène une vie paisible et ordinaire, jusqu’au jour où son fils de 18 ans, Jason, est arrêté par la police et condamné à 10 ans de prison pour avoir été retrouvé en possession d’un paquet de drogue envoyé par l’un de ses amis. Jason ignorait le contenu du paquet et c’est la première fois qu’il a des ennuis avec la drogue. Refusant de balancer son copain, Jason sait qu’il encoure de 10 à 30 ans de prison ferme (peines plus sévères depuis que les lois fédérales ont été durcies en matière de lutte contre la drogue aux Etats-Unis). Bouleversé par le sort de son fils, John décide de rencontrer le procureur, l’ambitieuse Joanne Keeghan (Susan Sarandon), et décide de passer un accord avec elle : il se propose d’infiltrer un redoutable cartel de trafiquant de drogue afin de faire tomber les têtes dirigeantes en échange d’une réduction de peine pour son fils. Avec la complicité d’un de ses employés, Daniel James (Jon Bernthal), ex-taulard qui aspire à une vie plus sereine pour sa femme et son jeune garçon, John réussit à obtenir un contact auprès d’un important dealer, Malik (Michael K. Williams), qui lui propose un premier contrat bien rémunéré, et ainsi de suite. Daniel ignore que John est un informateur qui travaille avec la police, mais alors que l’infiltration s’intensifie, John réussit à rentrer en contact avec un puissant baron de la drogue mexicain, Juan Carlos « El Topo » Pintera (Benjamin Bratt). La procureur Keeghan et l’agent Cooper (Barry Pepper) chargé de l’opération savent que si John réussit à les amener jusqu’à El Topo, ils auront une chance unique et rare de mettre fin à l’un des plus importants cartels de la drogue mexicain. Mais pour John, les choses se compliquent lorsqu’il comprend que sa vie et celle de ses proches est plus que jamais en danger.

Derrière ses allures de série-B d’action musclée que nous présentait le trailer du film, « Snitch » crée la surprise en détournant le schéma classique du héros qui part en guerre contre les méchants trafiquants de drogue, car cette fois-ci, le personnage principal est un père de famille ordinaire et vulnérable qui va prendre des risques insensés pour tenter de faire libérer son fils de prison. Derrière ce postulat réaliste, le cinéaste Ric Roman Waugh élabore un suspense haletant en explorant les mécanismes complexes des opérations d’infiltration, sauf que cette fois-ci, l’informateur infiltré n’est pas un policier mais un civil. Ainsi, ceux qui s’attendent à une avalanche de cascades, de fusillades et de courses poursuites risquent fort d’être déçus, car hormis les 15 dernières minutes plutôt mouvementées et spectaculaires (cf. l’ahurissante poursuite sur l’autoroute avec le camion de John), « Snitch » n’a rien d’un blockbuster d’action ordinaire mais s’avère être plutôt un drame évoquant des thèmes divers comme le sacrifice d’un père, l’amour familial, mais aussi les incohérences d’un système légal américain qui – pour reprendre une phrase citée au tout début du générique de fin du film – inflige une peine beaucoup plus sévère à un individu arrêté pour la première fois avec de la drogue qu’à des criminels condamnés pour viol ou meurtre. Le long-métrage de Ric Roman Waugh a quand même la bonne idée de ne pas porter de jugement précis sur cet aspect juridique mais se concentre plutôt sur l’opération d’infiltration extrêmement risquée que mène John Matthews en échange de la libération de son fils, avec son lot de tension et de suspense propre à ce genre de film (on pense par exemple à des films au sujet similaire tels que « Donnie Brasco », « The Departed » ou bien encore « In Too Deep »). Filmé sans grand éclat mais avec une interprétation solide et un bon sens du rythme, « Snitch » tient ses promesses jusqu’au bout, le film ayant d’ailleurs rencontré un bon succès à sa sortie en salles en 2013.

La musique du compositeur brésilien Antonio Pinto ne fait certainement pas partie des oeuvres les plus mémorables du musicien. L’auteur de partitions telles que « Lord of War », « City of God » ou « Perfect Strange » suit ainsi les desideratas du réalisateur qui souhaitait avant tout aborder « Snitch » comme un drame avant d’être un film d’action. Pour se faire, point d’envolées orchestrales ou de percussions tonitruantes : Antonio Pinto prend le contre-pied du style musical musclé habituel sur ce type de film et opte pour une approche plus personnelle à base de guitares acoustiques/électriques, basse, percussions/batteries, claviers, cordes, solistes (trombone, violoncelle, violon, rebec, etc.) et synthétiseurs. Dans une note du livret de l’album, le réalisateur décrit la musique d’Antonio Pinto comme « un organisme vivant et respirant » qui permet aux personnages de rentrer dans l’univers de cette histoire vraie. C’est cette dimension organique qui fait la particularité de la musique de « Snitch », Pinto ayant la bonne idée d’éviter l’axe symphonique habituel en optant pour des sons plus particuliers, comme il le confirme dès « The Ecstasy » ou « Morning » et ses sons électroniques et ses claviers assez étranges. Expérimentant autour des sons, Pinto se montre inventif dans le sound design de « The Bust » où il fait monter la tension à l’aide de loops électro et de sons crées à partir d’instruments à cordes divers – incluant violon, violoncelle ou cordes de piano – Manipulant les sons à loisir (fréquences modifiées, sons inversés, jeu sur la stéréo, sons filtrés, voix samplée, etc.), Antonio Pinto crée une ambiance particulière dès le début du film, avec une inventivité et un minimalisme qui rappelle parfois les musiques de Thomas Newman. Un morceau comme « Minimum Sentence » parvient à créer une tension dramatique à l’écran à l’aide de loops électro divers et de sons disparates agencés intelligemment, avec un ton toujours très moderne et minimaliste dans l’approche. Idem pour « Jail Talk », qui évoque avec émotion les quelques mots échangés entre John et son fils Jason en prison. Ici aussi, le compositeur suggère avec retenue les sentiments du père et du fils sans jamais en faire de trop, avec quelques cordes mélancoliques et amères. A contrario, « Looking for a Con » suggère la détermination de John qui va tout mettre en oeuvre pour faire libérer son fils de prison. L’aspect organique de la partition est une fois de plus largement relayé par la manipulation des sons instrumentaux modifiés, filtrés et agencés de façon particulière (bien que sans réelle surprise).

On regrette simplement l’absence d’un thème fédérateur qui aurait davantage permis à la musique d’avoir une accroche émotionnelle plus intense à l’écran, le score restant plutôt atmosphérique et assez répétitif et décevant en écoute isolée. C’est le cas pour « Dan’s Breakfast » ou le très long et interminable « Cartel Move », qui maintient une certaine tension et une ambiance de menace pendant plus de 9 minutes, mais sans aucune originalité particulière ni élément vraiment mémorable, hormis l’utilisation intéressante des instruments solistes à cordes. Même les passages d’action comme « House Fight » ou « Truck Fight » ne permettent pas à la composition d’Antonio Pinto de décoller vraiment, un fait d’autant plus regrettable que les bonnes idées du début ne se concrétisent jamais vraiment, la faute à un caractère répétitif et un manque d’ambition thématique réelle. Les morceaux se succèdent ainsi en se ressemblant dangereusement, tandis que le caractère atmosphérique de la musique déçoit plus qu’autre chose, parvenant difficilement à maintenir un certain intérêt en dehors des images (c’est le cas pour les très longs et insipides « Baseball Move » ou « The Farm »). Il y a évidemment quelques passages plus contemplatifs et émouvants comme le poignant « Poetic » et son étrange voix ethnique filtrée, ou « Snitch » et son mélange de guitares et violons évoquant les musiques de Gustavo Santaolalla, qui reprend au passage le thème introduit dans « The Ecstasy », mais rien qui permette vraiment de retenir notre attention. Au final, le score de « Snitch » fait donc partie de cette catégorie de musique de film indissociable des images, apportant une ambiance particulière au récit mais particulièrement décevant en écoute isolée, notamment à cause de son caractère répétitif, morne et son sound design omniprésent et assez lassant.





---Quentin Billard