1-Marshall Motors 2.28
2-Lighthouse 1.24
3-Mt Kisco 4.46
4-Mustang Offer 1.43
5-Identical Ageras 2.02
6-Koenigsegg Race 2.04
7-Pete's Death 3.59
8-Right Seater 2.08
9-You Always Go Back 3.42
10-Motor City Mayhem 2.09
11-Grasshopper 1.41
12-Hot Fuel 5.13
13-Crazy Little Tart 5.16
14-Switching Seats 1.54
15-Utah Escape 3.54
16-California Crossing 3.39
17-Broken 6.25
18-De Leon Begins 7.01
19-Lethal Force 4.24
20-In The Lead 4.33

Musique  composée par:

Nathan Furst

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 272 8

Produit par:
Nathan Furst
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur musique:
Matt Shelton
Score interprété par:
The Angel City Studio Orchestra
Chanteuses:
Ayana Haviv, Beth Weisenburger
Guitares:
George Doering, Nathan Furst
Percussions:
MB Gordy, Chad Mitchell,
Nathan Furst

Préparation musique:
Than Tran, Tina Tamura
Copiste:
Junko Tamura
Opérateur Pro Tools:
Vincent Cirilli
Coordinateur score:
Gary Wasserman
Assistant technique score:
Erick De Vore
Programmation synthé:
Matt Bowlder
Assistant de Mr. Furst:
Cheyenne Summers

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2014 DreamWorks II Distribution Co., LLC. All rights reserved.

Note: ***1/2
NEED FOR SPEED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Furst
« Need for Speed » (connu aussi sous le nom NFS) est à l’origine une série de jeux vidéos produits par le studio Electronic Arts, et dont le premier épisode est sorti en 1994 sur 3DO. La licence est devenue par la suite suffisamment fructueuse pour voir le titre décliné sous différentes suites et versions, du PC et Mac aux consoles de salon jusqu’aux versions plus récentes sorties sur Wii U, PS4 ou Xbox One. Il paraissait donc fort probable qu’Hollywood s’intéresse un jour à ce jeu et nous en propose une adaptation cinématographique. C’est aujourd’hui chose faite avec ce film réalisé par Scott Waugh (auteur du film de guerre « Act of Valor »), et co-produit par Electronic Arts et DreamWorks. Le film raconte l’histoire de Tobey Marshall (Aaron Paul), qui, à la suite de la mort de son père, se retrouve à gérer son garage automobile avec ses amis Pete Coleman (Harrison Gilbertson), Joe Peck (Ramon Rodriguez), Finn (Rami Malek) et Benny (Kid Cudi). Mais les affaires ne vont pas bien, et la banque le menace aujourd’hui de tout lui reprendre s’il ne rembourse pas rapidement ses crédits. C’est pourquoi Tobey se voit contraint d’accepter la proposition de son rival Dino Brewster (Dominic Cooper), qui lui propose de finir la construction d’une Ford Shelby GT 500 en échange de 25% du prix de vente de la voiture (elle coûte la modique somme de 2 millions de dollars !). Lors de la soirée de vente de la Mustang, Tobey et Pete font la connaissance d’une jeune anglaise, Julia Maddon (Imogen Poots), qui est prête à verser 3 millions pour acheter la Mustang, à condition de prouver que le véhicule peut aller jusqu’à 230km/h, comme le prétend Tobey. Le lendemain matin, ce dernier conduit la Mustang et réussit à atteindre les 234km/h, réussissant son deal passé avec Julia, qui lui propose alors 2,7 millions de dollars pour la voiture. Excédé par les moqueries et l’attitude de Tobey et Pete, Dino provoque les deux hommes en challenge et leur propose une course de vitesse : le premier qui atteindra le pont au dessus de l’Interstate 684 remportera toute la mise. Pendant la course, Dino percute volontairement la voiture de Pete, qui meurt à la suite du crash de sa voiture. Arrêté par la police, Tobey se retrouve accusé du meurtre de Pete, alors que Dino a pris la fuite et nie avoir été présent le jour du drame. Deux ans plus tard, Tobey sort de prison et prépare sa vengeance, bien décidé à prouver son innocence et la culpabilité de Dino. Pour cela, il devra l’affronter lors de la De Leon, une course de voiture illégale. Malgré un scénario plutôt léger et une avalanche de clichés en tout genre, « Need for Speed » s’avère être un divertissement de qualité bien moins crétin qu’il n’y paraît aux premiers abords. Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, le film n’est pas un énième décalque de la franchise « Fast & Furious » et s’avère même bien plus appréciable et émotionnellement plus juste.

En y regardant de plus près, certains détails s’avèrent même plutôt étonnants pour un blockbuster de ce genre inspiré d’un jeu vidéo : pour une fois, on nous montre une jolie blonde pas idiote et qui cache bien son jeu (cf. scène amusante où Julia se fait passer pour une cruche auprès de Tobey et Pete avant de détailler très précisément les différents composants mécaniques du moteur V8 de la Mustang : surprise, surprise !), un héros déterminé mais qui n’hésitera pas à verser une larme sans un mot lors de la toute fin du film après avoir accompli sa quête de vengeance (scène touchante où Tobey, visage sur le sol, lève les yeux et observe le phare en se souvenant de son ami Pete), là où la plupart des héros hollywoodiens seraient partis un sourire aux lèvres et les yeux secs en jouant les durs que rien ne peut atteindre, et, plus étonnant encore, le film prend son temps et n’essaie pas de raconter l’histoire à toute vitesse, ce qui semble clairement paradoxal pour un film censé évoquer les courses de voiture et la vitesse – « Need for Speed » dure tout de même 2h10 ! – Assumant ses choix avec brio, Scott Waugh signe donc un film d’action et de voiture somme toute joliment exécuté, la Ford Shelby Mustang étant la grande vedette du film aux côtés d’autres bolides de luxe présentés ici, tandis que le film reprend de manière assez fidèle certains éléments des jeux (la poursuite avec les policiers, les courses illégales, etc.). Certes, le film est bourré de longueurs, la séquence interminable de la longue traversée des Etats-Unis en 48 heures ne servant pas à grand chose, si ce n’est à justifier quelques scènes stupides et inutiles (le camion-tanker qui ravitaille la voiture en pleine route pour ne pas être obligé de s’arrêter !), incluant une poursuite avec un policier dans la station service totalement gratuite et qui n’apporte absolument rien à l’histoire : en coupant sec dans le montage, il y avait moyen de ramener le film à une durée plus raisonnable, 1h30 ou 1h40 ! Dommage aussi que le casting soit plutôt moyen et que les dialogues soient nuls, car si Aaron Paul (la star de la série TV « Breaking Bad ») s’en sort plutôt bien, les autres acteurs ne sont pas toujours très convaincants (le vétéran Michael Keaton semble même s’être perdu au milieu de ces jeunes recrues bien ternes !). En revanche, on appréciera le côté ‘film de potes’ du film, avec la bande de Tobey et ses copains dont la complicité crève littéralement l’écran, le tout ponctué de quelques touches d’humour (Benny qui passe tout son temps à bord de tous les véhicules aéroportés imaginables, incluant un hélicoptère de l’armée américaine et celui de journalistes TV !). Quand aux amateurs de vitesse et de bolides high-tech, ils apprécieront à coup sûr les nombreuses scènes de course du film, filmées de manière virtuose avec une caméra Pogo Cam sans trucage numérique et en décors naturels, avec l’ajout d’une 3D immersive. Le résultat est une série-B d’action plutôt sympathique mais un brin longuette et inégale, qui n’est certainement pas la catastrophe annoncée et reste un divertissement de qualité.

Le compositeur californien Nathan Furst a fait ses armes dans le milieu de la télévision en composant les scores de différents téléfilms depuis la fin des années 90, incluant la trilogie animée « Bionicle », « The Curse of King Tut’s Tomb » ou bien encore « Lake Placid 2 ». C’est en 2005 que le compositeur croisa alors la route de Scott Waugh en signant la musique de son film « Dust to Glory » en 2005, suivi en 2012 de « Act of Valor ». Arrivé suffisamment tôt sur le projet, Nathan Furst eut ainsi tout le temps de s’imprégner du script de « Need for Speed » et d’en composer la musique. Premier objectif clairement établi dès le départ : la musique ne va pas se contenter simplement d’illustrer l’action et les scènes de course de voiture, mais va suivre tout au long du film l’état d’esprit de Tobey en évoquant son ressenti émotionnel, ses doutes, sa frustration, sa colère et sa détermination à venger la mort de son ami Pete. Avec une approche émotionnelle plus qu’évidente, la musique de « Need for Speed » apporte un éclairage dramatique très appréciable au film, en plus d’assumer son statut de musique orchestrale plutôt inattendue sur une production de ce type inspirée d’un jeu vidéo. Evidemment, le score de « Need for Speed » fait de nombreuses concessions au style musical de chez Remote Control/Hans Zimmer, omniprésent depuis longtemps à Hollywood, mais Nathan Furst l’assume complètement et conserve sa propre personnalité musicale en ingurgitant les références aux sons Remote Control – guitares électriques, batterie, basse et synthés – tout en maintenant constamment une écriture orchestrale de qualité largement valorisée tout au long du film, servie par l’interprétation solide du Angel City Studio Orchestra et de ses 77 musiciens. A une époque où les artisans hollywoodiens craignent l’émotion dans leur film, on appréciera des morceaux touchants comme « Lighthouse » ou « Pete’s Death » qui apportent un éclairage émotionnel agréable à certaines scènes-clé du récit, dans lesquels Nathan Furst semblent s’être fait plaisir. Et quel plaisir d’enfin entendre un compositeur revenir à une musique plus orchestrale pour ce type de production visant un public d’ados et de jeunes adultes !

Le score repose essentiellement sur un thème principal très présent (voire un peu trop, par moment), dévoilé dès les premiers instants du film dans « Marshall Motors », et basé sur une cellule de 3 notes. Une guitare électrique clean et intime interprète les premières notes du thème à partir de 0:13, clairement associé tout au long du film à Tobey et sa quête de vengeance. Le thème de « Need for Speed » possède un côté héroïque/noble à la fois déterminé et touchant qui prendra une très grande ampleur au cours des 30 dernières minutes du film. Le thème est développé tout au long de « Marshall Motors » avec un sentiment de dépassement de soi, de quête initiatique et des accords de cordes touchants accompagnant la guitare soliste, les synthés et la batterie. Si l’on devine des références évidentes dans « Mt Kisco » (des ostinatos de cordes et des percussions rock façon Brian Tyler), on appréciera l’utilisation réussie de l’orchestre, qui occupe une place majeure dans le score de « Need for Speed », alors que la partie électronique/rock est finalement reléguée au second plan. « Mt Kisco » est aussi le premier morceau d’action, dominé par un travail de percussions réussi et un orchestre ample principalement dominé par les cordes et les cuivres (à noter l’utilisation des trompettes, qui rappellent ici les 3 premières notes du thème), tandis que les bois sont les grands absents de la formation orchestrale choisie par Nathan Furst. Dommage que dans le film, ces passages d’action robustes soient malheureusement noyés dans le mixage sous des tonnes d’effets sonores. On appréciera à 3:30 la soudaine envolée héroïque orchestrale quasi épique, Furst se faisant plaisir en nous offrant un déchaînement orchestral solide pour une première scène de course de voiture au Mont Kisco vers le début du film. A noter que le score contient aussi un deuxième thème, un motif héroïque qui accompagne les exploits de Tobey et ses amis dans certains passages. Le thème héroïque est entendu brièvement au début de « Mt. Kisco » et risque fort de passer inaperçu à la première écoute, étant donné qu’il s’avère être plus quelconque et bien moins mémorable que l’omniprésent thème principal. Il s’agit d’un thème composé d’une succession d’accords nobles et plein d’espoir, mais sans grande originalité particulière. On retrouve le dit thème dans « Mustang Offer » dans une variante plus intime et lente, avant d’être repris dans « Identical Ageras » à partir de 0:14 à la guitare clean et aux cordes (on notera même la façon dont Furst superpose souvent les accords du thème héroïque avec les trois notes du thème principal). Le thème héroïque est repris de manière plus ample et vigoureuse à 0:40 dans « Right Seater » aux cors et aux cordes.

« Mustang Offer » et « Identical Ageras » se montrent bien moins intéressants dans leur façon de développer les loops synthé et les ostinatos de guitare électrique rythmique plus impersonnels et sans grande originalité. En revanche, c’est la scène de course de « Koenigsegg Race » qui permet au compositeur de nous offrir un deuxième morceau d’action trépidant, largement dominé ici par l’orchestre symphonique et quelques bonnes idées. A noter que l’écriture très symphonique du morceau semble surgir tout droit d’un film d’aventure épique mais ne semble pas avoir été composé pour un film de course de voiture. Le résultat est assez étonnant et plutôt épatant pour un film de ce genre, surtout grâce aux nombreuses envolées héroïques et nobles de ces passages musclés, envolées évoquant les exploits de Tobey. On entre alors dans le domaine de l’émotion pure avec le magnifique « Pete’s Death », entièrement porté par les vocalises des solistes Ayana Haviv et Beth Weisenburger pour la séquence de la mort de Pete et de ses funérailles. Les voix résonnent ici de manière élégiaque et mélancolique, empruntes de regret et de chagrin, avec quelques accords doux et nostalgiques de guitares et de piano. On passe ensuite une vitesse supplémentaire dans « Motor City Mayhem », énième morceau d’action excitant et frénétique ponctué de rappels au thème de Tobey et au motif héroïque avec rythmes rock suggérant l’idée de la vitesse et de la détermination dans le film. Idem pour « Grasshopper » (qui offre à 1:04 une superbe reprise du thème héroïque), « Hot Fuel », « Utah Escape », constituant à eux seuls quelques uns des meilleurs passages d’action de la partition de « Need for Speed ». « Hot Fuel » contient lui aussi quelques magnifiques envolées héroïques épiques à commencer par une grande reprise du thème héroïque à 1:34 aux cuivres, et une allusion à la partie B du thème principal à 1:55. Un troisième thème constitué de cinq accords sur une ligne de basse chromatique descendante plus dramatique est aussi entendu dans « Koenigsegg Race » à partir de 0:25, repris aussi à 3:06 dans « Hot Fuel ».

Nathan Furst se fait plaisir en nous proposant une musique orchestrale héroïque, noble, épique et déterminée, construite autour de thèmes très présents et inspirés, et d’envolées épiques comme dans « Utah Escape », qui semble surgir tout droit d’un blockbuster d’aventure, sans oublier une superbe reprise grandiose du thème principal à 2 :15 dans « California Crossing » avec les voix féminines, la section rock et l’orchestre, autre grand moment du score de « Need for Speed ». On notera aussi quelques bons moments dans « De Leon Begins », « Lethal Force » (avec un bref motif de trompettes qui rappelle le fameux motif de 4 notes de James Horner !), l’épique et triomphant « Lighthouse » ainsi que le final du film, « In the Lead ». Ainsi donc, Nathan Furst va à l’encontre du style électro habituel de chez Remote Control et propose une musique plus narrative, plus orchestrale et beaucoup plus old school dans sa manière de présenter et de développer des thèmes mémorables et bien construits, et ce même si l’on regrettera le fait que le thème principal rappelle parfois d’autres mélodies déjà préexistantes (le thème possède quelques airs de ressemblances avec les thèmes d’Eric Serra pour « Le Cinquième Elément » ou même celui de « Rambo IV » de Brian Tyler). Ce choix d’écrire une musique évoquant l’émotion et la quête du héros plutôt que les voitures de course est très appréciable et rompt avec la routine habituelle des productions musicales hollywoodiennes actuelles, car même si Nathan Furst fait des concessions au style Remote Control, sa musique demeure toujours très ample, généreuse, épique et bien écrite, des choix musicaux étonnants qui s’expliquent sans aucun doute par la présence de Steven Spielberg à la production du film (et qui a toujours privilégié les grandes musiques orchestrales sur la plupart de ses productions !). Résultat : sans être d’une grande originalité particulière, le score de « Need for Speed » s’impose finalement comme une surprise inattendue de la part d’une BO à laquelle on attendait pas grand chose, et confirme le talent sûr de Nathan Furst, qui, on l’espère, se verra confier à l’avenir des films plus ambitieux qui lui permettront de se faire connaître du grand public, car il semble avoir le talent et les ambitions nécessaires pour pouvoir prétendre y arriver !




---Quentin Billard