1-Main Title 4.31
2-Diving SEALS 1.02
3-Underwater Rescue 3.41
4-News 0.53
5-JJ. 1.18
6-Nightwork 2.28
7-Preparations 3.18
8-The Boat 2.53
9-Move It! 0.42
10-At the Border 0.55
11-Boat Chase 5.57
12-Into Korea More 3.55
13-The Monitor 0.57
14-Dejected 1.06
15-To The Prison 7.03
16-Spooling Around 0.53
17-The Rescue Begins 6.26
18-The Rescue 7.16
19-The Plane! The Plane! 6.42
20-The Landing & End Credits 5.03

The Extras

21-JJ. (Alternate) 0.53
22-Armed Forces Radio 1.39
23-Almost Ready (Source) 2.23

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 276

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson
Orchestrations:
Mark McKenzie, Bruce Broughton
Mixage score:
Armin Steiner
Manager production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K. DeWald

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1988/2014 Touchstone Pictures/Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE RESCUE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Sorti au cinéma en 1988, « The Rescue » est un pur produit des années 80, tourné en pleine ère Reaganienne aux Etats-Unis. Souvent considéré comme une variante de « Rambo II » pour les enfants, « The Rescue » raconte l’histoire d’une poignée d’ados qui partent pour la Corée du Nord afin de libérer leurs parents retenus prisonniers dans les geôles communistes quelque part près de Pyongyang. Tout commence lorsqu’une équipe de Navy Seals dirigée par le commandant Merrill (Edward Albert) est envoyée près de la Corée du nord afin de détruire un sous-marin américain pour empêcher qu’il tombe entre de mauvaises mains. Une fois la mission accomplie et le commandant secouru, les Seals sont alors capturés et jetés dans une prison communiste. L’amiral Rothman (James Cromwell) conçoit alors une opération de sauvetage baptisée « opération Phoenix », mais le gouvernement américain décide finalement d’annuler l’opération. Apprenant que leurs parents ne seront finalement pas secourus comme il l’était prévu, les enfants des militaires américains capturés décident d’organiser ensemble une mission de sauvetage à bord d’un bateau volé à des gangsters coréens. Se rendant en Corée du nord, les ados vont avoir fort à faire pour pénétrer la prison et libérer leurs parents. Evidemment, le scénario de « The Rescue » tient non seulement sur une ligne mais reste totalement improbable : le réalisateur anglais Ferdinand Fairfax veut ainsi nous faire croire qu’une poignée d’adolescents sont capables de faire la différence, là où la stratégie militaire et gouvernementale U.S. a échoué. Mais si l’on accepte le postulat de départ du film pas crédible pour un sou, « The Rescue » reste malgré tout un assez bon divertissement, qui nous maintient en haleine jusqu’à la longue séquence finale d’évasion, plutôt réussie et assez spectaculaire. Niveau casting, parmi les jeunes acteurs, on retrouve Kevin Dillon, mais aussi Christine Harnos, Ian Giatti, sans oublier, côté adulte, l’excellent James Cromwell ou le regretté Edward Albert, très présent dans le cinéma d’action de la fin des eighties. Le film est souvent comparé à « Rambo II », avec une similitude de taille : le sauvetage d’américains retenus prisonniers chez les communistes, sauf qu’ici, Stallone est remplacé par une bande d’ados débrouillards et déterminés, qui devront affronter de multiples épreuves pour libérer leurs parents. Produit en partie par Disney pour un public plutôt familial (quid de l’intérêt de faire un film de guerre destiné à un jeune public ?), « The Rescue » ressemble à ces films de propagande militariste pro-US que l’on voyait souvent à Hollywood vers la fin des années 80, lorsqu’on considérait encore que ‘la guerre, c’est suffisamment cool pour qu’on la confie à des jeunes américains’ (on se souvient, dans le même registre, du « Red Dawn » de John Milius en 1984 ou de « Toy Soldiers » de Daniel Petrie Jr. en 1991), et comme chacun le sait, les américains aimaient alors prendre leur revanche sur le Viêt-Nam et les communistes au cinéma, surtout durant le mandat de Reagan. Le résultat est ce qu’il est, « The Rescue » restant un film peu connu et rapidement tombé dans l’oubli, et ce à juste titre.

Malgré la qualité décevante du long-métrage de Ferdinand Fairfax, on retiendra surtout ici l’excellente partition symphonique de Bruce Broughton, visiblement assez inspiré par son sujet. Anecdote étonnante et peu banale, Broughton déclara dans une interview qu’il avait tellement apprécié la fin triomphante du film et la concrétisation de la mission insensée de ce groupe d’enfants qu’il eut immédiatement en tête le superbe thème principal de sa partition et décida, contre toute attente, de travailler sa musique en repartant en sens inverse, de la fin jusqu’au début du film. Pour parvenir à ses fins, Bruce Broughton décida de faire appel à un orchestre symphonique habituel, agrémenté d’instruments asiatiques pour évoquer les coréens, mais aussi de quelques synthétiseurs, d’une guitare électrique, une basse Fender et une batterie rock. Le mélange de ces différents éléments apporte un punch tout particulier aux images de manière bien plus convaincante que le scénario ou le film lui-même. Dès le « Main Title », le compositeur suggère la menace nord-coréenne en introduisant d’emblée l’instrumentation asiatique à base de percussions diverses, flûte ethnique, avec une série de notes de bois aigus et quelques éléments électroniques à la Jerry Goldsmith (influence majeure sur le score de « The Rescue »). A vrai dire, l’intro du score rappelle par moment le début de « Rambo II » de Goldsmith, composé quelques années avant en 1985. A noter que Broughton dévoile déjà ici son thème principal, joué brièvement d’un groupe d’instruments à un autre, tandis que les orchestrations restent extrêmement classiques, riches et généreuses, privilégiant chaque pupitre de l’orchestre, tandis que la partie rock apparaît vers le milieu du morceau à grand renfort de guitare électrique/basse/batterie. On relèvera aussi l’omniprésence des percussions martiales et plus particulièrement du mélange de caisse claire et timbales pour l’aspect militaire/guerrier du film, les différents éléments se fondant ainsi en un tout plutôt cohérent et complètement maîtrisé.

« Diving SEALS » et « Underwater Rescue » accompagne la mission des SEALS au début du film avant leur capture par les soldats nord-coréens. Le thème principal est enfin exposé entièrement dès le début de « Diving SEALS » avec ses rythmes martiaux et ses cuivres guerriers indissociables de l’univers du film. Très ‘americana’ dans sa conception, ce superbe thème principal mémorable reste l’atout majeur du score de « The Rescue », un thème militaire et héroïque 100% Bruce Broughton, dans la lignée de ceux, tout aussi mémorables, de « Tombstone », « Silverado » ou « Shadow Conspiracy ». « Underwater Rescue » développe ce thème juxtaposé aux sonorités asiatiques et aux éléments électroniques typiquement eighties. On appréciera comme toujours ici l’écriture orchestrale très riche, classique et détaillée du compositeur, qui ponctuent sa musique de plusieurs détails instrumentaux intéressants (notamment dans la manière dont l’instrumentation asiatique s’immisce progressivement dans la partie symphonique). Certains passages valorisent davantage la partie rock et l’électronique comme « News », pour la séquence où les jeunes apprennent à la télévision la capture de leurs parents en Corée du Nord. Même chose pour « J.J. » avec l’ajout de sa section rythmique rock très années 80 mais non dénuée d’un charme nostalgique impeccable pour les fans de musique de film des eighties. Les préparatifs des plans du sauvetage sont illustrés en deux temps, avec le suspense de « Nightwork » et ses bois/cuivres virevoltants – limite mickey-mousing - sur fond de batterie rock, puis l’excellent « Preparations », qui développe le thème principal sous un angle plus intime avec une très belle partie nostalgique de guitare électrique, avant de céder la place à un passage rythmique plus optimiste et déterminé et une superbe reprise du thème principal à 2:37 version orchestre/rock. Même les passages à suspense comme « The Boat » maintiennent un certain intérêt musical (comme dans le film) grâce à leurs orchestrations toujours aussi riches et inventives, et le savoir-faire véritable du vétéran Bruce Broughton.

L’action débute enfin dans « Move It ! », alors que les ados s’emparent du bateau et foncent en direction de la Corée du nord. L’action se prolonge ensuite dans l’intense poursuite en bateaux dans les eaux coréennes dans « Boat Chase » : près de 6 minutes d’action pure et dure, à grand renfort de percussions militaires, de sonorités asiatiques/ethniques et d’orchestrations massives et cuivrées. Superbe morceau d’action assez virtuose, « Boat Chase » est à coup sûr l’un des meilleurs morceaux de la partition de « The Rescue » dans le film comme sur l’album d’Intrada ! On appréciera ensuite l’atmosphère de menace et de danger de « Into Korea More », où les jeunes se rapprochent dangereusement de la prison où sont détenus leurs parents, alors qu’ils naviguent incognito en pleines eaux coréennes. Si « The Monitor » et « Dejected » apportent un semblant de douce mélancolie et d’intimité à la musique, idéal pour respirer entre deux déchaînements orchestraux tout en personnifiant les doutes et les hésitations des ados, « To The Prison » nous ramène enfin dans le vif du sujet avec le retour des sonorités asiatiques à la manière du « Main Title », lors de l’arrivée à la prison coréenne, le tout dans une pure atmosphère d’infiltration et de suspense aux accents quelque peu mickey-mousing. Idem pour « Spooling Around », qui maintient une tension permanente mais sans jamais tomber dans la noirceur absolue ou les trop grandes dissonances. Enfin, l’action redémarre dans le sauvetage final avec « The Rescue Begins », superbe morceau d’action/suspense intense avec ses rythmes électroniques calqués sur Jerry Goldsmith, suivi des excellents et spectaculaires « The Rescue » et « The Plane ! The Plane ! », qui permettent à Broughton de développer son excellent thème principal de manière plus héroïque et triomphante sur fond de rythmes martiaux. On aboutit enfin à la coda du film, le superbe « The Landing and End Credits », développant finalement le thème principal dans son intégralité, partagé entre l’orchestre et les rythmes rock, une conclusion haute en couleurs et absolument triomphante, du grand Bruce Broughton des années 80 !

Vous l’aurez donc compris, « The Rescue » ne fait pas dans la dentelle et c’est tant mieux. Score d’action/suspense aux rythmes militaires très prononcés et aux accents rock/synthétique typiquement eighties, « The Rescue » a tout pour faire le bonheur des fans de Bruce Broughton, apportant un punch et une énergie communicative à l’écran, qui fait parfois défaut aux images un brin faiblardes de Ferdinand Fairfax. C’est avec un enthousiasme évident que l’on redécouvre enfin cette petite partition oubliée de Broughton, enfin éditée pour la première fois en CD grâce aux efforts du label Intrada, nous permettant de découvrir l’intégralité du score avec quelques extras en fin d’album. Sans être d’une originalité particulière ni même forcément indispensable, le score de « The Rescue » reste pourtant un bien bel effort de la part d’un Bruce Broughton visiblement inspiré par son sujet, malgré des inspirations évidentes (Jerry Goldsmith). Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, attendez d’écouter la superbe envolée héroïque et patriotique de « The Landing and End Credits » et sa formidable fugue finale, exercice de style rare auxquels peu de compositeurs hollywoodiens se sont risqués à tenter (l’exemple le plus célèbre étant certainement la fugue finale du « Rocky » de Bill Conti en 1976 !), mais que Broughton maîtrise parfaitement avant de conclure de manière purement martiale et guerrière, idéale pour refermer la partition en beauté. Ainsi donc, un tort est enfin rétabli et les béophiles pourront à nouveau apprécier le travail de Bruce Broughton sur « The Rescue » grâce à l’excellent album d’Intrada : du travail de grande qualité, peu original, certes, mais très accrocheur et extrêmement réussi !





---Quentin Billard