1-Main Title/Night Rounds 1.52
2-Rounds Resume/Tackleberry 1.10
3-Barbara 0.51
4-Join Up 1.10
5-The Academy 1.16
6-Recruits 1.54
7-Pussycat/Uniforms 1.56
8-Assignment 1.20
9-Formation/Move Out 3.26
10-Obstacles 2.15
11-Martin and Company 0.46
12-Ball Games 0.27
13-More Martin 0.28
14-Regrets 1.05
15-Guns/In Drag 4.01
16-Warpath 0.28
17-Improvement 1.15
18-Jam Up 0.42
19-Hightower Drive 1.37
20-Santa Claus is
Coming to Town (Source) 0.40*
21-Need to Talk/
Hightower Leaves 1.16
22-Riot Starts 1.25
23-Riot Gear 2.42
24-SOB 0.32
25-Match 1.44
26-Where's Harris? 2.40
27-Straighten Up 1.26
28-Police Academy March 1.06

Bonus Track:

29-El Bimbo 1.49**

*Ecrit par J. Fred Coots,
Haven Gillespie
Larry Spier Music LLC obo
Haven Gillespie Music Pub.
**Musique de Claude Morgan
Interprété par Jean-Marc Dompierre
and his Orchestra (c) 1974.

Musique  composée par:

Robert Folk

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1269

Album produit par:
Robert Folk, Matt Verboys,
Neil S. Bulk

Producteur associé exécutif:
MV Gerhard
Monteur musique:
Doug Lackey
Coordinatrice musique:
Paula Spang
Mixage score:
Dan Wallin
Contrats musicaux:
Carl Fortina

American Federation of Musicians
Edition limitée à 3000 exemplaires

Artwork and pictures (c) 1984/2013 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ****
POLICE ACADEMY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Folk
« Police Academy » est un hit dans l’univers très varié des comédies américaines des années 80. Réalisé par l’américain Hugh Wilson et sorti en salles en 1984, le film raconte l’histoire d’une académie de police qui, sous l’impulsion du maire, décide d’ouvrir ses portes à n’importe quel citoyen ordinaire soucieux de rejoindre les forces de l’ordre. Désormais, il n’y a plus aucun pré requis ni examen d’entrée préalable, ce qui ne ravit guère le lieutenant de police Thaddeus Harris (G.W. Bailey), chargé de former les nouvelles recrues. Parce qu’il a déjà connu bon nombre de déboires avec la loi, le jeune et impétueux Carey Mahoney (Steve Guttenberg) est envoyé de force à l’académie de police en guise d’alternative à la prison. Mais incapable de respecter l’ordre et l’autorité, Mahoney va tout faire pour tenter de se faire renvoyer de l’académie. Le lieutenant Harris va alors tout faire pour pourrir la vie des jeunes recrues et trier ainsi les meilleurs, obligeant les plus faibles à quitter l’académie. Mais le commandant Lassard (George Gaynes) ne l’entend pas de cette façon et considère que tout le monde doit avoir sa chance. Pendant de ce temps, Mahoney sympathise avec certains de ses camarades les plus loufoques comme Larvell Jones (Michael Winslow), spécialiste du beatbox et des imitations vocales les plus improbables, George Martin (Andrew Rubin), un séducteur qui prend un faux accent latino, Eugene Tackleberry (David Graf), jeune zélé obsédé des armes à feu, Leslie Barbara (Donovan Scott), un jeune obèse froussard, ou le géant Moses Hightower (Bubba Smith), qui possède une force incroyable. « Police Academy » fait donc partie de ces classiques des années 80 que l’on ne présente plus : gros succès au box-office 1984, le film d’Hugh Wilson marquera le début d’une longue série de films (la franchise en compte 7 au total dont un reboot prévu courant 2014 et même deux séries TV en 1988 et 1997) et lancera la carrière de bon nombre d’acteurs comme Steve Guttenberg ou Kim Cattrall. « Police Academy » s’impose au final par son humour irrévérencieux, ses gags totalement loufoques et son rythme survolté, le tout mené tambour battant par un casting de qualité – on sent à quel point les acteurs et l’équipe se sont bien amusés sur le tournage – Les scènes d’anthologie et les gags les plus absurdes s’enchaînent très vite, façon productions ZAZ ou Monty Python, un mélange entre le meilleur de la comédie U.S. et le ton plus absurde des comédies british. Certes, l’ambiance parodique du film n’est pas neuve, et ce n’est pas la première fois que le cinéma américain se moque ainsi d’une institution gouvernementale, car avant la police, il y avait déjà l’armée (le mythique « M.A.S.H. » de Robert Altman en 1970), sans oublier le « Top Secret ! » du trio ZAZ sorti la même année que « Police Academy », qui caricaturait pour sa part l’univers particulier de l’espionnage. Il n’en reste pas moins que le film d’Hugh Wilson n’a pas pris une ride et reste encore aujourd’hui un sommet d’humour et de satire, et malgré quelques gags parfois lourds (la scène où Harris fait le malin en moto et finit dans les fesses d’un cheval !), on rigole de bon coeur devant l’une des meilleures comédies américaines des années 80.

« Police Academy » doit une partie de sa réputation à la fameuse partition musicale de Robert Folk, compositeur américain qui venait tout juste de débuter au cinéma en 1984 après quelques partitions mineures (« Savage Harvet » en 1981, « The Slayer » en 1982). C’est d’ailleurs grâce à « Police Academy » que Robert Folk va se faire connaître du grand public et se verra confier par la suite les musiques de nombreux films plus importants, sans oublier tous les films suivants de la franchise. Folk deviendra même rapidement un compositeur spécialisé dans les musiques de comédie (« Bachelor Party », « In The Army Now », « National Lampoon’s Loaded Weapon 1 », « Kung Pow ! Enter the Fist », etc.). Alors que les producteurs pensèrent au départ à engager Elmer Bernstein, qui était connu pour ses musiques orchestrales de comédie telles que « Stripes », « Airplane ! » ou « Meatballs », décidèrent finalement d’opter pour une approche musicale plus contemporaine à base de rock et de rap, idée rapidement abandonnée durant les premiers tests de temp-track, jusqu’à ce qu’Hugh Wilson entende le célèbre thème du « Patton » de Jerry Goldsmith et décide de le tester sur les images. Dès lors, le style global du score de « Police Academy » était trouvé, mais il restait alors à trouver le compositeur capable d’écrire une marche aussi entraînante et héroïque que celle de « Patton ». Alors qu’Elmer Bernstein était indisponible, c’est le producteur Alan Ladd Jr. qui suggéra d’engager le jeune Robert Folk, qui signa en 1984 son premier grand film de studio après avoir été pendant plusieurs années un professeur de musiquer à la Juilliard School de New York. Premier objectif pour le compositeur : écrire une marche militaire mémorable pour « Police Academy », capable d’évoquer l’organisation et l’académie de police à la manière d’une véritable armée. Suivant la tradition des grandes marches américaines d’antan – celles de John Philip Sousa ou même les marches britanniques d’Edward Elgar – Folk composa ainsi la « Police Academy March », qui deviendra un des plus fameux thème de musique de comédie des années 80 et aussi un hit incontournable dans la carrière de Robert Folk, qui inspirera pas mal de monde par la suite (John Debney pastichera largement cette marche dans sa partition pour la comédie Disney « Little Giants » en 1994). Prétendre que cette fameuse marche est indissociable de l’univers de « Police Academy » reviendrait à affirmer que le thème de Luke Skywalker est indissociable de « Star Wars » ou que la « Raiders March » est indissociable de « Indiana Jones » ! Folk venait ainsi de trouver LE thème parfait pour le film d’Hugh Wilson !

Dès lors, le compositeur peut élaborer sa partition autour de sa « Police Academy March » diablement entraînante et mémorable, une fanfare aussi réjouissante et enthousiasmante que le film lui-même, qui a très vite rejoint le rang des marches célèbres du cinéma (celle de « Patton » de Goldsmith bien sûr, mais aussi celle de « Stripes » d’Elmer Bernstein ou de « The Bridge of the River Kwai » et sa célèbre « Colonel Bogey March »). Evidemment, la fanfare contient tous les ingrédients habituels de ce type de musique : large pupitre de cuivres, de vents, percussions (incluant glockenspiel) et quelques cordes ajoutées pour accompagner la fanfare. Sans trop se prendre au sérieux, la « Police Academy March » apporte un humour indispensable au film, évoquant de manière héroïque des jeunes recrues plutôt catastrophiques, qui n’ont rien de vraiment héroïque ! En revanche, le thème suggère par la même occasion l’idée que ces jeunes recrues vont se dépasser et aller au-delà de leurs maladresses pour affronter les épreuves et devenir de vrais policiers. Il faut aussi signaler l’énergie du grand orchestre de 88 musiciens enregistré au studio de la Paramount à Los Angeles, dont l’interprétation sans faille est un plus incontournable pour la musique de « Police Academy ». En plus du thème de la marche pour l’académie de police, Robert Folk apporte un aspect plus contemporain à sa partition en utilisant quelques éléments synthétiques/rock qui datent un peu sa composition, apportant un cachet années 80 aussi kitsch et nostalgique qu’irrémédiablement attachant. Mélangeant ces sons rock/synthé à l’orchestre, Folk illustre aussi bien l’univers de l’académie de police par son approche symphonique que l’aspect plus urbain de la ville avec son style électronique/rock plus groovy et moderne pour l’époque. Si « Main Title/Night Rounds » introduit le thème de la fanfare, omniprésente dans les morceaux suivants (« Barbara », « Join Up », « The Academy », etc.), les sonorités rock/funky apparaissent dans « Recruits », avec l’apparition de riff de guitare/basse, batterie, claviers et percussions additionnelles (bongos, triangle), éléments déjà présents dans « Join Up », où l’on découvre un second thème, un motif rythmique joyeux alors que Fackler décide de s’inscrire à l’académie de police. A noter que ce motif est souvent utilisé dans les passages plus humoristiques, parfois juxtaposé à la marche principale ou en complément du thème. On le retrouve par exemple dans « Recruits », où Folk évoque l’arrivée des recrues avec une reprise pop/rock du thème assez savoureuse, typiquement années 80. Le même thème est aussi repris à la trompette au début de « Pussycat/Uniforms », à la manière d’un refrain militaire chanté par les soldats au cours des entraînements à l’armée. Le morceau en profite pour développer davantage les touches rock/funky de façon plus énergique.

Avec « Assignment », Robert Folk nous plonge sans aucune ambiguïté dans un univers musical typiquement militaire, avec son cortège de caisse claire, cymbales, piccolo, trompettes, cors, etc. L’humour est aussi présent, avec notamment l’amusant « Formation/Move Out » où le tempo ralentit subitement sur une reprise mineure ironique du thème principal. Inversement, « Obstacles » reprend la fanfare sur un rythme à la Sousa, alors que Laverne parvient tant bien que mal à franchir les obstacles au cours de son entraînement. Folk s’autorise quelques incursions dans d’autres styles de musique, avec en particulier le thème jazzy de saxophone de « Martin and Company » et « More Martin », évoquant l’aspect playboy latino de Lothario. Le saxophone apparaît aussi dans « Regrets » avec un très beau thème mélancolique pour guitare et orchestre du plus bel effet, nostalgique et savoureux. Dans « Jam Up », Folk illustre l’amusante scène où Harris échoue tête la première dans le derrière d’un cheval après avoir voulu fanfaronner avec une moto en plein centre ville. L’humour de situation est ici illustré avec un pastiche des ouvertures d’opéra de Rossini, rappelant par la même occasion la formation classique solide de Robert Folk (ancien professeur de musique), tandis que le final de « Jam Up » est un clin d’oeil évident au « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss. Dans « Hightower Drive », Folk se lâche et nous offre un superbe morceau de blues/rock’n roll traditionnel dominé par claviers, basse, batterie, guitare électrique et saxophone très années 50/60 et diablement entraînant, pour la scène où Hightower conduit frénétiquement sa voiture avec Mahoney en pleine ville.

On pourrait aussi mentionner le mélancolique « Need to Talk/Hightower Leaves », ou le suspense très herrmannien de « Night Rounds » et de « Rounds Resume », mais il ne faudrait surtout pas oublier la longue séquence finale de l’émeute dans la rue, qui débute avec l’excellent « Riot Starts ». Pour les besoins de cette longue scène, Folk compose une série de morceaux dans lesquels il délaisse un temps l’orchestre et opte pour une approche rock/funk très orienté vers les années 70, écrit à la manière des musiques de film de Blaxploitation des seventies, façon Isaac Hayes. On retrouve ici un style musical plus typique des films policiers des seventies/eighties, avec ses nombreux riffs de basse groovy, ses guitares électriques cool, ses cuivres rétro et sa batterie funky omniprésente. C’est ce que suggère pleinement « Riot Starts » et « Riot Gear », pour lesquels Robert Folk introduit un nouveau thème partagé entre la guitare et les cuivres pour l’émeute dans les rues de la ville. C’est l’occasion pour Folk de collaborer ici avec la crème des musiciens américains rock de l’époque : Randy Kerber aux claviers, George Doering à la guitare, Michael Lang au piano, Michael Boddicker aux synthétiseurs, Neil Stubenhaus et Abraham LaBoriel à la basse. « SOB » et « Match » développent cette atmosphère funky urbaine alors que l’orchestre commence à revenir de façon plus flagrante avec « Match » et surtout « Where’s Harris ? ».

La partition de « Police Academy » reste au final une réussite majeure dans le domaine des musiques de comédie des années 80, un genre souvent difficile à aborder pour les compositeurs, qui doivent continuellement naviguer entre l’humour, l’émotion et la dérision sans jamais tomber dans un extrême ou dans un autre. Trouver le juste équilibre entre ces différents éléments est un challenge redoutable que tous les compositeurs qui ont un jour abordé le registre de la comédie connaissent bien : ce fut en tout cas le défi que releva haut la main Robert Folk sur « Police Academy », signant une partition extrêmement attachante et dominée par une marche célèbre dont la popularité reste encore intacte, 30 ans après la sortie du film en 1984. Le score est un cocktail savoureux de styles musicaux divers (rock/pop, électronique, funky, jazzy, classique, fanfare, etc.) que Folk réussit à unifier grâce à quelques idées mélodiques intéressantes et un humour bien dosé, le tout exécuté avec le savoir-faire exemplaire du jeune compositeur. Grâce à l’album de La La Land, les béophiles peuvent enfin redécouvrir le score de « Police Academy » dans son intégralité, un score culte pour une comédie culte !




---Quentin Billard