1-Prologue* 4:00
2-The Motorcade* 5:14
3-Drummer's Salute 2:55
(Interprété par The Royal Scots
Dragoon Guards)
4-Theme from JFK* 2:23
5-Eternal Father,
Strong to Save
(For Those in
Peril on the Sea) 1:19
Musique conduite et produite
par John Williams
6-Garisson's Obsession* 2:33
7-On the Sunny
Side of the Street 4:23
(interprété par Sidney Bechet)
8-The Conspirators* 4:04
9-The Death of
David Ferrie* 2:47
10-Maybe September 4:03
(Interprété par Tony Bennett)
11-Garrison Family Theme* 2:14
12-Ode to Buckwheat 3:54
(Interprété par Brent Lewis)
13-El Watusi 2:41
(Interprété par Ray Barretto)
14-The Witnesses* 2:46
15-Concerto #2
for Horn and Orchestra,
K. 417:1 Allegro Maestoso 6:29
Interprété par Dale Clevenger,
Franz liszt Chamber Orchestra,
Janos Rolla, Leader
16-Arlington* 6:29
17-Finale* 3:14
18-Theme from JFK
(Reprise)* 2:23

*Musique composée,
conduite et produite par
John Williams

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Elektra
9-61293-2

Musique produite par:
John Williams
Monté par:
Ken Wannberg
Producteur exécutif
de l'album soundtrack:
Budd Carr
Directeur de l'album:
Oliver Stone
A&R Coordination, Elektra:
Howard Thompson
Coordinateur de production
de l'album:
Sylvia Nestor

Artwork and pictures (c) 1991 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
J F K
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Excellent film d'Oliver Stone, dans la lignée de 'Born On The 4th July' et 'Nixon', 'JFK' raconte pendant près de 3 heures le combat véridique du procureur Jim Garrison qui fut la seule personne a avoir voulu découvrir la vérité sur l'assassinat du président des Etats-Unis en 1963 à Dallas, J.F. Kennedy, pour la faire éclater au grand jour. Malgré son acharnement et sa démonstration parfaite que l'assassinat était un gigantesque coup d'état minutieusement camouflé par la CIA, le FBI, le Pentagone et les services secrets américains, la justice refusera toujours de rouvrir cette affaire dérangeante. Cependant, il est prévu que les tribunaux américains ressortent le dossier aux alentours de 2030 ou aux alentours. Autant vous dire que l'on peut encore attendre longtemps. Personne ne peut donc dire si les coupables de ce meurtre seront un jour punis. De toute façon, il est trop tard, le mal a déjà était fait. Le problème est en réalité bien plus complexe qu'il n'y paraît. Kennedy avait beau passer pour un saint aux yeux de la majeure partie des citoyens américains, ses propos dérangeaient, ses agissements aussi. Ils voulaient démanteler entièrement la CIA et refusait de faire la guerre du Viêt-Nam. Peut être aurait-il finit par devenir dangereux pour son pays (c'est en tout cas ce qu'affirmaient ses détracteurs). Toujours est-il que le chef-d'oeuvre d'Oliver Stone est bel et bien là pour apporter une vision neuve et polémique sur un sujet qui fait toujours couler autant d'encre, même 40 ans plus tard, et surtout depuis que le vrai procureur Jim Garrison a publié un bouquin sur son enquête au sujet du meurtre de J.F. Kennedy, 'On The Trail Of The Assassins'. Chapeau bas à Kevin Costner qui démontre une fois de plus qu'il est un très grand acteur, confondant de vérité dans son rôle du procureur prêt à aller jusqu'au bout pour dévoiler la vérité sur cette sombre affaire de l'attentat de Dallas en 1963.

"La Vérité"...un bien grand mot que l'on ressent de suite à l'écoute du thème principal écrit par le grand John Williams pour le bijou d'Oliver Stone. Williams a probablement écrit là une de ses partitions les plus marquantes des années 90. En tout cas, c'est ce que beaucoup de béophiles pensent sur cette musique. 'JFK' est une musique terrifiante, à vous glacer le sang, la musique sur le mensonge, la conspiration, le meurtre, l'affaire à la fois sombre et tragique dans un pays qui se dit pourtant respectueux des grandes valeurs de la société et de la justice. Mais le thème principal écrit par Williams évoque la grandeur de la vérité, une pièce solennelle annoncée dès l'ouverture du film avec 'Prologue' dans lequel le narrateur raconte comment l'affaire a commencé, depuis la crise de 1962 des missiles à Cuba en passant par le scandale de "La Baie des cochons". Le thème dévoile une large mélodie dans laquelle on retrouve le Williams solennel que l'on adore, dominé par la trompette majestueuse de Tim Morrison, suivie par l'orchestre et les roulements de caisse militaire. Il ne s'agit pas véritablement d'un hymne envers Kennedy. Le message est clair à l'image de la phrase d'Ella Wheeler Wilcox qui sert d'ouverture dans le générique de début: "Pêcher par le silence quand ils devraient protester transforme les hommes en lâche". C'est la vérité, le fait de ne pas avoir peur de dire les choses telles qu'elles sont, de ne pas céder à la tentation du mensonge, car mentir à un peuple entier est quelque chose de très grave, surtout dans un pays démocratique comme les Etats-Unis. Ainsi, le thème de 'JFK' évoque à la fois le courage de faire connaître la vérité et de se battre pour elle. Ainsi, le thème ne concerne pas seulement cet idéal mais aussi le personnage du procureur Jim Garrison lui même, acharné à se battre pour ce qu'il a de plus cher dans la vie: la vérité.

Le thème prend vite une ampleur sombre alors que les images-archives du début du film commencent à parler de la tension des évènements du début des années 60 et de la naissance du sombre complot monté contre Kennedy. Williams annonce le deuxième thème: celui de la conspiration. Le thème n'a rien de vraiment mélodique mais reste surtout assez rythmique. Basé sur un accompagnement rythmique sur chaque temps des claves de bois et un motif menaçant de piano du synthétiseur, Williams arrive parfaitement a recréer le climat de conspiration et de complot du film. Ce thème des conspirateurs me rappellent beaucoup 'Dennis Steals The Embryo' de 'Jurrassic Park', écrit dans le même style avec du synthé (ce qui est tout de même rare chez Williams). La pièce me rappelle beaucoup aussi 'The Takeover' de la BO de 'Under Siege' de Gary Chang, thème écrit dans le même genre rythmique. Un troisième thème, plus doux et lyrique, représente la famille de Garrison. Ce thème permet d'obtenir un léger souffle dans la musique terrifiante qu'a écrit John Williams pour 'JFK', dans lequel une très belle écriture hautbois/piano/cordes est mise en avant, apportant un peu de chaleur dans le climat glacial de la musique.

On ne peut pas parler de la BO de 'JFK' sans évoquer le sinistre 'The Motorcade' décrivant ainsi pendant près de 5 minutes le coup monté contre Kennedy à Dallas et son assassinat. Pour cela, Williams a recourt à l'orchestre et suggère de très violents sursauts de percussions (en particulier un travail de virtuose autour de la caisse claire militaire au fur et à mesure que le cortège du président s'avance vers le lieu où Kennedy sera assassiné) et de l'orchestre alors qu'il ne reste plus que quelques secondes à vivre à Kennedy juste avant de se faire assassiner, une terrifiante musique qui prend une ampleur et une force considérable avec le film et la mise en scène géniale d'Oliver Stone, en particulier au niveau du montage très soigné et très puissant des images d'archives mélangées à des images en noir en blanc tournées Oliver Stone, images hypnotisantes qui a elles seules donnent le frisson lorsque l'on revoit l'assassinat de Kennedy vu de plus près. C'est pour cela que la musique de Williams devient alors si forte dans ces passages là.

Le climat de terreur qu'a crée John Williams sur ces passages là est franchement saisissant et marquant. La musique atteint une intensité que j'ai rarement ressenti depuis pas mal de temps. Williams a aussi recourt à une utilisation particulièrement sinistre de choeurs synthétiques pour les passages où Garrison tente de recoller les bouts du puzzle et de cerner la vérité tout au long de sa très difficile enquête, des passages musicaux dont la froideur des choeurs synthétiques sur une série d'accords mineurs sinistres ne sont pas sans rappeler le style qu'utilisera à certains moments le compositeur Ryuichi Sakamoto dans sa musique de 'Snake Eyes' de Brian De Palma (et notamment dans la scène où le personnage de Nicolas Cage tente de découvrir la vérité à propos du meurtre d'un sénateur lors d'un match de boxe---une idée donc similaire et apparemment aussi quasi-similaire sur le plan musical. John Williams, source d'inspiration pour les compositeurs de musique de film ?).

Williams n'oublie pas non plus l'aspect tragique de cette sombre affaire avec une pièce pour cordes uniquement dans laquelle on retrouve toute la rancoeur de Garrison, un homme qui ne croit plus à la justice et aux idéaux pervertis de son pays, ce qui est très représenté après la scène de la discussion confidentielle avec X (Donald Sutherland) dans un parc, où Garrison se retrouve devant la tombe de Kennedy aux côtés d'un homme noir montrant à son petit fils la flamme symbolique placée près de la tombe, la scène étant touchant par son symbolisme vite rendu ambigu par la musique quasi-désespérée de la tragique pièce pour cordes de Williams.

Ce sont les cordes qui sont le plus mis en avant lors des scènes où Garrison tente de découvrir de nouveaux indices sur la mort de Kennedy et en particulier lors des sombres révélations qu'on lui fait sur ce sujet. Les dissonances de cordes sont particulièrement impressionnantes dans les moments les plus sombres du film, tandis que le synthétiseur utilisé dans le menaçant thème des conspirateurs apporte une touche glaciale et froide nécessaire pour cerner l'idée d'un complot déprimant de par son machiavélisme. De temps en temps, Williams réutilise le thème principal en le passant aux cors et en l'enfilant par dessous une ambiance de cordes dissonantes et frissonnantes particulièrement inquiétantes, notamment pour les scènes représentant la mort de Kennedy, ce qui est clairement explicite: ce thème est censé représenter l'idéal de la vérité. Ainsi traité sur un accompagnement si sinistre et camouflé sous une écriture aussi frissonnante, Williams évoque habilement le fait que la vérité sera caché au peuple américain sur l'attentat de Kennedy. Encore une preuve de plus du talent de John Williams lorsqu'il s'agit de faire véhiculer une idée dans sa musique et à travers un film. Le final permet le retour du thème principal avec sa trompette soliste majestueuse et une pièce solennelle vraiment magnifique, évoquant le fait que même si Garrison n'a pas gagné le procès contre Clay "Bertrand" Shaw, incarné par Tommy Lee Jones, il continuera toute sa vie à se battre pour que la vérité triomphe dans cette affaire.

Que dire de plus en conclusion si ce n'est que John Williams semble avoir été particulièrement inspiré par ce film. Pendant les trois heures du film, sa musique ne cesse de remuer le spectateur/auditeur et d'illustrer la sombre affaire de l'attentat contre JFK, tandis que le thème principal, peu réutilisé durant le film, fait très bien véhiculer cette idée du combat pour la vérité. 'JFK' est une excellente BO à conseiller à ceux qui ne connaissent John Williams que par ses grosses fanfares et ses pièces de bravoures et d'héroïsme. 'JFK' est une BO froide à vous glacer le sang, très sombre, ténébreuse, et une grand moment de musique de film, puissant à l'intérieur du film et avec les images souvent fort hypnotisantes d'Oliver Stone. Nous finirons notre critique par la citation qui clôt le film: "Le passé n'est qu'un prologue dédié à la jeunesse en qui survit la quête de la vérité".



---Quentin Billard