1-Hostel : Part III 3.13
2-Strip Tease 1.47
3-Hoodwinked 1.34
4-Doom & Groom 1.57
5-Gender Blender 0.44
6-Hangover 2.05
7-Wheel of Misfortune 1.41
8-Trailer Trash 2.28
9-A Farewell to Arms 3.14
10-La Cucaracha 3.13
11-Taken 2.52
12-Dead Sexy 2.30
13-Gladiators 4.41
14-Members Only 4.03
15-What A Drag 2.14
16-Cyber Punk 3.35
17-Dreading Wedding 1.38
18-Tick...Tick...Tick 3.21
19-Killer Tiller 1.20

Musique  composée par:

Frederik Wiedmann

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 210 2

Produit par:
Frederik Wiedmann
Producteur exécutif de l'album:
Kier Lehman
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Ingénieur ProTools:
Boban Apostolov
Ingénieur son:
Georgi Hristovski
Orchestre:
F.A.M.E.'S. Project
Orchestrations:
Hyesu Yang

Artwork and pictures (c) 2011 Sony Pictures Home Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
HOSTEL : PART III
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Frederik Wiedmann
Après l’échec commercial et critique de l’ultra violent « Hostel : Part II » qu’Eli Roth tourna en 2007, la franchise horrifique « Hostel » semblait définitivement mise aux oubliettes, le film ayant été accompagné d’une importante controverse concernant sa violence extrême qualifiée de « pornographique » et d’extrêmement misogyne envers les femmes (« Hostel : Part II » fut interdit dans plusieurs pays, et notamment en Allemagne et en Nouvelle-Zélande). Un an plus tard, Scott Spiegel, producteur des deux premiers films, annonça alors son intention de reprendre les rennes en tournant un troisième épisode, destiné cette fois-ci au marché de la vidéo. Ainsi, « Hostel : Part III », sorti directement en DVD en 2011, se focalise cette fois sur un groupe de jeunes qui partent faire la fête à Las Vegas pour l’enterrement de vie de garçon de Scott (Brian Hallisay). Ce dernier, qui est sur le point d’épouser sa fiancée Amy (Kelly Thiebaud), est accompagné de ses amis Carter (Kip Pardue), Justin (John Hensley) et Mike (Skyler Stone). A leur arrivée à Las Vegas, les quatre copains sont abordés par deux escort girls, Kendra (Sarah Habel) et Nikki (Zulay Henao), que Carter a secrètement payées pour qu’elles couchent avec Scott et ses compagnons. Le lendemain matin, Scott se réveille dans sa chambre d’hôtel avec Carter et Justin, mais Mike manque à l’appel. Inquiets pour leur ami, les trois compères recherchent alors la trace de Mike et finissent par découvrir qu’il a été enlevé et livré à une bande d’individus pervers appartenant au groupe du Elite Hunting Club, une organisation secrète dirigée par des sociopathes qui capturent des victimes et les livrent à des jeux de torture sadiques et pervers pour le plaisir. Scott et ses amis se retrouvent alors pris au piège de ces dangereux psychopathes et de leur dirigeant, Flemming (Thomas Kretschmann) et son redoutable homme de main, Travis (Chris Coy). « Hostel : Part III » n’apporte donc rien de neuf à la franchise. La réalisation molle de Scott Spiegel ne parvient pas à compenser l’essoufflement d’une franchise incapable de tenir sur le long terme, et qui n’a plus rien à offrir, même aux amateurs de torture porn/survival horrifique. Le scénario est inexistant, les dialogues sont mauvais et les personnages totalement vides, même les scènes gore, techniquement correctes mais vraiment banales, ne parviennent pas à compenser les faiblesses d’une série-B horrifique sans grand talent. Restent les décors luxueux de Las Vegas, qui viennent remplacer ceux des chambres d’hôtel slovaques des précédents films. Hélas, pour un DTV horrifique, ce « Hostel : Part III » est curieusement un brin timoré : on aurait aimé que Scott Spiegel se lâche davantage dans les scènes de torture, qui restent molles, peu intenses et mal rythmées : au menu, un visage dépecé, une jeune fille dont la bouche est remplie de cafards et un homme exécuté à coup de flèches acérées. On est bien loin de l’ultra violence poussive et inventive des mises à mort spectaculaires des précédents films. Ainsi donc, c’est bien l’ennui qui pointe au bout de ce « Hostel : Part III », le film enterrant définitivement la franchise qui aura bien du mal à intéresser les studios : il est temps de passer à autre chose !

Après deux partitions réussies de Nathan Barr, c’est au tour du compositeur allemand Frederik Wiedmann de signer la musique de « Hostel : Part III ». Rappelons que le musicien est connu pour ses musiques de séries-B horrifiques telles que « Return to House on Haunted Hill » (2007), « The Hills Run Red » (2009), « Arctic Predator » (2010), « Mirrors 2 » (2010) ou « Hellraiser Revelations » (2011). Ainsi protégé de John Frizzell, Wiedmann s’est formé à bonne école et était donc le compositeur tout indiqué pour succéder à Nathan Barr sur la franchise « Hostel », signant une nouvelle partition horrifique sombre et agressive pour ce troisième opus destiné au marché de la vidéo. Pour des questions de budget, et comme il l’avait fait sur certains films précédents, Frederik Wiedmann est parti enregistrer sa musique pour « Hostel : Part III » en Europe de l’est. Contournant le problème de la limitation de budget, Wiedmann utilise une formation orchestrale de taille moyenne avec un ensemble de synthétiseurs incluant un sound design assez élaboré, comme souvent chez le compositeur, utilisant même quelques voix féminines déformées et des effets de violoncelle électrique dans un morceau comme le superbe « La Cucaracha » (qui débute sur une utilisation fantomatique assez impressionnante des voix féminines lointaines). Le score débute avec « Hostel : Part III », qui présente un motif rythmique de cordes staccato rapides, rappelant très clairement un motif similaire dans l’ouverture de « Mirrors 2 » (2010). On retrouve d’ailleurs ici une esthétique musicale assez identique, notamment dans le jeu incisif et sec des cordes et des montées de cuivres sur fond de nappes synthétiques lugubres et menaçantes. Wiedmann applique ici toutes les recettes du genre à la lettre, multipliant cordes sombres, cuivres agressifs et dissonances diverses pour un résultat très prévisible et sans surprise, mais qui reflète le professionnalisme certain du jeune Frederik Wiedmann.

« Strip Tease » fait régner un sentiment de menace et de mystère à l’aide de cordes sombres et d’éléments synthétiques obscurs, tandis que « Hoodwinked » illustre la première scène gore du film à l’aide de cuivres dissonants, de rythmiques électroniques stressantes et de nappes oppressantes. On reste très clairement ici dans la continuité de « Return to House on Haunted Hill », « Mirrors 2 » ou « The Hills Run Red » avec une approche musicale similaire, notamment sur les images, la musique, assez fonctionnelle, accompagnant chaque frisson, chaque moment de suspense ou de terreur avec une intensité constante, notamment dans l’emploi de la partie électronique assez complexe et élaborée. Dans « Doom & Groom », on retrouve un motif de cordes staccato se rapprochant de celui de l’ouverture, suggérant l’idée de la traque et de la menace du Elite Hunting Squad, tandis que le compositeur va même jusqu’à faire débuter « Gender Blender » par un sifflet innocent qui tourne très vite au cauchemar avec l’emploi de sonorités stridentes et dissonantes des cordes et des synthétiseurs. On notera ici l’utilisation de techniques avant-gardistes des cordes ou des cuivres, avec son lot de trémolos, glissandos et autres clusters divers. La musique s’intensifie et fait monter la tension dans « Wheel of Misfortune » pour évoquer le jeu de torture sadique des membres du Elite Hunting Squad, tandis que « A Farewell to Arms » offre un solide passage d’action au score de « Hostel : Part III » avec une large reprise du motif principal de cordes pour l’affrontement final entre Scott et Travis – on notera ici l’emploi très réussi du piano martelé de façon entêtante dans le grave. Le score continue ainsi en alternant entre montées de tension permanentes (« Taken », « Killer Tiller »), déchaînements orchestraux débridés (« Gladiators », « Tick...Tick...Tick ») et morceaux plus mystérieux et envoûtants (« Dead Sexy » et ses voix féminines fantomatiques) sans grande originalité particulière.

La musique accompagne donc parfaitement l’horreur et le suspense du film sans grand éclat particulier. Frederik Wiedmann continue de prouver qu’il maîtrise parfaitement les codes des musiques horrifiques, mais peine à renouveler le genre et à apporter un petit truc en plus à ce style de musique. Du coup, le compositeur évolue ici en terrain balisé, sans aucune prise de risque, et se contente du strict minimum sur « Hostel : Part III ». Mais pour un modeste DTV horrifique à bas budget, le résultat est somme toute assez intéressant et plutôt de bonne facture, Frederik Wiedmann évitant le recours aux traditionnelles banques de sons orchestrales cheap trop souvent utilisées sur ce type de production. Sa musique pour « Hostel : Part III » conserve une approche orchestrale résolument soignée et ne délaissant jamais la partie électronique un brin plus expérimentale et les quelques solistes supplémentaires (notamment les vocalises féminines, qui rappellent la partition de « Mirrors 2 »). Bilan mitigé donc pour ce « Hostel » chapitre 3 : difficile de ressortir particulièrement excité ou passionné de l’écoute d’une partition horrifique prévisible et sans grande personnalité dans le film comme sur l’album, dans laquelle on reconnaît les efforts de Wiedmann mais où l’on regrette en même temps le manque d’inspiration d’un score ultra fonctionnel écrit en pilotage automatique, sans idée neuve particulière, sans aucune forme de folie, sans ce petit plus qui permettrait à la musique de se hisser au dessus de la masse. Du coup, avec « Hostel : Part III », Frederik Wiedmann livre avec « Return to House on Haunted Hill » l’un de ses scores les moins intéressants pour une série-B horrifique, et semble même avoir fait bien mieux sur des films tels que « Mirrors 2 » ou « The Hills Run Red » !



---Quentin Billard