1-Bendwater High Security Prison 2.43
2-Escaping Bendwater 3.30
3-One Last Job 3.13
4-Enter the Tomb 2.31
5-Meeting Rottmeyer 3.47
6-The Favour Man 3.22
7-Where Is Here? 4.06
8-Breaking Out Of The Box 6.14
9-Breaking Breslin 3.32
10-Plan B: Introducing Javed 6.07
11-Striking A Deal With Hobbs 5.05
12-The Riot 5.05
13-Goodbye Javed 4.10
14-The Escape & Finale 10.13
15-Escape Plan Theme (Remix) 2.10
16-Escape Plan Theme
(Amon Tobin Remix) 2.25

Musique  composée par:

Alex Heffes

Editeur:

Universal UK

Score produit par:
Alex Heffes
Monteur musique:
Joseph Bonn, Nigel Scott
Score mixé par:
James T. Hill
Supervision musique:
Season Kent
Orchestrations:
Dave Metzger, John Ashton Thomas
Orchestrations additionnelles:
Tommy Laurence
Arrangement et programmation
additionnelles:
T.J. Lindgren
Coordinateur musique:
Hilary Skewes
Assistant musique:
Roger Suen

Artwork and pictures (c) 2013 Summit Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
ESCAPE PLAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alex Heffes
Depuis le succès de « Expendables » en 2010 et sa suite sortie en 2012, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger – les stars monumentales du film d’action made in 80’s – ont cessé d’être en concurrence et sont désormais les meilleurs amis du monde. C’est en tout cas ce que semble confirmer leur duo très attendu sur « Escape Plan » (Evasion), thriller d’action réalisé par le suédois Mikael Håfström, honnête artisan hollywoodien auteur de quelques séries-B ordinaires (« 1408 », « Derailed », « Shanghai », « The Rite ») et sorti au cinéma en 2013. Le film raconte les mésaventures de Ray Breslin (Stallone), un spécialiste des évasions de centres pénitenciers qui travaille pour le compte de la société Breslin-Clark à Los Angeles, dont l’objectif consiste à tester la fiabilité des prisons de haute sécurité. Pour cela, il se fait passer pour un détenu en créant une fausse identité et se fait ensuite emprisonner afin de pouvoir trouver les failles pour réussir à s’enfuir. C’est un métier très particulier, mais tout allait pour le mieux pour Ray Breslin jusqu’à ce que son patron, Lester Clark (Vincent D’Onofrio) lui confie une nouvelle mission : tester un tout nouveau modèle de prison à haute sécurité ultra moderne et qualifiée d’inviolable. Breslin accepte le job mais comprend très vite qu’on lui a tendu un piège : il est finalement retenu prisonnier dans une prison high-tech et ultra secrète construite à partir de rapports écrits par Breslin lui-même suite à ses précédentes évasions. Bien décidé à trouver qui l’a piégé dans cette prison, Breslin va s’allier avec un autre détenu, Emil Rottmayer (Schwarzenegger), qui cache un secret, et obtiendra les services d’un autre détenu, Javed (Faran Tahir) et ceux du médecin de la prison, le Dr. Emil Kaikev (Sam Neill) pour mettre au point un plan d’évasion ambitieux tout en affrontant les gardes du tyrannique patron de la prison, Willard Hobbes (Jim Caviezel). Avec un scénario plutôt malin alignant les scènes d’action spectaculaires, les touches d’humour et les rebondissements, « Escape Plan » est un hommage évident au cinéma d’action des années 80, avec ses glorieuses stars de l’époque (Stallone et Schwarzenegger) et quelques bons seconds rôles (Jim Caviezel est excellent dans le rôle de l’irascible chef de prison totalement insensible), sans oublier ses scènes d’action parfaitement calibrées et conçues pour valoriser ses deux stars qui, à plus de 65 ans, continuent de prouver qu’ils en ont encore sous le pied. Quand à Schwarzenegger, c’est la troisième fois qu’il tourne avec Stallone depuis « Expendables » en 2010, et c’est avec un certain plaisir que l’on retrouve l’acteur dans un rôle plus conséquent qui dépasse les traditionnelles punchlines façon « I’ll be back ! » et laisse de côté son autodérision caricaturale habituelle qui avait tendance à plomber son personnage dans les deux « Expendables ». Malgré un succès très relatif au box-office U.S., « Escape Plan » reste un film d’action solide qui déterre par la même occasion le genre du film carcéral, plutôt à la mode entre les années 70 et 90, et rappelle par la même occasion un ancien film de Stallone, « Lock Up » (1989), qui se déroulait déjà dans une ambiance assez similaire (les deux films ayant en commun d’avoir été nominé aux Razzie Awards dans la catégorie pire acteur pour Stallone !). A réserver aux fans des films d’action 80’s !

Après « The Rite » en 2011, le compositeur anglais Alex Heffes retrouve à nouveau Mikael Håfström sur « Escape Plan » pour lequel le musicien se voit offrir l’occasion d’écrire une grande partition d’action à l’ancienne, mélangeant orchestre symphonique et rythmes électroniques façon scores d’action des années 90 (tendance Media Ventures). Le compositeur attitré du cinéaste Kevin Macdonald (« One Day in September », « Touching the Void », « The Last King of Scotland », « My Enemy’s Enemy », « State of Play ») apporte un rythme et une énergie impressionnante au film d’Håfström. Cela est du en partie au mixage relativement généreux de la musique dans le film, très présente et typique des musiques d’action actuelles qui reviennent au synthético-orchestral des années 90. C’est ce que suggère « Bendwater High Security Prison » qui débute sur une série de loops électro ordinaires et impersonnels sur fond de cordes et de vents. A noter l’apparition d’un élément-clé du score : une guitare électrique associée au personnage de Ray Breslin dans le film, élément qui reviendra à plusieurs reprises dans le film, et notamment dans « One Last Job », qui dévoile le thème de Ray de manière sporadique à 1:17 – on le reconnaît grâce à sa cellule de 2 notes ascendantes et reprises plusieurs fois – Le Ray’s Theme est intégralement dévoilé dans « Escaping Bendwater » à 2:23, reconnaissable avec sa guitare électrique sur fond de cordes et de rythmes électro modernes, suggérant la détermination cool du personnage de Stallone. Le deuxième thème est entendu dans « Enter the Tomb », motif associé à la prison et au plan d’évasion de Breslin. Ce « Escape Plan Theme » est au coeur même de la partition du score d’Alex Heffes, cohabitant ainsi avec le thème de Ray tout au long de l’intrigue. Peu perceptible à la première écoute, le thème de l’évasion est pourtant bien présent, reconnaissable grâce à son motif répétitif de cordes staccatos et sa tension perceptible, notamment à travers des orchestrations plus généreuses dans « Enter the Tomb », révélant le savoir-faire orchestral du compositeur qui peut enfin s’exprimer de façon plus perceptible une fois mis de côté les inévitables loops électro et les percussions issues des banques de sons de chez Remote Control, et que tout le monde balance à tout bout de champ de manière interchangeable dans n’importe quel film d’action, d’où le lien évident avec l’écurie d’Hans Zimmer et les sons Media Ventures des années 90.

Pourtant, loin d’être un énième ersatz ou imitateur de Zimmer et co., Alex Heffes a suffisamment de talent pour réussir à se démarquer des schémas musicaux habituels qu’on lui demande d’imiter à son tour sur « Escape Plan ». Si la partie électronique déçoit donc par son côté impersonnel et complètement prévisible, c’est l’axe symphonique qui attire ici notre attention, Heffes utilise toutes les ressources et couleurs de l’orchestre de manière claire, sans jamais omettre les bois – habituels absents des musiques d’action à la Remote Control – C’est ce que rappelle par exemple « Meeting Rottmeyer » et son envolée orchestrale saisissante traduisant l’immensité de la prison où sont enfermés Breslin et Rottmeyer. Le morceau est parsemé d’effets sonores électroniques renforçant le caractère high-tech et futuriste de la prison, tout en accentuant le danger et la tension à l’écran. C’est aussi le cas dans « The Favour Man » où l’on retrouve des allusions au thème de l’évasion (notamment aux violoncelles dès 1:37) alors qu’Alex Heffes n’hésite pas à basculer dans le suspense glauque et les dissonances avec le chaotique « Where is Here ? » et ses rythmes percussifs musclés sur fond de cuivres robustes et d’ostinato rythmique de guitare électrique. Niveau orchestrations, Heffes s’impose aussi grâce à son emploi des bois très réussi (glissandi rapides de piccolo par exemple, clarinette, flûte, etc.), là où bon nombre de jeunes compositeurs actuels se seraient limités au schéma orchestral habituel cordes/cuivres/percussions. Rien de bien original pour autant, mais comparé à bon nombre de scores d’action actuels, bien souvent décevants musicalement, cela fait quand même plaisir à entendre ! Et si vous voulez de l’action, vous serez servi avec les 6 minutes intenses de « Breaking Out of the Box », traduisant la tension de l’évasion ambitieuse de la boîte dans laquelle Breslin est enfermé. Dommage que l’utilisation des loops électro et de la guitare électrique s’avère bien souvent inutile, renforçant la sensation qu’Heffes s’est vu contraint par la production d’ajouter une partie électronique sur un ensemble orchestral plutôt maîtrisé et largement suffisant en soi.

On remarque ici l’inventivité dans l’utilisation assez variée des percussions, qui alternent entre acoustique et électronique avec une efficacité indiscutable, même si l’ensemble reste toujours peu original et très prévisible en soi. En revanche, difficile de ne pas se laisser entraîner par les puissantes montées de tension orchestrales et les rebondissements rythmiques de « Breaking Out of the Box » (notamment vers 3:43 aux cuivres) qui permettent de maintenir l’attention de l’auditeur, malgré le caractère assez impersonnel de certains passages. « Breaking Breslin » tente d’apporter un semblant d’émotion avec un passage bref pour cordes alors que Rottmeyer convainc Breslin de ne pas abandonner malgré les mauvais traitements qu’il endure – on retrouve ici le thème de Ray dans une variante pour clavier plus intimiste et mélancolique – Autre atout du score : la durée conséquente des morceaux, qui varient bien souvent entre 5 et 6 minutes, permettant à la musique d’exprimer pleinement son potentiel et ses ambiances. Dans « Plan B – Introducing Javed », on découvre même un troisième motif qui apparaît au hautbois à 2:27, et dont les sonorités vaguement orientales rappellent les origines du détenu musulman Javed. On retrouvera d’ailleurs une dernière fois ce thème dans le dramatique « Goodbye Javed », illustrant avec brio et emphase le sacrifice du prisonnier à la fin du film. L’action est à son comble dans « The Riot », « Goodbye Javed » et les 10 minutes spectaculaires et cuivrées de « The Escape & Finale », redoutable climax d’action final de « Escape Plan ». Alex Heffes va donc là où on l’attend sur le film de Mikael Håfström mais réussit son pari en signant une partition d’action synthético-orchestrale assez imposante et musclée, maîtrisée dans ses orchestrations largement généreuses mais aussi impersonnelle à cause de l’emploi bateau des sonorités/rythmes électroniques habituels. Si vous aimez les musiques d’action énergiques et thématiques bien écrites et modernes dans leurs rythmes, il ne fait nul doute que vous ne serez guère insensible à l’énergie véhiculée par la partition d’Alex Heffes dans « Escape Plan », peu originale, certes, mais qui a au moins le mérite d’être techniquement impressionnante et maîtrisée.




---Quentin Billard