1-Chased 2.13
2-The Apartment 2.31
3-Cash! 1.12
4-Malka Moma Si Se Bogu Moli 2.56*
5-Getting Better 4.02
6-Do You Want To Work? 2.13
7-Joey's Career 4.51
8-Isabel is Dead 3.41
9-The Italian Restaurant 2.48
10-Nun In Red 1.59
11-The Lorry 5.04
12-Crazy Patch 2.33
13-At the Ballet 3.55
14-Hummingbirds 5.31

*Composé par Neli Andreeva
et Georgi Genov
feat: Philip Koutev National
Folk Ensemble,
Georgi Genov/Philip Koutev.

Musique  composée par:

Dario Marianelli

Editeur:

Metropolis Movie Music

Score produit par:
Dario Marianelli
Programmation musicale:
Jody Jenkins
Supervision musique:
Maggie Rodford
Ingénieur et mixage score:
Nick Wollage
Supervision assistant musique:
Chantelle Woodnutt
Violoncelle soliste:
Philips Sheppard

Artwork and pictures (c) 2013 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***1/2
HUMMINGBIRD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Dario Marianelli
Avec « Hummingbird » (« Crazy Joe » en France, ou « Rédemption » au Canada), Jason Statham tente de briser son image de gros dur musclé en tournant dans un film un peu différent de ce qu’il fait habituellement. Celui qui reste associé à quelques franchises d’action comme « Expendables », « Crank » ou « Le Transporteur » s’essaie avec « Hummingbird » au drame en déguisant l’histoire sous des apparences de thriller. Réalisé par le britannique Steven Knight (son premier long-métrage en tant que réalisateur), le film raconte l’histoire de Joey Smith (Jason Statham), ancien soldat des forces spéciales qui se retrouve SDF à Londres après s’être enfui d’un procès en cour martiale. Un an plus tard, le fuyard se fait appeler Joey Jones et obtient un job dans un restaurant chinois comme plongeur. Puis, petit à petit, il va gravir les échelons et deviendra chauffeur puis homme de main d’un mafieux nommé Mr. Choy (Benedict Wong), membre de la pègre chinoise. Doté d’une force et d’une volonté implacable, Joey – surnommé très vite « Crazy Joe » par ses employeurs – se lie d’amitié avec Soeur Christina (Agata Buzek), une religieuse qui s’occupe des SDF dans la rue et avec qui il va vivre une romance inattendue. Un jour, Soeur Christina lui apprend qu’Isabel (Victoria Bewick), une ancienne amie de Joey avec qui il vivait dans la rue et qu’il protégeait des proxénètes, a été retrouvée assassinée, victime d’un homme d’affaires violent avec les femmes. Joey se met alors en tête de retrouver l’assassin d’Isabel et de la venger pour de bon. « Hummingbird » est au final un film bien plus intéressant qu’il n’y paraît au premier abord, en premier lieu parce qu’il permet d’offrir à Jason Statham un rôle dramatique un peu plus consistant que celui des brutes épaisses qu’il interprète à longueur de journée dans la plupart de ses films. Entièrement filmé dans un univers urbain nocturne, « Hummingbird » avait même de quoi satisfaire les détracteurs de Jason Statham, qui campe un homme brisé par un passé violent, en quête de rédemption, bien décidé à consacrer le reste de son temps à retrouver l’assassin d’une ancienne SDF avec qui il trainait autrefois dans la rue. Pourtant, tout aussi attachant soit-il, le film déçoit par la mollesse de sa mise en scène, par ses quelques scènes d’action timides (hormis vers la fin du film) et par une romance improbable entre la brute et la religieuse. Statham essaie manifestement de prouver qu’il est à l’aise dans un rôle plus dramatique, le film ayant été vendu comme un thriller d’action alors qu’il s’agit en fait d’un drame pur et dur, ponctué de quelques rares scènes d’action réussies. On ressort donc un brin frustré par ce faux thriller mou du genou et impersonnel uniquement porté par la conviction de ses interprètes et par un scénario qui a au moins la décence de s’attarder pour une fois sur l’aspect humain et émotionnel en reléguant l’action ou les bagarres au second rang. Pour un film avec Jason Statham, ce n’est déjà pas si mal que cela !

Le compositeur Dario Marianelli signe pour « Hummingbird » une partition dramatique et mélancolique, ponctué de touches jazzy et d’orchestrations classiques avec les traditionnels loops électro modernes, qui suggèrent l’aspect urbain du film de Steven Knight. A la première écoute de la musique dans le film, on ne remarque rien de spécial, Marianelli reste fidèle à lui-même en mélangeant ses orchestrations classiques habituelles à quelques éléments plus modernes, comme il le fait dès le début du film dans « Chased », qui évoque le passé violent de Crazy Joe. Marianelli introduit ici un thème sombre de 8 notes pour Joey avec l’emploi des cordes sur fond de percussions métalliques diverses et de quelques touches orientales. On ressent ici un sentiment d’urgence et de danger par l’emploi prononcé des percussions diverses. A noter l’emploi du violoncelle soliste, qui deviendra ici l’un des instruments-clé du score de « Hummingbird ». Dans « The Apartment », Marianelli réemploie le violoncelle avec un piano solitaire pour évoquer l’isolement de Joe avec une poignée de cordes pour parvenir à ses fins. Comme toujours, Dario Marianelli reste à l’aise dans le domaine de l’émotion intime, ce qu’il confirme dans le mélancolique « The Apartment ». A noter ici le retour des percussions métalliques de « Chased » qui rappellent le passé de Joe. Dans « Cash ! », Marianelli introduit les traditionnelles sonorités électroniques d’usage, dont certaines ont été créées à partir d’un violoncelle électrique. Le compositeur se montre d’ailleurs relativement inventif ici dans le maniement des rythmes électroniques qu’il introduit progressivement, au fur et à mesure que Joey s’impose dans le film par ses actes.

« Getting Better » utilise un mélange de clavier, synthés, orchestre et solistes pour retranscrire l’ambiance dramatique et sombre du film. Ici, comme pour « Cash ! », on retrouve les loops synthés qui traduisent la détermination de Joey avec quelques cordes latentes et un violoncelle soliste récurrent. Ici aussi, les percussions métalliques associées au passé militaire de Joey refont leur apparition, comme pour personnifier l’idée que le héros ne pourra plus revenir en arrière même s’il tente d’acquérir aujourd’hui la rédemption. « Do You Want To Work ? » développe quelques ostinatos traditionnels de cordes sur fond de loops électro et de percussions synthés diverses. Ici aussi, le but est de personnifier la détermination de Joey, qui va acquérir un nouveau job pour un mafieux et se rapprocher dangereusement de l’assassin d’Isabel. Le violoncelle soliste est toujours présent pour rappeler la dimension humaine tragique du récit, tandis que la partie électronique suggère davantage l’aspect urbain et nocturne du film. « Joey’s Career » confirme d’ailleurs tout cela en mélangeant ces différents éléments pendant plus de 4 minutes assez intenses. On retrouve la mélancolie du piano soliste, le charme lyrique du violoncelle, les ostinatos de cordes et les loops électro habituels. La musique apporte ici un sentiment de détermination mais aussi de résignation : Joey sait ce qu’il a à faire et il doit le faire, étant donné qu’il n’a plus rien à perdre. On pourra d’ailleurs saluer l’effort de Dario Marianelli qui développe une approche musicale extrêmement cohérente dans le film, délaissant l’action ou le suspense au profit d’une ambiance mélancolique urbaine à la Craig Armstrong, plutôt intéressante dans le film. « Isabel is Dead » renforce la tension dramatique du score avec le retour du thème de Joey par un violoncelle électrique mélancolique à souhait, lorsque Joey apprend la mort de son amie Isabel. Le cello électrique apporte ici un éclairage émotionnel très particulier, avec un son filtré et distant assez surréaliste et particulièrement bien placé à l’écran.

Puis, très vite, les rythmes électros s’emballent pour rappeler l’idée de la quête de rédemption de Joey, prêt à venger Isabel par tous les moyens possibles. « Isabel is Dead » est d’ailleurs l’un des premiers passages d’action du score de « Hummingbird », introduisant au passage quelques rythmes incisifs et nerveux plus agressifs et sombres dans le film – notamment dans l’emploi d’un piano rythmique ‘thriller’ vers la deuxième minute – Si la tension est clairement palpable dans « Isabel is Dead », c’est pour mieux préparer le violent dénouement final du récit, incluant « The Italian Restaurant » et sa série de 3 notes lancinantes répétées aux cordes, aux bois et à la harpe de manière entêtée. Le thème de Joey est repris ensuite par le violoncelle dans « Nun in Red » pour la scène du dîner entre Joey et Soeur Christina. Marianelli évoque ici la romance naissante improbable entre le SDF marginal et la religieuse en mettant l’accent sur un clavier électrique et quelques cordes de manière plutôt douce et intime. « The Lorry » rappelle ensuite les enjeux dramatiques de l’histoire en combinant violoncelle électrique et rythmes nerveux de façon assez inventive, tandis que l’on devine une certaine mélancolie au début de « Crazy Patch », alors que les jeux sont faits et que Joey, comme Christina, doivent maintenant prendre leur route chacun de leur côté. La seconde partie de « Crazy Patch » développe à nouveau quelques rythmes action/percussions métalliques bien placées, sans jamais en faire de trop, tempérés par l’emploi du piano et des cordes. Enfin, le climax du film est atteint dans l’intense et tragique « At the Ballet », qui reprend le motif entêtant de 3 notes de « The Italian Restaurant », alors que Joey venge enfin la mort d’Isabel.

Et c’est ainsi que le film se referme sur une douce mélancolie apaisée dans « Hummingbirds » (qui se termine par une ultime reprise du thème principal de Joey), porté par le violoncelle électrique et le piano. On retrouve ici une ambiance résignée similaire à « Crazy Patch ». La réussite de la partition de Dario Marianelli tient donc ainsi dans le simple fait que le compositeur refuse ici d’accentuer la violence ou l’action mais préfère conserver une approche émotionnelle et dramatique assez réussie à l’écran, sans jamais en faire de trop. La musique sait ainsi se faire minimaliste ou distante quand il le faut, tout en accentuant les émotions avec justesse, à l’image de cette douce mélancolie résignée que l’on ressent dans le très beau « Hummingbirds », typique des musiques intimistes habituelles de Dario Marianelli. La réussite de la partition de « Hummingbird » réside aussi dans le choix adroit d’instruments solistes clé, à commencer par le violoncelle électrique aux sonorités si étranges et si particulières, au piano ou à ces percussions métalliques/électroniques indissociables de la bande originale du film de Steven Knight. On appréciera aussi l’apporte des quelques thèmes, et notamment du thème mélancolique de « Crazy Patch » et « Hummingbirds », renforçant à leur tour l’émotion du film sans jamais entrer dans le domaine de la surenchère ou du mélodrame. Résultat : Dario Marianelli signe une partition plutôt attachante et réussie pour « Hummingbird », qui, si elle ne laissera pas un souvenir impérissable après écoute, confirme néanmoins le talent du compositeur, toujours aussi à l’aise dans le domaine des musiques dramatiques orchestrales.



---Quentin Billard