1-History of Artemisia 9.34
2-Marathon 3.54
3-From Man to God King 3.50
4-Sparta 1.05
5-Artemisia's Childhood 3.42
6-Suicide 1.18
7-Left for Dead 1.32
8-Fog Battle 4.35
9-A Beach of Bodies 4.17
10-Fire Battle 6.11
11-Xerxe's Thoughts 3.44
12-Queen Gorgo 3.59
13-Greeks on Attack 4.28
14-History of the Greeks 7.04
15-Greeks Are Winning 6.04
16-End Credits 2.34

Musique  composée par:

Junkie XL

Editeur:

WaterTower Music

Score produit par:
Junkie XL
Orchestre conduit par:
Nick Glennie-Smith
Coordinateur score:
Czarina Russell
Production services musicaux:
Michiel Groeneveld, Steven Kofsky
Musique additionnelle de:
Christian Vorlander
Montage musique:
Melissa Muik
Vocalises de:
MC Rai,
Hilda (Thorhildur Örvarsdottir)

Programmation additionnelle de:
Christian Vorländer, Stephen Perone,
Emad Borjian

Assistant montage musique:
Nevin Seus
Orchestrateur superviseur:
Bruce L. Fowler
Ingénieur son ProTools:
Joel Tawinaki
Music Payroll:
Gary Wasserman
Préparation musique:
Booker White
Score mixé par:
Junkie XL
Produit par:
Gianni Nunnari, Mark Canton,
Zack Snyder, Deborah Snyder,
Bernie Goldman

Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Darren Higman
Exécutif pour WaterTower Music:
Jason Linn
Music Business Affairs:
Lisa Margolis
Featured Musicians:
Junkie XL:
Drums, Frame Drums,
Guitars, Bass, Synths,
Dulcimers, Piano From Hell
& Sound Design
Emad Borjian:
Setar

Artwork and pictures (c) 2014 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
300 : RISE OF AN EMPIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Junkie XL
Comme on pouvait s’y attendre, le film « 300 » de Zack Snyder a connu un succès tel qu’une suite fut rapidement prévue et mise en chantier pour une sortie programmée en 2014. Intitulé « 300 : Rise of an Empire », ce second opus confié cette fois-ci à Noam Murro, s’inspire à nouveau du comic de Frank Miller et présente des événements se déroulant, avant, pendant et après la célèbre bataille des Thermopyles décrite dans le premier film, en l’an 490 avant J.-C. Le film décrit ainsi comment le roi perse Darius Ier (Yigal Naor) fut mortellement blessé par le général athénien Thémistocle (Sullivan Stapleton) durant la bataille de Marathon, et ce devant les yeux de son jeune fils Xerxès (Rodrigo Santoro). Revenu en Perse, Xerxès se laisse convaincre par la reine Artémise Ier (Eva Green), ancienne grecque devenue commandant de la flotte perse, de venger la mort de son père en combattant les grecs. Suite aux paroles d’Artémise, Xerxès est envoyé dans le désert pour y accomplir un périple mystique. Après s’être entièrement immergé dans un liquide d’origine surnaturelle, Xerxès en ressortit transformé. Devenu un dieu vivant, il revient en Perse et déclare la guerre à la Grèce. 10 ans plus tard, alors que le pays est entièrement envahi par les troupes de Xerxès, seuls une poignée d’irréductibles continuent de résister aux perses, et tandis que Léonidas et ses 300 spartiates stoppent l’avancée perse aux Thermophyles, les athéniens dirigés par Thémistocle combattent les vaisseaux dirigés par Artémise en pleine Mer Égée, mais la bataille se solde par un échec cuisant pour les athéniens. Apprenant alors la mort de Léonidas et des 300 spartiates, Thémistocle retourne à Athènes et appréhende Ephialtès (Andrew Tiernan), un spartiate bossu et difforme qui a trahi Léonidas et les siens. Afin de défendre sa vie, Ephialtès révèle à Thémistocle les plans de Xerxès pour attaquer Athènes. Le général grec décide alors d’épargne la vie du traître afin de l’envoyer chez Xerxès pour avertir les perses que les troupes grecques se réunissent à Salamis. Thémistocle rend ensuite visite à la reine Gorgo (Lena Headey), submergée par le chagrin et la mort de son mari Léonidas, mais qui refuse de prêter main forte à Thémistocle et ses hommes, considérant qu’il y a eu suffisamment de mort chez les siens. Apprenant alors que le général grec est toujours en vie, Artémise part de nouveau au combat en défiant les ordres de Xerxès, et livre une bataille définitive à Salamis durant laquelle pourrait bien se jouer le sort de la Grèce toute entière.

Reprenant les formules et tous les trucs du premier film de Zack Snyder, « 300 : Rise of an Empire » est une suite plutôt bien troussée et assez impressionnante, avec un traitement visuel et narratif totalement similaire au précédent film. Noam Murro se contente d’ailleurs bien souvent d’imiter le style et la réalisation de Snyder sans ajouter quoique ce soit de nouveau – en gros, on reste dans la continuité parfaite du précédent film – « 300 : Rise of an Empire » a au moins le mérite de rompre le caractère trop souvent édulcoré et grand public de la plupart des néo-péplums et des blockbusters hollywoodiens actuels en assumant totalement son ultra violence exacerbée et résolument graphique (comme dans le premier film) : au programme, un joli festival de scènes gores avec effusions d’hémoglobine (numérique) à profusion, corps démembrés et transpercés par des lames, et bien évidemment, une succession de séquences de bataille magnifiquement exécutées et chorégraphiées, à grand renfort de 3D, de fonds numériques, de filtres visuels, de ralentis hypnotiques quasi poétiques (« ô temps, suspends ton vol ! ») et de combats virils d’une violence et d’une barbarie rarement égalée de nos jours dans une grosse production hollywoodienne de cette envergure – sans oublier une scène de sexe assez osée entre Artémise et Thémistocle - Comme « 300 » de Snyder, cette suite prend des libertés totales vis-à-vis de l’histoire, faisant encore une fois grincer des dents bon nombre d’historiens qui voient là une dangereuse déformation de la réalité historique – Frank Miller, auteur du comic d’origine, a toujours dit qu’il avait abordé cette bande dessinée comme une véritable épopée imaginaire et non comme une retranscription fidèle des événements historiques de cette époque – Il faut donc rappeler encore une fois que « 300 : Rise of an Empire » n’a pas vocation à être un documentaire sur l’Histoire antique mais s’apparente bel et bien en une sorte de conte guerrier qui se réapproprie librement l’histoire de la lutte athénienne contre les troupes perses durant l’Antiquité (pour le reste, ceux qui voudront en savoir davantage n’auront qu’à lire des livres sérieux sur le sujet !). Ne perdant jamais de vue son rôle de divertissement high-tech à gros budget, « 300 : Rise of an Empire » s’entoure d’un casting solide, offrant un rôle parfait à Eva Green dans la peau de la cruelle Artémise, tandis que Sullivan Stapleton offre une alternative parfaite au personnage de Gérard Butler du premier film et s’impose dans la peau du héros athénien déterminé à combattre jusqu’au bout pour son peuple et sa nation. En clair, si vous avez adoré les idées visuelles audacieuses et le traitement narratif du film de Zack Snyder, ce second opus de la franchise « 300 » devrait vous séduire amplement, un traitement visuel et narratif à mi-chemin entre le jeu vidéo, la bande dessinée et le clip vidéo rock contemporain.

Après une partition totalement ratée de Tyler Bates pour « 300 » (score qui fut massacré par les critiques en partie à cause d’une très vive polémique concernant des passages entièrement repiqués à la musique de « Titus » d’Elliot Goldenthal), la production décida cette fois-ci de se tourner vers Junkie XL pour écrire la musique de « 300 : Rise of an Empire ». De son vrai nom Tom Holkenborg, Junkie XL, originaire des Pays-Bas, est un membre du studio Remote Control d’Hans Zimmer et spécialiste de la Progressive House. Il est aussi connu pour ses nombreux remixs et a déjà signé auparavant quelques musiques de films telles que « DOA : Dead or Alive » (2007), tout en ayant officié pendant plusieurs années en tant que compositeur additionnel pour le compte d’Hans Zimmer (« Shark Tale », « Megamind », « Madagascar 3 », « The Dark Knight Rises ») et d’autres compositeurs de chez RC. Son travail sur « 300 : Rise of an Empire » reste très proche de l’esthétique des précédents travaux pour Zimmer et sa bande : samples/loops électro, sound design moderne, orchestre massif, que du prévisible en somme, la musique se payant même le luxe d’être finalement bien plus aboutie et convaincante que celle de Tyler Bates sur le premier film. Ainsi donc, Junkie XL s’inspire de l’esthétique musicale du premier score et s’oriente vers une approche électronique/industrielle moderne qui renforce clairement l’ambiance visuelle si particulière de ce film. Le récit débute sur un « History of Artemisia » plutôt sombre, introduisant flûte ethnique, cordes sombres, percussions synthétiques et nappes électroniques, sans oublier les sempiternelles vocalises éthérées orientalisantes, énorme cliché assez rébarbatif et entendu dans la plupart des musiques de néo-péplums actuels. Très vite, Junkie XL met en place un ostinato rythmique de drum loops samplés et filtrés, à grand renfort d’oud et de guitares diverses. On retrouve ici un aspect oriental emprunté à la musique du premier « 300 », le compositeur allant même jusqu’à imiter aux cordes le style mélodique de certaines musiques arabes traditionnelles – le raï, notamment, probablement pour représenter les guerriers perses de Xerxès. Le travail autour des percussions est ici assez intense et efficace, accompagnant avec une férocité accrue les premières séquences de bataille du film, tout en renforçant la brutalité et l’ultra violence des combats. A noter néanmoins que l’influence du « Man of Steel » d’Hans Zimmer est ici absolument manifeste, Junkie XL ayant d’ailleurs collaboré à la partition du musicien teuton en tant que compositeur additionnel, autant dire que les fans des musiques d’action modernes à la Remote Control ne seront pas dépaysés avec le travail de XL sur « 300 : Rise of an Empire ».

Ces fameuses percussions guerrières et tonitruantes, on les retrouve aussi dans « Marathon », autre séquence de bataille narrant la mort de Darius Ier. Chaque action, chaque coup est porté par ces cognements répétitifs de tambours, de drums loops, de percussions métalliques et de claquements secs de col legno de cordes samplées à partir de 2:11 (sample plutôt ratés d’ailleurs, et notamment à cause d’un son trop rigide et artificiel pour être réellement crédible lors des séquences rythmiques), parfois filtrées, parfois valorisées davantage dans le mix suivant les situations. A partir de 2 :25, le compositeur dévoile le thème principal de « 300 : Rise of an Empire », thème constitué d’une succession de trois accords solennels et ascendants évoquant la quête des athéniens pour libérer leur pays du joug des troupes de Xerxès. Le problème, c’est qu’encore une fois, tout semble trop clairement calqué sur les rythmes circulaires des batteries/loops de « Man of Steel » de Zimmer, à tel point que l’on se demande parfois si tout le film de Noam Murro n’a pas été tout simplement temp-tracké avec le score de Zimmer ! Et que dire d’un passage atmosphérique comme « From Man to God King », censé évoquer la transformation de Xerxès en Dieu vivant, morceau ample et puissant dans lequel Junkie XL ne parvient même pas véhiculer la moindre émotion, en particulier à cause du côté monolithique, bêtement massif et totalement artificiel de sa musique, qui se limite à une simple succession de sound design et d’accords de cordes répétés sans aucune imagination. Idem pour les séquences rythmiques de « Sparta » ou « Fog Battle », morceau d’action ultra bourrin qui se limitent à une simple succession de percussions agressives et guerrières sans originalité. On appréciera néanmoins une brève envolée héroïque au milieu de « Fog Battle » à partir de 2:00, mais très vite, l’action reprend de plus belle dans la routine habituelle de « Fire Battle », où l’on retrouve ici aussi le motif oriental/arabe des perses aux guitares/oud et une avalanche fastidieuse de percussions/drums loops en tout genre.

Junkie XL se montre paresseux dans les passages d’action comme dans les moments plus calmes, contraint d’enchaîner les rythmes de manière métronomique et continue sur les images sans aucune réflexion sur le travail du fond comme de la forme. C’est d’autant plus flagrant sur « Fire Battle », qui aurait pu gagner en intérêt avec un traitement bien plus passionnant et poussé des percussions, car si l’idée de ne compter quasi exclusivement que sur les percussions barbares et primitives était effectivement un concept intéressant à la base, le traitement que nous en propose Junkie XL est extrêmement décevant et plutôt frustrant de la part d’un compositeur censé être spécialisé dans les rythmiques et le traitements des sons (même « History of Artemisia » était beaucoup plus convaincant dans le genre !). Et que dire de ces vocalises féminines orientales saoulantes, qu’on nous balance aujourd’hui à toutes les sauces dans ce type de production depuis « Gladiator » en 2000 ! Dans le même genre, les réfractaires à ce type de cliché risque de grincer des dents dans « Xerxes’ Thoughts », car même si le morceau évoque parfaitement cette atmosphère de mysticisme arabe/perse idéal pour Xerxès, l’amalgame de pseudo world music/électro que nous en propose Junkie XL est tout bonnement insupportable et ultra stéréotypé au possible (sans parler de la pauvreté harmonique abyssale, Junkie XL se contenant de construire ses morceaux sur une seule pédale prolongée à loisir tout le long des scènes !). A noter que le compositeur fait néanmoins l’effort de nous proposer des thèmes, puisqu’en dehors du motif guerrier de Thémistocle et des athéniens, on retrouve aussi un thème de 4 accords ascendants pour Xerxès, entendu pour la première fois dans « From Man to God King » et repris dans « Xerxes’ Thoughts ». Rien de bien mémorable, comme on pourrait s’en douter, mais l’effort méritait néanmoins d’être souligné. Les spartiates sont évoqués dans l’élégiaque et dramatique « Queen Gorgo », avec une vocalise féminine poignante sur fond de cordes touchantes, dans ce qui reste l’un des passages les plus étonnants et les plus mémorables de la partition de « 300 : Rise of an Empire », se distinguant notamment par ses enchaînements harmoniques étonnamment bien trouvés et appréciables, même si l’on n’évite pas le sempiternel cliché du duduk arménien à la « Gladiator » !

Curieusement, Junkie XL semble se réveiller pleinement vers la fin du film, avec l’envolée solennelle grandiose et pleine d’espoir de « History of the Greeks » et le triomphe final de « Greeks are Winning » et ses montées d’accords reprises de « Queen Gorgo », alors que toute la Grèce s’unit désormais contre Xerxès et ses troupes pour une ultime bataille qui semble tourner en faveur des grecs. A noter que les dernières mesures de « Greeks are Winning » rappellent curieusement Vangelis, des passages plutôt intéressants qui parviennent à faire oublier un temps la médiocrité et la pauvreté de certains passages d’action du score, malheureusement gâchés par une fâcheuse tendance à repiocher des éléments sonores et des rythmes similaires au « Man of Steel » d’Hans Zimmer. Avec quelques thèmes bien placés et assez bien développés, et quelques rares morceaux un brin intéressants, Junkie XL parvient à rehausser un tant soi peu l’intérêt de la partition même si on est loin de la catastrophe musicale du précédent score de Tyler Bates. Ceux qui s’attendent à un semblant de subtilité pourront passer leur chemin, car le but manifeste de Junkie XL, c’est de faire le plus de bruit possible sur les images, le tout à grand renfort de rythmes et percussions reprises du « Man of Steel » de Zimmer. Hélas, malgré quelques bons éléments, le score de « 300 : Rise of an Empire » est symptomatique d’une production musicale hollywoodienne déficiente et artistiquement sur le déclin, incapable de produire des oeuvres suffisamment crédibles et convaincantes pour maintenir un intérêt durable dans le temps. Ici, on est en pleine musique fast-food, qui se commence et s’oublie aussi tôt, et même s’il y a des morceaux intéressants (« History of Artemisia », le superbe « Queen Gorgo » ou le triomphe de « Greeks Are Winning »), Junkie XL échoue à trouver quoique ce soit de nouveau ou de réellement passionnant sur un film barbare et bourrin dont l’esthétique visuelle et narrative si particulière aurait certainement mérité un bien meilleur traitement musical, ou au moins quelque chose d’un peu plus ambitieux et de musicalement plus audacieux. Au lieu de cela, il faudra donc se contenter d’un énième ersatz d’Hans Zimmer en pilotage automatique, qui n’a rien à raconter de particulier et se contente uniquement d’exploiter au maximum toutes les formules musicales de chez Remote Control, point barre. Décevant !




---Quentin Billard