1-Music For Airport Zombies 3.50
2-Into the Greenzone 1.30
3-Back To The Lair 3.34
4-Zombie March 1.24
5-Eating Vicariously 3.26
6-Why Me? 1.13
7-Run For It 2.24
8-For A Few Days More 1.08
9-Bad Brains/Zombie Wacker 2.53
10-Boney Chase 1.43
11-I Wanna Hold Your Hand 3.39
12-Marcus Sees The Light 2.10
13-Admission To Dream 5.03
14-Zombie Bros 3.40
15-Looking For Julie/
Balcony Serenade 3.42
16-Walk Through Greenzone 2.01
17-Entering The Armory 2.40
18-Run From Dad/Zombies United 2.48
19-Run!/Zombie Saves 3.01
20-Marcus' Trump Stumps 1.19
21-Might As Well Jump 2.01
22-R Shot Alive 3.09

Musique  composée par:

Marco Beltrami/Buck Sanders

Editeur:

Red River Entertainment RRE-CD-050

Produit par:
Marco Beltrami, Buck Sanders
Monteur musique:
Jay Duerr, Jim Schultz
Music legal and clearance:
Christine Bergren
Consultant musical:
Paul Katz
Mixage score:
John Kurlander
Assistant mixage:
Tyson Lozensky
Supervision musique:
Alexandra Patsavas
Musique additionnelle:
Brandon Roberts
Coordination musique:
Ryan Svendsen, Brittany Whyte
Préparation musique:
Jordan Seigel

Artwork and pictures (c) 2013 Summit Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
WARM BODIES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami/Buck Sanders
Vous en avez assez des films de zombie interchangeables qui se succèdent et se ressemblent tous ? Vous en cherchez un qui soit un tantinet différent et plus singulier ? « Warm Bodies » est donc fait pour vous ! Le long-métrage de Jonathan Levine (« All the Boys Love Mandy Lane ») est un subtil cocktail d’horreur et de comédie romantique adapté du roman éponyme d’Isaac Marion publié en 2010. Alors que le monde a été ravagé par un mystérieux virus ayant anéanti une bonne partie de l’humanité, quelques survivants se sont réfugiés derrière les murs fortifiés de la ville de Montréal au Canada. Les survivants craignent par dessus tous les zombies dévoreurs de chair qui hantent les rues, et plus particulièrement les Boneys, des zombies squelettiques qui ont perdus toute forme d’humanité et s’avèrent être des prédateurs extrêmement dangereux, à la recherche de tout ce qui possède un coeur qui bat. L’un des zombies, R (Nicholas Hoult), passe ses journées à errer dans un aéroport rempli de morts vivants, aux côtés de son meilleur ami M (Rob Corddry), avec lequel il communique par grognements et quelques mots prononcés timidement. Un jour, alors qu’ils sont à la recherche de chair fraîche, R et ses semblables attaquent un groupe d’humains venus chercher à manger dans un entrepôt abandonné. Parmi les humains attaqués se trouve Julie Grigio (Teresa Palmer) et son fiancé Perry Kelvin (Dave Franco). Malheureusement, au cours de l’attaque, Perry est tué par R, qui lui dévore le cerveau afin de se sentir plus vivant en récupérant les souvenirs de sa victime. Mais lorsque R tombe nez à nez sur une Julie terrifiée, il ressent pour la première fois quelque chose de particulier, quelque chose d’inexplicable. R décide finalement de sauver Julie et de l’emmener dans l’aéroport où il passe ses journées à l’intérieur d’un avion aménagé qui lui sert de maison. D’abord terrifiée par le zombie, Julie découvre alors que R n’est pas qu’un simple mort-vivant mais qu’il ressent des choses et pourrait bien avoir conservé son humanité enfouie profondément en lui. Pendant ce temps, le père de Julie, le colonel Grigio (John Malkovich), décide de lever une armée pour chasser les zombies et retrouver sa fille. C’est alors que R finit par retrouver progressivement son humanité à travers sa relation avec Julie : leurs sentiments réciproques pourraient bien être la clé de la survie de l’humanité toute entière, permettant aux zombies à réapprendre à vivre et à redevenir humain, mais pour cela, Julie et R vont devoir convaincre le colonel Grigio, prêt à tout pour détruire tous les morts-vivants qu’il croisera sur son chemin.

Avec un scénario plutôt malin et assez astucieux, « Warm Bodies » constitue une belle surprise cinématographique de l’année 2013. Après s’être fait remarquer en 2006 pour son slasher indépendant « All the Boys Love Mandy Lane », Jonathan Levine a connu le succès avec « The Wackness » en 2008 suivi de la comédie dramatique « 50/50 » en 2011, champion du box-office (le film rapporta 38 millions de dollars pour un budget modeste d’à peine 8 millions !). On comprend dès lors pourquoi le cinéaste était attendu au tournant avec l’adaptation de « Warm Bodies » au cinéma. Du livre d’Isaac Marion, Levine en a retiré toute la poésie étrange et surréaliste pour faire de ce film un conte universel sur l’amour comme seul échappatoire d’une apocalypse annoncée. Si le thème peut prêter à sourire par sa naïveté intrinsèque, le film le traite avec sérieux et humour, affichant rapidement une tendresse évidente pour ses principaux protagonistes (à noter la voix-off de R qui commente judicieusement l’action tout au long du film). Après les vampires et les loups-garous de « Twilight », il fallait trouver une nouvelle romance improbable entre une humaine et une créature : le zombie était certainement le choix le moins évident, puisqu’il s’agit d’un mort à l’aspect cadavérique qui ne peut susciter que crainte et dégoût de la part des vivants. Mais Jonathan Levine est suffisamment malin pour détourner les codes du film de zombie et proposer une romance crédible entre une jolie humaine (Teresa Palmer) et un zombie en quête d’humanité (Nicholas Hoult) : l’alchimie entre les deux acteurs est parfaite dans le film, et on est même touché de voir évoluer cette relation contre-nature et finalement bouleversante de ce qui pourrait bien être une imitation ironique d’une romance tragique façon « Roméo & Juliette » (R et Julie !), Levine allant même jusqu’à reproduire la célèbre scène du balcon avec un humour noir certain. Le film montre une société ayant perdu tout contrôle – d’où le choix judicieux d’un aéroport abandonné comme principal décor – et livrée à elle-même, dans laquelle les zombies sont des exclus de la société, prisonniers de leur propre condition de mort-vivant. Et si cette romance peut s’avérer plutôt immorale (R a quand même dévoré le cerveau du fiancé de Julie !), son message sur l’acceptation des différences et l’amour comme ultime espoir de l’humanité opère parfaitement et nous offre de grands moments de poésie macabre et d’humour noir avec un casting solide (quelle joie de retrouver enfin un immense acteur comme John Malkovich jouer dans un bon film !) et des personnages attachants, pour un film surprenant et plutôt malin, belle surprise de l’année !

La partition musicale de Marco Beltrami est à coup sûr l’un des principaux points forts de « Warm Bodies ». Ecrite aux côtés de Buck Sanders, fidèle complice de Beltrami, la musique de « Warm Bodies » apporte à son tour son lot de poésie, d’humour et de frisson au long-métrage de Jonathan Levine. Avec les premières notes de la partition (« Music For Airport Zombies »), Beltrami et Sanders dévoilent le thème principal associé à R tout au long du film, thème sympathique et insouciant qui semblent suggérer davantage le comportement maladroit et les bonnes intentions du zombie plutôt que son côté mort-vivant. Ecrit pour un petit ensemble instrumental incluant cordes, clavier/synthés, guitares, flûte, percussions, basse et batterie, avec quelques effets étranges de craquements de vinyles (en référence aux LP que diffuse régulièrement R dans son avion), l’ouverture de « Warm Bodies » délaisse l’approche symphonique traditionnelle et s’avère plutôt rafraîchissante et inventive. Beltrami et Sanders font le choix d’utiliser quelques synthétiseurs ‘vintage’ pour personnifier le son nostalgique de l’univers musical de R, qui écoute régulièrement des vieilles chansons sur ses vinyles. La musique dévoile ensuite l’univers musical des survivants humains dans « Into the Greenzone », avec des rythmes plus nerveux scandés par les guitares, les timbales et les cuivres à la manière d’une chevauchée western façon « 3:10 to Yuma ». Dans « Back To The Lair », Beltrami et Sanders font des concessions aux musiques horrifiques traditionnelles en nous offrant un solide passage de suspense glauque à l’aide de sonorités électroniques dissonantes, de samples électro étranges et de ponctuations de cuivres. « Back To The Lair » évoque un monde désolé et ravagé avec une noirceur à la fois contenue et pourtant assez forte. Dans « Zombie March », on retourne à un style vintage plus inventif à l’aide d’un morceau rock/pop pour guitare électrique saturée et cordes samplées sur fond de batterie punchy.

Dans « Eating Vicariously », Beltrami et Sanders prolongent leur travail inventif de sound design en réemployant les effets sonores de vinyle associés à R, en référence à un passé humain lointain, enfoui profondément en lui. Les deux musiciens ne manquent pas d’idée et nous le prouvent à plus d’une reprise dans ce score inventif et varié, assez éloigné des clichés musicaux hollywoodiens habituels. « Why Me ? » évoque la relation difficile entre Julie et R au début du film, à l’aide d’un mélange minimaliste et très réussi entre synthés, guitare et cordes. La tension monte d’un cran lorsque Julie tente de fuir à travers la horde de zombies dans « Run For It ». Les deux compositeurs mettent ici l’accent sur l’électronique et le sound design brumeux à la manière de leurs travaux sur des films tels que « Max Payne » ou « The Hurt Locker ». Pour Beltrami, c’est aussi l’occasion de revenir à un style atmosphérique/horrifique qui rappelle son travail sur « Resident Evil ». Evidemment, le film étant aussi une comédie romantique assez improbable, la musique devient plus tendre dans une pièce comme « For A New Days More », où l’on devine une tendresse pleine de finesse et de retenue, sans aucune forme de mélodrame. « Bad Brains/Zombie Wacker » s’avère plus dramatique dans son travail de cordes torturées, reprenant le thème de R de façon plus mélancolique. La seconde partie du morceau nous offre à contrario un solide morceau d’action assez terrifiant, rythmé par des guitares frénétiques, des cordes stridentes/dissonantes et des cuivres massifs. C’est l’occasion pour Marco Beltrami de rappeler qu’il est toujours un maître des musiques horrifiques qu’il compose depuis deux décennies à Hollywood (« Scream », « The Watcher », « The Faculty », « The Thing », etc.). Dans « Boney Chase », il évoque la traque des Boneys à l’aide d’un loop électro kitsch et d’une base rythmique synthétique assez inventive, qui pourrait presque faire penser aux musiques de Goblin pour les films d’horreur des années 70.

« I Wanna Hold Your Hand » valorise quand à lui la partie romantique du film avec un travail plus soutenu autour des cordes et des synthétiseurs old school, incluant une magnifique reprise assez surréaliste du Main Theme à 1:15 avec un synthé saturé et lointain, l’un des grands moments de poésie et d’émotion du score de « Warm Bodies » pour une scène clé du film. Le final kitsch de « I Wanna Hold Your Hand » se conclut même dans un style pop à la limite du lounge rétro, avec ses accords optimistes et sa ballade romantique insouciante. De la même façon, l’espoir transparaît dans « Marcus Sees the Light » avec ses accords de cordes plus déterminés, alors qu’il règne dans les 5 minutes de « Admission to Dream » un étrange mélange de poésie contemplative, de douce mélancolie nostalgique et de romance timide et contrariée. Beltrami et Sanders signent un autre très beau morceau avec « Admission to Dream », durant la scène où R et Julie dorment dans la maison vers le milieu du film, et que R rêve enfin pour la première fois, retrouvant petit à petit son humanité. La musique continue ainsi en alternant entre moments intimes et poétiques (le lyrisme touchant de « Zombie Bros »), morceaux romantiques purs (« Looking for Julie/Balcony Serenade ») et moments plus sombres et agressifs comme « Walk Through Greenzone », qui débute avec quelques notes de guitare façon western spaghetti. Le danger semble bien présent dans les touches martiales sombres de « Entering the Armory » alors que R et Julie pénètrent dans l’armurerie pour contacter le colonel Grigio. Idem pour « Run From Dad/Zombies United » qui utilise les synthétiseurs de manière plus sombre et dissonante, avec une utilisation très inventive du sound design et un bref passage d’action très réussi. La bataille finale de « Run ! Zombie Saves » durant la confrontation contre les Boneys à la fin du film est un autre passage d’action solide, démontrant toute l’efficacité du duo Beltrami/Sanders, visiblement très inspirés par leur sujet. On appréciera ici le mélange hybride entre orchestre et synthétiseurs, la fusion opérant parfaitement avec quelques intéressants effets de samples orchestraux qui viennent se glisser au milieu d’un orchestre énergique, dominé par des cuivres massifs et des cordes intenses.

L’histoire touche à sa fin avec une très belle reprise du Main Theme aux synthétiseurs dans « R Shot Alive », à la manièr de « I Wanna Hold Your Hand ». Marco Beltrami et Buck Sanders livrent donc une partition inventive, originale et pleine d’idées pour « Warm Bodies », éloignée des clichés musicaux hollywoodiens que l’on entend trop souvent dans les films de zombie traditionnels. Si le suspense et l’épouvante sont bien présents, ils sont cette fois-ci relégués au second plan, la musique évoluant judicieusement d’une partie électronique/pop kitsch à un ensemble symphonique plus traditionnel lorsque R retrouve son humanité à la fin de « R Shot Alive ». Quoiqu’on puisse en penser, difficile donc de ne pas se sentir bousculé par la musique de « Warm Bodies », qui procure un étrange mélange de sentiments parfois contradictoires, entre la tendresse et l’insouciance de certains passages kitsch et les moments sombres et agressifs d’autres morceaux façon « Resident Evil » ou « Max Payne ». A l’instar du film de Jonathan Levine, le travail de Marco Beltrami et Buck Sanders témoigne d’une grande habileté dans la façon dont les deux musiciens mélangent les idées et les sonorités de façon parfaitement cohérente, sans jamais en faire de trop, avec un très joli thème principal qui prendra tout son sens à la fin du film (« R Shot Alive »). Sans être un grand chef-d’oeuvre ni une partition maîtresse dans la filmo de Beltrami, « Warm Bodies » constitue malgré tout une excellente surprise qui démontre encore une fois le talent du compositeur et son incroyable versatilité, apportant une émotion sincère au film de Levine tout en créant constamment la surprise grâce à son approche musicale originale et intéressante, assez personnelle et forcément très rafraîchissante !




---Quentin Billard