1-Main Title 2.08
2-The Interrogation 1.12
3-The Assassination 4.35
4-Dunn Under Fire 4.00
5-Police Sniper 3.13
6-Dunn Obtains Records 1.44
7-Medley: Victoria Has
A Guest/The Bomb 1.43
8-Medley: The General's
Entrance/Checkpoint At
The Bridge 2.26
9-The Foot Chase 2.10
10-Police Headquarters 8.15
11-Into The Sewer 2.53
12-Dunn Is Apprehended 1.23
13-Bickhart's Demise 0.55
14-Dunn's Revenge 2.03

Musique  composée par:

Paul Buckmaster

Editeur:

Milan Records 73138 36829-2

Musique produite par:
Paul Buckmaster
Direction de la musique:
Paul Broucek
Temp Music Tracking:
Robert Garrett, Lee Scott
Mixage score:
Keith Grant
Monteur musique:
Tom Kramer
Coordination score:
Helle O'Connell
Assistant du compositeur:
Charlie Olins
Music Business Affairs:
Lori Silfen
Orchestrations:
Brian Benison, Rick Giovinazzo,
Andrew Kinney, Frank Macchia,
Larry Rench

Artwork and pictures (c) 1997 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
MOST WANTED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Paul Buckmaster
La fin des années 90 a vu se succéder une série de film d’action hollywoodiens et de séries-B bourrines en tout genre, allant du génial jusqu’au médiocre, permettant à certaines gloires du genre de concrétiser leurs succès (plus que jamais, ce fut l’ère de Schwarzenegger, Stallone, Van Damme, Seagal, etc.). Certains films d’action de cette décennie sont moins connus que d’autre et sont rapidement tombés dans l’oubli. C’est le cas notamment de « Most Wanted », sorti en salles en 1997, et que nous connaissons mieux en France sous le titre « Wanted, recherché mort ou vif ». Avec un titre digne d’un western U.S. des années 50, le réalisateur David Hogan et le scénariste Steven E. de Souza (auteur des scripts pour des classiques 80’s tels que « 48 Hrs. », « Commando » ou « Die Hard ») proposent une intrigue somme toute résolument classique, inspiré du « Fugitive » d’Andrew Davis sorti en 1993. De manière similaire, il y est question d’un homme accusé à tort d’un meurtre et qui va devoir fuir pour réussir à prouver son innocence et démasquer le vrai coupable. Le film raconte ainsi le récit du sergent James Dunn (Keenen Ivory Wayans), tireur d’élite et héros de la guerre du Golfe, condamné à mort pour avoir refusé de suivre un ordre injuste et abattu son supérieur. Mais avant que l’exécution n’ait eu lieu, le lieutenant colonel Grant Casey (Jon Voight) vient lui rendre visite dans sa cellule et lui propose d’échapper à la peine de mort en le recrutant pour son unité d’élite secrète. Si Dunn veut récupérer sa liberté, il devra ainsi se fendre d’un contrat : assassiner un industriel américain soupçonné d’avoir vendu de précieux renseignements technologiques à une puissance ennemie. Mais le jour où l’exécution doit avoir lieu, c’est finalement la Première Dame des Etats-Unis qui est abattue par un autre tireur sur le toit d’un immeuble. Trahi par le général, Dunn comprend alors qu’on l’a piégé et qu’il a été manipulé depuis le début pour exécuter le sale boulot et endosser la responsabilité du meurtre de la First Lady. Poursuivi par les autorités du pays, Dunn doit fuir et n’a plus qu’une seule solution : réunir des preuves pour prouver son innocence et démasquer le colonel – qui n’est autre que le général Adam Woodward - et ses sbires, à la tête d’une sombre et vaste conspiration militaire. Pour cela, Dunn va s’assurer de la coopération du docteur Victoria Constantini (Jill Hennessey), témoin du meurtre et qui a filmé le vrai tireur le jour de l’attentat contre la First Lady. Grâce à la précieuse cassette vidéo contenant l’enregistrement du tireur, Dunn possède une chance de se disculper, mais Woodward, plein de ressources, n’a pas dit son dernier mot. Avec un scénario ultra classique et téléphoné de A à Z, David Hogan élabore un suspense dense parsemé de quelques scènes d’action et d’un solide casting, réunissant Keenen Ivory Wayans (plus habitué à des rôles moins sérieux, et auteur du fameux « Scary Movie »), l’excellent Jon Voight, parfait en bad guy déterminé, ainsi que quelques seconds rôles solides incluant Simon Baker (alias Patrick Jane de la série « Mentalist », encore peu connu à l’époque !), Jill Hennessy, Robert Culp, Eric Roberts, John Diehl, Paul Sorvino, etc. Film d’action typiquement nineties, « Most Wanted » réunit ainsi tous les ingrédients du genre et constitue un bon divertissement malgré une fin totalement ratée et un peu incompréhensible (quid de l’intérêt de montrer les deux frères jumeaux à la toute fin ?), « Most Wanted » n’étant au final qu’une banale série-B d’action prévisible et sans surprise.

L’élément le plus étonnant reste sans aucun doute la participation du compositeur anglais Paul Buckmaster à la musique de « Most Wanted ». Plus connu pour sa musique du cultissime « 12 Monkeys » de Terry Gilliam en 1995, Buckmaster est aussi connu pour ses nombreuses collaborations avec des artistes comme Elton John, David Bowie, Mick Jagger, Céline Dion, Patti LaBelle, et c’est aussi un violoncelliste de talent. En revanche, Buckmaster était un choix plutôt audacieux pour « Most Wanted », étant donné que le compositeur n’avait encore jamais vraiment écrit pour un film d’action de ce genre auparavant. A la première écoute dans le film, la partition de « Most Wanted » attire notre attention grâce à ses orchestrations denses, son écriture très 90’s et ses références musicales évidentes (Jerry Goldsmith, James Newton Howard, etc.). Avec un mélange réussi d’orchestre, de percussions et de synthétiseurs, « Most Wanted » apporte action et tension au film sans grande surprise particulière, mais avec une intensité constante et une volonté de bien faire. Cette intensité commence crescendo dès l’ouverture du film, à grand renfort de percussions ethniques pour l’intro dans le Golfe (« Main Title »). Quelques éléments électroniques typiquement 90’s font leur apparition, rappelant certaines sonorités du « The Fugitive » de James Newton Howard. Pas de thématique particulière ici en dehors de quelques motifs disséminés par-ci par-là, l’essentiel du score se résumant à une succession de morceaux d’action/suspense orchestraux rondement exécutés. « The Interrogation » introduit les rythmes martiaux associés au personnage de Jon Voight et à ses sbires, tout en suggérant la conspiration militaire et les ennuis qui attendent James Dunn. Cuivres, cordes et percussions sont ici de la partie, avec des orchestrations souvent assez denses et bourrées de détails – on appréciera par exemple l’emploi du piano ‘thriller’ qui rappelle clairement Jerry Goldsmith. Cette approche musicale se concrétise dans « The Assassination » pour la séquence de l’assassinat au début du film. Paul Buckmaster fait monter la tension pendant plus de 4 minutes à l’aide de bois, cordes nerveuses et dissonantes, cuivres agressifs, harpe, caisse claire martiale, piano thriller et quelques notes de basse synthétique. Le mélange d’action et de suspense de « The Assassination » démontre par la même occasion le savoir-faire évident du compositeur britannique, spécialiste des orchestrations luxuriantes et riches qui font leur petit effet dans le film comme sur l’album, « The Assassination » étant à coup sûr le premier morceau mémorable de « Most Wanted ».

Et lorsque l’action débute enfin à partir de 3:09 avec ses cordes staccatos ascendantes et ses sforzandos nerveux de cuivres et de bois, c’est pour mieux intensifier l’idée de la chasse à l’homme et du danger. Ici aussi, on décèle quelques influences musicales mais Buckmaster possède un style assez personnel et un sens de l’orchestration propre à lui, si bien que la musique s’apprécie vraiment sans avoir à la comparer régulièrement avec d’autres scores du même genre. Le compositeur sait aussi se montrer inventif dans le maniement des percussions comme il le prouve dans « Dunn Under Fire », où il mélange effets de col legno des cordes (on martèle les cordes avec le bois de l’archet), roulements de timbales, shakers, toms et percussions ethniques. Les éléments électroniques sont présents mais souvent relégués au second plan, Buckmaster privilégiant l’aspect orchestral dans sa partition. Les cuivres et les percussions martiales prennent alors le dessus sur la fin de « Dunn Under Fire » pour la fusillade sur le bord de l’autoroute, et un nouveau déchaînement orchestral incisif et nerveux. « Police Sniper » développe une ambiance similaire entre montées de tension et action agressive, le tout ponctué de cuivres aventureux rappelant curieusement John Williams (flagrant dans le passage entre 0:40 et 0:49, qui rappellerait presque maintes mesures de la saga « Star Wars »). A 1:26, on découvre même un motif de cuivres qui rappelle beaucoup Alan Silvestri (déjà entendu au début de « The Assassination »). Si l’on appréciera la montée de tension explosive de « Victoria Has A Guest/The Bomb », on ne pourra qu’apprécier la rage militariste et guerrière du début de « The General’s Entrance/Checkpoint at the Bridge », avec son ensemble de percussions martiales brillamment scandées pour l’arrivée du général dans les bureaux de la police. Et si vous aimez les grands déchaînements orchestraux mouvementés, vous apprécierez sûrement les derniers morceaux d’action du score, de la poursuite de « The Foot Chase » aux 8 minutes intenses de « Police Headquarters » en passant par les percussions survoltées de « Into the Sewer » pour la poursuite dans les égouts, sans oublier les excellents « Dunn is Apprehended » et l’épilogue de « Dunn’s Revenge », avec le rappel des sonorités électroniques façon « The Fugitive ».

Paul Buckmaster signe donc une partition d’action redoutablement efficace et intense pour « Most Wanted », un score de très bonne facture servi par des orchestrations de grande qualité, une utilisation inventive des percussions ou de certains instruments et une intensité constante. On regrettera néanmoins l’absence de thème fort, hormis quelques motifs discrets par-ci par-là. Malgré ses qualités évidentes, le score de « Most Wanted » aurait certainement gagné en intérêt avec un thème plus marquant et mémorable. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, car « Most Wanted » fait partie de ces derniers grands scores d’action symphoniques de la fin des années 90 avant l’avènement et la propagation du style Remote Control d’Hans Zimmer, qui phagocytera une bonne partie de la production hollywoodienne au début des années 2000 jusqu’à maintenant. Ceux qui connaissent Paul Buckmaster de sa partition pour « 12 Monkeys » doivent donc jeter une oreille attentive sur « Most Wanted », probablement l’un des meilleurs scores du compositeur anglais et une formidable entrée dans le registre de la musique d’action orchestrale hollywoodienne, très réussie dans le film comme sur l’album !




---Quentin Billard