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1-Choose Your Crew 1.36
2-Maersk Alabama 2.42 3-This Is Not A Drill 5.42 4-Second Attack 4.53 5-I'm The Captain Now 3.44 6-Do We Have A Deal? 2.09 7-Entering the Lifeboat 2.46 8-USS Bainbridge 2.07 9-End This Peacefully 2.43 10-Failed Attempt 0.56 11-Two In The Water 4.19 12-Seals Inbound 0.23 13-Negotiation 1.23 14-Initiate The Tow 2.17 15-High-Speed Maneuvers 2.03 16-Safe Now 3.12 Musique composée par: Henry Jackman Editeur: Varèse Sarabande VSD-7226 Album produit par: Henry Jackman, Al Clay, Jack Dolman Musique additionnelle de: Al Clay, Jack Dolman Producteur exécutif: Robert Townson Direction de la musique pour Sony Pictures: Lia Vollack Cello: Tristan Schulze Violon: Ann Marie Calhoun Percussions: Satnam Ramgotra Basse: Nico Abondolo Percussions: David Chegwidden, Alan Lightner Production services musicaux: Steven Kofsky Programmation synthé: Henry Jackman, Al Clay, Jack Dolman Mixage musique: Al Clay Assistant mix: John Chapman American Federation of Musicians. Artwork and pictures (c) 2013 CTMG/(p) Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved. Note: ** |
CAPTAIN PHILLIPS
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Henry Jackman
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Après « Bloody Sunday » (2002) et « United 93 » (2006), Paul Greengrass porte à nouveau un fait divers à l’écran dans « Captain Phillips », thriller sorti en 2013 et mettant en scène Tom Hanks en capitaine de bateau face à une bande de pirates somaliens déterminés. Le scénario s’inspire de l’histoire vraie du capitaine Richard Phillips (Hanks), qui fut pris en otage en 2009 par des pirates dirigés par Abduwali Muse (Barkhad Abdi) dans l’Océan Indien, à bord du MV Maersk Alabama, un navire de marine marchande américain, à plus de 230 kilomètres des côtes somaliennes. L’essentiel du film réside ainsi dans cette confrontation entre Phillips et les pirates de Muse, une confrontation plus souvent verbale que réellement physique, où chacun va tenter d’avoir l’autre à l’usure, avec ses propres moyens. A l’instar de ses précédents films, Paul Greengrass reste fidèle à son esthétique de documentaire dramatique reconstitué en filmant le tout caméra à l’épaule de manière ultra réaliste, s’intéressant cette fois-ci – comme dans « United 93 » - au rapport entre victime et preneur d’otages. En s’inspirant des mémoires du vrai Richard Phillips, Greengrass rappelle que cet événement ultra médiatisé à l’époque était le sujet parfait pour un film d’action hollywoodien, avec son lot de suspense, rebondissements et montées de tension. Sans aucun artifice particulier, le cinéaste britannique filme donc son récit comme il filmerait une reconstitution documentaire de cette fameuse prise d’otage, sans jamais tomber dans les clichés. Fort heureusement, Greengrass a le mérite de ne jamais tomber dans la caricature ou le manichéisme, et montre ainsi comment des jeunes somaliens sont enrôlés – parfois malgré eux – dans un groupe de pirates, prêt à attaquer n’importe qui pour quelques sous, avec des moyens rudimentaires. Greengrass évoque les rouages de la piraterie moderne et des enjeux économiques liés aux prises d’otages dans certains pays du tiers monde (sujet toujours d’actualité), tout en assénant bien l’idée que les jeunes enrôlés dans ces groupes sont bien souvent des esprits faibles et sans le sou, pour qui la piraterie constitue parfois l’unique chance de survie. Face au groupe d’Abduwali Muse, Phillips, brillamment incarné par Tom Hanks, s’impose par son calme apparent, tête baissée, mais avec des nerfs d’acier, capable de comprendre les agissements profonds de ses ravisseurs et ouvert au dialogue – pour tenter au final de retourner la situation à son avantage – Certains critiques ont reproché le côté trop caricatural du scénario qui oppose parfois de manière binaire le monde occidental riche et opulent contre le monde pauvre et défavorisé du tiers monde (la Somalie étant le pays africain qui connaît le plus grand taux de corruption depuis plusieurs années, sans parler des famines, des guerres civiles et des dictatures). Et pourtant, « Captain Phillips » se montre bien plus subtil en évacuant toute forme de jugement, en montrant les faiblesses des uns et des autres pour aboutir au final à une réflexion sur l’état du monde depuis les années 2000, le tout sous forme de thriller d’action redoutablement efficace, même si le film n’atteint pas les sommets du génial et bouleversant « United 93 ».
S’il paraît évident que Paul Greengrass avait envisagé d’engager à l’origine John Powell sur « Captain Phillips », l’absence de ce dernier (Powell s’est retiré quelques temps d’Hollywood pour retourner s’occuper de sa famille en Angleterre) obligea le cinéaste à se rabattre sur un autre compositeur de chez Remote Control, Henry Jackman, très prisé depuis le début des années 2010 et auteur de quelques partitions mémorables (« Puss in Boots », « X-Men First Class », « Wreck-it-Ralph »). Le résultat est bien évidemment prévisible et sans surprise : Jackman se voit ainsi imposé par la production l’écriture d’une musique électro-orchestrale moderne dans la continuité des précédents travaux de John Powell pour Greengrass : la trilogie « Bourne », mais aussi « Green Zone » ou bien encore « United 93 », sans oublier des références évidentes à « Black Hawk Dawn » de Zimmer. Pour parvenir à ses fins, Henry Jackman convoque un petit ensemble orchestral agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs, loops en tout genre et de quelques instruments solistes évoquant plus particulièrement, par leurs sonorités orientales, les pirates somaliens : violoncelle, violon, percussions ethniques diverses et basse. Il faut quand même souligner que l’écriture de la partition ne s’est guère effectuée sans heurts : ainsi, la musique de Jackman a été constamment remaniée par durant une bonne partie de la post-production du film, obligeant ainsi le compositeur à appeler en renfort certains de ses collègues de chez Remote Control pour réécrire certains segments du score rejetés par Greengrass. La conception du score fut si chaotique qu’elle obligea Hans Zimmer lui-même à intervenir sur la partition en composant et réécrivant plusieurs morceaux de la partition, et notamment les derniers morceaux de l’album et du film (on raconte d’ailleurs que Zimmer, voyant l’étendue du carnage, fut très hésitant à accepter de participer au score !). Il faut aussi rappeler que Greengrass a des exigences assez particulières en matière de musique, comme le rappelle Jackman dans une récente interview accordée en 2013 pour Empire Magazine, durant laquelle le musicien explique que Greengrass est obsédé par l’objectivité et la crédibilité psychologique, et qu’il n’aime pas que la musique détourne l’attention ou provoque une trop grande émotion, par souci de réalisme. Du coup, il fallait éviter d’écrire la moindre forme de thème héroïque/dramatique ou de trop personnifier les protagonistes du film ou les situations dans la musique, obligeant ainsi Jackman à remanier constamment ses morceaux pour obtenir le rendu musical le plus minimaliste et le plus en retrait possible. Mais le challenge fut visiblement trop difficile pour le compositeur, d’où l’arrivée en renfort d’Hans Zimmer, Lorne Balfe (non crédité), Jack Dolman et Al Clay. Les pirates sont ainsi évoqués dans « Choose Your Crew » dès le début du film, à grand renfort de rythmes tribaux ethniques et de sonorités arabisantes. « Maersk Alabama » évoque le navire marchand à l’aide d’une utilisation assez inventive du violon et du violoncelle, avec un ensemble de cordes, cuivres et rythmes électroniques métronomiques. Jackman maintient ici une pulsation constante pour évoquer le drame à venir. Le suspense devient prépondérant dans « This Is Not A Drill » où le compositeur parvient à créer des ambiances particulières grâce au violon soliste et aux percussions synthétiques métalliques qu’il emploie pendant plus de 5 minutes. Ici aussi, comme dans « Maersk Alabama », les pulsations rythmiques sont quasi constantes, et alors que le rythme s’emballe soudainement dès la deuxième minute pour la première scène d’attaque du navire marchand – marqué par le retour des rythmes tribaux/ethniques et des sonorités orientales du violoncelle/violon. On n’est d’ailleurs guère loin ici de l’esthétique du « Green Zone » de John Powell, Jackman se contenant bien souvent d’imiter des formules musicales toutes faites sans grande imagination particulière à l’écran. « Second Attack » développe ces rythmes tribaux en mélangeant un ensemble de percussions ethniques diverses de manière plutôt efficace, incluant d’ailleurs un peu de scat puisque l’un des musiciens du groupe réalise un rythme avec sa bouche. Les idées sonores que présente ici Henry Jackman sont plutôt intéressantes, y compris dans la manière dont il manie les rythmes tribaux/orientaux dans le film, même si l’on regrettera le côté souvent stéréotypé de certains passages comme la séquence rythmique qui débute à 1:27 et que l’on a l’impression d’avoir entendu des milliers de fois auparavant dans ce type de production. Fort heureusement, Jackman parvient régulièrement à compenser le manque de personnalité de certaines formules musicales avec une utilisation souvent minimaliste et intéressante des instruments solistes, et notamment du duo violon/violoncelle qui fait ici des merveilles. La tension semble alors s’installer durablement dans « I’m the Captain Now » qui évoque la prise de pouvoir de Muse et ses camarades sur le navire de Phillips, et le jeu du chat et de la souris entre les pirates et les membres de l’équipage qui débute alors. Jackman souligne ici le suspense à grand renfort de nappes sonores, de sound design glauque et de rythmes électroniques. « Do We Have a Deal ? » débute même sur fond d’effets sonores bizarres rappelant le son de parasites. Le rythme s’accélère de manière plus urgente dans « Entering the Lifeboat », alors que la situation s’intensifie comme dans « USS Bainbridge » et le nerveux « Two in the Water ». « Failed Attempt » est l’un des rares moments d’accalmie de la partition, s’imposant par son ton mélancolique exécuté en toute sobriété avec quelques nappes sonores amères, alors qu’une tentative pour sauver Phillips vient d’échouer. L’action domine ensuite dans « Seals Inbound » pour l’arrivée des Navy SEALS vers la fin du film, débouchant sur les derniers passages d’action nerveux de « Captain Phillips », « Initiate the Tow » et « High-Speed Maneuvers ». Enfin, « Safe Now » évoque le sauvetage final de Phillips, sans aucune forme d’héroïsme ou de triomphe, mais plus comme une sorte de soulagement résigné : quelques notes fragiles de piano et des nappes sonores permettent à Jackman de relâcher enfin la tension à la fin du film, avec un violoncelle soliste mélancolique et quelques cordes élégiaques du plus bel effet imitant clairement le fameux « Journey to the Line » du « Thin Red Line » d’Hans Zimmer ainsi que le morceau « Time » du score de « Inception » (à noter d’ailleurs que « Safe Now » a été co-composé par Zimmer). Le morceau a d’ailleurs été réécrit une trentaine de fois avant d’aboutir à la version de l’album, qui a d’ailleurs été en partie remplacée dans le film par le morceau « The End » du score de « United 93 » de John Powell (tout ça pour ça, au final !). S’il paraît évident que le fiasco musical de « Captain Phillips » (on dit qu’Hans Zimmer refuse de voir son nom associé à ce projet cauchemardesque !) est en grande partie dû aux exigences harassantes de Paul Greengrass et aux remaniements interminables du score qui auront nécessité au final 7 mois de travail et de nombreuses participations de différents musiciens de chez Remonte Control, il semble aussi plus qu’évident qu’Henry Jackman et ses collègues ont fait ce qu’ils ont pu mais ont échoué au final, accouchant d’une partition ultra fonctionnelle, froide, insipide et totalement impersonnelle, copiant des temp-tracks plus qu’évidents (« Bourne », « Black Hawk Dawn », « Thin Red Line », « Inception ») sans aucune imagination particulière. Et si la musique remplit effectivement le cahier des charges dans le film, suggérant tension et action avec brio et professionnalisme, l’écoute sur l’album reste fortement décevante, « Captain Phillips » étant, à coup sûr, un score totalement mineur et dispensable de la part de Jackman, qui nous a pourtant habitué à mieux par le passé. Dommage ! ---Quentin Billard |