tr> |
1-Never Take Off the Mask 1.07
2-Absurdity 4.58 3-Silver 4.00 4-Ride 4.17 5-You've Looked Better 3.09 6-Red's Theater of the Absurd 3.02* 7-The Railroad Waits for No One 3.09 8-You're Just A Man in a Mask 4.14 9-For God and For Country 4.53 10-Finale 9.51 11-Home 6.55 *Ecrit et produit par Jack White Interprété par Pokey Lafarge and the South City Three. Musique composée par: Hans Zimmer Editeur: Walt Disney Records/ Intrada D001809402 Score produit par: Hans Zimmer Producteurs exécutifs de l'album: Jerry Bruckheimer, Gore Verbinski Direction de la musique pour The Walt Disney Studios Motion Pictures Group et The Disney Music Group: Mitchell Leib Musique additionnelle de: Geoff Zanelli, Rupert Gregson-Williams, Steve Mazzaro, Andrew Kawczynski, Jasha Klebe, Lorne Balfe Music Business/Legal Affairs pour The Walt Disney Studios Motion Pictures Group: Scott Holtzman, Sylvia Krask, Don Welty Production musicale pour The Walt Disney Studios Motion Pictures Group: Monica Zierhut Monteur superviseur musique: Kenneth Karman Music Wrangler: Bob Badami Monteurs musique: Pete Oso Snell, Katie Greathouse Sample Development: Claudius Bruese, Ben Robinson, Raul Vega, Taurees Habib Design instrument digital: Mark Wherry Enregistrement score: Joel Iwataki Album mixé par: Daniel Kresco Opérateurs Workstation Digital: Kevin Globerman, Vincent Cirilli Orchestre conduit par: Nick Glennie-Smith Services de production musicale: Steve Kofsky Coordination score pour Remote Control Productions: Czarina Russell Assistants technique: Chuck Choi, Brian Wherry, Phill Boucher American Federation of Musicians. Artwork and pictures (c) 2013 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved. Note: **** |
THE LONE RANGER
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Hans Zimmer
|
|
« The Lone Ranger » est à l’origine un célèbre personnage de feuilleton radiophonie crée par Fran Striker en 1933 et devenu par la suite le héros d’une série télévisée diffusée aux States entre 1949 et 1957. Relativement peu connu dans nos contrées, le Lone Ranger est pourtant une véritable icône de la pop culture U.S. et aussi un personnage de fiction célèbre dans le monde des westerns. Le réalisateur Gore Verbinski s’associe à nouveau avec Disney et Jerry Bruckheimer en renouvelant leur partenariat sur la franchise « Pirates of the Caribbean » pour un nouveau blockbuster d’aventure loufoque et divertissant, ressuscitant le célèbre Lone Ranger alias John Reid (Armie Hammer), Texas Ranger masqué qui lutte contre la criminalité et l’injustice en plein Far West aux côtés de son ami indien Tonto (Johnny Depp). L’histoire est alors racontée par un Tonto vieillissant à un jeune garçon durant une exposition sur le Far West à San Francisco en 1933 : en 1869, le shérif John Reid s’évertue à poursuivre le criminel Butch Cavendish (William Fichtner), qui a tué son frère Dan et ses partenaires au cours d’une embuscade à laquelle Reid a survécu miraculeusement. Devenu le Lone Ranger, le shérif se transforme alors en justicier masqué, alors qu’il croise la route du guerrier indien Comanche Tonto, qui cherche à son tour à accomplir une vengeance personnelle, afin de retrouver les criminels responsables de la mort des siens. Le duo remonte alors la piste des bandits et découvre que Cavendish est associé avec les responsables des chemins de fer dirigés par Latham Cole (Tom Wilkinson), homme d’affaires ambitieux à la tête d’une vaste conspiration visant à s’emparer de toute la compagnie des chemins de fer pour exploiter une précieuse mine d’argent. Tonto et Reid auront alors fort à faire, pour sauver à la fois la veuve de Dan, Rebecca (Ruth Wilson) et son fils Dan Jr. (Bryant Prince), et pour mettre fin aux agissements des conspirateurs corrompus. « The Lone Ranger » s’avère être au final un solide divertissement estival qui réunit tous les ingrédients habituels du genre : casting de qualité, aventure à profusion, séquences d’action époustouflantes (la réjouissante bataille finale dans le train est un pur moment de bonheur, bourré d’action, de gags et de dérision !) et humour à tous les étages, sans oublier une formidable reconstitution de l’univers du grand Ouest Américain, avec des références inévitables à Sergio Leone et John Ford. Certains ont parfois comparé le film à un « Pirates of the Caribbean » version western, ce que « Lone Ranger » est effectivement un peu, mélangeant aventure et humour avec un fun constant et communicatif, et ce malgré de grosses longueurs (le film fait 149 minutes !). Réalisé à la manière des blockbusters d’aventure décomplexés des années 80/90, « Lone Ranger » est un peu le pendant du « Back to the Future III » de Robert Zemeckis, un savant dosage entre aventure, comédie et western dans lequel Gore Verbinski rappelle, après « Rango », son amour inconditionnel pour la mythologie américaine des westerns avec une réalisation impeccable et de solides effets spéciaux, un divertissement impeccable et drôle qui reste malheureusement un échec cuisant au box-office U.S. de 2013, puisque le film a peiné à rembourser les quelques 225 millions de dollars de budget initial, faisant de « Lone Ranger » un énième échec commercial pour Disney après le flop de « John Carter ».
Prévue initialement pour Jack White, la musique de « The Lone Ranger » se verra finalement confiée à Hans Zimmer, qui renouvelle ainsi son partenariat avec Gore Verbinski/Jerry Bruckheimer/Disney après la franchise « Pirates of the Caribbean ». Aucune prise de risque donc pour la production, qui s’assure les services du compositeur teuton, qui voit son agenda surchargé en 2013, signant la musique de pas moins de six long-métrages la même année (dont « Rush » de Ron Howard et « Man of Steel » de Zack Snyder, ainsi que la mini-série « The Bible »). A la première écoute du score de « The Lone Ranger » dans le film, on se surprend à découvrir un Hans Zimmer un brin plus symphonique et traditionnel, même si l’on y retrouve la plupart des recettes musicales habituelles du compositeur et de son studio Remote Control. Zimmer dévoile un premier thème majeur à la fin de « Never Take Off the Mask », un motif de 4 notes mystérieuses et furtives de flûte à bec associée à Tonto dans le film. Cet emploi de la flûte à bec s’inspire clairement d’un truc déjà utilisé par Ennio Morricone dans certaines de ses musiques de western spaghetti italiens des années 60 – Hans Zimmer n’a d’ailleurs jamais caché sa passion pour l’oeuvre du maestro italien, qu’il cite souvent dans ses partitions – Dans « Absurdity », le compositeur développe un thème ironique et espiègle avec les flûtes à bec, l’orchestre et quelques claviers pour parvenir à ses fins. « Absurdity » est d’ailleurs certainement l’équivalent du thème espiègle de Jack Sparrow dans la saga « Pirates of the Caribbean » (justement joué aussi par Johnny Deep !), et montre une facette plus légère et humoristique de la musique de Zimmer. Les orchestrations sont plutôt inventives, variant les sonorités acoustiques et les samples synthétiques avec un côté années 90 dans l’emploi de l’électronique, notamment durant la seconde partie de « Absurdity », qui dévoile un autre thème majeur du score, le thème d’action à partir de 1:31 aux cordes et au clavier. Le thème d’action de « The Lone Ranger » reviendra d’ailleurs durant la plupart des grands morceaux de bravoure du film, et renvoie clairement aux musiques d’action du Hans Zimmer des années Media Ventures 90’s. Dommage cependant que le thème d’action reste un peu trop simpliste et développé de manière souvent rigide, sans grande originalité particulière. En revanche, difficile pour les fans de ne pas apprécier la dernière partie de « Absurdity », qui, à partir de la troisième minute, développe des enchaînements harmoniques classiques assez agréables et là aussi typique de ce que faisait autrefois le compositeur allemand dans les années 90 (à 4:13, on a parfois l’impression d’entendre le score de « Broken Arrow » !). « Silver » est plus particulier dans le sens où le morceau est bâti autour d’une citation conséquente à un air irlandais traditionnel intitulé « After the Battle of Aughrim », thème pour le personnage de John Reid, joué par le violon solo mélancolique d’Ann Marie Calhoun, baignant dans des orchestrations rappelant là aussi clairement l’univers des musiques western d’Ennio Morricone (piano honky-tonk, banjo, fiddle, etc.), notamment dans le rappel du thème de flûte à bec de Tonto ou dans la seconde partie plus martiale du score. « Ride » va encore plus loin en développant un thème de chevauchée à la manière des musiques western d’antan, avec son lot de trompettes ‘mariachi’, guitare électrique à la Morricone et rythme de cavalcade héroïque accrocheur. A 0:50, un nouveau thème fait son apparition, thème qui prendra une certaine ampleur par la suite, imposant une émotion et une nostalgie dans le choix des accords et des orchestrations – pour une fois, Zimmer utilise les bois de l’orchestre, comme c’est le cas à partir de 1:15 dans « Ride », avec un joli mélange de clarinette, flûte, hautbois, piano et cordes. La musique se montre d’ailleurs assez chaleureuse dans ces moments plus intimes, très réussis, rappelant que Zimmer est capable de soigner son écriture, de contourner ses limites techniques et d’écrire de bonne chose lorsqu’il s’en donne vraiment les moyens. L’air traditionnel irlandais est repris durant la coda de « Ride » dans une superbe envolée symphonique très western qui rappelle aussi bien Ennio Morricone que certaines musiques western de Bruce Broughton, Jerome Moross ou d’Elmer Bernstein. « Never Take Off the Mask » introduit un autre thème majeur au violon soliste, qui deviendra par la suite le thème de la vengeance de Reid/le Lone Ranger, repris notamment dans « You’ve Looked Better » à 2:11. Le thème d’action est repris quand à lui de manière intense dans « The Railroad Waits for No One » durant l’une des séquences d’action majeures du film à bord du train. Zimmer se montre à l’aise dans ces passages d’action, reprenant tous ses tics d’écriture habituels avec une certaine inventivité et un humour remarquable, notamment dans l’emploi des instruments ‘western’, sans oublier quelques belles envolées orchestrales puissantes et dramatiques comme à 2:13, un ‘power anthem’ typique de ce que faisait Zimmer il y a 20 ans durant sa période Media Ventures. Le thème de la vengeance de John Reid revient dans « You’re Just a Man in a Mask » ainsi que l’air traditionnel irlandais pour le Lone Ranger, et le thème d’accords dramatiques de la fin de « The Railroad Waits for No One », qui développe une formule de 4 notes ascendantes empruntées au « C’era une volta il west » d’Ennio Morricone. De l’action, vous en aurez en long et en large dans « For God and for Country » avec ses rythmes tonitruants de cavalcades belliqueuses et quelques vocalises ethniques censées représenter le personnage de Comanche guerrier joué par Johnny Depp. Le morceau introduit alors des choeurs en latin épiques à la manière des musiques de bande-annonce hollywoodienne post-« Lord of the Rings ». On ne s’attendait évidemment pas à cela dans le film, mais force est de constater que si on peut encore une fois se lasser de l’emploi quasi systématique de ces parties chorales inspirées des envahissantes « trailer music » façon « E.S. Posthumus », difficile de résister à l’émotion de la superbe envolée du thème dramatique au milieu de « For God and for Country », thème repris de « The Railroads Waits for No One » et « You’re Just a Man in a Mask », arrangé ici à la manière des power anthems du Zimmer 90’s. Le compositeur va même jusqu’à reprendre à partir de 3:50 ses fameux samples de choeurs ‘ah-ieh-ouh’ qu’il utilisait à tout bout de champ dans ses musiques d’action Media-Ventures du milieu des années 90, alors que la partie finale de « For God and for Country » - qui reprend le thème lyrique de « Home » et de « Ride » - semble calqué sur la progression harmonique du fameux « Time » de la partition de « Inception », dont Zimmer et sa bande s’inspirent souvent dans certains de leurs plus récents travaux. A noter que la plupart des morceaux d’action sont basés sur un rythme mécanique rapide évoquant un train lancé à toute vitesse sur les rails. Cet effet s’inspire en fait d’enregistrements sonores réalisés par Zimmer lui-même à bord d’un vieux train détenu par Chris Carter (le réalisateur de « X-Files »), à l’aide d’un marteau et d’un enregistreur numérique portable – cette anecdote, dévoilée par le compositeur lui-même lors d’une récente interview, rappelle à quel point Zimmer aime conceptualiser et expérimenter sur sa musique, même si, comme souvent, le résultat n’est pas toujours à la hauteur des ambitions du musicien. Le film se termine avec deux morceaux incontournables : « Finale », superbe tour de force de 9 minutes accompagnant la bataille finale à bord du train avec une déferlante d’humour et de dérision musicale très enthousiasmante. Le morceau s’apparente en fait à une série d’arrangements amusants sur l’air de la célèbre « Ouverture » de « Guillaume Tell » de Gioachino Rossini, arrangements conçus par Geoff Zanelli – compositeur additionnel fidèle à Zimmer depuis plusieurs années – Alors que l’on se serait attendu à un énième déchaînement orchestral épique, Zimmer et Zanelli prennent le contre-pieds des schémas musicaux habituels et nous proposant un « Finale » magistral, drôle et entraînant, d’une fraîcheur rare à l’écran (cela faisait bien longtemps que l’on avait pas entendu Zimmer et sa bande s’amuser à ce point sur une scène d’un gros blockbuster hollywoodien !). Certes, on pourra toujours critiquer l’aspect synthétique de certaines variations du thème de Rossini, mais force est de constater que l’hommage à ce tube immortel de la musique classique fonctionne merveilleusement sur les images, avec une énergie extraordinaire, entrecoupé d’allusions au thème d’action de Zimmer et de rythmes de chevauchée survoltée. Et comme si cela ne suffisait pas, Zimmer termine le film sur une touche d’émotion appréciable dans le magnifique « Home », qui reprend le thème lyrique déjà introduit dans « Ride » et à la fin de « For God and for Country », thème qui ressemble toujours autant au « Time » du score de « Inception », mais qui apporte une émotion rafraîchissante aux dernières minutes du film, une mélodie élégiaque et poignante marquant la fin des aventures du Lone Ranger et de Tonto, et le retour chez soi pour les deux héros. Le thème grandit tout au long de « Home », avec les cordes, les vents et quelques instruments additionnels (guitare, banjo, etc.). Après la fougue magistrale du drôlissime « Finale », difficile de résister à l’émotion de l’élégiaque « Home », probablement l’un des plus beaux morceaux écrits par Hans Zimmer pour un blockbuster U.S. au cours de ces 10 dernières années ! Et c’est ainsi que le score de « The Lone Range » s’achève sur une impression plutôt positive. Enfin, Hans Zimmer sort de la routine dans laquelle il semblait s’être enfermé au cours de ces dernières années, et rompt la glace avec une partition orchestrale rafraîchissante, entre citations musicales évidentes (Rossini, Morricone, l’air irlandais traditionnel), hommage aux musiques western (comme dans le récent « Rango »), humour, nostalgie (on retrouve parfois ici le style Media Ventures des années 90) et action épique. Avec une poignée de thèmes réussis, des orchestrations inventives, des morceaux d’action solidement exécutés et un humour ravageur (notamment dans le « Finale »), « The Lone Ranger » a tout pour plaire aux fans d’Hans Zimmer et à ceux qui critiquent régulièrement le compositeur pour ses lacunes techniques d’écriture et son manque d’inspiration. En délaissant quelque peu l’attirail électronique habituel au profit d’une musique plus orchestrale, Zimmer réussit son pari sur un film auquel il n’était pourtant pas destiné à la base, et délivre l’un de ses meilleurs scores de ces 5 dernières années : une belle surprise, en somme ! ---Quentin Billard |