1-1976 3.00
2-I Could Show You
If You'd Like 0.44
3-I Hear You Knocking 2.47*
4-Stopwatch 1.29
5-Into the Red 3.15
6-Budgie 1.28
7-Scuderia 0.53
8-Gimme Some Lovin' 2.52**
9-Oysters in the Pits 1.05
10-20% 1.01
11-Dyna-Mite 2.56***
12-Watkins Glen 1.49
13-Loose Cannon 0.36
14-The Rocker 5.09+
15-Car Trouble 2.39
16-Glück 1.14
17-Nürburgring 5.33
18-Inferno 3.30
19-Mount Fuji 3.45
20-For Love 2.48
21-Reign 3.07
22-Fame 4.11++
23-Lost But Won 6.19
24-My Best Enemy 2.33

*Interprété par Dave Edmunds
Ecrit par Dave Bartholomew
et Eearl King
**Interprété par Steve Winwood
Ecrit par Steve Winwood,
Muff Winwood et Spencer Davis
***Interprété par Mud
Ecrit par Nicky Chinn
et Mike Chapman
+Interprété par Thin Lizzy
Ecrit par Phil Lynott,
Brian Downey et Eric Bell
++Interprété par David Bowie
Ecrit par David Bowie,
Carlos Alomar et John Lennon.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Sony Classical/WaterTower Music
88883772602

Score mixé et produit par:
Stephen Lipson
Musique additionnelle de:
Lorne Balfe, Bryce Jacobs,
Jasha Klebe, Michael Brook

Ambient Music Design:
Mel Wesson
Violoncelle soliste:
Martin Tillman
Guitares solistes:
Michael Brook, Stephen Lipson,
Bryce Jacobs

Percussion soliste:
Satnam Ramgotra
Programmation synthétiseur:
Hans Zimmer
Monteur musique:
Jack Dolman
Consultants musicaux:
Bob Badami, Peter Asher
Superviseur musique:
Nick Angel
Services production musicale:
Steven Kofsky
Coordinatrice score:
Czarina Russell
Assistant mix:
John Chapman
Consultants techniques:
Chuck Choi, Brian Wherry
Design instrument digital:
Mark Wherry
Développement samples:
Claudius Brüse, Ben Robinson,
Raul Vega, Taurees Habib

Album produit par:
Hans Zimmer, Stephen Lipson
Effets sonores Formule 1:
Danny Hambrook
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Direction de la musique
pour WaterTower:
Jason Linn

Artwork and pictures (c) 2013 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ****
RUSH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Après l’échec de son précédent film, la comédie « The Dilemma » sortie en salles en 2011, Ron Howard se devait de rattraper son coup en livrant un nouveau film plus spectaculaire, plus fort, et certainement plus compétitif en terme de résultat au box-office ! Chose promise, chose due : le réalisateur américain rempile deux ans après avec « Rush », superbe drame/biopic relatant l’histoire vraie de la rivalité qui opposa dans les années 70 deux pilotes stars de la Formule 1, l’anglais James Hunt (Chris Hemsworth) et l’autrichien Niki Lauda (Daniel Brühl). Après s’être rencontré lors d’une course de Formule 3 au tout début des années 70, Hunt et Lauda deviennent des adversaires tenaces que tout oppose : Hunt est un fêtard décalé qui multiplie les conquêtes féminines, tandis que Lauda est un pilote très sérieux et rigoureux à l’hygiène de vie irréprochable et qui évalue constamment la limite des risques à ne jamais dépasser. Dès 1973, Lauda réunit un budget suffisant pour faire construire sa propre voiture afin de discuter les Grand Prix de 73, faisant équipe avec l’italien Clay Regazzoni (Pierfrancesco Favino). Sa bonne performance lors des courses lui permet alors de rejoindre la prestigieuse écurie de Ferrari, et finit par devenir champion du monde en 1975. De son côté, Hunt est engagé chez McLaren alors qu’il doit affronter l’épreuve difficile de son divorce très médiatisé avec son épouse Suzy (Olivia Wilde), qui l’a trompé avec l’acteur américain Richard Burton. C’est au cours de l’année 1976 qu’Hunt et Lauda s’affrontent une nouvelle fois lors d’une course qui permet à l’autrichien de prendre le dessus sur le britannique. Mais les choses se gâtent lors du Grand-Prix d’Allemagne sur le Nürburgring, un circuit de plus de 22 km considéré comme l’un des plus dangereux au monde. Malgré les avertissements de Lauda qui considère que la météo est défavorable pour continuer la course – il tente alors de la faire annuler, mais en vain – le Grand-Prix a bien lieu comme prévu mais un terrible accident vient bouleverser la vie de l’autrichien, qui perd alors le contrôle de sa Ferrari et se retrouve gravement brûlé au visage et intoxiqué par les émanations d’essence. Et pendant qu’il souffre sur son lit d’hôpital, Lauda voit James Hunt à la télévision, en train de remporter toutes les courses les unes à la suite des autres. Désormais, l’autrichien sait qu’il doit se battre pour survivre à ses blessures et reprendre le dessus sur son adversaire.

« Rush » est une réussite incontestable dans le sens où le réalisateur Ron Howard parvient à nous raconter une histoire véridique de manière spectaculaire, filmant les scènes de Formule 1 avec une maestria et une force visuelle que l’on avait rarement vu au cinéma depuis le « Grand Prix » de John Frankenheimer sorti en 1966. Le film de Ron Howard s’impose aussi par une photographie rétro d’une grande qualité (l’atmosphère des années 70 est visuellement bien restituée), avec quelques séquences de F1 à faire bondir de leur siège les fans de course automobile, le tout porté par quelques trouvailles visuelles intéressantes. Visuellement, « Rush » est de loin l’un des plus beaux films du réalisateur, mais ce qui lui permet de se distinguer de la masse des blockbusters U.S. ambiants, c’est sont refus catégorique de sombrer dans les artifices et les stéréotypes hollywoodiens en présentant deux personnages totalement crédibles et ordinaires, avec leurs qualités et leurs défauts. Soucieux de respecter la vraie histoire au maximum, le script de Peter Morgan offre ainsi deux rôles en or à l’américain Chris Hemsworth et à l’allemand d’origine espagnole Daniel Brühl (aperçu dans « Good Bye, Lenin ! », « Joyeux Noël », « The Bourne Ultimatum » et « Inglorious Basterds »), deux rivaux acharnés à prendre le dessus sur l’autre, à tel point que la fin du film laisse planer une relation ambiguë de sympathie et de respect entre les deux hommes au bout de nombreuses années de compétition obstinée, qui deviendra leur véritable raison de vivre, comme si l’un ne pouvait plus se passer de l’autre pour s’affirmer dans le monde de la F1. A la sortie du film, le vrai Niki Lauda avouera d’ailleurs que « Rush » est extrêmement proche de la vraie histoire. Bien reçu par les critiques à sa sortie en 2013, « Rush » a été rapidement qualifié comme l’un des meilleurs films d’automobiles jamais tournés, et aussi l’un des meilleurs films de Ron Howard ! C’est peut être grâce à son souci d’authenticité, à sa direction d’acteur impeccable, à ses scènes ahurissantes de F1, à ses personnages attachants et à ses dialogues très justes que « Rush » finit par s’imposer de lui-même comme l’une des perles cinématographiques de l’année 2013, à ne surtout pas rater !

Ron Howard décide de faire à nouveau confiance à Hans Zimmer sur « Rush », renouvelant ainsi sa collaboration avec le plus allemand des compositeurs hollywoodiens depuis « Backdraft » en 1990, suivi de « The Da Vinci Code » en 2006, « Frost/Nixon » en 2008 et « Angels & Demons » en 2009. Après quelques partitions de qualité inégales, Hans Zimmer crée la surprise en composant une musique brillante et enthousiasmante pour « Rush ». La qualité de cette nouvelle partition tient avant tout dans la force de son superbe thème principal, en passe de devenir un classique du compositeur allemand, et par ses envolées galvanisantes des rythmes rock/électro et de l’orchestre lors de certaines scènes de courses automobiles. Dans une note du livret de l’album, Ron Howard parle lui-même du défi musical que représentait la composition du score de « Rush » : le cinéaste savait dès le départ que le score serait complexe à réaliser, puisque Zimmer devait à la fois représenter le caractère rock’n roll de James Hunt, mais aussi l’aspect perfectionniste et ‘germanique’ de Niki Lauda et la rivalité obsédante des deux stars de la F1, sans oublier l’omniprésence des voitures, véritables héros du film. Réalisée avec son équipe habituelle – Mel Wesson au sound design, Zimmer à la programmation des claviers, Lorne Balfe, Bryce Jacobs, Jasha Klebe et Michael Brook à la musique additionnelle, Michael Brook, Stephen Lipson et Bryce Jacobs aux guitares électriques, Martin Tillman au violoncelle électrique – la musique d’Hans Zimmer pour « Rush » est un formidable retour aux sources pour le musicien, qui renoue enfin avec l’esprit rock’n roll de ses débuts. C’est l’occasion pour le compositeur d’écrire une nouvelle partition dans la lignée de « Days of Thunder », autre film de course automobile, pour lequel le musicien avait déjà composé une musique vaguement similaire. D’un point de vue esthétique, le score de « Rush » sait se montrer un brin plus moderne et contemporain dans son approche, moins axé sur les années 80 mais toujours dominé par un mélange de parties orchestrales (cordes et cuivres principalement) et d’un ensemble de synthétiseurs, percussions diverses (avec la participation du batteur Satnam Ramgotra) et trio de guitares électriques qui apportent une force évidente aux images, sans oublier le traditionnel violoncelle électrique de Martin Tillman.

Le film débute au son de « 1976 », qui introduit le film avec des sons de voitures F1 enregistrés et conçus par Danny Hambrook, renforçant l’immersion réaliste du film dans l’univers de la Formule 1. Quelques effets électroniques de claviers et de guitare sur fond de cordes tenues suffisent à créer une tension mystérieuse dès l’intro du film, campant le postulat dramatique du récit : une lutte acharné entre deux pilotes de F1. Le thème principal est alors dévoilé par le violoncelle soliste dès 1:41, évoquant la rivalité entre Hunt et Lauda et la course à la gloire. Sans héroïsme ni solennité particulière, le thème central de « Rush » fait partie de ce genre de mélodies fédératrices que Zimmer aimait tant composer autrefois, un « anthem » à l’ancienne qui va vous rester en tête bien après la vision du film, mais qui délaisse l’aspect épique habituel pour apporter un sentiment plus dramatique au récit, suggérant l’aspect plus humain de l’histoire. Réussite incontestable de la partition de « Rush », le thème principal composé par Zimmer est en passe de rejoindre les grandes mélodies du compositeur teuton, de « The Rock » à « Crimson Tide » en passant par « Rain Man » ! Zimmer évoque ensuite James Hunt dans « I Could ShowYou If You’d Like », pur morceau de rock dominé par la basse et les guitares électriques, avec un fun décomplexé évident, à l’image du personnage playboy/frimeur campé par Chris Hemsworth. De son côté « Stopwatch » évoque Niki Lauda en instaurant une plus grande rigueur dans la musique (tout comme le personnage lui-même) : un ostinato de cordes staccatos et de guitare suffisent à créer un rythme entêtant alors que des accords majeurs plein d’espoir apportent un crescendo brillant, jusqu’à ce que les guitares dévoilent le second thème de la partition, le thème de Niki Lauda à 0:53, plus héroïque et déterminé – une autre grande réussite incontestable de la partition de « Rush – Dans « Into the Red », Zimmer illustre une scène de course automobile en mélangeant ces différents éléments avec brio : batterie déchaînée qui alterne jeu sur les cymbales, caisse claire/grosse caisse et toms, guitares électriques survoltées, cordes agitées, claviers, tout est mis en oeuvre pour plonger le spectateur/auditeur dans une sensation de vitesse frénétique, de vacarme sonore crée par les moteurs des voitures, et de l’adrénaline qui découle de ces expériences sportives frénétiques. « Into the Red » est un premier morceau d’action très réussi, qui nous renvoie ainsi aux grandes heures du studio Media Ventures dans les années 90, avec un aspect rock totalement maîtrisé : Zimmer fait ici ce qu’il sait faire de mieux avec ses potes, et le résultat est magistral à l’écran !

« Budgie » renforce l’apport des synthétiseurs de manière plus sombre et dramatique avec quelques accords tourmentés et inquiétants, tandis que les rythmes rock dominent « Scuderia ». Dans « Oysters in the Pits », Hans Zimmer nous propose un bon rock/électro moderne et entraînant, d’une force évidente dans le film, tout comme le superbe « 20% », qui devrait faire bondir de leur siège les fans du compositeur. A noter que si l’histoire se déroule à la fin des années 70, Zimmer a préféré éviter les références musicales de l’époque pour se concentrer sur une approche rock plus moderne (hormis les chansons utilisées dans le film), même si un passage comme « 20% » pourrait très bien avoir sa place parmi certains groupes de rock américains ou anglais de la fin des seventies. On appréciera aussi la reprise du thème héroïque et déterminé de Lauda dans « Watkins Glen », entièrement porté par la force des guitares électriques rythmiques et de la batterie totalement déchaînée et virtuose de Satnam Ramgotra. Dans le même registre, « Car Trouble » évoque une scène d’accident automobile lors d’une course avec une batterie frénétique et des guitares toujours aussi déchaînées, sur un tempo effréné. Heureusement, le compositeur lève le pied et freine un peu le temps d’une petite respiration dans le joli « Glück », qui apporte un éclairage intime/émotionnel au score à base de violoncelle, guitares et nappes sonores planantes. Mais la pause n’est que de courte durée, car vient ensuite les 5 minutes intenses de « Nürburgring », pour la séquence de la course en Allemagne qui tourne à la catastrophe pour Lauda. Les cordes aigues et mystérieuses qui introduisent le morceau sur fond de sound design inquiétant créent ici un sentiment d’appréhension, jusqu’à ce que la batterie, les effets étranges de guitares et de synthétiseurs prenant ensuite le relais avec les traditionnels ostinati de cordes et quelques accords musclés de cuivres, qui personnifient le danger. A 2:30, on retrouve la marque de fabrique habituelle de Zimmer, avec une série d’accords déclinés sur fond d’ostinato métronomique des cordes marquant tous les temps, un truc que l’on retrouve chez le compositeur depuis « Black Rain » jusqu’à « Batman Begins ». A noter que le final de « Nürburgring » accentue le drame qui survient durant la course à l’aide d’une accélération ahurissante du tempo et de choeurs synthétiques (façon Media Ventures) impressionnants. Dès lors, la musique opère un virage nécessaire et entame son dernier acte à partie du lugubre « Inferno », qui présage un avenir sombre pour Lauda, gravement blessé sur son lit d’hôpital, observant son adversaire à la télévision en train de remporter toutes les courses durant son absence. Zimmer fait référence ici au thème principal, qui deviendra très présent durant les dernières minutes du film.

Le thème principal est d’ailleurs repris au violoncelle sur fond de guitares dans « Mount Fuji », marquant le retour de la compétition acharnée entre Lauda et Hunt pour le dernier acte du film. « For Love » évoque à ce titre la détermination des uns et des autres, avec un tempo plus rapide et un environnement électronique très marqué, tout comme « Reign », qui renoue avec l’esprit action typique de Zimmer, dans un style Media Ventures qui semble surgir tout droit des années 90. Le thème est repris ici de manière plus énergique et héroïque, avec un sentiment de dépassement de soi, de courage, de détermination, de force et de motivation – les valeurs sportives habituelles – Le thème explose enfin dans les 6 minutes intenses de « Lost But Won » pour la dernière course du film, Zimmer en profitant pour développer de manière ample son thème sur un rythme effréné, alors qu’il reprend une dernière fois la mélodie de manière triomphante dans « My Best Enemy » à l’aide des cordes, du violoncelle et des choeurs, renforçant le caractère ‘anthemic’ de son superbe thème, symbolisant le respect mutuel entre Hunt et Lauda à la fin de l’histoire, chacun prenant sa route et faisant ce qu’il a à faire. Et c’est avec une certaine sensation d’euphorie que l’on ressort de l’écoute de « Rush » dans le film comme sur l’album, avec l’impression d’avoir écouté un Hans Zimmer en pleine forme, emporté par la fougue incontestable du réalisateur et de son oeuvre, ainsi que par la conviction indéniable des interprètes principaux du film. Le résultat est donc indiscutable : Zimmer livre avec « Rush » l’une de ses meilleures partitions du moment, car, sans être un chef-d’oeuvre musical en soi, la partition de « Rush » renoue avec le plaisir quasi nostalgique de certaines musiques rock du défunt studio Media Ventures des années 90, une sorte de version 2.0 de « Days of Thunder » à la sauce 2013, plus dramatique et mature, une réussite incontestable, aussi bien en tant qu’expérience musicale qu’en tant que musique de film. Les fans d’Hans Zimmer devront donc se procurer d’urgence le score de « Rush », qui reste l’une des meilleures musiques de film de l’année 2013. Quand aux autres, plus réfractaires au style du compositeur teuton, ils auraient tort de bouder leur plaisir et devraient laisser une chance au musicien avec ce score qui tient bel et bien ses promesses jusqu’au bout, confirmant par la même occasion l’intérêt sans cesse renouvelé de la collaboration entre Hans Zimmer et Ron Howard !




---Quentin Billard