1-R.I.P.D. 0.59
2-The Ascent 2.14
3-Elevator Chase 2.00
4-Orientation 2.25
5-Evidence Room 1.26
6-Partners 1.00
7-Nick's Funeral 1.47
8-A Closer Look 2.05
9-Nawiki 2.00
10-A Powerful Artifact 2.00
11-First Vortex 0.40
12-Fat Elvis 1.10
13-Raining Cars 2.19
14-Hunting Hayes 1.23
15-Track Ghost 1.38
16-High Noon 1.15
17-Half Spheres 1.21
18-House Wrecked 1.16
19-Icy Hot Partner 1.11
20-Mano a Mano 1.43
21-Goodbye 1.53
22-Roy's Hat 1.15
23-The Better Man 4.15*

*Musique de Jeff Bridges,
T-Bone Burnett
Paroles de Jeff Bridges,
T-Bone Burnett, Phil Hay,
Matt Manfredi, Robert Schwentke
Interprété par Jeff Bridges
Produit par T-Bone Burnett.

Musique  composée par:

Christophe Beck

Editeur:

Back Lot Music
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Score produit par:
Christophe Beck
Orchestrations:
John Ashton Thomas
Monteur musique:
Matt Fausak
Supervision montage:
Jennifer Nash
Mixage scoring:
Casey Stone
Coordinateurs score:
Leo Birenberg, Zach Robinson
Assistant mix score:
Phil McGowan
Musique additionnelle de:
Jake Monaco

Artwork and pictures (c) 2013 Universal Pictures/Original Film. All rights reserved.

Note: ***
R.I.P.D.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christophe Beck
On se demande parfois ce qui se passe dans la tête des cinéastes et producteurs hollywoodiens. C’est en tout cas la réflexion que beaucoup se sont fait en regardant « R.I.P.D. » (RIPD : Brigade Fantôme), film d’aventure/comédie de science-fiction de Robert Schwentke adapté du comic book de Peter M. Lenkov, sorti au cinéma en 2013. Annoncé comme un concurrent aux franchises indétrônables « Ghostbusters » (dont on annonce un troisième épisode toujours en préparation) et « Men in Black », « R.I.P.D. » peut ainsi se targuer d’être régulièrement qualifié de pire adaptation cinématographique d’un comic book américain, depuis le catastrophique « Jonah Hex » (2010). L’histoire totalement improbable de ce navet à gros budget suit les péripéties de l’inspecteur de police de Boston Nick Walker (Ryan Reynolds), qui, avec son collègue le lieutenant Bobby Hayes (Kevin Bacon), découvre un jour une importante cargaison d’or au cours d’une enquête et décident de dérober secrètement le magot. Au cours de leur mission suivante, Hayes élimine alors Walker afin de l’empêcher de rendre l’or. Mais ce qu’il ignore, c’est que Nick Walker se trouve désormais dans le monde de l’au-delà, où il est alors recruté par Mildred Proctor (Mary-Louise Parker), commandant de la brigade fantôme du RIPD (Rest in Peace Department) de Boston, qui lui attribue comme coéquipier Roy Pulsipher (Jeff Bridges), ancien marshal américain du Grand Ouest et vétéran de la brigade fantôme. Leur mission : démasquer et éliminer les fantômes renégats baptisés « les crevures », qui traînent encore sur terre, dissimulés parmi les vivants, et refusent de passer dans l’autre monde. Afin de ne pas se faire voir des vivants, les agents du RIPD se voient attribuer une identité et une apparence totalement différente sur terre. C’est en tout cas ce que découvre Walker en se rendant à ses funérailles, où il tente en vain de contacter sa femme Julia (Stephanie Szostak). Au cours de leur enquête, les deux coéquipiers du RIPD découvrent alors une terrible conspiration qui pourrait mettre fin à toute forme de vie sur terre et sacrer l’avènement des morts dans notre monde. Et lorsque Walker découvre qu’Hayes est derrière tout cela, il sait qu’il tient là l’occasion ultime de se venger de celui qui l’a descendu. Voilà donc le scénario totalement saugrenu de ce « R.I.P.D. » de bien triste mémoire, filmé de façon impersonnelle à grand renfort d’effets spéciaux 3D par un réalisateur paresseux, qui ne tire même pas profit du postulat fantastique de son récit, massacré par un humour indigent et un comique de situation totalement lourdingue. Robert Schwentke désamorce ainsi la tension des scènes d’action par un humour débile et un scénario grotesque, qui accumule les poncifs et recycle tous les clichés du buddy movie des années 80 (les deux flics au tempérament diamétralement opposé obligés de faire équipe sur une même affaire) et du film fantastique façon « Ghostbusters » et surtout « Men in Black », que « R.I.P.D. » tente d’imiter en vain, remplaçant les extra-terrestres par des morts-vivants/fantômes de bas étage. Le résultat : un gros navet au budget conséquent, mélange d’action et de comédie pas franchement marrant, et aussi un énorme échec critique et commercial au box-office 2013 (sur les 130 millions de dollars engloutis dans le budget, le film n’en a rapporté qu’à peine 78 !).

On ne retiendra finalement de cet énorme fiasco que la partition symphonique énergique du compositeur canadien Christophe Beck, qui semble s’être bien amusé sur le film de Robert Schwentke en composant un score d’action/aventure aux rythmes trépidants et soutenus. Le compositeur de « Buffy the Vampire Slayer », « Garfield », « Elektra » et « Percy Jackson » retrouve sur « R.I.P.D. » le réalisateur Robert Schwentke avec lequel il avait précédemment collaboré sur la comédie d’action « RED » en 2010, et concocte sur ce film une partition orchestrale vive et colorée, dominée par un thème sympathique et héroïque associé aux policiers de la bridage fantôme, introduit dès « R.I.P.D. » au début du film (aux cuivres à 0:39). Le thème de 4 notes associé aux exploits de Roy Pulsipher interviendra tout au long du film dans la plupart des scènes d’action du récit. Et si la mort de Nick Walker est illustrée de façon intimiste et dramatique dans « The Ascent » ou « Nick’s Funeral », avec des orchestrations de qualité et quelques effets synthétiques bien placés, qui ne prennent jamais le pas sur l’orchestre, c’est pour mieux ménager sa monture et nous préparer à une série de déchaînements orchestraux musclés et de passages comédies plus légers. Autre élément-clé du score de « R.I.P.D. » : l’utilisation d’une guitare électrique rock avec une basse, une batterie et quelques percussions diverses (incluant bongos/congas). L’arrivée de Walker à la brigade du RIPD permet d’ailleurs à Beck de développer ces sonorités à la James Bond, façon musique de film d’espionnage habituel. C’est ce que l’on découvre dans l’énergique « Elevator Chase », dans lequel l’orchestre s’en donne à coeur joie au cours d’un premier passage d’action réussi, soutenu par les riffs de basse, la batterie rock et un piano tonitruant, en plus des cuivres, des cordes et des percussions de l’orchestre (timbales, cymbales). « Orientation » développe les sonorités électroniques sur fond de riff funky de basse, avec un nouveau passage d’action agité reprenant le thème du score, sous la forme cette fois-ci d’un motif de basse funky pour Roy Pulsipher, traduisant le côté cool, déjanté et irrévérencieux du personnage de Jeff Bridges dans le film, thème repris vers la fin de l’album dans la piste « Roy’s Hat ». Beck reprend d’ailleurs ici le motif de Roy en accentuant le travail autour des guitares électriques en version western spaghetti à la Ennio Morricone (notamment avec l’ajout d’un sifflet et du jeu de pédale des guitares), suggérant l’idée que Roy était autrefois un marshal du Grand Ouest américain de la fin du XIXe siècle.

L’utilisation de la section rythmique rock est très présente dans « Evidence Room » et « Partners », apportant un beat, une énergie, un fun indéniable aux images, notamment grâce au thème de Roy – on le retrouve dans « Partners » - ou aux rythmes rock/électro de « A Closer Look », sans oublier les passages d’action musclés de « Nawiki » avec des orchestrations très soignées, de bons rebondissements rythmiques et un caractère fantaisiste qui rappelle irrémédiablement Danny Elfman – influence majeure sur la partition de « R.I.P.D. » - Niveau humour, Christophe Beck va même jusqu’à glisser un bref passage de type western à 1:40 avec guitare mariachi et sifflet à la Ennio Morricone pour évoquer les exploits de Roy dans le film. Et ce sont surtout les morceaux d’action tonitruants comme l’impressionnant « Raining Cars » (avec ses loops électro déchaînés) ou la confrontation finale dans l’agressif et héroïque « Mano A Mano » qui attirent ici notre attention, sans oublier quelques bons moments comme « Icy Hot Partner » (qui rappelle les morceaux d’action du score de « The Sentinel » de Christophe Beck), « First Vortex » ou l’amusant et funky « Fat Elvis », morceaux souvent reliés par un motif d’action qui se ballade d’une scène à une autre, introduit notamment aux cordes de manière purement rythmique dans « Elevator Chase », et aussi présent vers la fin de « First Vortex » ou dans « Half Spheres ». « Goodbye » vient conclure le récit sur une rare touche d’émotion et de mélancolie, comme dans « Track Ghost », avec l’apport d’un piano sur fond de nappe sonore méditative et de quelques cordes. Au final, on ressort plutôt convaincu par l’écoute de ce score d’action/comédie assez sympathique bien que sans originalité particulière.

Christophe Beck confirme encore une fois sur « R.I.P.D. » qu’il est un artisan honnête aux musiques efficaces et parfaitement adaptées aux films qu’il met en musique, même si l’on attend toujours le chef-d’oeuvre du compositeur, qui continue toujours de livrer des compositions soignées mais sans réelle folie, sans personnalité véritable, sans une grande imagination. Sa musique pour « R.I.P.D. » apporte donc un rythme et un fun indéniable aux images, mais ne parvient pas à laisser un souvenir impérissable. Les fans de Christophe Beck y trouveront sans aucun doute leur compte, tandis que les autres auront peut être envie de zapper et d’écouter autre chose de plus mémorable. Sympa, sans plus, donc !




---Quentin Billard