1-Teenage Mutant Ninja Turtles 4.45
2-Adolescent Genetically
Altered Shinobi Terrapins 4.31
3-Splinter Vs. Shredder 6.25
4-Origins 6.02
5-Brotherhood 1.19
6-Turtles United 4.10
7-Rise Of The Four 3.34
8-The Foot Clan 3.17
9-Shellacked 6.47
10-Project Renaissance 1.57
11-Shortcut 4.41
12-Shredder 5.59
13-Cowabunga 4.35
14-99 Cheese Pizza 1.49
15-Adrenaline 6.26
16-Buck Buck 4.11
17-TMNT March 2.07

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Atlantic Records/Paramount Pictures

Produit par:
Brian Tyler
Montage musique:
Jeanette Surga
Assistant monteur:
Kyle Clausen
Arrangement musique:
John Carey
Orchestrations:
Robert Elhai, Dana Niu
Musique additionnelle
et arrangements:
Michael Kramer
Mixage score:
Greg Hayes
Arrangements score:
Robert Lydecker
Arrangements et
musique additionnelle:
Stuart Michael Thomas

Artwork and pictures (c) 2014 Paramount Pictures/Nickelodeon Movies/Platinum Dunes. All rights reserved.

Note: ***1/2
TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
La saga des « Tortues Ninja » débuta avec une série de comics books conçus par les américains Keavin Eastman et Peter Laird, publiés pour la première fois en mai 1984. Suite au succès phénoménal de la bande dessinée, les Tortues Ninja verront leurs aventures déclinées sous de multiples adaptations : une série animée télévisée lancée dès 1987 avec un ton résolument plus soft et enfantin que celui du comic d’origine (mais avec un générique français culte !), une série animée live en 1997, une deuxième série animée en 2003 et une troisième en 2012, sans oublier un OAV japonais réalisé en 1996, trois films réalisés en 1990, 1991 et 1992 ainsi qu’un long-métrage animé de Kevin Munroe sorti en 2007 baptisé « TMNT », et un deuxième long-métrage animé intitulé « Turtles Forever » sorti en 2009 pour célébrer les 25 ans de la série TV des années 80, sans oublier toute la série de jouets et de jeux vidéos sortis depuis les débuts de la saga dans les années 80. Prévu depuis longtemps, le reboot de la franchise se concrétise enfin grâce aux efforts de Michael Bay et des studios Paramount et Nickelodeon, pour une sortie programmée en 2014, avec Jonathan Liebesman à la réalisation (auteur de « Battle Los Angeles » et « Wrath of the Titans »). Le film reprend les grandes lignes du comic book et offre une vision résolument moderne de la bande dessinée par rapport aux films des années 90 tout en prenant d’étranges libertés par rapport à l’histoire d’origine des Tortues Ninja. Alors que la ville de New-York est terrorisée par les criminels du Clan des Foot dirigés par le terrifiant Shredder (Tohoru Masamune), qui contrôle aussi bien la ville que la police et les politiques, quatre mystérieuses Tortues Ninja sortis des égouts débarquent dans les rues pour combattre le crime et affronter le Clan des Foot. L’intrépide journaliste April O’Neil (Megan Fox) décide d’enquêter sur ces mystérieux justiciers venus des profondeurs de la ville et découvre un secret lié à son propre passé. Elle embarque dans son aventure son fidèle caméraman Vernon Fenwick (Will Arnett), sceptique au départ, mais qui finit par découvrir à son tour l’incroyable vérité, témoin d’un combat acharné entre les quatre frères – Leonardo, Raphael, Michelangelo, Donatello – élevés par leur maître-rat Splinter, et les hommes du Clan des Foot dirigés par Shredder. Ce dernier s’est mis en tête d’utiliser un énigmatique liquide mutagène d’origine extra-terrestre inventé par l’homme d’affaire corrompu Eric Sachs (William Fichtner) pour terroriser New-York et obtenir le pouvoir absolu, mais seules les Tortues Ninja sont à même de s’opposer à ses sinistres desseins, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

« Teenage Mutant Ninja Turtles » ramène donc sur nos écrans les fameux chevaliers en écailles et à carapace qui furent le bonheur des enfants dans les années 80, et qui restent encore aujourd’hui des icônes cultes de la pop culture U.S. des eighties. Le problème du film de Jonathan Liebesman, c’est qu’à trop vouloir en faire, le film se plante de la même façon que les « Transformers » de Michael Bay : trop d’effets spéciaux, des libertés prises par rapport à l’histoire du comic book d’origine et un scénario vide et sans surprise. On se souvient d’ailleurs de la levée de boucliers des fans qui crièrent au scandale lorsque Bay et son équipe annoncèrent que les Tortues Ninja de leur film seraient d’origine extra-terrestre, un concept finalement partiellement évacué pour le film puisque les tortues sont bel et bien d’origine terrestre mais ont été exposées à un liquide verdâtre provenant d’une autre planète (ce qui se rapproche davantage du comic book, même si ce n’est pas tout à fait la version originale de la naissance des Tortues Ninja !). Niveau réalisation, Jonathan Liebesman mène sa barque sans grand brio, maîtrisant un flot quasi ininterrompu d’effets spéciaux numériques en tout genre et de scènes d’action épiques et disproportionnées. Niveau design, le look des Tortues Ninja est largement modernisé et plutôt réussi, avec une apparence colossale un peu fourre-tout (ils portent beaucoup d’équipements et de gadgets sur eux), très éloignée du look kitsch et costumé des films des années 90. L’animation en motion capture est maîtrisée et visuellement intéressante – elle permet d’apporter un plus grand réalisme à l’expression et aux mouvements des Tortues – en revanche, grosse déception concernant le look de Splinter, moins abouti, tandis que l’armure ultra high-tech et exagérée de Shredder le fait davantage ressembler à un Transformer qu’au méchant samouraï bien connu des anciennes versions. Megan Fox reste convaincante dans le rôle d’April O’Neil même si les performances de l’actrice ont été largement décriées par les fans, jugeant l’actrice inappropriée dans ce rôle-clé. Enfin, le film s’en tire grâce à un rythme totalement survolté et une abondance de scènes d’action – la confrontation éclair dans le métro, l’affrontement Splinter/Shredder dans les égouts, la poursuite dans les pentes enneigées, la bataille finale sur le toit, etc. – On regrettera simplement l’exagération totale de certaine scène comme la séquence interminable de la longue descente enneigée, ou la chute finale de la tourelle, une surenchère visuelle bien souvent inutile qui justifie à elle seule une bonne partie du budget du film. Malgré des libertés prises avec l’oeuvre originale, « Teenage Mutant Ninja Turtles » remplit parfaitement le cahier des charges et divertit au maximum même s’il y a fort à parier que les fans des Tortues Ninja en resteront sur leur faim.

Brian Tyler est décidément très actif ces derniers temps, car, après « Iron Man 3 », « Now You See Me », « Thor the Dark World » et « The Expendables 3 », voilà que le compositeur embarque sur une nouvelle grosse production hollywoodienne avec « Teenage Mutant Ninja Turtles », renouvelant sa collaboration avec Jonathan Liebesman après « Darkness Falls » (2003), « The Killing Room » (2009) et « Battle : Los Angeles » (2011). A la première écoute de la musique de « Teenage Mutant Ninja Turtles », on remarque le parti pris évident de revenir à un style symphonique à l’ancienne, avec une grande formation orchestrale, une chorale épique et des thèmes mémorables. Manifestement désireux de renouer avec un style orchestral plus proche des films d’aventure/action des années 80/90, Brian Tyler base une bonne partie de sa partition sur un thème principal héroïque associé aux exploits des Tortues Ninja dans le film. Le thème reste dans la continuité des mélodies héroïques de « Iron Man 3 » et « Thor the Dark World », décliné à toutes les sauces tout au long du score. Présenté en version concert dans la dernière piste de l’album (« TMNT March »), le thème prend lentement son envol durant l’ouverture, « Teenage Mutant Ninja Turtles ». Construit en deux parties, le thème des tortues s’articule autour d’une partie A basée sur une cellule de sept notes ascendantes pleines d’espoir et d’enthousiasme (aux cors dès 0:04 puis en grande pompe dès 2:06), tandis qu’une partie B apparaît régulièrement aux côtés de la mélodie A, s’apparentant à un motif plus concis de six notes un brin mystérieuses (aux cellos dès 0:15), la bonne idée de Tyler étant d’imbriquer régulièrement le motif B sur la mélodie A ou de juxtaposer ces deux idées mélodiques durant le score. A noter que le motif B devient fréquemment un motif d’action durant certaines scènes épiques au volume sonore ultra élevé (notamment vers le milieu du spectaculaire « Splinter vs. Shredder »). Alternant souvent entre les cordes et les cuivres, le thème héroïque des tortues est à n’en point douter l’attraction majeure de la partition de Brian Tyler.

Le deuxième thème du score est bien évidemment celui de Shredder, largement développé dans la piste « Shredder ». Ce motif sombre et menaçant constitué d’une poignée de notes ascendantes évoque bien évidemment la menace de Shredder mais aussi ses pouvoirs et sa détermination inquiétante à accomplir ses sinistres desseins. Le motif de Shredder est entendu brièvement dès les premières secondes de « Adolescent Genetically Altered Shinobi Terrapins » et se retrouve décliné dans certaines pistes, même si l’on regrettera le traitement souvent trop timide d’un thème quelconque qui aurait mérité à être davantage présent et beaucoup plus personnel et mémorable. C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourra formuler au sujet de la musique de « Teenage Mutant Ninja Turtles » : paradoxalement, malgré un thème principal mémorable et ultra-omniprésent – trop, certainement – le reste de la thématique du score de Tyler reste assez décevant, soit parce que les quelques motifs secondaires sont timides ou peu développés, soit parce que l’on ne retient finalement qu’un seul thème, le reste étant parfaitement secondaire et sans grand intérêt. Pour un score annoncé comme riche en thèmes à la manière des musiques d’aventure old school, on reste un peu déçu par le résultat final. Toujours est-il que, si le score déçoit par sa thématique un peu monolithique, la musique se rattrape largement dans le film par ses morceaux d’action totalement déchaînés durant lesquels Brian Tyler convoque l’énorme orchestre mis à sa disposition à grand renfort de percussions, rythmes électro et chorale épique. C’est notamment le cas durant l’affrontement entre Splinter et Shredder dans les égouts, qui propose l’un des meilleurs morceaux du score, large assaut orchestral de 6 minutes totalement démesuré, durant lequel le motif d’action (ou motif B) est largement utilisé, tout comme le thème principal et les allusions à Shredder (qui doit se contenter de quelques touches de flûtes ethnique japonisantes et de tambours taïkos guerriers). « Splinter vs. Shredder » tire son épingle du jeu grâce à une utilisation remarquable des choeurs épiques en latin, un cliché abondamment utilisé de nos jours à Hollywood mais pourtant diablement efficace et très prenant ici. Malgré un flot permanent de percussions, Brian Tyler réussit à maintenir une écriture orchestrale de bonne facture, délaissant son attirail électronique habituel, même si on regrettera les lourdeurs habituelles du style de Tyler (notamment au niveau des orchestrations, qui privilégient un flot permanent de cordes, cuivres et percussions tout en délaissant les bois, peu valorisés ici, même au niveau du mix). En revanche, Tyler s’améliore au fil du temps et privilégie ici une écriture rythmique assez prenante, très contrapuntique et maîtrisée dans ses nombreux changements de métriques, tout comme l’écriture chorale incisive et puissante rappelle curieusement le « Matrix Revolutions » de Don Davis (influence des temp-tracks ?), influence manifeste durant certains passages d’action, et notamment dans « Turtles United »

Le score de Tyler n’a pas peur non plus d’offrir un peu d’émotion et d’espoir le temps de quelques passages plus calmes et touchants comme durant le solennel « Brotherhood » (avec ses choeurs élégiaques vibrants) qui évoque la fraternité qui unit les quatre tortues à travers une grande montée d’espoir malheureusement un brin trop courte (à peine 1min19), un sentiment que l’on retrouve aussi dans « Buck Buck », « Shellacked » et l’intime « Project Renaissance » et son piano délicat. Il faut néanmoins rappeler que le score a plutôt tendance à ne pas faire dans la dentelle et privilégie les assauts orchestraux musclés et épiques, comme « Rise of the Four », « Shredder », l’héroïque « Shortcut » (scène spectaculaire de la bataille dans les pentes enneigées), « Cowabunga », « Turtles United » ou le colossal « Adrenaline » et ses 6 minutes massives et monumentales. Autant dire que nous avons à faire ici à un score symphonique old school et percussif qui fait du bruit, beaucoup de bruit, quitte à lasser l’auditeur au bout d’une heure d’écoute. Effectivement, le score est parfaitement posé sur les images, apportant ce fun et cette fureur que l’on était en droit d’attendre de la part de Brian Tyler pour un film des Tortues Ninja, mais le tout reste toujours englué dans le style action souvent lourdingue de Tyler, décidément plus adroit lorsqu’il s’agit de faire de l’électro/rock que du symphonique à l’ancienne. Le mélange cuivres/cordes/percussions/choeurs opère pleinement tout le long du film, sans surprise particulière, le tout accompagné de superbes envolées thématiques héroïques du « TMNT March » indissociable des exploits de nos quatre chevaliers à carapace, un vrai thème musical de comic book à l’ancienne (soyez assurés que vous le fredonnerez longtemps après la vision du film !). Ainsi donc, « Teenage Mutant Ninja Turtles » s’adresse essentiellement aux inconditionnels de Brian Tyler et aux fans de l’univers des Tortues Ninja, qui trouveront certainement leur compte avec le nouvel opus musical épique et survolté du compositeur de « Iron Man 3 » et « Expendables ». Sans être le nouveau chef-d’oeuvre de Brian Tyler, le score de « Teenage Mutant Ninja Turtles » prouve au moins que le compositeur américain en a décidément sous le pied et semble de plus en plus à l’aise sur les blockbusters d’aventure mettant en scène des super héros issus de comics books, car après « Iron Man 3 », « Thor the Dark World » et « TMNT », on attend avec impatience le nouveau score de Tyler pour « The Avengers : Age of Ultron ».




---Quentin Billard