Disc 1

1-Main Title/Morgan's Ride 4.38
2-The Rescue/
Morgan Saves Harry 3.41*
3-Purcell Snatcher
(composed by Brad Detcher) 2.58*
4-Shaw is Caught 1.15*
5-The Funeral 1.29
6-Morgan in Command 2.51*
7-The Language of Romance 2.40
8-A Lady Scorned 1.38*
9-Carriage Chase 7.21
10-Ainclee Plots*/To Spittelfield 3.46*
11-Uncle Mordechai 2.02*
12-Morgan Captured/Sword Fight 5.23
13-Escape from Mordechai's 2.09
14-Setting Sail 1.03
15-Charting the Course 2.19
16-First Kiss/Love Scene/
Dawg's Plan 3.12*
17-Shaw Discovers The Location 2.04*
18-Betrayal 2.12*
19-The Storm Begins 2.33
20-To The Bottom of the Sea 2.43
21-The Island 3.41*
22-Shaw Steals The Map 3.30
23-Discovery of the Cave 4.39*
24-Discovery of the Treasure 2.19

Disc 2

1-The Wedding Waltz
(not used in the
final film version) 2.43*
2-Caught 1.37*
3-The Rope 2.17*
4-Morgan and Shaw Jump Off
The Cliff/The Big Jump 2.38
5-Shaw Captured 2.32*
6-Morgan Takes The Ship 4.30
7-The Hangman's Noose 3.56*
8-The Battle/To Dawg's Ship*/
Morgan Battles Dawg*/
Dawg's Demise/The Triumph 17.72
9-It's Only Gold/End Credits 9.42

Bonus Tracks

10-Main Title/Morgan's Ride
(without choir) 4.48*
11-Carriage Chase 7.26*
12-The First Kiss (album edit) 1.54
13-Dawg's Demise*/The Triumph
(without choir) 3.31*
14-Morgan's Ride & The Rescue
(original synth demo version) 7.25*

*Never previously released music.

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Prometheus Records XPCD 157

Musique produite par:
John Debney
Montage de la musique:
Tom Carlson
Producteur exécutif:
Luc Van de Ven
Album produit pour
Prometheus Records par:
Ford A. Thaxton
Co-produit et masterisé par:
James Nelson

Arwtork and pictures (c) 1995 Cutthroat Productions L.P. All rights reserved.

Note: *****
CUTTHROAT ISLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
Enorme bide commercial, 'Cutthroat Island' ("L'île aux pirates") de Renny Harlin a semble t'il sombré dans les profondeurs à l'image du bateau ennemi de la fin du film. Les producteurs ont peut être vu un peu trop grand ce coup-ci. Pourtant, le film est très dépaysant et très impressionnant à voir, à défaut d'être vraiment original. Pourtant, le duo que forment Geena Davis et Matthew Modine dans le film est excellent, dans une véritable course au trésor caché sur une île secrète. A la mort de son vieux père Black Harry (Harris Yulin), Morgan Adams (Geena Davis), une femme pirate de renom, prend la tête de l'équipage de son père et part à la recherche d'une carte au trésor qui les conduira à un magot fabuleux. Une partie de la carte se trouvait sur la peau du crâne de Black Harry, une autre partie est en la possession de son oncle Mordechai, et le dernier morceau est détenu par le cruel Dawg Brown (Frank Langella), le sanguinaire oncle de Morgan qui a assassiné son père et qui s'est mis en tête de récupérer le fameux trésor avant sa nièce. Problème: une partie des indications de la carte est écrite en latin. Morgan doit donc trouver d'urgence un homme capable de déchiffrer le latin, et cet homme est William Shaw (Matthew Modine), un brigand récemment emprisonné que Morgan va aider à s'échapper. Commence alors une longue et périlleuse chasse au trésor opposant l'équipage de Morgan à celui du dangereux Dawg, prêt à tout pour mettre la main sur le magot.

On connaissait déjà ce genre de film à travers de grands classiques tels que 'Captain Blood', 'The Sea Hawk' ou bien encore 'Pirates' de Roman Polanski pour ne citer que les plus connus. Le genre du 'swashbuckler', devenu moribond dans les années 80, a tenté de remonter à la surface avec cette grosse fresque épique et démesurée, mais en vain. Les producteurs de 'Cutthroat Island' ont voulu faire de ce mastodonte cinématographique le plus gros film de pirate jamais réalisé à Hollywood. Hélas, tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est de rentrer dans le Guinness des records comme l'un des plus gros échecs commerciaux jamais enregistrés à Hollywood. Avec un budget estimé à près de 93 millions de dollars, le film n'en remporta qu'une dizaine, provoquant alors une perte financière de plus de 80%, coulant définitivement la Carolco Pictures qui n'aura finalement existé que 13 ans (la major a pourtant connu quelques beaux succès tels que 'First Blood', 'Rambo III', 'Terminator 2' ou bien encore 'Basic Instinct'). On comprend mieux aujourd'hui pourquoi les producteurs hollywoodiens sont devenus si frileux avec les grosses productions de maintenant.

Face à de gros problèmes financiers, les producteurs eurent ainsi beaucoup de mal à choisir le compositeur adéquat. On a d'abord pensé à Jerry Goldsmith puis à David Arnold qui se brouilla avec le réalisateur. Il fallut alors revoir les estimations à la baisse et engager un petit nouveau: John Debney. Avec à son actif quelques musiques de téléfilms et celle de la série 'Seaquest DSV', Debney composa en 1995 sa première grande partition pour un film à gros budget. Impressionné devant une telle quantité de travail à fournir, Debney s'en tira avec les honneurs, 'honneur d'avoir été connu (et reconnu) grâce à une partition épique devenue populaire au sein de la communauté des béophiles. Une telle puissance, une telle force, une écriture orchestrale si intense, si excitante. Comment rester indifférent face à la magie de 'Cutthroat Island'? Bien sûr, il y'aura toujours les réfractaires au style orchestral rentre-dedans et massif de ce type de musique. Reste que 'Cutthroat Island' est belle et bien LA BO de référence de John Debney! Utilisant un thème héroïque, véritable hymne aux pirates et à leurs légendaires exploits, le thème de 'Cutthroat Island' permet de retrouver un style symphonique traditionnel pour ce type de film, puisqu'Hollywood a toujours su produire de grandes musiques au souffle épique, et trouver de grands musiciens pour ce genre de film remis au goût du jour grâce à 'Cutthroat Island'. Notons d'ailleurs que John Debney rend hommage à ces compositeurs aux noms familiers dans le livret du CD: "Dedications to Messers Rozsa, Korngold, Steiner and Newman and to all that have sailed the high seas", des références absolues dans le genre des grandes fresques symphoniques à l'ancienne!

Utilisant le mythique LSO (London Symphony Orchestra) et des choeurs puissants, John Debney a réussi à créer une spectaculaire musique d'aventure/action grandiose bourrée de grands moments de bravoures symphoniques (et cinématographiques, pour le film!). On plonge d'entrée dans le coeur du sujet avec l'ouverture du film et une musique surpuissante, à la fois héroïque et proprement excitante, un ton d'aventure rendu grandiose par la présence d'une puissante chorale. Aucun doute possible, tout est fait ici pour voir en grand! John Debney énonce un thème de cordes/cuivres avec percussions et choeur des plus héroïque, représentant à la fois le personnage de Morgan Adams (Geena Davis) et de sa quête héroïque vers le trésor de la fameuse île secrète, un sujet dans la plus pure tradition des films de pirates. Avec ce thème annoncé de manière quasi chevaleresque dès le 'Main Title', Debney pose les bases de la partition: un véritable souffle épique balaie l'ouverture du film, sur des plans de bateaux, de course à cheval en traversant la mer, l'apparition de l'héroïne, des pirates sanguinaires, d'autres plus sympathiques...une grande tradition dont les plus beaux moments de cinéma réapparaissent dans nos esprits à l'écoute d'une spectaculaire ouverture qui en dit long sur le reste de la partition. Nous arrivons au coeur de l'action avec la course poursuite effrénée à cheval entre les soldats anglais et Morgan ('Carriage Chase') vers le début du film. On retrouve un vrai déchaînement symphonique qui rappellera maints passages du 'Robin Hood' de Michael Kamen ou du récent 'Stargate' de David Arnold: une musique d'action menée tambour battant sans aucune retenue, ponctuée de grands moments de bravoures qui emportent tout sur leur passage. Les choeurs refont leur apparition pour les passages les plus puissants, en particulier celui où Morgan et ses amis doivent traverser une tempête à bord de leur bateau avant d'être chassé et de devoir affronter la tempête dans une petite barque ('The Storm Begins'). Les choeurs représentent ici la folie des éléments, la puissance de la tempête. On regrettera néanmoins le fait que la musique de 'Cutthroat Island' semble avoir été très inspirée par le style symphonique de David Arnold. Quand on sait que la production souhaitait engager Arnold à l'origine, on comprend mieux pourquoi la musique sonne très Arnold (influence des temp-tracks, sans aucun doute!). On pourra même relever une influence du mouvement 'Jupiter' des 'Planètes' de Gustav Holst dans l'héroïque 'Setting Sail' lorsque le bateau de Morgan se prépare à naviguer en mer, morceau qui n'est pas sans rappeler non plus certains passages du 'Sea Hawk' de Korngold avec ses trompettes enjouées et brillantes symboles d'aventure et de bravoure.

L'arrivée sur l'île se fait de manière sombre. Les premiers pas des pirates de Morgan sont inquiétants: leurs adversaires sont arrivés avant eux: sont-ils ici? les attendent-ils dans un coin? Vont-ils leur tendre un piège? La musique est alors plus calme mais aussi plus tendue alors que Morgan et ses compères avancent à pas lents mais sûrs à travers la jungle de l'île. On notera le fait que Debney a pris quelques minutes dans sa musique histoire d'évoquer la lente romance naissante entre Morgan et Shaw (Matthew Modine) à travers un 'Love Theme' raffiné dans la plus pure tradition du genre ('The Language of Romance'), un peu de romance dans un score musclé et martial, le 'Love Theme' étant aussi associé à quelques reprises au trésor de l'île aux pirates. Le thème de Morgan est repris dans les moments les plus héroïques tandis que l'arrivée des bateaux ennemis des anglais vers la fin du film se fait de manière très martiale, Debney adoptant ce style martial depuis le début du film, quelque part entre John Williams pour les cuivres brillants et David Arnold pour le style symphonique débridé. On pourra aussi reprocher le fait que les traditionnelles musiques folkloriques de violon, indissociables de la musique très codifiée des films de pirate n'apparaissent pas plus souvent dans le film, qui conserve essentiellement un ton symphonique dans la lignée du 'The Sea Hawk' d'Erich Wolfgang Korngold, l'un des grands maîtres du genre.

Après toute une série de déchaînements orchestraux tout aussi percutants les uns que les autres (l'affrontement chez Mordechai, le traquenard dans la caverne, etc.), la partition nous réserve une dernière demi heure quasi anthologique avec le puissant morceau illustrant l'attaque finale entre les deux bateaux ennemis de Morgan et Dawg ('The Battle/To Dawg's Ship/Morgan Battles Dawg/Dawg's Demise/The Triumph'). Là, un combat enragé s'engage entre les hommes de Morgan et ceux de Dawg. La mise en scène suggère la violence et la puissance des combats en faisant dépasser le volume sonore de la musique par dessus celui des sons, à tel point qu'une brève partie de cette très longue séquence de bataille nous permet d'entendre la musique seule, totalement dégagée des bruitages qui ont parfois tendance à l'écraser, même si, dans l'ensemble, la musique est bien mise en valeur dans le mixage du film. La musique se veut alors la porte-parole du spectaculaire des combats et du souffle grandiose accentué par une chorale massive débordante d'énergie et un orchestre survolté et virtuose, acharné à suivre et à retranscrire la fureur des combats, une petite idée courte mais intéressante alors que l'on voit les deux bateaux se faire feu l'un contre l'autre. La bataille finale reste un grand moment d'aventure et un inénarrable grand moment de bravoures, un déchaînement orchestral quasi anthologique de plus de 17 minutes d'action non-stop, sans aucun doute l'un des meilleurs morceaux que John Debney ait écrit à ce jour pour un film, tout genre confondu! Le ton martial et rythmique permet quand à lui de souligner les moment où les hommes de Morgan préparent leurs armes pour livrer le combat final, tandis que la fin de la bataille se conclut sur l'inévitable affrontement à l'épée entre Morgan et Dawg. Et c'est alors le triomphe final! Le compositeur suggère une belle fin d'aventure éclatante avec un happy-end conventionnel et un générique de fin grandiose ('It's Only Gold/End Credits') permettant à Debney de réexposer son excellent thème principal en résumant l'essentiel de sa partition en l'espace de 9 minutes elles aussi quasi anthologiques.

La conclusion viendra donc d'elle même: on ne pourra pas dire que 'Cutthroat Island' fait dans la finesse! John Debney nous sort ici l'artillerie lourde et met le paquet, sans jamais tomber dans la cacophonie, le tout restant très écrit, maîtrisé de bout en bout. Attention cependant à l'indigestion: avec la récente réédition complète de la musique de John Debney, l'auditeur se voit offrir près de 120 minutes de musique qui s'avère parfois être un brin répétitive et difficile à écouter d'un trait, dû principalement à son aspect massif qui ne fera pas toujours l'unanimité! En tout cas, l'impact de la musique dans le film de Renny Harlin est primordial, accentuant chaque scène, chaque émotion, chaque séquence d'action avec une même frénésie et un souci constant de l'écriture symphonique chargée mais aussi du spectaculaire et de l'épique. Ainsi, 'Cutthroat Island' est à réserver en priorité à ceux qui veulent faire l'expérience d'une très grande et magnifique fresque symphonique grandiose comme on en avait pas entendu depuis des lustres! Conclusion: le chef-d'oeuvre de John Debney, tout simplement!



---Quentin Billard