Après 'Cast Away', Robert Zemeckis se tourne alors vers le genre du thriller. 'What Lies Beneath' (Apparences) met en scène le duo Michelle Pfeiffer (Claire) et Harrison Ford (Norman) dans le rôle du couple Spencer à l'apparence tranquille mais qui va très vite se dégrader à cause d'un esprit qui semble hanter leur maison et vouloir révéler à Claire un terrible secret. Peu à peu, l'héroïne va découvrir des secrets inavoués sur le passé de son mari pourtant exemplaire, le docteur Norman Spencer. Le film rend clairement hommage aux thrillers à l'ancienne d'Alfred Hitchcock et même si le film est loin d'être ce que Robert Zemeckis a fait de mieux, 'What Lies Beneath' vaut quand même la peine d'être vu, ne serait-ce que pour voir comment le réalisateur s'en tire dans le domaine du thriller!

Nouvelle collaboration avec Robert Zemeckis, Alan Silvestri a écrit pour 'What Lies Beneath' un score sans grande surprise pour le film de son complice de toujours. Le score de 'What Lies Beneath' est entièrement orchestral avec quelques pointes assez importantes de synthétiseur atmosphérique. Le thème principal de la partition de Silvestri évoque clairement en quelques notes un fort sentiment de mystère et d'inquiétude comme seul Silvestri sait le faire. Dès le 'Main Title' avec sa voix synthétique semblant venir de l'au-delà (remarquons ces trilles de cordes fort mystérieux) et ses cordes sombres, Silvestri nous plonge direct dans un climat inquiétant et mystérieux, le genre de mystère grave et profond qui se cache dans l'ombre. Le thème principal évoque clairement aussi avec ses sonorités synthétiques et ses cordes graves le monde de l'occulte et du mystère des esprits, un thème important largement abordé par Zemeckis dans ce film.

S'attachant clairement dans un premier temps à évoquer le mystère et l'inquiétude qui envahit petit à petit la vie de Claire qui commence alors à voir chez elle les manifestations effrayantes d'un esprit. Un morceau comme 'Panic Attack' évoque une certaine mélancolie (notons l'emploi très atmosphérique du synthé et sa voix féminine lors de la reprise du thème) avec le piano et un violoncelle soliste (élément amusant à noter: le personnage de Claire est une ancienne violoncelliste qui retouche un peu à son instrument dans une scène du film.) débouchant ensuite sur une reprise du mystérieux thème principal que les cordes graves rappellent comme pour clairement évoquer le fait qu'un secret demeure cacher là près de chez Claire et Norman. Claire achète alors un Ouija (instrument permettant de rentrer en contact avec un esprit) et demande à une de ses amies de venir participer à cette petite séance de spiritisme avec 'Ouija Board'. Alors que l'esprit se manifeste en faisant vaciller la flamme d'une bougie ou en bougeant un objet, Silvestri souligne l'inquiétude que dégage la scène avec de simples cordes graves.

Mais dans 'You Know', la situation s'aggrave. Le synthé prend ici une tournure réellement effrayante proche d'un cauchemar à moitié éveillé (on pense vaguement aux parties synthétiques de 'The Abyss'). Claire est dans sa baignoire et elle voit les mots 'You Know' s'afficher à travers la buée de son miroir. Prise de panique, elle va tenter de réagir. Le morceau finit sur un sursaut orchestral évoquant un sentiment de terreur, et Claire commence alors à sombrer dans l'inquiétude la plus troublante qu'il soit, au point de dégrader son comportement, Norman l'emmenant alors voir un psychiatre. Lors d'une scène clé du film, celle où Claire se transforme en une autre femme, volontairement sensuelle et limite nymphomane-perverse(scène du fruit défendu), Silvestri fait monter la tension pour évoquer clairement le trouble que dégage cette scène. Le synthé refait son apparition à travers des sonorités étouffantes voire cauchemardesques, de même que le thème principal revient pour évoquer le trouble de cette scène où Claire semble être envoûtée par une autre personne, probablement l'esprit qui se cache dans cette maison.

Le film prend alors une tournure plus agité alors que Claire a tout découvert à propos du secret que cache son mari. Dans 'The Getaway', Claire tente alors de fuir de sa maison et d'échapper à son mari devenu comme fou et prêt à tout pour l'assassiner. Le début du morceau commence sur un rythme martelé de cordes et cuivres faisant une allusion plus qu'évidente au thème de 'Psycho' de Bernard Herrmann, ce dernier étant ici la référence musicale majeure de certains passages de la partition de 'What Lies Beneath'. 'The Getaway' rompt alors le climat de mystère et d'inquiétude de la majeure partie du film pour se développer dans une atmosphère de terreur et de course poursuite. Notons l'excellente reprise développée du thème principal au sein de l'orchestre agité lors de la scène de course poursuite finale (dans la voiture avec le voilier à l'arrière), l'orchestration de Silvestri mettant bien en avant les cuivres. La terreur trouve sa conclusion dans 'Reunited' alors que Norman, prisonnier sous l'eau, tombe nez à nez avec le cadavre de la femme qu'il assassiné quelques années avant de connaître Claire. Terrifiant, jouant sur les effets stridents et percutants de cordes et l'atmosphère macabre qui se dégage du synthé, 'Reunited' offre une conclusion assez sombre à cette histoire qui finit finalement de manière dramatique, laissant la place à une dernière reprise du mystérieux thème principal toujours synonyme d'inquiétude et de mystère.

Pour conclure en beauté, le traditionnel Medley du 'End Credits' permettant à Alan Silvestri de reprendre les grands moments de sa partition. Au final, même si 'What Lies Beneath' est loin d'être ce qu'il a fait de plus intéressant avec Robert Zemeckis, le score n'en reste pas moins une partition de thriller intéressante pour un compositeur décidément à l'aise dans tous les genres, que ce soit la comédie, l'aventure, l'action, l'horreur ou bien encore les thrillers, et dans ce domaine là, il nous prouve avec 'What Lies Beneath' qu'il sait cerner ce style de sombre histoire psychologique à la Hitchcock, de même qu'il sait toujours cerner l'esprit des films de Zemeckis, et ce dans n'importe quel registre.


---Quentin Billard