1-Lemurian Star 3.06
2-Project Insight 1.29
3-The Smithsonian 1.36
4-An Old Friend 3.05
5-Fury 4.07
6-The Winter Soldier 6.24
7-Fallen 2.51
8-Alexander Pierce 2.59
9-Taking A Stand 2.07
10-Frozen In Time 3.52
11-Hydra 6.47
12-Natasha 1.12
13-The Causeway 2.42
14-Time To Suit Up 2.05
15-Into The Fray 6.05
16-Countdown 4.26
17-End Of The Line 2.51
18-Captain America 9.41
19-It's Been A Long Long Time 3.24*
20-Trouble Man 3.48**

*Interprété par Harry James
& His Orchestra
Ecrit par Sammy Cahn
& Jule Styne
**Interprété par Marvin Gaye
Ecrit par Marvin Gaye.

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Disney/Intrada D001872392

Musique produite par:
Henry Jackman
Musique additionnelle de:
Dominic Lewis, Matthew Margeson
Producteurs album:
Henry Jackman, Al Clay
Producteurs exécutifs de l'album:
Anthony & Joe Russo,
Kevin Feige, Nate Moore,
Dave Jordan

Direction de la musique pour
The Walt Disney Studios Motion
Picture Group et The Walt Disney
Music Group:
Mitchell Leib
Monteur musique:
Jack Dolman, Jason Ruder
Supervision montage:
Steve Durkee
Assistants montage:
Nashia Wachsman, Catherine Wilson
Superviseur musique:
Dave Jordan
Coordination musique:
Margaret Gardner
Orchestre conduit par:
Gavin Greenaway
Coordination score:
Matthew K. Justmann
Production services musicaux:
Steven Kofsky

Artwork and pictures (c) 2014 Marvel Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
CAPTAIN AMERICA :
THE WINTER SOLDIER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
Après « Captain America » en 2011 et un détour du côté du rassemblement des « Avengers » en 2012, le célèbre super héros de chez Marvel est de retour pour un second épisode plus intéressant et un brin plus sombre et dramatique. L’histoire se déroule deux ans après les terribles événements de New York. Steve Rogers (Chris Evans), alias Captain America, tente de mener ne vie ordinaire à Washington, où il s’efforce de s’adapter au monde moderne du 21e siècle. Au cours d’une mission avec l’espionne Natasha Romanoff alias la Veuve Noire (Scarlett Johansson) et l’agent Brock Rumlow (Frank Grillo), Steve sauve les otages d’un bateau du SHIELD détourné par un criminel français nommé George Batroc (Georges St-Pierre). Mais pendant qu’il s’affaire à libérer les otages et neutraliser Batroc, Steve découvre que Natasha a accompli une mission secrète pour le SHIELD : récupérer de précieuses données stockées sur des ordinateurs du bateau. Nick Fury (Samuel L. Jackson), leader du SHIELD, récupère ensuite ces précieuses données sur une clé USB mais découvre qu’elles sont inaccessibles, alors qu’elles ont été mystérieusement verrouillées à son nom. Attaqué et gravement blessé au cours d’une embuscade sur la route, Fury se voit contraint de confier la précieuse clé USB à Steve Rogers, en l’avertissant de ne surtout faire confiance à personne. Fury est alors blessé par une balle tirée par un mystérieux tueur, que Steve poursuit et rattrape : il s’agit de l’énigmatique Soldat de l’Hiver (Sebastian Stan), une légende qui semble bel et bien réelle, et que le SHIELD n’a jamais réussi à appréhender. Peu de temps après, Nick Fury meurt à l’hôpital. Alexander Pierce (Robert Redford), haut gradé du SHIELD, interroge alors Steve sur les raisons de la présence de Fury à son appartement le jour de la fusillade, mais Rogers refuse de dire ce qu’il sait, ne sachant pas à qui faire confiance. En analysant les données de la clé USB, Steve et Natasha se rendent dans un bunker du New Jersey, dans un ancien camp militaire de la seconde guerre mondiale où Steve a fait ses classes il y a très longtemps. Ils vont découvrir une vérité bien terrifiante : HYDRA, l’organisation nazie dirigée par Red Skull durant la Seconde Guerre Mondiale, est toujours vivante et a infiltré une bonne partie du SHIELD, et ce depuis de nombreuses années. Alors que les traîtres sévissent dans l’organisation même de Nick Fury, Steve, Natasha et Sam Wilson alias le Faucon (Anthony Mackie) se battent désormais pour déjouer une vaste conspiration visant à anéantir des milliers d’existence pour le compte d’HYDRA, qui compte utiliser trois puissants héliporteurs du SHIELD capables de verrouiller des cibles humaines bien précises.

« Captain America : The Winter Soldier » est au final une suite particulièrement réussie, dans laquelle Joe Johnston (réalisateur du premier volet) a cédé sa place à Anthony et Joe Russo, les deux frangins signant là leur premier grand blockbuster hollywoodien. Le résultat est à la hauteur des attentes : scénario intéressant, personnages attachants, rebondissements passionnants, action explosive et effets spéciaux ahurissants, tous les éléments sont réunis pour faire de ce second « Captain America » une excellente production Marvel. Niveau casting, on retrouve les acteurs bien connus de la franchise ainsi que quelques nouveaux venus incluant le vétéran Robert Redford, Emily VanCamp (révélation de la série TV « Revenge »), Anthony Mackie, Frank Grillo, etc. Derrière ses allures de blockbuster estival qui ne se prend pas la tête, « Captain America : The Winter Soldier » est avant tout une superbe histoire de conspiration machiavélique, le film ayant été davantage conçu comme un véritable thriller conspirationniste que comme un vrai film de super héros, suspense et coups de théâtre à la clé – pour un peu, on se croirait revenu au bon vieux temps des thrillers 70’s avec Robert Redford et Dustin Hoffman, façon Alan J. Pakula (d’où peut être la présence de Redford au casting !). Mais que l’on se rassure, le spectacle est bel et bien présent, avec quelques séquences d’action totalement ahurissantes, comme une course poursuite effrénée avec la voiture blindée de Nick Fury, une bataille finale spectaculaire aux bords d’un héliporteur ou le sauvetage des otages au début du film. Grâce à ses scènes d’action apocalyptiques, ses nombreux rebondissements et ses personnages bien développés – incluant la révélation de l’énigmatique Soldat de l’Hiver, qui s’avère être une personne associée au passé de Steve Rogers – « Captain America 2 » gagne en maturité et offre un récit plus posé, plus équilibré mais aussi plus approfondi et forcément plus passionnant, avec des enjeux dramatiques bien plus forts que la simple lutte contre un groupe nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi donc, les frères Russo abordent ce second volet de manière sensiblement différente que celle, plus classique, de Joe Johnston sur le premier film. Le résultat est un blockbuster malin, captivant et jamais abrutissant, qui reste à ce jour l’une des meilleurs productions cinématographiques des studios Marvel.

Après Alan Silvestri sur le premier film de 2011, c’est au tour d’Henry Jackman de prendre le relais sur « Captain America : The Winter Soldier », un choix pas vraiment étonnant étant donné que le compositeur, issu du studio Remote Control d’Hans Zimmer, avait déjà pris le relais d’Alan Silvestri sur « G.I. Joe : Retaliation » (2013). Hélas, premier constat amer : le score d’Henry Jackman est bien loin de pouvoir égaler la qualité du premier score de Silvestri pour le film de Joe Johnston ! Principaux fautifs : un style synthético-orchestral fatiguant et usé jusqu’à la moelle par l’omniprésent Remote Control, et l’absence curieuse et honteuse du fameux thème héroïque de Captain America, composé par Alan Silvestri, et utilisé uniquement au tout début du film pendant 1 à 2 minutes maximum. Difficile de comprendre pareil choix : politique des studios, producteurs sourds et frileux, ou simplement absence totale de réflexion sur la continuité musicale de la franchise, d’autant que Silvestri était le choix idéal, ayant fait la musique du premier « Captain America » mais aussi de « The Avengers » ! Dès le début du score, « Lemurian Star » nous fait clairement comprendre l’étendue du désastre, avec un premier morceau d’action lassant pour le sauvetage au début du film : loops électro, percus synthétiques impersonnelles, samples techno et orchestre limité au traditionnel mélange cordes/cuivres, rien de bien fameux, rien de vraiment enthousiasmant, et surtout, rien qui sonne vraiment comme une vraie musique de l’univers de Captain America. Ainsi donc, Jackman va à l’encontre de l’esthétique musicale de la franchise et apporte un ton plus moderne et commercial, probablement dans le but de satisfaire la demande de producteurs stupides, qui ne se posent aucune question sur l’intérêt d’avoir une continuité musicale entre films d’une même saga, ou de conserver un style musical fort et indissociable d’une série de films. Peut-être est-ce le simple fait que l’histoire de ce nouveau Captain America ne se passe plus durant la Seconde Guerre Mondiale mais au 21e siècle qui a justifié une modernisation de la musique par l’emploi des synthétiseurs, de patterns rythmiques et de loops électro typiques de Remote Control. Toujours est-il qu’il y a vraiment quelque chose de faux dans la musique de Jackman, et ce dès le début du film jusqu’à la fin.

« Project Insight » présente le nouveau thème de Captain America composé par Jackman à grand renfort de cuivres héroïques, de cordes et de rythmes martiaux – peu mémorable, ce thème, aussi sympathique soit-il, n’arrive jamais à la cheville de celui, hautement plus mémorable, d’Alan Silvestri - tandis que « The Smithsonian » imite durant quelques minutes le style plus symphonique de Silvestri avec une écriture très americana, rappelant l’univers musical patriotique du Captain. Jackman pastiche ici Aaron Copland le temps d’un morceau solennel et américain du plus bel effet (notamment grâce à l’emploi de la trompette), tandis que la musique reste toute aussi orchestrale dans le mélancolique et intime « An Old Friend », deux morceaux dans lesquels on retrouve la patte symphonique chère à Henry Jackman. Hélas, les choses semblent se gâter avec l’inintéressant « Fury » qui évoque la fusillade avec la voiture blindée de Fury, à grand renfort de loops électro/techno et de basses abrutissantes et sans grand intérêt dans le film comme sur l’album. Jackman surfe clairement ici sur les recettes musicales habituelles héritées de Zimmer et sa bande, sans aucune inspiration ni personnalité particulière – seuls les amateurs de musique électro expérimentale apprécieront les premières minutes de « Fury », qui joue efficacement sur des effets de filtre – Pour le reste, on a parfois l’impression d’écouter ici la musique d’une série TV policière façon « CSI », mais certainement pas la musique d’un blockbuster de super héros ! Idem pour « The Winter Soldier », qui introduit des sonorités grinçantes et saturées associées au puissant Soldat de l’Hiver dans le film. A ce sujet, « The Winter Soldier » s’apparente à une véritable bouillie sonore industrielle et expérimentale constituée de grincements, pulsations techno, cris et sons saturés triturés dans tous les sens. Pour un bad guy aussi inquiétant et puissant, on se serait tout de même attendu à un traitement musical un peu plus classe et surtout plus élaboré et beaucoup mieux écrit, « The Winter Soldier » étant un morceau vraiment raté de A à Z !

La musique redevient plus orchestrale le temps de pièces comme « Fallen », « Time to Suit Up », « Frozen in Time » ou « Alexander Pierce », tandis que « Taking A Stand » développe une envolée héroïque/solennelle du thème de Captain America à grand renfort d’ostinatos de cordes et de percussions électro façon « Transformers » de Steve Jablonsky. On appréciera ensuite l’emploi de choeurs synthétiques mystérieux dans « HYDRA », évoquant les rouages de la vaste conspiration dans laquelle se retrouvent impliqués plusieurs membres importants du SHIELD. Dommage que des passages plus apaisés comme « Natasha » n’apportent pas grand chose à la partition, alors que « The Causeway » développe les sonorités abrutissantes du Soldat de l’Hiver reprises de « The Winter Soldier » et condensées ici dans un morceau d’action à grand renfort d’ostinatos de cordes, de percussions synthétiques et de sound design agaçant - rarement aura-t-on entendu un traitement musical aussi moche et inappropriée pour un bad guy de blockbuster U.S., comme si Henry Jackman avait voulu imiter maladroitement les ambiances musicales du Joker dans « The Dark Knight » d’Hans Zimmer ! – La bataille finale débute dans l’intense « Into the Fray », 6 minutes intenses traversées d’envolées héroïques, de cuivres incisifs et de rythmes électroniques musclés pour la confrontation finale. Inutile de préciser que ces quelques passages héroïques (avec un rappel du thème principal aux cors à 2:18) constituent les meilleurs moments d’une partition somme toute assez frustrante, et beaucoup trop inégale pour convaincre réellement, notamment concernant la partie insupportable du Soldat de l’Hiver : qui peut réellement prétendre par exemple apprécier le vacarme sonore à 2:56 dans « Into the Fray » ? L’action se prolonge dans l’apocalyptique « Countdown » à grand renfort de rythmes martiaux, de cuivres et de percussions électroniques, sans oublier un sympathique rappel au thème héroïque de Captain America vers 1:42, et une suite de plus de 9 minutes sobrement intitulée « Captain America » qui reprend les principales idées du score. Rien de bien fameux à se mettre sous la dent avec cette partition synthético-orchestrale sans grande imagination, furieusement inégale dans le film et terriblement frustrante (des morceaux comme « Fury » ou « The Winter Soldier » sont particulièrement médiocres limite inaudibles !), alors que certains passages s’avèrent beaucoup plus convaincants sur les images comme sur l’album. Résultat : Henry Jackman rate tout ce qui faisait l’essence même de l’univers musical du Captain America et cède à nouveau aux sirènes des musiques made in Remote Control, du prêt à consommer, aussitôt fait, aussitôt oublié, une belle occasion manquée !




---Quentin Billard