1-Showdown In Shadaloo 4.44
2-Habanera (Vega & Ryu)* 3.16
3-Chun-Li Enter The Morgue 2.16
4-Colonel Guile
Addresses The Troops 2.47
5-The Circus Tent 2.13
6-General M. Bison 1.20
7-Honda Is Tortured 0.44
8-Bison Troopers
Marching Song (Zangief)+ 0.58
9-Chun-Li's Story 2.07
10-Dhalsim Reprograms
Blanka 1.36
11-The Stealth Boat Attack 3.07
12-"Game Over" 1.42
13-Chun-Li & Bison 2.57
14-Guile Discovers Blanka 2.10
15-"Raise The Chamber"
(Guile Attacks) 2.26
16-Clash Of The Titans
(Honda & Zangief) 1.51
17-Guile Faces Bison 2.57
18-Vega & Sagat
VS. Ken & Ryu 3.07
19-Bison Dies 2.02
20-The Aftermath 3.17
21-Attitude Adjuster** 4.29

*Composé par George Bizet,
Arrangé par Tim Simonec et
Graeme Revell
+Esperanto Lyrics
de S.De Souza, Musique de
Graeme Revell
**Interprété par World Beater,
Ecrit par Georges Acogny,
Alex Brown et Donna de Lory
Produit et arrangé par
Georges Acogny.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5560

Album produit par:
Graeme Revell
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Josh Winget

Artwork and pictures (c) 1994 Universal City Studios, Inc. All rights reserved.

Note: ***
STREET FIGHTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Amateurs de navets pour public décérébré, 'Street Fighter' devrait vous ravir! Ce qui était à la base un célèbre jeu vidéo de la Super Nintendo signé Capcom (créateurs entre autre de la saga des 'Megaman' et, plus récemment, de 'Resident Evil') est vite devenu un nanar stupide et gamin signé Steven E. de Souza, plus connu à Hollywood pour avoir signé les scripts de films divers tels que 'Die Hard', 'Ricochet', 'Commando', '48 Hours', 'The Running Man', etc. Visiblement, de Souza et ses potes n'ont pas vraiment voulus se prendre au sérieux. Primo, vouloir confier le rôle principal à Jean-Claude Van Damme n'est déjà pas bien sérieux en soi, surtout quand on observe la calamiteuse filmographie de mr. le karatéka belge toujours aussi 'aware'. On retrouve les principaux protagonistes de 'Street Fighter II' ainsi que quelques personnages échappés du 'Street Fighter II: The New Generation'. Ainsi, on retrouve mélangé dans cette jolie salade puérile le colonel Guile (Van Damme), Ken (Damian Chapa), Ryu (Byron Mann), Balrog (Grand L.Bush), Cammy (Kylie Minogue), Dhalsim (Roshan Seth), Sagat (Wes Studi), Vega (Jay Tavare), Chun-Li (Ming-Na), Honda (Peter Navy Tuiasosopo), Zangief (Andrew Bryniarski), Dee Jay (Miguel A.Nuñez Jr.), T.Hawk (Gregg Rainwater), Blanka (Robert Mammone), sans oublier le grand méchant de service, le général M.Bison, interprété par Raul Julia dans l'un de ses derniers rôles au cinéma - il est mort peu de temps après dès suite d'un cancer à l'estomac. Le film lui est d'ailleurs dédié - ce n'est certainement pas la meilleure dédicace pour un acteur aussi doué, mais c'est comme ça!

Un scénario dans ce film? Il y en a peut-être un, mais vous risquez fort de ne pas le remarquer à la première vision du film. Ici, Van Damme est le grand héros colonel des nations alliés qui doit partir mettre fin au règne de terreur de Bison, qui détient de nombreux otages dans sa base secrète en Thaïlande et réclame une rançon de 20 milliards de dollars. Il va croiser sur son chemin différents protagonistes qui vont se retrouver embarqués dans cette histoire tels que la jolie Chun-Li qui cherche à venger la mort de son père, ou les deux petits combinards Ryu et Ken qui vont se retrouver du côté des gentils après les avoir trahi. Ici, il y a de l'action et rien d'autre! Certes, on pourra aussi relever quelques touches d'humour qui nous prouvent à quel point le réalisateur et les producteurs du film ont tenus à ne surtout pas se prendre au sérieux, en ayant probablement en tête qu'ils visaient un public de jeunes entre 10 et 20 ans. Pour le reste, le film est parsemé de dialogues pourris, de blagues à deux sous (surtout, ne zappez pas le générique de fin! Vous pourrez y entendre un Van Damme plaisanter sur le nom des personnes créditées dans le générique de fin ou sortir des vannes qui ne font rire que lui!) de personnages vides et sans âmes (Zangieff, le gros costaud de service, est un crétin qui ne s'aperçoit qu'à la fin du film qu'il était du côté des méchants), de scènes d'action ultra basiques et de quelques clins d'oeil marrants sans plus (genre l'allusion à Godzilla pour l'affrontement entre Honda et Zangieff ou la présence d'Edward R.Pressman, l'un des producteurs du film, dans le rôle du cuistot qui se retrouve tout seul dans le camp militaire de Guile). Comme d'habitude, Van Damme roule des mécaniques et fait le malin, avec, face à lui, un Raul Julia sympathique dans le rôle du dictateur de pacotille qui se prend pour un pseudo-Hitler, et une confrontation finale sympathique mais pas crédible pour un sou (genre Guile qui défie les lois de la pesanteur en accomplissant un bond surhumain vers la fin du film). En clair, et pour conclure sur 'Street Fighter', nous dirons que si vous adorez les navets pop-corn dans lesquels on ne réfléchit pas durant près de 100 minutes, 'Street Fighter' devrait vous satisfaire pleinement. Seul problème: c'est totalement bidon et on est très loin du jeu vidéo d'origine!

Décidément, Graeme Revell aura hérité des pires films dans le milieu des années 90. On ne comprends pas toujours comment le compositeur choisit ses projets, mais quand on voit qu'en l'espace de 3 ou 4 ans le compositeur a mit en musique des navets tels que 'No Escape', 'Hard Target', 'Tank Girl', 'Spawn' ou bien encore 'Mighty Morphin Power Rangers: The Movie', on est quand même en droit de se poser sérieusement des questions. Ceci étant dit, Graeme Revell s'en tire à peu près bien à chaque fois, et sa partition symphonique pour 'Street Fighter' ne déroge pas à la règle. Le compositeur néo-zélandais s'est adjoint cette fois-ci les services du légendaire London Symphony Orchestra pour écrire une partition d'action assez basique mais accrocheuse. 'Showdown In Shadaloo' annonce d'emblée la couleur après une fanfare introductive qui s'enchaîne à un thème de cuivres soutenu par un ostinato de cordes, xylophones et percussions visiblement très inspiré du morceau 'Chopper' de 'Hunt For The Red October' par Basil Poledouris. Le thème de trompettes évoque l'héroïsme de Guile et ses troupes et reviendra à quelques reprises pour évoquer la confrontation entre les troupes de Guile et celles de Bison. La seconde partie, plus rythmé, met en avant percussions, cuivres et cordes pour souligner l'agitation qui règne à la petite ville de Shadaloo alors que le dictateur vient de réclamer sa rançon. Les traditionnelles touches électroniques du compositeur restent présentes, surtout au niveau des percussions, renforçant l'agitation de la musique. 'Showdown In Shadaloo' est déjà une sympathique entrée en la matière, résumant à lui tout seul le style action de ce score orchestral.

Etant donné le manque de sérieux du film, il était évident que la musique de Revell soit parsemée de quelques touches d'humour, comme c'est le cas dans l'utilisation de la célèbre 'Habanera' du 'Carmen' de Georges Bizet, arrangé par Graeme Revell pour la séquence de l'affrontement entre Vega et Ryu au début du film (utilisé de manière un peu stéréotypée pour souligner les origines espagnoles de Vega), le morceau étant accompagné ici d'un rythme de caisse plus martial. Du point de vue des petites surprises amusantes, on pourra noter un passage oriental et exotique dans 'The Circus Tent' pour une scène de négociation entre Bison et Sagat ou 'Honda Is Tortured' pour la séquence de la torture d'Honda, accompagnée par un tuba super-grave, des synthés discrets et une guitare hawaïenne un peu bizarre. On pourra aussi noter le passage jazzy charmeur, rétro et ironique de 'Chun Li & Bison' (scène où Chun-Li tente d'éliminer Bison à elle seule) ainsi que l'amusant 'Bison Troops Marching Song', composé pour un choeur d'hommes avec orchestre, écrit en Espéranto par de Souza lui-même. Cette marche chantée à la manière d'un choeur russe est diffusée dans une scène du film pour motiver les troupes de Bison, une sorte de chant de propagande sur le pouvoir du dictateur fou. Ici, Revell joue à fond la carte du second degrés, à tel point que l'on en vient à regretter le côté parfois trop sérieux du reste du score, dominé par des pièces sombres et des morceaux d'action plus massifs.

'Chun-Li Enters The Morgue' s'oriente par exemple du côté de la musique atmosphérique et du suspense lorsque Chun-Li rentre discrètement dans la morgue vers le début du film. On notera ici l'utilisation de rythmiques électroniques couplées à l'orchestre. Plus solennel et martial, 'Colonel Guile Addresses The Troops' nous permet de retrouver le thème héroïque joué par une trompette solitaire lors du discours de motivation de Guile à ses troupes. C'est l'occasion pour le compositeur de nous dévoiler son thème d'action, soutenue par des cuivres imposants et déterminés et de la percussion martiale pour le départ des troupes et la scène du bateau en mode furtif. De son côté, 'General M.Bison', qui débute avec des cuivres et un choeur d'hommes massifs, évoque la menace du dictateur avec une sorte d'ostinato rythmique à la 'Mars' de Holst. 'The Stealth Boat Attack' reprend quant à lui le thème d'action au cours d'un excellent morceau d'action pour la séquence de la traversée du lac avec le bateau 'stealth' de Guile, tout comme dans 'Game Over' pour la séquence des mines sous-marines. Revell accompagne l'action de manière systématique et discontinue, sans grand relief mais avec une certaine puissance orchestrale très convaincante de la part d'un compositeur qui nous vient tout droit du monde de la musique électronique. A partir de 'Raise The Chamber (Guile Attacks)', c'est le début de l'affrontement final entre Bison et Guile, qui passe par toute une série de morceaux d'action massifs dévoilant toute la puissance du LSO (percussions, cordes et cuivres mis en avant), couplé avec des rythmiques électroniques utilisées avec parcimonie. A noter l'utilisation du choeur d'hommes dans 'Bison Dies', au cours de la résurrection du dictateur, la chorale étant utilisée ici pour évoquer la puissance de Bison.

On notera, pour finir, quelques passages plus sombres et atmosphériques liés à Dhalsim et Blanka dans 'Dhalsim Reprograms Blanka' ou 'Guile Discovers Blanka'. Le premier utilise de manière assez efficace des cordes dissonantes pour évoquer le sinistre lavage de cerveau effectué sur Blanka, sans oublier un 'Guile Discovers Blanka' toujours aussi sombre, lorsque Guile retrouve son ami Blanka transformé en une sorte de pseudo Hulk agressif (on retrouve ici des choeurs d'hommes plus menaçants). Ce sont ici les seuls véritables passages plus atmosphériques du score avec 'Chun-Li Enters The Morgue'. L'histoire trouve une conclusion heureuse sur 'The Aftermath' qui reprend le thème principal joué par une trompette solitaire et l'orchestre après la défaite de Bison et les retrouvailles entre Guile et ses compagnons. Revell calme le jeu et apporte une conclusion apaisée à un score d'action orchestral très conventionnel mais aussi agité.

Bilan positif donc pour un score symphonique nettement supérieur au film lui-même. Certes, 'Street Fighter' fait partie des scores mineurs dans la carrière du compositeur, dont on ne retient bien souvent que ses classiques tels que 'Dead Calm' ou 'The Crow', en oubliant qu'il est aussi l'auteur de quelques autres partitions qui possèdent elles aussi leur propre intérêt. 'Street Fighter' ne peut prétendre rivaliser avec ces deux précédentes partitions de Revell mais possède au moins l'avantage de nous prouver que le compositeur sait écrire de bons scores orchestraux pour des films d'action/aventure, un genre auquel il va resté attaché tout au long de sa carrière. On pourra aussi apprécier les quelques touches d'humour du score, qui auraient dû être un peu plus exploitées. Dans son ensemble, le score manque cruellement de relief et d'originalité, mais qu'importe, Graeme Revell rempli pleinement le cahier des charges et nous livre une partition symphonique parfaite pour le film d'action de Steven E. de Souza.


---Quentin Billard