1-Opening 1.48
2-Most Desperate Guy You Know 1.29
3-Ray Jennings 1.14
4-Seattle Transition 1.30
5-Well, That's That 1.02
6-How Important Is Winning? 1.07
7-God Damn Reverence 0.54
8-Sacked 12 Times 1.07
9-Bathroom Mirrors 0.50
10-Even the Great Ones 1.05
11-Yes or No 1.34
12-Women Are Tricky 1.37
13-U or W 1.01
14-Buffalo 1.57
15-The Team I Wanted 1.58
16-It's Still Callahan 1.48
17-Game Tape 1.28
18-Ali Finds Note 1.14
19-It Was Brian 1.56
20-God Damn Ashes 1.11
21-Bo Callahan and
Ray Jennings Arrive 1.48
22-Sonny Calls Bo 1.10
23-Pre-Draft Parties 1.32
24-Brown on the Clock 2.55
25-War Room 0.45
26-Things I Love About You 1.03
27-Get Jeff Carson 1.15
28-Carson Says Deal 1.04
29-Made a Trade, It's Me 1.30
30-Get Putney, Different World 3.10
31-Seattle Gets Bo 1.04
32-Coach Call Ray Jennings 2.22
33-We're Going To Have a Baby 1.44
34-Brown Kick Off 1.31

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Lakeshore Records LKS 343752

Coordinateur score:
Lola Debney
Superviseurs production score:
Stephanie Pereida, Natalie Stowell
Montage musique:
Brent Brooks
Assistant technique
Debney Productions:
Jaime Hartwick
Enregistré par:
Noah Snyder
Mixage:
Chris Fogel
Production score:
Dan Savant,
Orchestra Macedonia
Muzik Entertainment

Supervision musique:
Tracy McKnight
Direction musique pour
Summit Entertainment:
Carter Armstrong
Directeur général & EVP,
Music Business Affairs:
Lenny Wohl
Direction musicale:
Trevon Kezios
Coordinateur musique:
Ryan Svendsen
Producteurs exécutifs album
pour Lakeshore Records:
Skip Williamson, Brian McNelis
Directeur A&R:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2014 Summit Entertainment, LLC. All rights reserved.

Note: ***
DRAFT DAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« Draft Day » marque le retour d’Ivan Reitman à la réalisation trois ans après le sympathique mais dispensable « No Strings Attached » (2011). L’auteur de « Ghostbusters » s’intéresse cette fois-ci à l’univers particulier du football américain, et plus particulièrement du jour du draft de la NFL (National Football League). Cet événement annuel est une étape majeure dans la vie sportive du football américain, le « draft day » étant le jour du repêchage qui permet à de jeunes joueurs d’être sélectionnés parmi les universités, les lycées ou à l’étranger pour incorporer l’une des nombreuses équipes de football américain et d’évoluer ainsi au sein de la NFL. Pendant de nombreux jours, le commissaire de la NFL et les dirigeants des 32 franchises se réunissent pour que chaque équipe puisse choisir chacun à son tour un jeune joueur. Chaque équipe reçoit un rang précis attribué selon l’ordre inverse du classement de la précédente saison, afin d’offrir à tous une chance d’être performant et dans un souci de sportivité. « Draft Day » suit ainsi l’histoire de Sonny Weaver Jr (Kevin Costner), directeur général de l’équipe des Browns de Cleveland qui s’affaire à trouver ses futures recrues lors des sélections du draft qui aura lieu dans 12 heures. Sonny est largement impopulaire auprès du public depuis qu’il a officiellement renvoyé son propre père, Sonny Weaver Sr, qui était coach de longue date pour les Browns, décédé une semaine avant le draf day. Mais il se voit alors offrir l’opportunité de réaliser un échange important avec l’équipe concurrente du Seattle Seahawks pour leur premier choix en échange des premiers choix des Browns pour les trois ans à venir. D’abord hésitant, Sonny accepte finalement l’offre qu’il va avoir bien du mal à faire avaler à son staff, mais qui lui permet de récupérer Bo Callahan (Josh Pence), quaterback de l’université du Wisconsin et grand favori de toutes les équipes suite à sa victoire au trophée Heisman l’année écoulée. Les heures passent et tous se préparent pour le grand événement avec anxiété, tandis que Sonny vient tout juste d’apprendre avec surprise la grossesse de sa petite amie Ali Parker (Jennifer Garner), qui s’avère être une avocate travaillant sur les comptes budgétaires des Browns. Partagé entre sa vie personnelle tourmentée et un travail de manager difficile, qui l’oblige à chercher une éventuelle faille chez Bo Callahan avant le grand soir du draft day, Sonny devra faire face à de nombreux choix, tous plus compliqués les uns que les autres.

« Draft Day » est au final une comédie plutôt mitigée, qui s’adresse avant tout aux fans de football américain et aux statisticiens, puisqu’à l’inverse de bon nombre de films de sport hollywoodiens, « Draft Day » possède la particularité de se dérouler dans le milieu des transactions entre dirigeants politiques des clubs de la NFL. Ainsi, le film ne montre presque aucune scène de football américain en dehors de 3 ou 4 images vidéos d’archive, un comble pour un film sur le sport ! Kevin Costner est omniprésent et reste fidèle à lui-même, entouré d’un casting solide (Jennifer Garner, Denis Leary, Frank Langella, et quelques seconds rôles de qualité incluant Ellen Burstyn, Sam Elliott, Rosanna Arquette, Terry Crews, Kevin Dunn, etc.). Comme d’habitude, Ivan Reitman sait diriger ses acteurs et tout le monde s’en tire parfaitement ici, même les seconds rôles mineurs. Niveau réalisation, Reitman dynamise son montage à l’aide d’une utilisation réussie des split screens et des effets de transitions en volet, apportant une énergie toute particulière à un film somme toute pas toujours très passionnant, bavard, et essentiellement réservé à un public initié. Difficile de s’enthousiasmer réellement pour ces histoires de transactions et d’échanges financiers entre clubs hormis peut être pour les puristes du genre ou un public 100% américain, pour qui le fonctionnement de la NFL est un enjeu quasi national là bas. Dans le même genre, le film « Moneyball » de Bennett Miller (2011) s’en tirait largement mieux en présentant l’aspect tactique et technique du baseball au grand public. Ici, il est surtout question de la partie plus politique du football américain, avec le marchandage et les négociations complexes entre dirigeants de club lors d’une période de transfert d’une journée. C’est d’autant plus regrettable qu’il y avait pourtant matière à présenter autre chose – pourquoi ne pas avoir montré, comme dans « Moneyball », la manière dont un manager forme une équipe de football et gagne les matchs d’une saison ? – Résultat : malgré tous les efforts entrepris, et malgré un très bon casting, « Draft Day » s’avère être largement ennuyeux et guère passionnant, y compris lors du final pompeux et triomphaliste, où les dirigeants et les joueurs deviennent de vrais héros hollywoodiens (on évite soigneusement de parler de leurs salaries mirobolants !). Même l’histoire d’amour timide avec Jennifer Garner ne parvient pas à rehausser l’intérêt d’un film plat et soporifique, boudé par la critique à sa sortie en salles en 2014.

John Debney collabore à nouveau avec Ivan Reitman sur « Draft Day » trois ans après « No Strings Attached ». Pour ce nouveau long-métrage, le compositeur américain mélange astucieusement orchestre, guitares rock et synthétiseurs pour parvenir à ses fins et rythmer cette folle journée du Draft Day de la NFL, à l’aide d’un thème principal héroïque et solennel évoquant la détermination de Sonny Weaver Jr qui va tout mettre en oeuvre tout au long de ces 12 heures fatidiques pour que son équipe des Browns de Cleveland s’en tire haut et fort lors des sélections finales. Si le film de Reitman peut s’avérer assez ennuyeux pour les non initiés, on ne pourra en dire de même du score de John Debney, plutôt exubérant et dynamique, notamment lors de ses envolées héroïques rythmés et énergiques. Le score repose essentiellement sur un thème principal entendu dès l’ouverture dans « Opening », thème héroïque largement soutenu ici par les cordes, les cuivres et une rythmique électronique moderne très présente tout au long du score. Comme toujours chez Debney, le principal problème vient ici des influences trop reconnaissables, et il ne fait nul doute que le compositeur présent dans les temp-tracks originaux du film devait certainement être Alan Silvestri, puisque cet « Opening » semble surgir tout droit d’un score d’action de Silvestri, Debney allant même jusqu’à imiter les thèmes héroïques du compositeur de « Predator » et sa manière dont il mélange souvent les loops électro sur des parties orchestrales. Hormis Silvestri, le score de « Draft Day » semble avoir aussi été influencé par les musiques de Thomas Newman, dont on retrouve quelques inspirations dans des morceaux minimalistes et modernes comme « Ray Jennings » ou « Well, That’s That », dans lesquels Debney mélange marimba, cordes, synthés et petites percussions pour parvenir à ses fins. Le film étant construit sous la forme d’un long compte à rebours de 12 heures (indiqué régulièrement à l’écran !) avant la soirée du draft de la NFL, Debney propose à son tour d’illustrer dans sa musique l’idée du compte à rebours en conservant régulièrement une rythmique quasi métronomique annonçant les heures qui passent et l’arrivée de l’événement tant attendu. C’est le cas dans un morceau comme « How Important Is Winning ? » où l’on retrouve ces loops électroniques omniprésents, apportant ce caractère moderne au score de « Draft Day ».

Le thème principal est très présent tout au long du score, parfois développé de façon plus neutre et apaisé, comme c’est le cas dans l’atmosphérique « God Damn Reverence », tandis que l’on retrouve le style plus minimaliste à la Thomas Newman dans « Sacked 12 Times », où Debney mélange cordes/clavier/basse pour parvenir à ses fins. La musique reste très présente tout au long du film mais sait se faire discret lorsqu’il le fait, tout en devenant assez enthousiasmante et exubérante durant les moments plus intenses, notamment vers la fin du récit. Le problème vient surtout du fait qu’en dehors du caractère très impersonnel de ce score, l’écoute sur l’album s’avère assez laborieuse, notamment en raison d’un séquençage assez douteux – chaque piste ne dépasse que très rarement les 1 ou 2 minutes ! – et du caractère souvent fonctionnel et atmosphérique de certains passages. Bien sûr, on a plaisir à retrouver les guitares rock/pop, les synthés et les percussions dans « Even the Great Ones », qui rappelle le score de Debney pour le précédent film d’Ivan Reitman, « No Strings Attached », mais l’ensemble reste tellement fonctionnel et prévisible que l’on risque de s’ennuyer à quelques reprises, sur l’album comme dans le film. Le mélange entre orchestre et instrumentation plus moderne est ici parfaitement réussi, comme c’est le cas dans « Yes or No » ou « Women Are Tricky », qui s’avère être l’un de ces passages intimes assez aérien et rafraîchissant dans ses harmonies pop très réussies. A ce sujet, impossible de passer à côté de l’envolée orchestrale triomphante de « Women Are Tricky », qui apporte un peu d’énergie et d’exubérance à un score relativement calme et minimaliste. La musique exprime clairement l’acharnement de Sonny Weaver Jr à choisir sa sélection pour le draft day tout en conciliant sa vie personnelle avec son travail difficile. C’est pourquoi la musique alterne subtilement entre intimité (pour les scènes de la vie personnelle de Sonny) et passages plus énergiques (scènes représentant son travail obstiné pour la NFL) pour les besoins du film, tout en conservant l’idée assez particulière que ces dirigeants et ces joueurs sélectionnés sont comme des héros, d’où la présence d’un Main Theme triomphant évoquant aussi bien le monde de la NFL que la grandeur de cet événement sportif ultra médiatisé aux USA.

Le score évolue ainsi de façon prévisible et sans surprise vers le dernier acte du film, avec des moments touchants comme « The Team I Wanted », dominé par un rappel du thème principal aux cordes et aux cors, tandis que l’obstination de Sonny se reflète dans les loops électro et les rythmes rock énergiques de « It’s Still Callahan », ou les moments plus optimistes comme « Ali Finds Note ». Le problème du score, outre son côté impersonnel et la courte durée des morceaux, c’est le fait que l’ensemble reste un brin répétitif et monotone sur la longueur. « Draft Day » reste assez peu varié et ne propose plus grand chose de différent sur la fin du film, si ce n’est quelques envolées orchestrales énergiques et héroïques, à commencer par le superbe « Bo Callahan and Ray Jennings Arrive » qui illustre dans le film l’arrivée de Callahan et Jennings, deux grands favoris du Draft Day. Ici aussi, la musique fait de ces deux jeunes joueurs de vrais guerriers héroïques arrivant de façon triomphante dans le grand ‘arène’ de la NFL. Les préparatifs du draft sont illustrés quand à eux dans l’enthousiasmant « Pre-Draft Parties » où le Main Theme est repris de façon quasi martiale et épique (avec toujours cette influence incontestable d’Alan Silvestri), tandis que les cliquetis évoquant le compte à rebours s’intensifient dans « Brown on the Clock » durant les négociations finales entre les Brown et les Seahawks, sans oublier le final triomphant et grandiose de « Brown on the Clock ». Des morceaux comme « Get Jeff Carson » ou « Carson Says Deal » traduisent quand à eux l’approche plus moderne de compositeurs tels que Steve Jablonsky ou Blake Neely, où l’on retrouve ce mélange de claviers/synthés et petits rythmes électroniques qui rappellent la musique de Jablonsky pour la série TV « Desperate Housewives » ou celle de Neely pour la série TV « Mentalist ». Le suspense est à son comble lors du climax final de « Get Putney, Different World » qui, en plus d’être le morceau le plus long du score (3 minutes), fait monter la tension durant l’annonce des sélections finales du draft day à la fin du film. Les envolées héroïques et triomphantes parsèment les dernières minutes du score, comme dans le glorieux « Coach Call Ray Jennings » ou dans l’épique « Browns Kick Off » qui semble surgir tout droit du final de « Iron Man 2 ».

Vous l’aurez donc certainement compris, John Debney semble avoir passé du bon temps sur « Draft Day », un film pas vraiment passionnant sur lequel le compositeur parvient à rehausser un tant soi peu le niveau de l’ensemble avec une partition énergique et moderne alternant entre orchestrations traditionnelles et passages rythmiques/électroniques typiques des musiques hollywoodiennes des années 2000. Le problème, c’est que les influences sont ici très nombreuses (Silvestri, Newman, Jablonsky), d’autant qu’il n’est pas rare de retrouver par moment des traces d’anciens scores de Debney (certains passages de « Draft Day » font parfois penser au score du compositeur pour le film d’action « Sudden Death », qui se déroulait aussi dans le milieu d’un événement sportif). Malgré tout, le musicien américain fait preuve tout au long du film d’une certaine habileté en variant les émotions avec justesse, alternant entre le machisme triomphant du thème principal cuivré, qui apporte un vrai sentiment d’héroïsme grisant au film d’Ivan Reitman, et les moments plus intimes et minimalistes où l’on retrouve les parties électroniques et le fameux compte à rebours durant ces folles 12 heures où les enjeux financiers et les transferts entre clubs iront bon train jusqu’aux sélections finales. John Debney livre donc avec « Draft Day » un score assez sympathique mais pas follement indispensable, qui devrait séduire les fidèles du compositeur par son mélange d’héroïsme et de rythmes électro/pop minimalistes tout en creusant davantage l’écart entre ses fans et ses détracteurs, qui continueront certainement de voir en John Debney un véritable compositeur caméléon à l’aise dans tous les styles mais sans réelle personnalité musicale !




---Quentin Billard