1-Alone 4.08
2-Change Your World 4.07
3-McCall's Decision 4.08
4-On A Mission 3.51
5-Corrupt Cops 2.47
6-A Quiet Voice 3.37
7-It's All A Lie 10.35
8-Concerned Citizen 2.43
9-Make An Exception 5.08
10-Torturing Frank 3.43
11-The Equalizer 6.39

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 294 8

Musique produite par:
Harry Gregson-Williams
Producteur exécutif album:
Robert Townson
Direction de la musique
pour Sony Pictures:
Lia Vollack
Monteur musique:
Richard Whitfield
Orchestrations:
Ladd McIntosh
Mixage score:
Mal Luker
Programmation synthé:
Hybrid, Justin Burnett,
Phil Klein

Coordinateur score:
Monica Zierhut
Opérateurs ProTools:
Abhay Manusmare, Paul Thomason

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2014 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
THE EQUALIZER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
« The Equalizer » est à l’origine une série TV policière d’espionnage américaine de Michael Sloan et Richard Lindheim, diffusée entre 1985 et 1989 aux USA. La série mettait en scène un ex-agent des services secrets qui tentait de racheter les erreurs de son passé en offrant gratuitement ses services aux plus démunis face aux criminels. La série dura quatre saisons pour un total de 88 épisodes, une durée tout à fait correcte pour une série TV de l’époque. Il faudra finalement attendre 2014 pour voir la série enfin adaptée au cinéma sous la forme d’un long-métrage musclé réalisé par Antoine Fuqua avec Denzel Washington dans le rôle principal (le duo s’était déjà fait remarquer en 2001 avec l’excellent « Training Day »). Le film se centre autour du personnage de Robert McCall (Washington), ancien agent gouvernemental des black-ops qui profite de se retraite et vit désormais à Boston dans le Massachusetts où il travaille dans une grande quincaillerie et mène une existence solitaire régie par des rituels quotidiens et ternes. Pour passer le temps, Robert décide d’aider son collègue et ami Ralphie (Johnny Skourtis) qui souhaite réussir son examen de qualification pour devenir gardien de sécurité. McCall a juré il y a bien longtemps à sa femme décédée qu’il abandonnerait à tout jamais son ancienne vie, violente et sombre. Le soir, McCall se rend dans un café et discute de littérature avec une amie nommée Teri (Chloë Grace Moretz), une jeune prostituée ado dont le vrai nom est Alina, et qui rêve de changer de vie et de devenir une grande chanteuse. Hélas, Teri/Alina est forcée de travailler pour un mafieux russe nommé Slavi (David Meunier). Un soir, McCall apprend que Teri s’est retrouvée à l’hôpital après avoir été violemment battue par Slavi, parce qu’elle a tenté de se rebeller contre un client brutal. Bien décidé à venger sa jeune amie, McCall se rend ensuite dans un restaurant appartenant à la pègre russe et tente d’offrir une chance à Slavi et ses hommes de se racheter et de libérer Teri/Alina en échange de 9800 dollars. Mais la discussion tourne court et Slavi se montre alors agressif, rejetant l’offre de McCall, qui n’a plus qu’une seule solution : éliminer rapidement le mafieux et ses sbires avec leurs propres armes. Peu de temps après, le parrain de la mafia russe Vladimir Pushkin (Vladimir Kulich) envoie à Boston son dangereux homme de main Teddy (Marton Csokas) pour enquêter sur les meurtres de Slavi et ses hommes et éliminer McCall pour de bon. Désormais, l’agent à la retraite doit reprendre du service, comprenant que sa vie est en péril et qu’une bande de policiers corrompus travaillant pour le compte de Pushkin sont à ses trousses.

« The Equalizer » reprend donc les éléments principaux de la série TV d’origine et nous propose une intrigue neuve entièrement dédiée à Denzel Washington, omniprésent tout au long du film. Reprenant ses rôles habituels de star des films d’action, Washington se montre fidèle à lui-même, campant un héros solitaire, intelligent et déterminé dans la lignée de « Man on Fire » ou du récent « Safe House ». La réalisation musclée d’Antoine Fuqua ménage habilement action, suspense et tension sur fond de décors urbains – la ville de Boston – et de quête de rédemption pour un héros désabusé qui trouve du réconfort dans les livres (« le vieil homme et la mer »). Le film joue d’ailleurs beaucoup sur les parallèles entre les histoires des livres que lit McCall et sa propre histoire. Cette idée est d’ailleurs plus subtilement exploitée durant la scène du duel verbal entre McCall et Teddy vers la fin du film, alors que Denzel Washington se lance dans un long récit quasi littéraire relatant en réalité le passé de Teddy. Si le film possède quelques longueurs, il demeure brillant jusque dans son dernier acte, assez sombre et violent, durant lequel McCall affronte Teddy et ses hommes de main dans les longs couloirs de la quincaillerie. « The Equalizer » est par ailleurs l’un des films de Denzel Washington les plus violents qu’il ait tourné au cours de ces derniers années, Fuqua assumant pleinement la version R-Rated de son film, avec quelques scènes de combat assez sanglantes (notamment au début et vers la fin du film). Au final, même si « The Equalizer » n’offre rien de bien nouveau, le film demeure un solide divertissement, ressuscitant par la même occasion le genre du vigilante movie, très prisé dans les années 70/80, genre dans lequel un héros solitaire se fait justice lui-même. En tout cas, les fans de Denzel Washington devraient grandement apprécier ce film !

Avec « The Equalizer », Harry Gregson-Williams sort enfin de sa retraite anticipée – le compositeur s’était retiré un temps de la musique de film pour retourner en Angleterre enseigner la musique et le sport à l’école – Pour son retour au cinéma, le musicien retrouve le réalisateur Antoine Fuqua 16 ans après « The Replacement Killers » (1998) et collabore à nouveau avec l’acteur Denzel Washington, pour qui il a déjà composé les musiques de films tels que « Man on Fire » (2004), « Déjà Vu » (2006), « The Taking of Pelham 123 » (2009) et « Unstoppable » (2010). A la première écoute, difficile d’être surpris par quelque chose de particulier avec « The Equalizer » : on retrouve ici le HGW des films de Tony Scott, avec une approche musicale toujours similaire : un mélange hybride entre orchestre à cordes du Hollywood Studio Symphony et synthétiseurs modernes, avec son lot de loops, samples et pads en tout genre, sans oublier l’apport des solistes : le violoncelle électrique de Martin Tillmann, le violon électrique d’Hugh Marsh, le piano d’Harry Gregson-Williams et les guitares électriques trash de George Doering et Peter DiStefano, que le compositeur utilise pour créer des samples saturés et sombres pour les besoins du score. Les premières notes du score ouvrent le film sur un ton mélancolique dans « Alone », qui évoque l’aspect solitaire et désabusé de McCall, qui mène une existence ordinaire et isolée chez lui. Le thème principal est alors très rapidement dévoilé, d’abord au piano, puis aux cordes/violoncelle sur fond de loop électro et de notes vaporeuses de guitare électrique. Ce très beau thème, très présent tout au long du film, évoque clairement le « Equalizer » campé par Denzel Washington, et se distingue par ses accords touchants et mélancoliques, qui apportent une vraie émotion au film. Le Main Theme de « Equalizer » est d’ailleurs à n’en point douter l’aspect le plus mémorable du score d’Harry Gregson-Williams, surtout dans l’ouverture « Alone », absolument typique du compositeur. Le score alterne globalement entre deux aspects : une musique intimiste, dramatique et émouvante pour McCall, Teri et ses proches, et une musique d’action/suspense plus sombre et résolument moderne pour les passages d’action plus violents.

« Change Your World » est ainsi représentatif de la partie mélancolique/intime du score à l’aide d’un joli mélange entre piano, synthétiseurs, violoncelle électrique et cordes. Le début du morceau illustre avec délicatesse la relation amicale entre McCall et Teri au début du film, personnifiée par la justesse des accords chaleureux de piano/cordes, tandis que l’environnement électronique de la musique reste particulièrement présent, Harry Gregson-Williams reprenant ici toutes ses formules musicales habituelles largement héritées de ses précédents travaux pour Tony Scott. Le Main Theme est repris vers la deuxième minute de « Change Your World » et accompagne ici la très belle scène où McCall explique à Teri qu’elle peut choisir de devenir qui elle veut, mais qu’elle ne pourra le faire qu’à la condition de changer son monde. Dans « McCall’s Decision », le ton devient plus noir, plus sombre, avec des cordes menaçantes et déterminées, et des effets de violoncelle électrique associés dans le film aux dangereux mafieux russes. Difficile de ne pas remarquer ici l’excellente reprise du thème principal à 1:57 développé dans un magnifique contrepoint de cordes au classicisme élégant typique d’HGW. Pourtant, très vite, ce sont les loops électro et les samples saturés de guitare qui reprennent rapidement le dessus, noircissant le tableau pour accompagner clairement la décision de McCall de venger Teri et d’affronter les mafieux russes. « On A Mission » marque le début de l’action à grand renfort de percussions, loop électro/techno et samples de guitare électrique. Rien de bien nouveau, étant donné que l’on retrouve ici tous les sons habituels du compositeur repris de ses banques de son qu’il utilise depuis plus de 10 ans maintenant. Difficile ici de ne pas penser à des scores tels que « Man on Fire », « Spy Game » ou « Unstoppable », tant les sonorités sont totalement similaires et ultra prévisibles au possible. La musique apporte une tension permanente aux images, ne lâchant jamais le spectateur d’une semelle, notamment grâce à l’emploi des percussions synthétiques et des programmations de loops.

HGW évoque la corruption policière dans « Corrupt Cops », qui suggère la violence à l’aide d’un flot permanent de nappes sonores menaçantes, de percussions trash, loops, pads et guitare électrique. On remarque d’ailleurs la quasi absence des cordes dans ces passages d’action nerveux et brutaux, tandis que le thème principal est à nouveau repris vers la fin de « Corrupt Cops », apportant davantage de douceur à un morceau somme toute assez sombre et agressif. « A Quiet Voice » se veut davantage dramatique tandis que le compositeur fait monter la tension durant les 10 minutes assez interminables de « It’s All A Lie », l’un des morceaux d’action les plus imposants de la partition de « The Equalizer », résolument électro et moderne. Les passages plus atmosphériques comme « Concerned Citizen » n’apportent rien de bien fameux à l’écoute et déçoivent par leur côté fonctionnel et ultra quelconque sur l’album, tandis que l’on retrouve un sample bien connu du compositeur au début de « Make an Exception », qui semble trahir le manque d’inspiration évident d’un compositeur obligé ici de recycler ses samples bien connus sans originalité particulière. A noter que la présence du menaçant Teddy est ici suggérée par l’emploi cliché d’une balalaïka russe durant la première minute de « Make an Exception ». L’affrontement final débute avec « Torturing Frank » et se conclut dans l’intense climax « The Equalizer », qui développe le Main Theme dans une version action assez redoutable, à grand renfort de rythmes rock/électro agressifs et énergiques.

Difficile donc d’être vraiment passionné par un score d’action assez prévisible dans son approche orchestrale/électronique ultra conventionnelle, entendue des centaines de fois auparavant, et recyclant toutes les sonorités habituelles des musiques d’action d’Harry Gregson-Williams chez Tony Scott. Seuls les inconditionnels du compositeur y trouveront leur compte, tout comme ceux qui ne jurent que par les musiques d’action synthético-orchestrales de chez Remote Control/Hans Zimmer. Malgré un thème principal réussi et mémorable, le reste du score de « The Equalizer » déçoit par sa paresse évidente, un score qui semble avoir été écrit en pilotage automatique par un compositeur qui se limite ici au strict minimum niveau rapport musique/image (il faut vraiment saluer l’impact émotionnel de ce très beau thème principal sur les images !). On est d’autant plus déçu que l’on s’attendait à quelque chose d’un peu plus mémorable pour le retour d’Harry Gregson-Williams au cinéma – on serait presque tenté de dire « tout ça pour ça ! » - Espérons que le compositeur saura choisir des films qui le stimulent davantage dans les années à venir !



---Quentin Billard